le gars a toujours voulu etre ecrivain. il reçois un jour heritage une machine à ecrire à traitement de texte bidouillée par son frere décédé.
cette machine est capable d'alterer la realité. si tu as en face de toi un tableau rouge et que tu tapes sur le clavier "le tableau est bleu"...hop, il devient bleu.
Alors imagines...tu laisses ton portefuille dans la machine à laver....et tu le retrouves bourré de fric.
De beaux gros billets de 100 euros tout juste un peu mouillés et froissés
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"l'homme qui a perdu la faculté de s'émerveiller et d'etre frappé de respect est comme s'il avait cessé de vivre" A.Einstein
Excusez mon humour de chiottes mais c'est parce que j'y mets tous les déchets de mes sentiments.
Super auteur, super bouquin et super nouvelle! (surtout la fin, pour une fois que cela fini bien...)
Que pourrait-on demander à cette machine? Nous avons devant nous un poulet au petit cerveau... Je tape "Deadpoule a une intellingence au dessus de la normale". Hop!
Ca a marché????
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-( Maman
Tu peux encore essayer, on sait jamais Mais fais gaffe ! On brulait pas des chats avec leurs maitresses quand y'avait acte de sorcellerie... y'a heu... longtemps ?
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-( Maman
Tu peux encore essayer, on sait jamais Mais fais gaffe ! On brulait pas des chats avec leurs maitresses quand y'avait acte de sorcellerie... y'a heu... longtemps ?
Ouais...mais c'est fini tout ça! Par contre on continue à faire rotir les poulets surtout quand ils ont une trop grande gueule!
Poulet de noel contre dinde de thanksgiving, tout les coups sont permis à ce que je vois
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-( Maman
Je sais que je ne devrais pas faire cela, mais que diable ! Je le fais tout de même... Non... je ne devrais pas... Mais SI je le dois ! Pour Stuart, pour Monica et les autres ! Je leur dois bien ça... Heu... en fait non, peut-être pas... Mais... Je sais pas en fait
si je devrais... peut-être une autre fois...
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-( Maman
Non, je ne pense pas, je pense surtout que... heu... c'est peut-être pas une bonne idée...
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-( Maman
La bataille faisait rage depuis maintenant près de cinq jours et personne n'aurait pu dire lesquels des camps allaient l'emporter sur les autres.
D'ailleurs, il n'y avait pas un nombre bien défini de camps. Et il arrivait assez souvent que certains soldats en vinrent à se demander dans quel camp exactement ils étaient… puis ils laissaient vite tomber cette question car ils n'avaient pas la moindre idée du nombre exact de camps et donc l'étendue des possibilités les effrayait. Et puis tout le monde s'en moquait pas mal au fond !
Certains se demandaient pourquoi tant de monde se battait entre eux. Et ces gens, quoique rares, n'avaient rien compris, mais vraiment rien !! Néanmoins, ils avaient raison de se poser la question. On n'est jamais trop vieux ni trop jeune pour apprendre. En fait, depuis cinq jours la bataille se déroulait dans la plus grande confusion et les soldats avaient vite laissé tomber toute considération vis à vis de ce foutu bordel. On ne savait pas quel était le but de telle ou telle échauffourée et pourquoi ça se passait en un tel endroit ou encore, pourquoi on faisait la guerre comme ça, en fait. Décidemment, cette année l'organisation était vraiment déplorable et beaucoup de soldats avaient laissé tomber les armes et s'en étaient rentrés chez eux.
Mais le plus déroutant était l'endroit où se déroulait cette bataille-ci. Cet endroit était pour le moins inattendu. Tellement inattendu que plus personne ne se posait de question à ce sujet non plus.
Cette bataille qui durait depuis cinq jours se déroulait au beau milieu de Prizun'hik, le plus grand centre commercial de la planète.
On pouvait au moins dire que depuis ces cinq jours, les soldats ne manquaient de rien. Selon leur camp, ils s'installaient dans tel ou tel rayon. Cela dépendait de leurs besoins immédiats. Avaient-ils besoin de nourritures ? Avaient-ils besoin de soins ? Ou encore de prendre une douche… et selon les besoins de tel ou tel camp, il arrivait, après accord des deux parties, que l'on procède à un échange de rayon. On l'avait assez répété comme cela : on fait la guerre, certes, mais la courtoisie avant tout !
Ils étaient près de deux cent milles soldats à se taper dessus. Approximativement une centaine au rayon petit-déjeuner. Environ quatre cent à l'étage des boîtes de conserves. Trois cent et quelques dans la partie salle de bains et le reste au niveau des caisses. Dans le chaos le plus total que cela engendrait, la seule manière de différencier les différents camps restaient les uniformes de couleurs différentes que chacun arborait. Et c'est ainsi que l'on évitait au mieux la confusion.
On se serait cru pendant les soldes.
Les stratèges disaient que ce n'était pas leur faute si ce centre commercial s'était construit là depuis la dernière Grande Reconstitution, l'an dernier. Et que si certains continuaient de se plaindre, ils avaient qu'à plutôt cherché des noises aux frères maçons de Diathermie sept. Après tout, c'étaient eux qui avaient bâtis le centre commercial ici et pour rien au monde on allait changer la bataille de lieu. C'était comme ça dans Le Grand Livre Originel et pas autrement ! Et vu le nombre de têtes et de rangées de dents qu'arboraient chacun des frères maçons de Diathermie sept, tout le monde arrêta très vite de la ramener !
***
C'est dans ce désordre innommable que retentit la toute première explosion. Non pas la toute première depuis l'heure du thé. Ni même la toute première depuis le début de la journée, ou de ces cinq jours passés dans le Prizun'hik. Mais la toute première depuis des centaines et des centaines d'années que cette guerre était faite, refaite et re-refaite, mise en scène encore et encore avec des figurants, des guillotines en plastique et des fusils à bouchons !
Cela mérite quelques explications au préalable :
Tout ça a un rapport avec Le Grand Livre Originel. D'ailleurs, tout a un rapport avec Le Grand Livre Originel de nos jours et ça fait effectivement depuis des centaines et des centaines d'années que les choses sont ainsi. Depuis qu'on l'a découvert il ya plusieurs siècles. C'était à première vu une espèce d'objet rectangulaire à la tranche un peu ondulée. On pouvait le déplier et le plier en deux. Et lorsqu'on le dépliait, un éventail de fines feuilles blanches volaient dans tous les sens. Ceux qui tombèrent dessus se mirent à étudier l'objet avec la plus grande perplexité et en vinrent à la conclusion que c'était un bien bel objet. Puis ils décidèrent de lire ce qu'il y avait de marqué sur les fines feuilles blanches pas si blanches que ça finalement. Ça parlait d'une guerre qui s'était déroulait il y a fichtrement longtemps. Et c'était justement ce genre de découverte qui titillait les neurones de tout ce petit monde. Ce petit monde qui avait et qui a encore aujourd'hui un gros problème :
Personne sur cette planète n'est foutu de retenir la moindre information concernant un évènement, ou un fait, s'étant déroulé avant sa naissance !
Afin d'expliquer un tel phénomène, beaucoup croient en une arme qui fut lâchée jadis pour éteindre la mémoire du peuple. D'autres pensent à une drogue qu'on leur inoculerait malgré eux et qui les rendrait totalement apathiques face aux choses du passé. Un paquet d'autres personnes, enfin, pense qu'il s'agit là d'un bête blocage psychologique, qu'une énorme thérapie de groupe pourrait soigner.
Mais le plus capital fut définitivement la découverte de cet objet qui retraçait un conflit vieux de… enfin bon, très loin dans le passé. Un pont vers les ancêtres oubliés. Une main tendue vers les racines de L'Histoire. Un saut gigantesque en arrière vers une époque bien trop… vieille. Une guerre ! Il y avait donc eu une guerre il y a si longtemps ! Et pas n'importe quelle guerre. Le genre de guerre qui embrasa chaque recoin de cette planète. Ses Quatre Continents et ses Huit Mers ! C'était inscrit dans Le Livre. Dedans étaient consignés les dates, les lieux, les noms des officiers, presque tout ce qu'il fallait savoir pour comprendre cette guerre. Tout, sauf le nombre de camps qui s'affrontèrent à l'époque, ainsi que les raisons de tout ce tintamarre !
Mais il n'y avait qu'une chose à faire et toute la planète était bien d'accord à ce sujet :
Il fallait fêter ça !
Et tous les ans ils fêtaient ça. Tous les citoyens valides se réunissaient ici même, uniforme sur le dos et armes factices aux poings, pour y reconstituer cette épique bataille. En bref, les civils encadrés par des militaires qui n'avaient que ça à faire, jouaient au soldat. Et c'est ainsi que chaque année, se déroulait la Grande Reconstitution Annuelle de la Grande Guerre du Grand Livre Originel. Centre commercial ou pas !
***
Et donc, pour la première fois depuis quatre cent cinquante-six ans qu'on utilisait chaque année des armes à feu en plastique qui ne faisaient jamais feu : la toute première explosion de quoi que ce soit retentit au niveau du rayon des crèmes épilatoires. Et ce fut le début de la fin.
Stuart Smith, acteur-figurant-soldat-factice de La Grande Guerre depuis trois ans, se trouvait justement tout prêt et fut témoin de toute la scène. Et d'ailleurs il n'en crut pas ses yeux. Quand les dits yeux envoyèrent au cerveau les informations qu'ils recevaient, ce dernier échafauda immédiatement un blocage à ce sujet et enfouit toutes ces images saugrenues au plus profond de lui-même. De toute manière, ce qu'il vit était tellement incroyablement dingue qu'il ne pouvait en être autrement.
De ce fait, tout ce dont se souvint Stuart Smith fut cette masse de soldats qui s'entretuaient et mourraient comme tous les ans. Ensuite la fameuse explosion - à peine plus qu'un boum sonore avec de la fumée et un peu de lumière - suivie du silence dans le rayon des crèmes épilatoires, puis dans tout le centre commercial comme une avalanche se propageant sur la vallée.
Mais en fait : ce millier de soldats n'avait que très peu d'importance dans cette affaire : une terrible réaction en chaîne venait de débuter ici même, et elle provoquerait la fin du monde au terme d'évènements plus terribles encore ! Entre autre : la libération des six cent soixante-six patients du plus grand asile psychiatrique de la planète ; l'achat de toute une galaxie par Monica Carter, la plantureuse présentatrice télé à succès ; et pourquoi pas, l'invasion surprise la plus surprenante de l'histoire de l'humanité… et tout cela n'était le fait que d'un seul et même homme :
Le caporal-figurant Kristan Waaldegård.
***
Après moult sursauts, on se mit à chuchoter et questionner dans les rangs soudain immobiles. Mais un seul cri retentit à travers le Prizun'hik, celui du grand Korn Funzirsch, Général-Suprême-Figurant depuis 26 ans. Ça donnait quelque chose assez proche de :
_ Qu'est-ce que c'est que ce bordel de nom-de-Dieu de qui a bien pu commettre la saloperie de bourde énorme de faire péter son pétoire de tous les diables en pleine Reconstitution ???
Le grand Korn Funzirsch n'était pas censé être là à ce moment précis. Ce n'était pas ainsi dans Le Grand Livre Originel et sur le coup, personne n'avait même songé qu'il puisse apparaître comme ça et crier sur tout le monde.
Le grand Funzirsch était, comme son nom l'indique, un grand gaillard bien bâti d'environ un mètre quatre-vingt dix-huit, aux cheveux blancs et aux rouflaquettes foisonnantes. Dès qu'il pénétrait quelque part, en particulier dans un endroit clos dont personne ne peut s'échapper sans éveiller les regards, il imposait le respect. Et ceux qui le croisaient baissaient instinctivement le regard vers un point fixe d'une soudaine importance majeure, juste au niveau de leurs pieds.
Donc, Funzirsch n'était pas censé être là mais il y était quand même, et ça avait pas intérêt à gêner qui que ce soit. Il parvint au rayon des crèmes épilatoires en quelques enjambées et se fraya un chemin à travers des soldats-figurants qui regardaient leurs pieds avec la plus grande concentration. Ceux qui étaient censés être morts continuaient à faire comme si ou bien s'étaient recouchés en hâte.
De là où il était, Stuart observa de la fumée s'élever au dessus de la foule et le grand Korn Funzirsch se dirigeait vers elle, les yeux pleins de cette colère qui ferait douter Dieu de sa capacité à se faire respecter.
Soudain, Funzirsch se stoppa net. Plus personne n'osa bouger et seules quelques paires d'yeux tentèrent de scruter vers le Général Suprême. Stuart - qui n'avait jamais tout à fait saisi les notions de discrétion, de réserve et de prudence face à des gros balaises violents comme ce Funzirsch - se tordait la nuque afin de mieux profiter de ce qui constituait apparemment le centre d'attention. C'était la première fois depuis quatre siècles que La Grande Reconstitution fut interrompue et il ne voulait sous aucun prétexte en rater une seule miette !
Voilà ce qu'il vit :
Le Général Suprême Korn Funzirsch face à face avec un soldat-figurant quelque peu tremblotant. C'était Kristan Waaldegård. Un gradé. Il tenait dans sa main un pistolet encore fumant. A ses pieds gisait le corps inerte d'un autre soldat. Il s'agissait de l'Officier-figurant-factice Clifforn. Du sang s'écoulait d'un trou dans son front. De la fumée s'en échappait aussi. Le soldat au pistolet considérait Funzirsch avec force appréhension et la peur se lisait sur les traits tendus de son visage.
Funzirsch lui adressa la parole :
_ C'est toi qu'as fait ça ?
Devant le silence de son interlocuteur qui observait ses chaussures, il ajouta :
_ M'est avis que c'est pas un putain de pistolet à bouchon que tu tiens dans ta main, pas vrai ?
Et sa voix tonna comme autant de coups de tonnerre. Comme autant de paires de baffes promises à celui qui venait de faire la plus grosse erreur de sa vie. Puis il dit autre chose :
_ C'est une sacrée pétoire que t'as là. Une vraie de vraie !
Il faisait bien trois têtes de plus que le soldat gradé et il dut se pencher en avant pour lui saisir le poignet d'une main et lui prendre son arme de l'autre.
_ J'te mets aux arrêts, fiston !
Puis il observa l'arme de plus prés et en renifla le canon. Et pour finir, il attrapa le soldat par le col et s'éloigna avec lui.
La plus grosse erreur de sa vie ne fut pas qu'il ait utilisé un vrai pistolet durant La Grande Reconstitution Annuelle, ni même qu'il ait tué quelqu'un avec. Mais plutôt qu'il ait commis son forfait à proximité même du seul type capable de plier un bus en deux d'une seule pression des biceps.
Les soldats morts se relevèrent enfin, et tous s'observèrent quelque peu ahuris avant de partir retrouver la sortie du centre commercial. Dans le charivari général, le nom de Kristan Waaldegård tomba comme la lame du bourreau, comme si l'homme était déjà mort.
Alors que tout le monde ou presque, ait vidé les lieux, Stuart Smith marcha vers la zone du crime et observa le cadavre qui baignait dans son propre sang. Il approuva l'idée que cela faisait beaucoup de sang pour une simple reconstitution de bataille, même dans un centre commercial. Il semblait qu'on l'avait laissé là, comme si on l'avait oublié, comme si son rôle dans l'affaire était moindre. Brusquement, Stuart se retourna comme s'il venait d'être frappé par une idée. Ce Waaldegård se trouvait là lorsque Funzirsch le prit sur le fait… et le cadavre se trouvait ici. En prenant en compte deux ou trois paramètres assez sympathiques… non, ce n'était pas possible ! Quoique pas impossible non plus. Et ça ne coûtait rien de tenter le coup. Ouais, il fallait tenter le coup !
***
Demandez à un mec tout à fait normal de sauter à travers un mur de flammes pour aller secourir un petit oisillon, et vous verrez l'individu vous observer avec l'expression la plus dubitative qui soit. Deux secondes de plus et il sera déjà parti pour raconter à ses amis à quel point vous l'avez bien fait rire. Proposez maintenant le même challenge à Stuart Smith et avant même que vous ayez fini votre phrase, il aura déjà sauté de l'autre côté du mur de flammes, aidé trois grand-mères à traverser la route, indiqué son chemin à quatre ou cinq aveugles et aussitôt il sera de retour face à vous et votre visage stupéfié. « Et l'oisillon ? » lui demanderez-vous. Il vous regardera alors, l'air désolé, puis il vous demandera si vous payez par chèque ou par carte de crédit. Et devant votre air dépité, il vous tournera le dos en vous apprenant que « tout se paye ».
Et c'est dans cet état d'esprit purement altruiste, désintéressé et totalement incohérent qu'il se mit en tête de prouver l'innocence du caporal-figurant Kristan Waaldegård.
***
Dans le civil, Stuart Smith n'était pas grand-chose, si bien sûr on considère que c'est notre passé qui nous donne de l'importance et que Stuart Smith était tout simplement amnésique. Et d'ailleurs si on observe les faits sous cet angle, il s'en trouvait que la population globale de cette planète n'était pas grand-chose non plus vu que personne ici bas n'était capable de faire un cours d'histoire correct. Mais là où le cas de Stuart Smith était plus fort, c'est qu'il savait bien qu'il n'était pas natif de cette planète. Il n'avait pas la moindre idée d'où il venait, ni même de ce qu'il devait faire de son temps libre passé sur cette planète d'accueil. C'est pourquoi, face au chaos d'obscurité qu'était son passé, il avait décidé de faire le boulot le plus relaxant, simple, amusant et inutile qu'il lui était permis d'exercer : il était détective privé.
Et sa vie se résumait en quelques affaires par-ci par-là, des trois fois rien : il travaillait surtout pour deux ou trois gouvernements d'importance notable qui lui demandaient assez régulièrement de fouiner à gauche et à droite, de ne pas hésiter à rameuter la télé et de faire le plus de bruits possibles. Le tout, bien sûr, afin de détourner l'attention des médias pendant que les gouvernements faisaient leurs vraies petites affaires de leur côté. Stuart, pas dupe, s'était dès le début rendu compte de ce petit manège mais tout cela était très grassement payé, ça lui faisait beaucoup de pub et en plus, il s'était aperçut qu'il adorait passer à la télé !
***
Arrivé chez lui, il se débarrassa de son uniforme kaki (car il faisait parti du camp des kakis, cette année), passa son pyjama et alluma la télévision.
Sa maison était très grande, bien plus grande que celle de ses voisins. Dix pièces, dont la moitié lui était inutile et lui servait de buanderie, quelques chambres, une salle de bain, un cuisine et un grand salon. C'est là qu'il se trouvait, enfoncé dans son canapé en cuir de fragipone (un cousin génétique de la vache, en plus bête).
Sur la trois cent vingt-cinqième chaîne, il y avait de la pub : on demandait au publique d'élire, pour la cinquantième année consécutive, le plus bel homme de la planète. Pour cela il suffisait de prendre son téléphone et de composer le numéro de sécurité sociale de celui pour lequel on souhaitait voter. Naturellement, il était souvent arrivé que le plus bel homme de la planète fut élu un peu au hasard, parce que les gens qui n'avaient pas que ça à faire tapaient un peu n'importe quels numéros sur le cadran du téléphone. Et aussi et surtout parce qu'il n'y avait pas de présélections à ce grand concours annuel. Ainsi le nombre de candidats s'étendait à toute la gente masculine de la planète, ce qui avait valu aux hommes d'être vite interdits de votes.
En effet, au terme des trois premières années, les organisateurs se rendirent compte que chaque homme votait systématiquement pour lui-même et que du coup, seules les femmes la jouaient réglo. Enfin bref, il fallait voter et Stuart n'avait pas, mais alors pas du tout la tête à ça. Et d'ailleurs, le spot fut interrompu par un flash info. Le joli minois de Monica Carter apparut sur les écrans et elle présenta les faits qui avaient eu lieu au Prizun'hik. Stuart s'étonna de la rapidité avec laquelle l'information avait été avalée par les médias et regretta de ne pas être resté plus longtemps au magasin ; ces derniers temps il avait bien besoin de publicité gratuite. Il soupira, se leva et alla se chercher...
« Et c'est dans le plus grand centre commercial du monde que s'est déroulé le drame. C'est la première fois depuis les quatre siècles d'existence de La Grande Reconstitution que cette dernière est avortée. Dans le monde entier c'est la déception, des milliers de manifestants ont envahi il y a trois minutes les ambassades de Pirméd'cidouire dans plus de vingt pays différents. Nos standards ne désemplissent pas d'appels de figurants en colère. Dors et déjà, on peut affirmer que c'est l'une des plus importantes catastrophes que notre planète ait connu depuis… ohlala, au moins très longtemps. J'ai auprès de moi le spécialiste de…»
… une bière au frigo. Toutes ces émotions lui avaient donné une soif à faire mourir un marsouin la gueule grande ouverte. Il but une première gorgée et s'en retourna vers le…
« … vous indiquons en bas de l'écran le numéro d'appel gratuit afin de joindre la cellule d'aide psychologique mise à votre disposition. Nous continuons donc notre flash spécial, vous avez le droit de savoir !»
… canapé.
Stuart se demanda, puisqu'on avait le droit de savoir, pourquoi on ne nous disait rien à la télé. Puis, alors qu'il se dirigeait finalement vers le téléphone pour leur poser directement sa question, la télé retint son attention.
« … donc tous ceux qui étaient dans le Prizun'hik depuis ces cinq derniers jours ont intérêt à la ramener à la caserne numéro huit de Pirméd'cidouire afin de subir un interrogatoire. Et fissa !! »
C'était Le Général Suprême Korn Funzirsch qui parlait. Rien qu'à l'entendre, près de deux cent mille figurants devaient être pris d'un furieux besoin de contempler leurs chaussures. Stuart se cogna d'ailleurs trois fois le front aux murs avant de penser à relever les yeux et s'empressa de chercher ses clés de voiture. Manque de bol, alors qu'il s'apprêtait à sortir de chez lui, le téléphone sonna. Décidemment.
***
De nombreux chercheurs à travers le globe s'étaient penchés sur ce grave problème d'amnésie du passé et en étaient arrivés à deux ou trois observations bien senties :
Primo, les gens ne se souvenaient particulièrement pas des évènements qui s'étaient déroulés avant leur naissance.
Secundo, les aînés ne parvenaient jamais à apprendre quoi que ce soit aux plus jeunes lorsqu'il s'agissait de faits datant d'avant leur naissance. Les jeunes susnommés ne retenaient pas ces informations nouvelles, voilà tout. Ou bien ils n'écoutaient pas.
Et tertio, il était temps d'y remédier, et vite !
Ainsi donc ils trouvèrent comment. Et ça s'appelait les Tours d'Archiverie.
C'était il y a un peu plus d'un siècle.
Les Tours d'Archiverie étaient des sortes d'automates à l'allure faussement féminine. Elles pouvaient compiler une quantité impressionnante d'informations sous forme de petits disques perforés. De cette manière, les gens y enregistraient tout ce qu'ils savaient avec la satisfaction de contribuer à long terme à l'épanouissement des populations futures. Du moins c'est ce que disait la pub à la télé.
Malheureusement, ça ne marchait pas comme on l'aurait voulu : les Tours d'Archiverie, avec leur voix éraillée et leurs gestes mécaniques, ne permettaient pas des échanges très riches avec la population. Qu'elle soit présente ou future, d'ailleurs. En plus, les gens ne pensaient jamais à noter ce que les Tours leur disaient, ce qui avait pour résultat qu'ils oubliaient tout très vite et allaient s'en plaindre tout le temps.
Au final, on démantela le gigantesque réseau de Tours, vite devenu un gouffre à fric vertigineux. La société qui les construisait fit faillite et Bred Brummer, son Président Directeur Général s'en tira de justesse en se reconvertissant dans le recyclage d'acier (matière première dont étaient faites les Tours) avant de refaire faillite et d'être finalement interné à Diésantrium, le plus grand asile psychiatrique de cette planète.
Un ultime exemplaire de Tour d'Archiverie est aujourd'hui exposé dans le Musée National du Souvenir à Pirméda'cidouire, la capitale d'Apéploxia.
Forts de ces leçons, on fit construire d'imposantes Archiveries. Sortes de réserves à informations, à l'apparence proche d'une bibliothèque mais grande comme un stade de foot. A la seule différence que sur cette planète, on ne connaît pas ce sport et de ce fait, ces Archiveries étaient considérées comme étant de tailles plutôt modestes. En leur sein étaient donc stocké tout un tas d'informations sur le passé et le présent. On pouvait compter dans chacune d'elles plusieurs millions d'ouvrages manuscrits et de parchemins rangés dans de modestes étagères de la taille d'une maison plain-pied. Le tout entretenu par un Archiveur ; un type qualifié dans le tri d'ouvrages et de parchemins et qui avait intérêt d'avoir que ça à faire parce que s'occuper des Archives pouvait souvent prendre beaucoup, beaucoup, voir même beaucoup de temps. Et c'est comme ça qu'était réglé en partie ce problème d'amnésie chronique démesurée.
Pensez donc : si le Livre Originel suffisait à lui seul à garder vivant dans nos mémoires les souvenirs d'une antique guerre alors imaginez quels effets pourraient avoir sur la population des tonnes et des tonnes de manuscrits et autres documents !
Ainsi la population y trouvait enfin son compte ; Les gens pouvaient y enregistrer tout ce qu'ils savaient avec la satisfaction de contribuer à long terme à l'épanouissement des populations futures.
Effectivement, les publicitaires avaient décidés de réutiliser la même accroche.
***
Une feuille blanche de la plus grande importance bien pliée dans le pantalon de son pyjama, Stuart Smith sortit de sa voiture et traversa le parking de la caserne huit. Deux types qu'il avait tués ce matin au Prizun'hik lui firent quelques signes de la tête et Stuart leur répondit. Tout comme lui, ils étaient venus ici parce qu'ils avaient été présents lors du meurtre dans le Prizun'hik. Et tout comme lui, certainement, ils n'avaient aucune idée de ce qu'on leur voulait. Il y avait un seul truc que ces types savaient avec certitude : Stuart Smith était venu en pyjama. Et c'était une chose que Stuart Smith ignorait. Pour l'instant.
Tout ce petit monde pénétra dans le hall d'accueil de la caserne et fut surpris du nombre pas croyable de figurants qui s'y trouvaient déjà. Ils furent encore plus étonnés de voir tous ces gens qui n'étaient pas des figurants attendre comme tout le monde. A l'heure qu'il était, il devait bien se trouvait ici une bonne poignée de centaines de personnes, tous sexes confondus. Un hall assez imposant reconverti en salle d'attente avec des rangées de bancs et des chaises un peu partout.
« Ils nous considèrent tous comme des suspects » pensa Stuart. « Ils veulent tous nous interroger ».
Et tout au fond de ce chahut de chaises, de bancs et de sexes, se trouvait le standard. En fait un joli bar américain que l'on appelle sur cette planète, un bar Apéploxien. En acajou avec des sculptures en reliefs représentant des cow-boys Texans qui n'avaient rien de Texans ici-bas, montants des chevaux sauvages à huit pattes. Le tout tenu par une jeune femme qui n'était visiblement pas standardiste mais plutôt une barmaid en habits de standardiste.
Sur le bar Apé… pardon, sur le standard on devinait malgré la distance un ordinateur, un pot à crayons et un shaker. Au dessus du standard il y avait une grosse horloge à indications digitales qui ne fonctionnait plus. Pour être exact, elle fonctionnait toujours mais à, sa manière. en clair, elle n'avait plus grand intérêt pour grand monde à moins que vous soyez intéressés par la température qu'il faisait en Cath'duzor au mois de Mars dernier - et seulement le 3. Encore au dessus de l'horloge pendait un écran de taille modeste sur lequel apparaissaient de temps en temps les noms et prénoms d'une des personnes de l'assemblée suivit du numéro de porte à emprunter une fois la personne appelée. Stuart observa tout autour de lui, plissa les yeux et ne vit qu'une seule porte. A droite du standard. Il plissa les yeux un peu plus fort, se concentra quelques minutes et se rendit compte qu'elle portait le numéro quarante-deux puis releva la tête vers l'écran et attendit. Au bout d'un quart d'heure, un nom clignota sur la surface plane de l'écran puis la porte numéro cinquante-cinq fut annoncée. Le type désigné par l'écran considéra le hall, puis la porte à droite du standard, puis encore le hall et finalement alla s'adresser à la standardiste. Quelques secondes plus tard, dépité, il se dirigea vers la porte numéro quarante-deux et disparut derrière.
Stuart Smith alla s'assoire sur la chaise qu'occupait le jeune homme.
Quelque part derrière les murs du grand hall, un cri de joie retentit.
Après avoir suffisamment observé la standardiste, Stuart découvrit enfin à quoi elle servait exactement. A part déprimer les gens appelés, elle appuyait sur un bouton de son ordinateur une demie seconde avant que l'écran n'appelle une nouvelle personne. Mais ça ne suffisait pas à justifier sa présence en ces lieux. Il se leva donc et s'avança jusqu'au standard.
_ Excusez-moi mademoiselle…
La mademoiselle en question daigna lever les yeux de ses notes et, l'air hautain, prit le temps d'observer Stuart de la tête aux pieds. Lorsqu'un sourire apparut à la commissure de ses lèvres, elle demanda l'air supérieur :
_ Vous vous appelez Justius Helabrongpif ?
_ Heu… pas que je sache.
_ Vous voyez bien que vous leur faites perdre leur temps, alors… dit-elle, agacée, en pointant d'un doigt accusateur l'écran au-dessus d'elle.
Stuart se recula d'un pas et vit le nom de Justius Helabrongpif affiché dessus. Numéro de porte cent quatre-vingt six. Il fut quelque peu désarçonné par l'attitude sèche de la demoiselle mais, pas démonté, revint la voir.
Elle répéta :
_ … Justius Helabrongpif ?
_ … non je vous dit. J'ai juste une question rapide à vous poser… c'est-à-dire que je vous observe depuis tout à l'heure et je me disais juste comme ça…
_ Toujours pas ?
_ Toujours pas quoi ?
_ Helabrongpif ? Vous ne l'êtes toujours pas ?
_ Mais non, puisque je vous dis que je ne suis pas Helabrongpif !
Sa voix était cassée par l'exaspération. Et c'était sûrement le fruit de sa parano, mais il lui semblait que des centaines de paires d'yeux l'observaient en ce moment même, et que tous étaient au courant d'une chose que lui ignorait.
_ Revenez quand cela aura changé, s'il vous plait. Vous voyez bien que je travaille !
_ Justement… commença Stuart mais un type obèse à l'uniforme militaire orange taché de faux sang, venait de lui passer devant presque en le bousculant et se présenta au standard. La jeune femme leva les yeux de son ordinateur et observa le figurant :
_ Vous vous appelez Justius Helabrongpif ?
_ Oui, et heu… j'ai comme qui dirait un problème avec l'afficheur juste au dessus. Il m'indique la porte cent quatre-vingt six et je n'en vois qu'une seule qui…
_ Vous avez bien lu, Monsieur Helabrongpif.
Puis elle raya quelque chose sur une feuille de papier qu'elle avait sous les yeux. L'homme obèse se pencha en avant pour voir ce que la standardiste faisait mais celle-ci cacha sa feuille avec son avant bras. Elle lui jeta un regard qui en disait long sur ce qu'elle pensait d'une attitude aussi sans gêne et lui parla si bas que Stuart n'entendit rien.
Puis Justius Helabrongpif, l'air soudainement dépité se dirigea vers la porte et disparut à son tour de l'autre côté.
Par curiosité, Stuart se recula de nouveau et contempla l'écran histoire de voir si c'était son tour, et effectivement c'était le cas. Porte numéro vingt-six. Il se replaça bien en face de la standardiste et s'apprêta à lui adresser la parole lorsque :
_ Vous vous appelez Stuart Smith ?
_ heu… bha oui, tout à fait mademoiselle…
Il respira bien fort et se redressa pour prendre de la contenance puis il continua :
_ Et laissez-moi vous dire que je trouve votre attitude…
_ Vous avez votre carte d'identité sur vous Monsieur Smith ?
Totalement décontenancé par sa répartie, Stuart préféra s'arrêter tout de suite de penser. Il ne pourrait rien tirer de cette fille et ferait mieux de lui poser sa deuxième question :
_ C'est quoi cette histoire de porte ?
Le visage de la standardiste sembla s'illuminer soudainement alors qu'elle levait son nez vers Stuart. Elle émit un petit rire :
_ Vous me demandez pourquoi nous vous indiquons un si vaste choix de portes alors qu'il n'y en a qu'une seule ? C'est bien ça votre question ?
_ … oui, mais…
_ Vous êtes bien Monsieur Smith Stuart ?
_ Oui, mais je ne saisis pas tout à fait…
Puis il pu observer la standardiste rayer son nom et prénom d'une longue liste qui devait s'étaler sur un bon paquet de pages.
_ Hey, mais qu'est-ce que vous faites ?!
_ Je raye votre nom de la liste, ça ne se voit pas ?!
_ Si, bien sûr que si, mais pourquoi ?
_ Parce que je vais bien être forcée de répondre à votre question sur les portes et cela va m'obliger à rayer votre nom de la liste. Je prends de l'avance, c'est tout.
Stuart décida de stopper de nouveaux toute activité cérébrale et de laisser les événements suivre leur cours naturel. La standardiste continua :
_ Donc, les numéros de portes affichés sur l'annonceur sont des pièges… ceux qui sont appelés et qui se dirigent vers la porte quarante-deux sans venir me poser de stupides questions repartent avec un bon paquet d'oseille. Les autres sont rayés de la liste.
Stuart n'en crut pas ses oreilles. Il lui fallut quelques secondes pour assimiler cette nouvelle et non moins surprenante information puis trouva quelque chose à dire :
_ Hey !
Mais la standardiste ne l'écoutait plus, elle semblait trouver un malin plaisir à repasser son marqueur rouge encore et encore sur son nom et prénom. Stuart lui cria dessus avec, sembla t'il, de l'irritation dans la voix :
_ Et puis vous servez à quoi bordel, mise à part décourager tous ces pauvres gens ?
La jeune fille se leva, prit appui de ses poings posés sur le bar pour se pencher vers Stuart et lui dit, sourire aux lèvres :
_ Eh bien, je peux vous préparer un cocktail de fruits sans alcool si vous avez soif.
Nouveau cri de joie venu d'on ne sais où.
Dépité, Stuart se dirigea vers la porte quarante-deux et la referma derrière lui.
***
La présence de la caserne à Pirméd'cidouire s'expliquait de la manière suivante : La Grande Reconstitution Annuelle demandait d'importants préparatifs et son organisation n'était pas à prendre à la légère. Mais Le Grand Livre Originel n'expliquait pas comment s'organisait une bataille. Alors une guerre toute entière, il ne fallait pas y penser… La seule solution était de piocher par ci par là des indices dans Le Livre et d'essayer d'en tirer le maximum de renseignements. Du coup, on avait construit dans les plus grandes villes des casernes telles que celle-là, et on y avait installé de vrais militaires gradés qui ne jouaient pas les figurants. Et Le Général Suprême Korn Funzirsch en faisait partie. C'était à eux qu'incombait la lourde tâche d'organiser Les Grandes Reconstitutions et de faire en sorte qu'elles se déroulent dans le calme et l'ordre. Toutefois, il arrivait que certains vrais soldats se demandent bien à quoi ils servaient. C'est vrai quoi, dans ce monde où on oublie le passé, les vraies guerres étaient inexistantes.
Etonnant me diriez-vous ? Non. On dit toujours, à tort, que les conflits armés naissent des erreurs du passé que l'on a oubliées et que par conséquent, on répèterait inconsciemment. Mais que dire d'un monde où chaque génération oublie les erreurs commises par la génération précédente, qui a elle-même oublié les erreurs commises par des générations qui ont elles-mêmes oublié avoir commit ces erreurs ? En clair et en définitive, on ne peut pas répéter des erreurs dont personne ne se souvient. Et encore moins sur cette planète ! Conséquence : plein de militaires qui avaient rien à foutre le trois quart de l'année et pas une seule vraie guerre en vue. Tout ça pour dire que les militaires et particulièrement les gradés profitaient de n'importe quelles occasions pour réunir plein de monde et organiser des jeux à la con auxquels personnes ne gagnaient jamais. Ils adoraient ça !
***
Stuart Smith se trouvait face à un de ces militaires à l'humour si raffiné. Il l'avait trouvé derrière la porte quarante-deux, assis à une table de jardin en plastique blanc. Sur la table était planté un parasol de bonne taille avec des dauphins batifolant dans l'eau. Machinalement, Stuart contempla le plafond à la recherche de soleil mais ne vit que le plafond. Il rabaissa la tête vers la table de jardin et le militaire derrière quand ce dernier lui fit signe de s'asseoir sur une chaise de jardin en plastique blanc. Il s'assit.
Sur la table se trouvaient une machine à écrire et un sacré paquet de feuilles blanches. La pièce où ils se trouvaient était bigrement grande, ou bien était-ce la présence de cette table comme seul meuble qui faisait illusion. Où le fait qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il faisait là.
Le militaire observa Stuart un long moment, faisant glisser son regard du haut de son crâne jusque plus bas que lui permettait la table de jardin. C'était assez gênant, alors Stuart tenu à meubler un peu :
_ Je vous prie de m'excuser, mais c'est que j'ai une journée très chargée qui m'attend et je vous serai grès de m'expliquer…
_ Monsieur Smith Stuart, c'est bien cela ?
_ … heu, oui…
_ Vous êtes en train de me demander ce que vous faites ici, c'est bien cela ?
_ Oui, tout à fait et j'espère bien que vous me répondiez un jour ou…
_ Vous êtes sûr de ne pas vouloir réfléchir encore un peu à la question ?
Sur ces mots, le militaire se concentra sur une feuille blanche qu'il faisait glisser dans sa machine à écrire, puis il commença à prendre en note la conversation. Il émit un petit rire nerveux puis releva son visage et dit, tout en continuant de taper à la machine :
_ En fait, je préférerais que vous trouviez vous-même les raisons de votre présence ici.
Peut-être était-ce l'autorité qui se dégageait de cet homme, ou le fait qu'il semblait savoir un truc que lui-même ignorait complètement, mais, comme intimidé, Stuart se mit à réfléchir très sérieusement sur les raisons de sa présence ici. Ça avait l'air d'être pour les interroger, lui et ses pairs, sur certaines choses dont ils avaient pu être témoins dans le grand Prizun'hik. Mais leur façon de faire avait l'air trop désordonnée pour un travail de militaires. Et puis, tout s'était passé si vite : entre l'arrivée du Général Suprême juste après le meurtre, et puis les médias si rapidement au courant. Sans compter la fin prématurée de La Grande Reconstitution, si brusquement survenue. Non, il devait y avoir quelque chose d'autre derrière cet espèce de réunion, quelque chose qu'on essayait de faire passer pour un interrogatoire alors qu'il ne s'agissait en fait que… Stuart se rendit compte qu'il fixait son interlocuteur depuis au moins cinquante bonnes secondes avec la bouche pendouillante et le tout n'avait d'égal que la stupidité de son regard. L'interlocuteur en question observa Stuart, émit un soupir de lassitude et raya son nom sur le sommet du tas de feuilles blanches. Puis il se mit à rigoler tout bas.
_ Quoi, qu'est-ce que j'ai dit, qu'est-ce que j'ai fait ?
_ Vous voulez plutôt dire, qu'est-ce que vous n'avez pas dit – qu'est-ce que vous n'avez pas fait ?
_ Hein ?!
_ Visiblement, vous n'avez pas la moindre idée de ce que vous faites là, alors j'ai rayé votre nom de la liste.
_ Ne me dites pas que j'ai…
_ hum, hum…
_ Nooooon ?!
_ Et c'était un sacré pactole, vous savez ! Mais bon, tant pis… ça sera pour le prochain peut-être.
Il éclata carrément de rire et l'invita à faire le tour de la table de jardin et passer par la porte de derrière.
***
La pièce dans laquelle Stuart se trouvait maintenant était plus petite que la précédente quoique bien plus luxueusement meublée. Il y avait un bureau très luxueux, avec sa chaise très luxueuse pour les invités et des tableaux tout aussi luxueux sur des murs ornés de fenêtres aux rideaux de soies ou quelque chose comme ça carrément luxueux. Mais surtout, il y avait un grand militaire derrière le bureau qui tapait à la machine à écrire en rigolant dans sa barbe. Stuart s'approcha du bureau pour mieux voir à qui il avait à faire et reconnut le Général Suprême Korn Funzirsch qui s'arrêta de taper aussi sec et le dévisagea ouvertement. Il fondit alors d'un rire tonitruant et s'adressa à lui :
_ Mon cher monsieur Smith, mais vous êtes en pyjama ?!
Puis il rigola de plus belle en l'invitant à prendre place.
Stuart s'observa des pieds à la tête et ne parut pas surpris le moins du monde. Il avait un jour rêvé qu'il se retrouvait en pleine Reconstitution, intégralement nu au milieu de toutes les personnes qu'il connaissait. Le lendemain de cet affreux cauchemar, il devait partir pour l'une des batailles les plus importantes de la Grande Reconstitution, c'était il y a deux ans, et s'était rendu compte que son uniforme n'était pas encore revenu du pressing. Ainsi que le reste de sa garde robe, ce qui relevait du manque de bol le plus prodigieux. Et comprenez bien que cela n'arrive qu'une seule fois dans votre vie, ou bien un peu plus si quelqu'un vous en veut. Il fut donc obligé de participer à la première journée en jogging. Subséquemment, et dans la présente situation ; Stuart n'était pas le moins du monde étonné ou surpris ou stupéfié ou horrifié ou quoi que ce soit d'autre. Il opina du chef et s'assit sur la luxueuse chaise pour invité. C'est tout.
De là il se rendit compte de l'imposante carrure de Funzirsch et préféra finalement la vue de ses chaussons.
_ Hum-hum… fit Funzirsch à l'adresse de Stuart.
C'était une habitude qu'il avait prise afin d'attirer l'attention de ses interlocuteurs qui étaient tous, et depuis toujours, pris d'une effroyable envie de fixer leurs pieds dès qu'ils devaient lui parler. « Hum-hum… » furent d'ailleurs les premiers mots qu'il prononça étant bébé, totalement mis en pétard par la réaction de ses parents qui ne pouvaient s'empêcher de scruter leurs chaussures dès qu'ils s'occupaient de lui !
Stuart réagit assez bien au « hum-hum » de Funzirsch : il se redressa subitement presque au garde à vous en émettant un de ses bruits étranges que poussent les gens que l'on réveille en sursaut. D'autres avaient réagis bien plus mal que ça.
Maintenant que le général avait toute l'attention requise pour sa question, il la lui posa :
_ Bon, pourquoi êtes-vous là ?
_ Comment ?! Ne me dites pas que c'est encore une question pour de l'argent…
_ Comment cela ?
Funzirsch, autant que cela puisse être possible de la part d'un homme de son envergure, parut surpris, voir amusé.
_ C'est que la standardiste et le militaire avant vous m'ont posé des questions et…
_ héhéhé, drôle n'est-ce pas ?
_ Mouais…
_ Bref… je vous ai posé une question.
_ Ah oui, ce que je fais là. Bha, vous avez fait votre appel à la télé et…
_ Ecoutez, je suis pas dupe, ok ? Je suis peut-être grand mais le sang il irrigue encore le cerveau ! Ils m'ont appelé au gouvernement… et ils m'ont dit qu'ils vous avaient aussi appelé !
Stuart en resta sans voix, il tripotait dans sa poche cette feuille blanche de la plus grande importance qu'il avait amené avec lui à la caserne. Il n'était pas nerveux, mais la suite des événements aiguisait sa curiosité.
_ Aller fiston… chuchota Funzirsch avec autorité, la main tendue en avant. Puis il dit :
_ Donnez-le moi ce foutu papelard que je voie enfin ce qu'on nous veut dans les hautes sphères.
***
Funzirsch venait de faire référence au coup de téléphone que Stuart avait reçut avant de se rendre à la caserne. Coup de fil tellement bouleversant qu'il lui avait fait omettre de se changer. Ce fameux appel se déroula à peu près comme suit :
_ Allô ?
_ Ouaip, Stuart Smith à l'appareil. Désolé mais je suis pressé et…
_ Que désirez-vous monsieur Smith ?
_ Comment ça ?!
_ Eh bien, si vous nous appelez, c'est que vous désirez quelque chose, non ?
_ Mais c'est vous qui venez de m'appeler !!
_ Je regrette Monsieur, mais lorsque le téléphone sonne chez soi, c'est qu'il y a de grande chance qu'à l'autre bout du fil, voyez-vous, quelqu'un essaye de nous joindre. Et c'est justement ce qui m'est arrivé au standard à l'instant.
_ C'est bizarrement ce qui vient de m'arriver à moi aussi !
_ Ok petit plaisantin, comment vous appelez-vous déjà ?
_ Smith. Stuart Smith.
_ Ecoutez monsieur Switty Smart, nous n'avons pas le temps de…
_ Heu… je vous ai dit Stuart Smith…
_ Comment cela ?
_ Smith, monsieur Stu-art Smith, et je…
_ Ah oui, c'est vrai, veuillez m'excuser monsieur Smith. Je suis confuse. Je vous passe Le Président d'Apéploxia !
Stuart Smith n'en croyait pas ses oreilles. Il resta planté là, debout devant le téléphone, le combiné contre l'oreille et la main tremblante. Ne sachant pas s'il fallait raccrocher ou bien rester là à attendre comme si sa vie en dépendait.
Funzirsch était la seconde personne la plus dangereuse du monde ; le Président d'Apéploxia arrivant en première place. Et ce, principalement parce qu'il était grand, beau et riche. Et c'était bien ça qui faisait de lui l'homme le plus dangereux de la planète ; parce qu'il était le plus grand, bel et riche homme du coin et que, par conséquent, il était l'homme le plus enclin à piquer votre travail, votre fric ou votre femme. Et surtout parce qu'il était Président avec tout ce que cela impliquait de types payés pour tuer et de tonnes d'argent qui gravitaient autour de lui. Debout devant le téléphone, Stuart devina qu'on allait lui demander un service, il avait l'habitude que les gouvernements fassent cela avec lui… mais il ne pensait pas qu'il lui arriverait un jour de faire du business auprès de son propre gouvernement, particulièrement auprès de l'homme le plus dangereux du monde !
En plus d'être l'homme le plus dangereux du monde, le Président d'Apéploxia en était l'homme le plus important. Le second homme le plus important étant une femme qui… mais on s'en fout pas mal, ce qui nous intéresse vraiment c'est ce que l'homme le plus dangereusement important du monde raconta au détective le plus demandé du monde.
_ Notre pays a besoin de vous, monsieur Smith, annonça solennellement le Président, après que Stuart ait dû souffrir d'une vaine tentative de musique classique durant vingt douloureuse minutes.
_ Je vous demande pardon ?!
_ Notre pays et le reste de cette foutue planète… Oh mon Dieu, quel boulot de merde !
_ Heu… je suis très honoré de vous avoir au téléphone, vos secrétaires m'ont l'air très sympas, et tout… mais je crains de ne pas comprendre tout à fait où vous voulez en…
_ Non, non, non, non ! Il ne faut pas poser de question avec moi, surtout pas. Je n'y réponds jamais. Parce que voyez-vous, on nous écoute… vous le saviez ? N'est-ce pas ?
_ C'est que, bah… non… et, bah… qui ça « on »
_ « Eux », si vous préférez ! Enfin bon, bref. Revenons à nos moutons !
_ Précisément, pourquoi m'appelez-vous au juste ?
_ Mais pour que vous vous occupiez de cette épouvantable histoire, pardi !
_ Je ne vois pas ce que vous voulez dire par là…
_ Mais si, le meurtre là, le centre commercial et les soldats qui courent dans tous les sens, le sang… vous ne regardez pas la télévision ou quoi ?!
_ Aaaah ! Vous parlez de l'annulation de La Grande Reconstitution ?
_ Oh mon Dieu, ne prononcez pas ces mots ! Pas « annulation » et tout ce que vous avez dit après, je vous en prie !
_ Excusez-moi Monsieur Le Président…
_ Oh, et pas de ça avec moi. « Monsieur le Président » et tout ce bordel de protocole ! On doit se serrer les coudes Stu', ok ? Vous permettez que je vous appel Stu' ?
_ Eh bien, oui…
_ Bon, chouette. Je souhaiterais que vous vous occupiez de cette sordide histoire de meurtre. Waaldegård est derrière les barreaux mais ça risque de ne pas suffire. La foule-média en veut plus, toujours plus vous comprenez ? Ils ne veulent pas voir un minable en prison - point barre, on n'en parle plus - ils veulent savoir pourquoi, comment, qui !
Il y a six ans, Stuart avait passé une série d'annonces dans de grands journaux d'économie et de politique en pensant qu'ainsi il aurait plus de chance de trouver des clients sérieux pour son travail. Dès lors, il avait pris l'habitude d'entendre ses clients sérieux lui tenir ce genre de discours, et il commençait à y voir un peu plus clair. Mais il se garda bien de raconter qu'il avait déjà décidé de mener sa petite enquête. Il comptait innocenter Waaldegård, et non pas l'enterrer au nom des parts d'audience.
_ Vous voulez que j'enquête, si je comprends bien ?
_ Vous voulez vous occuper de vos propres petites affaires pendant que vos électeurs sont distraits par moi… je vois.
Sur ces mots, le Président prit une voix plus grave, teintée de menace :
_ Je sais bien que vous connaissez votre business, c'est votre gagne-pain. Mais n'allez pas vous mêlez de choses qui vous dépassent, monsieur Smith.
_ Désolé Monsieur le Prési… merde ! Heu… Et je suppose que je ne dois pas dire un mot de tout ça : je suis juste là pour faire diversion…
_ Oui, tout à fait. Vous faites des trucs et des machins de détective. Vous divertissez votre petit monde, passez à la télé, à la radio. Remplissez des stades s'il le faut, pendant que nous nous occupons de nos propres histoires. Je ne veux pas que vous résolviez ce crime, je veux juste que vous détourniez l'attention de tous ces gens. Suis-je clair ?
_ Oui, je suppose…
_ Mais bien sûr, votre « enquête » sera rémunérée. Attendez-vous à quelques grosses rentrées d'argent chaque semaine sur votre compte. Tout ça en échange de votre silence… enfin au contraire, de votre bagout, enfin bon, vous saisissez la nuance bordel ?! Et vous aurez en bonus l'assurance de rester en vie assez longtemps.
_ Comment ça ? demanda un Stuart soudainement anxieux.
_ Faites ce que je vous dis, et vous serez sûr d'être à l'abri lorsqu'ils arriveront !
_ Qui ça « ils » ?
_ Mais « eux » ! On en parlait tout à l'heure. Vous ne m'écoutez pas ou quoi ?! C'est dingue ça ! Je parle des chats, pardi !!
Il y eu ensuite un clic, et le retour de la musique classique qui submergea Stuart d'une migraine d'interrogations, de surprise et de peur. Puis finalement une migraine tout court. Comment pouvait-on balancer de telles horreurs instrumentales dans les oreilles d'honnêtes gens tels que lui ? Enfin, il se rendit compte qu'il n'avait pas encore raccroché et s'apprêta à le faire lorsqu'un nouveau clic se fit entendre au bout du fil :
_ Allô ? - Voix de femme.
_ Heu… oui, à qui ai-je l'honneur ?
_ Mais c'est pas possible ça ! Espèce de sale petit vicieux, je vous prierais de ne plus recommencer vos blagues puériles ! On est débordé de travail ici, au bureau du Président d'Apéploxia !! Je vais vous mettre tous les flics de ce pays au cul, vous allez voir !!
Ensuite la voix raccrocha et Stuart, désappointé, l'imita. Quelques secondes passèrent et son fax recracha une feuille blanche dans un vacarme tel que seuls les fax savent en créer. C'était ça, la feuille blanche de la plus haute importance. Signée et tamponnée par la personne la plus importante et la plus dangereuse de la planète.
***
Le papier entre les mains, Funzirsch grommela.
_ Ordre de mission mon cul, ouais !
_ Vous n'aimez pas être commandé, hein ?
C'était Stuart qui venait de parler.
Le Général Suprême se leva d'un bond et tapa son bureau avec le bout de l'index :
_ Personne ne me commande fiston ! Personne !!
Il ne cria pas tout à fait, mais on sentait dans sa voix une retenue, comme un animal qu'il essayait de maîtriser afin d'éviter le plus de dégât possible. Stuart se rendit compte qu'à l'endroit du bureau où Funzirsch avait tapé du doigt, il y avait un léger creux, et il se demanda subitement si ses chaussons étaient toujours là. Il s'empressa donc d'aller vérifier. Puis, comme un garçon sévèrement réprimandé par son père mais qui voudrait avoir le dernier mot, il chuchota :
_ Le Président a du vous demandé de la fermer ou quelque chose comme ça… et que si vous trouviez quelque chose d'intéressant, il était préférable de laisser les évènements suivre leur court…
Silence de Funzirsch qui s'enfonça un peu plus dans son fauteuil.
_ Il a du aussi vous refiler une bonne avance sur votre prime de silence… et c'est sûrement pour ça que vous distribuez de l'argent à tout va pour des histoire de portes et tout ça… la culpabilité. Vous ne supporteriez pas de devoir garder tout cet…
_ Il y a eu que deux gagnants jusqu'ici, fit Le Général d'une voix misérable.
Stuart releva son visage pour observer celui de Funzirsch.
_ Je sais, on entendait leurs cris de joie à l'autre bout du grand hall…
_ Que comptez-vous faire pour la suite ?
Le visage de Funzirsch, quoique inquiet, s'était considérablement détendu.
Stuart dit :
_ Je vais m'occuper du cas de Waaldegård. Et puis, même si je suis censé garder mes découvertes pour moi, j'aurais bien assez de la célébrité médiatique, de la reconnaissance du peuple et de toute l'oseille du Président. Gloire et silence, un bon plan, vous ne trouvez pas ?
_ Mouais… vous savez moi, la gloire…
C'était pareil pour Stuart, mais il souhaitait endormir tout soupçon et jouer le serviteur obéissant du Président. Il fallait noyer le poisson pour pouvoir agir tranquillement et Funzirsch était un sacré gros poisson.
_ Ne vous en faites pas pour tout cet argent sale qui vous brûle les doigts, lui annonça t'il. Puis :
_ Je sais comment vous en débarrasser !
_ C'est vrai ?! s'écria un Funzirsch plein d'espoir.
_ Ouaip, et de manière bigrement constructive en plus !
Si ça, ça ne s'appelait pas noyer le poisson, alors il n'y avait plus un seul espoir ! Il allait maintenant falloir trouver comment il allait s'y prendre. Le plus important pour l'instant était qu'il avait réussit à gagner la confiance de Funzirsch. Et nom de Dieu, qu'est ce que ce type lui foutait les foies !
***
Aussitôt l'entrevue achevée, Stuart était rentré chez lui avec un chèque sacrément gros, signé de la main de Funzirsch dans la poche. Il allait s'octroyer une bonne nuit de sommeil. Avant de s'endormir, il refit le tour de sa journée et eu un sourire. Il venait de faire ressortir de tout cela un point positif : à courir dans tous les sens en pyjama, il n'avait pas eut à se changer pour se coucher.
Il s'endormit donc avec la sensation d'un travail déjà bien avancé et ne doutait pas que, Président ou pas Président, il allait découvrir la vérité sur tout ce tintouin. Si ce n'est pour lui-même.
Il se réveilla deux jours plus tard.
Se levant, il pensa que tout cela était bien bon. Dormir comme un bébé lui laissait présager une foule de brillantes déductions, un tas d'intuitions ravageuses, une armée d'idées particulièrement éblouissantes et tout cela l'emmènerait, à n'en pas douter, vers une victoire étincelante contre la pression du monde politique, l'influence hypnotique de la masse-média et l'appât du gain. Il savait pertinemment qu'en dormant autant, la réussite de ce qu'il allait entreprendre serait évidente. Après tout, la nuit porte conseil, alors une nuit de deux jours !
La dernière fois que cela lui était arrivé, il n'avait plus eu besoin de travailler pendant un sacré bout de temps :
Le gouvernement de Véviték'sia lui avait commandé une de ces enquêtes dont Stuart avait le secret, c'est-à-dire une de ces missions de diversion permettant au gouvernement de faire ses petites affaires à l'abri des regards indiscrets. On lui avait donné sept jours pour accomplir sa tâche, en échange d'une somme d'argent considérable. Après qu'il eut finit de marchander les derniers termes du contrat qui le liait aux hommes de Véviték'sia, il rentra chez lui et alla se coucher. A la suite de quoi, il ne se réveilla que cinq jours plus tard ! Il ne lui restait que deux malheureuses journées et il n'avait pas la moindre idée de quel genre de plan il allait pouvoir mettre au point en un si court laps de temps. Il se rappelait bien que lorsqu'on veut casser un mur de brique haut, disons de cinq mètres en un très court laps de temps, il était plus rapide d'utiliser un bon gros bulldozer ! Mais il ne savait pas très bien à quoi un tel proverbe lui servirait. Il réfléchit quelques heures supplémentaires et il décida finalement que pour mener à bien le boulot qui l'attendait, il allait devoir frapper très fort.
Il monta de toute pièce une organisation terroriste écologique nommée La Main Verte et confectionna des vidéos lourdes de menaces et de haine contre tous ces gens qui laissaient la veilleuse de leur télé constamment allumée, ou qui fermaient mal la porte de leur frigo, et d'autres vidéos où il était particulièrement remonté contre tous ces autres pauvres types qui avaient plusieurs frigos chez eux et une télé dans chaque pièce. Il balança tout ça à la presse, la télé, la radio et s'inventa une identité d'agent secret avec une facilité déconcertante afin de mettre au parfum les gouvernements les plus influents. Il tint finalement au courant les gens du gouvernement de Véviték'sia afin de les rassurer. Evidemment, les médias furent ravis de pouvoir diffuser encore plus de violence et de psychose et les têtes pensantes de Véviték'sia s'aperçurent des avantages que pourraient apporter cette Main Verte . Les susdites têtes pensantes se mirent à réutiliser l'organisation terroriste de Stuart afin de récolter quelques rançons à gauche et à droite, histoire de renflouer les caisses de l'Etat… ça marcha durant quelques mois. Mais un tel succès de la mode terroriste éveilla subitement des vocations chez diverses communautés écologiques, religieuses, politiques ou encore chez un certain nombre de bureaux d'avocats. Et tout l'argent amassé par le gouvernement de Véviték'sia servit à payer les rançons de ces tout nouveaux groupes terroristes.
On abandonna vite la Main Verte dans les hautes sphères de Véviték'sia lorsqu'ils se rendirent compte que, au début, tout ce qu'ils voulaient c'était juste blanchir un peu d'argent sale et empêcher quelques hommes politiques d'aller en prison. Mais le mal était fait, et les chantages de certains terroristes avaient atteint leur but :
Ainsi, un nombre considérable d'usines avaient dû se résoudre à ne rejeter de leurs cheminées QUE de la fumée non-polluante ou au moins plus discrète ; le Cathacismisme, religion prônant le droit à la réincarnation en animal, en être humain, en plante, ou encore en appareils électroménagers était maintenant la religion majoritaire dans plus de 95 pays ; et pour finir, les avocats avaient dorénavant un droit de veto lors de tout procès, ce qui leur permettait d'annuler n'importe quel verdict.
Au final, les hommes de Véviték'sia étaient tout de même contents : ils avaient pu blanchir leur argent sale ; de plus, avec tous ces changements considérables, les médias n'avaient pas fini de courir dans tous les sens. Ce qui allait bien arranger les têtes pensantes pour leurs prochaines petites affaires. Quant à Stuart Smith, il s'en était sorti indemne avec ce coup de maître et avait gagné assez d'argent pour ne plus avoir à travailler pendant facilement cinq ans. Ce qu'il avait fait. Et ce fut d'ailleurs face à la disparition spontanée et désorganisée de son pécule, il y a peu, que Stuart prit la décision de retrouver du travail. Il remerciait au moins le Président d'Apéploxia pour lui en avoir offert un !
***
Et finalement, ces deux dernières nuits semblaient lui avoir été de bon secours car il avait eu une bonne idée…
Suite la semaine prochaine !
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-( Maman
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