Que lisez vous en ce moment? (part II)

[Crisax]

Merci C'est ce que je me disais mais j'avais peur d'être passé à côté d'un truc plus explicite.

[wildcard]

DAREDEVIL BY MARK WAID, VOLUME 5 rassemble les épisodes 22 à 27 de la série écrite par Mark Waid, publiés en 2013 par Marvel. Le dessins sont signés par Chris Samnee.

Ce cinquième recueil des épisodes de Daredevil écrits par Mark Waid commence par les retrouvailles musclés entre le héros et le Superior Spider-Man (rappelons cet effet que, désormais, le corps de Peter Parker est l'hôte de l'esprit du Dr Octopus) : ce dernier, sollicité par Kirsten McDuffie (l'assistante du procureur, qui a eu une liaison avec Matt Murdock et pense qu'il représente désormais en tant que Daredevil un danger pour lui-même et la société), veut infliger une correction à son collègue lorsqu'ils sont surpris par Stiltman (l'Homme aux échasses) en train d'attaquer un hélicoptère.
Après avoir neutralisé le vilain et avoir convenu du malentendu de leur affrontement, les deux justiciers se séparent. Matt Murdock entreprend de se réconcilier avec Foggy Nelson, qui l'a viré de leur cabinet d'avocats pour les mêmes raisons que Kirsten McDuffie l'a rejeté. C'est alors que Foggy confie à son ami son douloureux secret : il souffre d'un cancer.

En un chapitre, Mark Waid a réussi à retourner le lecteur : 20 pages après le début de l'épisode, plein d'action, il accable Daredevil et le lecteur avec une révélation terriblement poignante. Tout l'arc qui va suivre va être marqué par ce coup de théâtre et les conséquences sur la vie d'homme et de héros de Matt Murdock. Si cela frappe autant les esprits, c'est que la maladie éprouve un des tandems les plus anciens de l'univers Marvel, quiconque est fan de Daredevil ne peut qu'être touché par le tourment qui touche les deux personnages et par la manière dont Mark Waid choisit de ne pas tricher avec ce ressort dramatique.

Le scénariste ne se sert pas du cancer à la légère, il l'utilise pour traiter de la fidélité et de la loyauté entre les deux amis mais aussi pour désigner les limites à la fantaisie propre aux comics de super-héros : ainsi, l'épisode 26 est enrichi d'une "back-up story" de 8 pages où Foggy, à l'hôpital, accepte pour un médecin de parler à des enfants également atteints du même mal. Ils écrivent et dessinent un comic-book mettant en scène les Avengers contre un monstre symbolisant le cancer et dont ils viennent à bout. Foggy croit alors que ces gamins croient que les super-héros peuvent vaincre ce qui les affligent avant de comprendre qu'ils ne sont pas si naïfs et cherchent surtout par ce biais à composer avec leurs maladies.

Waid ne prouve pas seulement ici qu'il a le don, rare, d'écrire des histoires avec humanité et émotion, au-delà des clichés sur la violence et la sexualité que véhiculent nombre de comics, il nous dit que le monde des super-héros tel qu'il le conçoit, s'il a sa part d'irréalité, parle aussi et surtout des personnages qui les entourent et qui sont vulnérables. Et si les seconds rôles peuvent souffrir et mourir, alors les héros ne sont pas non plus à l'abri.

Par ailleurs, ces six nouveaux épisodes forment aussi une conclusion aux deux premières années du run de Mark Waid, la fin d'un premier acte en quelque sorte. Il était implicitement dit dans le précédent recueil que les ennuis subis par Daredevil depuis une vingtaine d'épisodes s'inscrivaient dans une trame plus globale, une manoeuvre orchestrée par un adversaire unique et mystérieux, qui s'était servi de Klaw, de la profanation du cimetière où reposait "Battlin' " Jack Murdock par l'Homme-Taupe, de Coyote pour pousser le héros dans ses derniers retranchements. Son association avec Foggy et sa relation avec Kirsten en ont fait également les frais.

Un nouvel ennemi se dresse devant Daredevil, encore plus redoutable puisqu'il s'avère posséder les mêmes pouvoirs que lui : Ikari (Furie en japonais), dont l'aspect évoque le premier costume de DD et qui se présente à lui en portant le peignoir de boxeur de son père. Il va infliger au justicier une correction terrible, aussi humiliante et douloureuse physiquement qu'éprouvante psychologiquement, lui promettant de le tuer mais sans préciser où et surtout quand. Murdock, déjà ébranlé par ses combats précédents, la maladie de Foggy, sa rupture avec Kirsten, cède à la panique et doit demander de l'aide à plusieurs de ses amis (en premier, celle de Hank Pym/Ant-Man, mais aussi celles, plus ponctuelles, de Black Widow, Iron Fist, Superior Spider-Man). Il pourra ainsi remonter jusqu'au cerveau de l'affaire, découvrant alors qu'il s'agit d'un de ses plus vieux et rancuniers ennemis.

Cette autre partie de l'arc est brillamment exécuté, sur un rythme soutenu, avec des scènes d'action superbes, pleines d'intensité, qui testent vraiment les limites de la résistance de Daredevil et éprouvent les capacités de déduction du lecteur. Rétrospectivement, on repense aux assauts successifs qu'a dus repousser le héros depuis le début du run de Waid et on apprécie la solidité du plan du scénariste (qui, contrairement à certains de ses collègues, n'a pas claironné qu'il n'avait pas tout organisé sur une presque trentaine d'épisodes et du coup a réussi à mieux nous surprendre).

Waid a ce savoir-faire classique mais efficace des auteurs "à l'ancienne" qui dispose ses pions sagement, fait monter la pression, et garde le meilleur pour la fin : on ne voit rien venir tant qu'il ne l'a pas décidé et on est cueilli le moment venu, avec juste ce qu'il faut d'ambiguïté (la réponse de Matt à Foggy quand celui-ci lui demande s'il a vraiment essayé d'épargner complètement son adversaire est troublante à souhait).

Ces épisodes sont tous dessinés par Chris Samnee qui produit une prestation exceptionnelle. Il est aussi à l'aise quand il s'agit d'animer des scènes intimistes entre Murdock et Nelson, grâce à son talent expressif pour traduire les émotions les plus subtiles ou plus dramatiques, que lorsqu'il doit mettre en scène les combats acrobatiques entre Daredevil et Ikari (dont le duel occupe 13 pages sur 20 du #25, entrecoupé par des flashbacks sur les leçons "à la dure" prodiguées par Stick au jeune Matt).

Samnee est un dessinateur très complet, au style plein de punch, sachant varier et doser ses effets, qui a su garder le meilleur de ses influences classiques avec des découpages modernes : il possède cette habileté qu'ont les artistes italiens, toute entière dirigée vers la manière de mieux servir le script, de le rendre plus efficace.

Rarement, comme à la lecture de ces épisodes, on a eu le sentiment que les deux facettes de la série et de son héros ont été traitées avec un tel équilibre, poussant Murdock jusqu'à ses extrêmes limites comme Daredevil, mais soulignant surtout que ce qu'il vit comme héros masqué impacte encore plus ce qu'il vit comme homme, et que ce qu'il vit comme homme l'atteint quand il se masque.

C'est une leçon de storytelling avec une profondeur émotionnelle rare ici démontrée. Waid et Samnee explorent l'autre aspect de la vie d'un super-héros, ce que cela veut dire d'être là pour des gens qui ont peur pour lui (peur pour "l'homme sans peur"), d'être à son tour désarmé autant par un adversaire particulièrement retors que par les affres de la vie.

Les deux auteurs ont ainsi réussi à combiner le récit d'un grand défi pour Daredevil comme la description de l'homme derrière le masque du justicier. Quoi qu'ait prévu Mark Waid pour le futur (après avoir annoncé que son run actuel se terminerait au #36, en Février 2014, tout en assurant que lui et Samnee ne seraient pas loin ensuite), il a déjà réussi à produire un des meilleurs runs de la série - espérons qu'il continuera à s'occuper de "tête à cornes" encore longtemps.

[HiPs!]

J'ai commencé à lire ton premier paragraphe et me suis vite arrêté après m'être fait spoiler la tronche.

Des chtites balises, non, ou un avertissement?

[wildcard]

Bon, j'ai tout mis sous balise, comme ça, chacun sera libre d'en lire plus (ou pas).
C'est un peu radical mais je ne sais pas trop quoi cacher.

Désolé pour ceux que j'ai un peu grillé, ce n'était pas intentionnel. La prochaine fois, je ferais plus gaffe.

[Drix]

	Citation:			Posté par arrowsmith
	Et quelle étape un fort bel album et histoire très forte et bien racontée

Surtout que j'attendais une VF depuis belle lurette!!!

[Crisax]

Lu le premier TP de Superior Spider-Man, My Own Worst Enemy



J'avais lâché la revue Spidey chez Panini pendant l'event End of The Earth. Sans trouver cela mauvais je trouvais que ça tournait un peu en rond avec des arcs certes souvent sympas, mais sans vrai enjeux, sans vrai fil rouge. Ou en tout cas pas assez présent à mon goût.

Si je n'aime pas vraiment l'idée du #700 et donc de ce Superior ça a au moins le mérite de relancer mon intérêt pour la série. C'est plutôt bien fait et puis pour le coup j'ai envie de savoir ce qu'il va se passer dans les prochains numéros. En plus graphiquement Stegman se débrouille vraiment bien.

[leocomix]

Dans un thread sur la nouvelle série de Dynamite Moriarty Lives, des lecteurs ont mentionné le Moriarty d'Image. J'ai donc lu The Dark Chamber et c'est bien écrit.
On est gâté avec Sherlock Holmes, entre les films, la série britannique et la série américaine (on la verra quand en France?)

[Jeremiah]

	Citation:			Posté par leocomix
	On est gâté avec Sherlock Holmes, entre les films, la série britannique et la série américaine (on la verra quand en France?)

Tu parles de Elementary ?
Si oui, moi j'ai pas vu de news dessus depuis octobre 2012 :
http://www.purebreak.com/news/m6-ele...n-france/47966
http://www.toutelatele.com/elementar...roupe-m6-43491
http://www.ozap.com/actu/series-us-m...y-owens/443363

[JB]

Je viens de lire deux mini-séries aux thématiques assez proches (infiltration, loyautés partagées du héros) : The Shadow War of Hawkman (cf chronique par Nico) et JSA vs Kobra (appréciée, semble-t-il, par Virgule et scarletneedle : gage de qualité !)
Shadow War of Hawkman porte sur une tentative d'invasion de la Terre par les Thanagariens au moyen de chantages sur des personnalités influentes, et du héros pris entre sa planète d'origine et son monde d'adoption. J'ai trouvé la caractérisation des héros excellente (motivations, doutes) et la création de la conspiration était bien menée (avec un passage amusant ou les Thanagariens menacent de s'attaquer au lecteur). Par contre, la défaite des envahisseur repose sur la stupidité du méchant de l'histoire et intervient trop rapidement après une introduction très prenante.
JSA vs Kobra, suite du run de Rucka sur Checkmate, reprend la notion de partie d'échec qui oppose les deux voix narratives du récit : le nouveau Kobra et Michael Holt, alias Mr Terrific. Kobra refont son culte en organisation terroriste, sa première action étant une attaque devant le QG de la JSA. S'ensuivent une série d'attaques de Kobra, contrée par la JSA, qui permet à Kobra de détourner l'attention des héros pour atteindre son véritable objectif. J'ai apprécié le fait que l'auteur évite de faire de Kobra un antagoniste invincible, celui-ci essuyant quelques échecs.
Une faille du récit est cependant le fait que l'équipe ne demande jamais de renfort : si cela est justifié pour Checkmate (qui s'avère rapidement être infiltrée), on se demande pourquoi Terrific et le reste de la JSA ne s'adressent pas à la JLA ou aux Titans, d'autant plus que Holt réalise très rapidement la technique de faux semblants de Kobra et que celui-ci mise sur le fait que les effectifs de la JSA seront occupés ailleurs. La fin de la mini en est d'autant moins satisfaisante :

Kobra mène à bien ses objectifs principaux : il purge son culte des éléments indésirables avec l'aide involontaire de la JSA et des autorités, massacrent les diplomates des Nations Unies pendant que les héros défendent le président des US, recrute de nouveaux disciples adolescent, influençables et fanatiques et dispose du moyen de leur conférer des pouvoirs. En bref, Holt perd assez lamentablement la partie, le seul rayon d'espoir étant le retour de Sasha Bordeaux.

[Crisax]

Lu la mini Punisher: Born de Garth Ennis et Darick Robertson qui sert en quelques sortes de "prologue" au run à suivre.



Bien content d'avoir réussi à mettre la main dessus car c'est un très bon récit de guerre.
On retrouve Frank Castle en pleine guerre du Vietnam. On va alors assister à la vraiment naissance du Punisher.
Par contre je m'interroge : est ce que le message c'est que le "mal", la violence du Punisher a toujours était en Castle (ce qui est une vision des choses assez réac') où est ce que c'est simplement la guerre qui l'a rendu comme ça ? Un peu des deux j'ai l'impression.
En tout cas c'est un excellent récit de guerre, très poignant. Je continue à revoir mon avis sur Ennis.

Je suis moins fan du côté schizo, avec la voix intérieur

[FredGri]

J'en profite pour me remettre un peu plus aux comics en lisant le premier Sex Criminals de Fraction et c'est encore assez sympa sans être pour autant exceptionnel. Entre thriller et intimisme. Même si ce premier numéro est plutôt centré sur la découverte du sexe par la jeune héroine. Ca n'est pas transcendant certes mais ca se laisse bien lire, d'autant que le dessin de Zdarsky est très agréable aussi !
J'en ai profité pour lire les 4 premiers Lazarus de Rucka et Lark (ainsi que la preview de 4 planches qui précède). C'est très efficace et encore une fois avec Rucka le concept n'est pas forcément le plus intéressant, ce qui l'est c'est le travail sur la durée et son sens de la caractérisation très poussé. Du coup ici on est gaté. C'est certes classique mais ca fonctionne très bien et franchement dès le second numéro c'est très bon !
La je suis en train de lire les Mind MGMT 7 à 13 et je retrouve vraiment le plaisir de me relancer dans cette série, c'est excellent...

[JB]

	Citation:			Posté par Crisax
	Par contre je m'interroge : est ce que le message c'est que le "mal", la violence du Punisher a toujours était en Castle (ce qui est une vision des choses assez réac') où est ce que c'est simplement la guerre qui l'a rendu comme ça ? Un peu des deux j'ai l'impression.

De mémoire, lors de la première apparition de Castle dans cette mini, le narrateur explique qu'il a changé durant l'un de ses tours au Vietnam. Bizarrement, un autre one-shot d'Ennis (The Tyger) donne une autre explication, pas forcément contradictoire d'ailleurs.

[Jean-Moul]

Pour Punisher Born, j'ai le souvenir d'un "désordre" déjà établi dans la psyché de Castle, qui révélait toute sa mesure lors de son expérience au Vietnam.
Bon ce n'est qu'un souvenir lointain, je ne l'ai pas relu depuis sa sortie vf, hein. Mais c'est ce que j'en retiens.

[zarma]

Le TPB 2 d'Hawkeye

Nom de dieu que c'est de la putain de bonne came.

Rien à dire.
Et ouais très clairement, si on parle de chef d'oeuvre pour crisis, on peut le dire pour Hawkeye, sans SOUCIS.
On est pas du tout au même niveau.

	Citation:			Posté par JB
	De mémoire, lors de la première apparition de Castle dans cette mini, le narrateur explique qu'il a changé durant l'un de ses tours au Vietnam. Bizarrement, un autre one-shot d'Ennis (The Tyger) donne une autre explication, pas forcément contradictoire d'ailleurs.

Voilà, c'est l'idée.
Très clairement, c'est ce tour au Vietnam qui a fini de changer Castle (et encore il restait vraiment le dernier domino, la mort de sa famille), mais il est clair que l'envie de punir était déjà en lui tout jeune.

	Citation:			Posté par Crisax
	Je suis moins fan du côté schizo, avec la voix intérieur

Schizo ou le diable ? Ou le dieu de la mort ? ou bien ?

Pour moi, rien n'est si simple, très franchement, même si je l'ai vu comme toi à la première lecture.
Y'a des indices pour l'une ou l'autre des interprétations.

[wildcard]

J'ai fini de lire Winter Soldier volume 3 : Black Widow Hunt.



J'essaierai d'en parler plus en détail bientôt, mais bon sang, quelle superbe fin de run pour Brubaker !
Guice livre des planches de dingue, avec des hommages évidents à Steranko, Colan et Holdaway. C'est plus échevelé que les épisodes précédents par Lark (vers lequel va quand même ma préférence), mais pfiou ! ça envoie du bois !

Un sans faute pendant 14 épisodes.