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Vieux 19/09/2006, 02h09
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Dirty Flichty change la caisse du Fauve
Cerebus - Dave Sim & Gerhardt

Après diverses recherches, j'ai pas trouvé de topic consacré à cette formidable et indescriptible série qu'est Cerebus (si je me gourre, flagellez-moi).

J'ai refermé le 16ème TPB il y a peu et ça risque d'être difficile pour moi d'en parler, en tout cas pour les derniers, il faut le temps que j'assimile la richesse de l'oeuvre dans mon petit cerveau avant de pouvoir en parler convenablement (si j'y arrive un jour).
Mais j'ai écrit de courtes critiques au fur et à mesure de ma lecture jusqu'à Reads, alors autant les placer ici. Je vais pas toutes les mettre d'un coup, enfin je verrai.




Commençons par le début, c'est ce qui se fait généralement chez les gens banals et sans surprise.




Cerebus TPB 1 (#1 - #25)

Malgré la technique grossière des premières histoires, la parodie du Conan le barbare de Robert E. Howard prend plutôt bien, en grande partie grâce au talent de conteur de Dave Sim. On suit donc les aventures de Cerebus l'oryctérope, mercenaire misanthrope plutôt malin et très bagarreur, qui voyage de ville en ville pour glaner un peu d'argent. Combat contre magicien, quête d'objet précieux, bataille épique, tous les poncifs du genre y passent sans qu'on s'ennuie même si ça n'a rien de franchement extraordinaire. Certains personnages importants pour la suite nous sont déjà introduits comme Elrod l'albinos, The Cockroach, Red Sophia ou encore Jaka. Mais dès le milieu de ce premier volume, il se passe un truc. On sent que Dave Sim veut sortir de ce carcan classique pour proposer quelque chose de plus personnel. L'arrivée de Cerebus à Palnu, story-arc en trois parties, lance le ton : le découpage commence à se faire plus élaboré, les dialogues prennent une grande place dans l'histoire, l'aspect politique pointe le bout de son nez et la psychologie des personnages devient de plus en plus développée.
Lord Julnius, maire de Palnu, est présenté comme un tyran par les villageois mais Dave Sim en fait un doux-dingue excentrique, alter-ego de Groucho Marx avec cigare aux lèvres et répliques cinglantes, qui malgré les apparences est loin d'être dupe. Et Cerebus se mettra à son service pour déjouer les plans d'anarchistes visant à le destituer de son trône. Ici, le dictateur est un bon bougre et les héros du peuple des fanatiques sans cervelle. N'ayant aucun principe en dehors de l'argent, Cerebus ne verra aucun problème à ensuite rejoindre une armée ennemie de Palnu pour mettre la ville à feu et à sang. Le perso principal diffère donc de ce qu'on a l'habitude de voir (enfin si on remet dans le contexte de l'époque) et joue beaucoup dans l'intérêt de la série qui est tout sauf manichéiste.
L'humour n'est pas en reste et occasionne parfois des ruptures de ton de bon aloi, comme dans le dernier arc du bouquin avec un Professeur Charles X. Claremont (ça me rappelle quelque chose) plutôt inquiétant dans sa volonté d'assouvir le monde avec sa créature démoniaque nommée Woman-Thing (again) qui va avoir affaire avec une autre créature nommée Swup-Thing (ter). Dit comme ça on est loin du fou rire digne d'un coussin péteur (moi j'adore) mais croyez-moi, ça vaut le détour. A vrai dire, l'humour passe avant tout par les personnages et les dialogues : Elrod l'albinos qui croit être le meilleur en tout, Lord Julius bien évidemment, Graus le barbare germain pas fût-fût.... Le contraste entre les situations graves et les individus qui progressent à l'intérieur donne alors lieu à quelque chose d'unique.
L'humour n'est jamais aussi puissant que lorsque qu'il est traité de façon sérieuse.


Entre le premier numéro et le 25, on passe de ça à ça (à peu de chose près) :

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Cerebus TPB 2 (#26 - #50)

En dehors du fait que les intentions de Dave Sim changent du tout au tout, j'appréhendais un peu tout le côté politique dont on m'avait parlé : "ouais ça va être ronflant, je vais rien comprendre, j'ai plus qu'à me servir du bouquin comme cale-porte (ou pour les interrogatoires de mon futur métier d'inspecteur des impôts)". Que nenni ! C'est juste passionnant de bout en bout !
Alors je suis certain d'être passé à côté de quelques trucs tellement c'est le bordel avec toutes ces malversations électorales, ces alliances économiques et ces manipulations à gogo. Mais pourtant, ça a beau ne pas être mon dada du tout (je préfère la belote), je me suis surpris à enfiler les 500 pages à vitesse grand V (pour vélociraptor). On pourrait croire que ça fait un peu beaucoup pour raconter la montée au pouvoir d'un nain gris, que ça doit être vachement décompressé, mais encore une fois on se trompe ! C'est incroyablement dense, bourré d'informations, de dialogues juteux, de personnages hauts en couleur aux accent à couper à la machette (ça a fait partie de mes plus grosses difficultés de compréhension d'ailleurs) et d'humour irrésistible parfaitement intégré au récit.



Dans la partie qui précède l'élection, je voyais pas trop où Sim voulait en venir tellement le placement des pions se fait de manière naturelle, sans sur-explications qui auraient alourdi le propos. En cela, Astoria est un perso plutôt ambigû, accompagné du Cockroach qui se fait désormais appeler Moon Roach, en référence à Moon Knight, et enchaînant connerie sur connerie pour les yeux de la belle. S'ensuivent les élections avec les candidats (Cerebus contre le bouc de Lord Julius ! Un combat acharné et sans pitié) qui vont démarcher un à un les différents comtés pour obtenir des votes. Tout ça en dit long sur les diverses manoeuvres politiques et ça débouchera sur un suspense insoutenable et hilarant lors du décompte des voix avec le poids faible de la balance préparant tour à tour sa fuite à chaque annonce pour échapper au courroux de son adversaire.

La dernière partie relate les déboires de Cerebus une fois au pouvoir (oui bon, c'est lui qui a été élu, pas besoin de le cacher), et des déboires il y en a, ce qui va vite faire déchanter sa Seigneurie d'être devenu aussi puissant. Batailles économiques, idéologiques et guerrières, la vie de Premier Ministre c'est pas de tout repos. Un de mes passages préférés étant le colloque entre Cerebus, Lord Julius et son cousin sosie de Chico Marx (sa façon de parler étant super bien retranscrite, j'avais l'impression de mater un de leurs films) dont le but est de décider la façon de partager les terres. Toute cette partie étant au format à l'italienne, chose qui me gêne toujours parce que je trouve ça chiant à lire (je sais jamais dans quelle position me mettre, compatissez s'il-vous-plait) mais l'histoire étant plus que prenante, c'est vraiment accessoire. Et en plus c'est loin d'être gratuit, Sim utilise à bon escient ce format pour amener tout plein d'idées sympas.
Graphiquement, c'est fabuleux, Sim n'hésitant jamais à expérimenter, triturer ses cases, sa mise en page, sa narration, il ne cède jamais à la facilité (ou rarement) et à chaque fois ça fonctionne parce que ça rend la lecture très dynamique. C'est aussi pour toutes ces raisons que c'est agréable à lire. Car ça aussi c'est important : j'ai rarement été aussi ravi à la lecture d'une bande dessinée, mon enthousiasme grandissait au fur et à mesure que le récit avançait, et pourtant c'était pas gagné vu le sujet. Tout le long, j'avais l'impression de lire un truc gigantesque sans pouvoir expliquer pourquoi.
Je vais quand même me calmer un peu pour pas bouffer ça trop vite, ce serait dommage (mais j'ai déjà commandé les 4 suivants).

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Cerebus TPB 3 : Church and State I (#52 - #80)

Alors celui-ci, je me le suis enquillé les 600 pages dans la journée, comme un gros goinfre qui peut pas s'arrêter avant d'avoir léché toute l'assiette. Church and State est la première partie d'un énorme graphic novel de 1200 pages et quelques, une expérience à part entière moi je vous le dis.

Après un voyage en bateau plutôt pittoresque (le n°51, absent de ce TPB mais présent dans le Cerebus Zero, qui regroupe d'autres histoires de transition), on a donc un Cerebus à présent loin du tumulte des grandes métropoles qui tente d'écrire un livre sur son expérience de Premier Ministre, une sorte de guide qui pourrait s'appeler "Que faire et ne pas faire quand on est au pouvoir ?". Il est invité à rejoindre la masure d'une riche veuve dont il va s'éprendre, non sans être dérangé par la nouvelle personnalité du Roach : Wolveroach et son squelette en plomb (ben oui, pas d'adamantium à cette époque). De là il va reprendre son poste de ministre sous l'impulsion d'Adam Weisshaupt, président des United Feldwar States, manipulant le pauvre Cerebus à son gré, comme le faisait Astoria dans le volume précédent. Mais son plan tourne mal lorsque notre Aardvark est dédigné pour être le nouveau Pape de l'église de Tarim. Cerebus, se prenant pour le nouveau messie, menace la population d'une fin du monde imminente si jamais on ne lui donnait pas tout l'or disponible (ou comment dépouiller les pauvres de ce qu'ils n'ont déjà quasiment pas). Tout ça se termine sur un cliffhanger qui nous laisse en haleine, la langue pendante et la bave dégoulinante. Vivement la suite !



On découvre ici un Cerebus à la fois plus touchant et plus dur, voire cruel. Touchant dès lors qu'il éprouve des sentiments envers une femme : que ce soit Michelle au début ou Jaka évidemment, son apparition dans l'histoire laissant une fois de plus la place au passage le plus intimiste et triste du bouquin (il en était de même dans High Society). Avec Sophia la Rouge c'est différent, son mariage s'est déroulé pendant une cuite et il n'a aucun sentiment pour elle (enfin il la harcèle pour faire l'amour quoi). Une sorte de défouloir pour lui.
Dur et cruel à plusieurs reprises, notamment lors de sa dernière confrontation avec Weisshaupt. j'avais pitié pour ce dernier et me surprenait à détester Cerebus. Encore une preuve que Sim cherche à creuser la psychologie de ses personnages. Jusque là, le nain gris à trompe était bougon, colérique, égoïste, passait ses humeurs sur tout le monde et n'importe qui mais tout ça sans aucune méchanceté. Il nous dévoile ici sa face sombre.
Malgré tout cet aspect noir, Church and State vol.1 est autant bourré d'humour que les deux premiers TPB. Que ce soit une fois de plus avec des personnages croqué à la perfection (le maladroit et gourmand Booba qui a l'ordre d'écrire tout ce que dit Cerebus au cas où celui-ci sortirait une phrase incroyable, la mère de Sophia qui ferait pisser dans son froc n'importe quel colosse sanguinaire) ou des gags atrocement hilarants (mon ventre s'en souvient encore, cf. Lord Julius et Duke Leonardi sortant successivement de trous dans le mur pour embêter Cerebus). Sim a vraiment un don au niveau du timing comique, de l'enchainement de cases qui tue.
Niveau narration, il se permet d'alterner petites historiettes de quelques pages avec différents points de vue, passages manuscrits (notes de journal, de livre....), ou encore séquences légendées à la façon des premières bandes dessinées ; à de longs passages muets succèdent un blabla éloquent et dense. Et tout fonctionne, c'en est désespérant. Du coup j'ai lu les 300 dernières pages d'un coup d'un seul tellement je me suis laissé emporté par l'histoire fertile en rebondissements.
J'ai honte, je vais ouvrir un cercle des Cerebusophiles Anonymes.


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Cerebus TPB 4 : Church and State II (#81 - #111)

Cerebus est déchu de son trône papal mais pas pour longtemps puisqu'après une escalade périlleuse (passage assez confus il faut bien l'avouer avec ce découpage tout en hauteur et la neige qui brouille les dessins, mais du coup l'impression d'urgence et de course effrénée est retranscrite à merveille), il va retrouver son poste à coup de canon. On rigole pas avec le Pape putain.
C'est vraiment à partir de là que le comics se fait volontiers plus ésotérique (l'Ascension, les rêves, tout ce qui évoque Tarim et Terim) et tendu (le face à face Cerebus/Astoria où notre bougon de service commet un acte assez surprenant). Un des passages que j'ai préféré est celui qui précède la fameuse Ascension vers Vanaheim : Cerebus saute par une fenêtre et durant une vingtaine de page, son action (qui est tout de même un des tournants de l'histoire) est figée afin d'être perçue par plusieurs points de vue pendant que la mise en page rotationne à 180°. Cerebus reste donc en l'air entouré des bris de vitre qui lui écorchent la peau pendant que Bear reste stoïque devant son feu, conscient qu'il arrive quelque chose d'extraordinaire, que Blakely est mort de peur devant cette colonne gigantesque qui commence à se détacher, etc...
Et ainsi commence la fameuse Ascension qui terminera sur la Lune pour un final vraiment étonnant évoquant aussi bien la naissance de l'univers que le premier pas de Neil Armstrong sur ce satellite terrestre.
Tout en étant assez proche des tomes précédents de par sa construction en chapitre, ses nombreux évènements, et son dessin (on notera cependant l'arrivée de Gerhardt pour les décors), Church and State II montre la voie que va emprunter la suite de l'histoire : plus posé, plus sobre mais toujours 100% Cerebus.



Cerebus Zero contient les numéros 112 et 113, soit l'épilogue à Church State. 40 Pages quasi-muettes (quelques phylactères, pas très bavards, dans les 3 dernières pages) montrant un Cerebus fatigué par son périple sur la Lune et qui veut s'éloigner le plus loin possible des décombres résultants de l'invasion des Cirinistes.


Je vais m'arrêter là pour ce que je considère comme le premier bloc de la série (TPB 1 mis à part).


__________________
Vers Aardvark et au-delà.

Dernière modification par Dirty Flichty ; 19/09/2006 à 15h25. Motif: mise à jour
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