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A la base, ayant été dessinateur, je ne peux nier que l'aspect graphique est ce qui m'accroche, c'est quelque chose auquel je suis spontanément sensible - et je l'assume. Mais j'ai aussi écrit des scripts et un paquet de critiques, qui m'ont conduit à considérer la partie écrite avec application. Le résultat de tout ça, c'est que ma satisfaction de lecteur est accomplie quand scénario et dessin sont d'égale qualité, quand s'opère une alchimie. Le scénariste doit challenger le dessinateur qui doit challenger le scénariste. Je ne peux pas dissocier l'écrit de l'image - et je refuse qu'on me limite à un lecteur qui privilégie le dessin au scénario pour cette raison. Lorsque je considère ce que j'ai lu et aimé, depuis que je lis des comics, je me rappelle de tandems artistiques, indissociables. Il s'agit de Claremont-Byrne/Smith/Romita/Silvestri, de Miller-Janson, de Thomas-Buscema, de Wolfman-Perez, Nocenti-Romita Jr... Jusqu'à Bendis-Immonen/Maleev, Moore-Sprouse, Millar-Hitch, Johns-Eaglesham, Baron-Rude, Vaughan-Guerra, Willingham-Buckingham, Brubaker-Phillips/Lark, Fraction-Aja, King-Gerads, Lemire-Smallwood... J'en oublie. Récemment, l'association Waid-Samnee a représenté le fin du fin, on sent une telle complicité qu'on ne sait même plus qui lance une idée et lequel l'accomplit. Je ne sais pas si c'est révolutionnaire, mais je suis sûr que si davantage s'en inspirait, on aurait des comics plus jouissifs. Qu'importe que tel titre ait été initié par l'un ou l'autre, le résultat a quelque chose d'imparable. Que ça se lise vite n'est pas un défaut pour moi : ça signifie juste que c'est efficace, que le lecteur est emporté. Et ça n'empêche pas de le relire, histoire de le décortiquer, de vouloir comprendre pourquoi ça roule si bien. C'est le deuxième effet "kiss-cool" ![]() C'est cela aussi que j'appelle l'énergie, le feu, quand ça tourne à plein régime, qu'on tourne les pages sans réfléchir (et ça, ça peut durer 12 épisodes comme une centaine). La réflexion vient ensuite, mais les comics qui possèdent plusieurs niveaux de lecture son rares de toute manière, ils sont souvent produits en marge des publications mensuelles standards (qu'il s'agisse de "Watchmen" jusqu'à "The New Frontier" en passant par des séries indés ou des OGN). Les auteurs capables de livrer des ouvrages divertissants et profonds, proposant un commentaire sur le genre, le média, sont exceptionnels et on se rend compte parfois que cela a été fait quasi accidentellement (entre l'ambition initiale et le produit fini, il y a des impondérables innombrables). Mais quand on s'inscrit dans le cadre du "mainstream", je pense que c'est encore plus improbable et auteurs comme lecteurs ne mesurent pas si vite la réussite de l'entreprise. Quelquefois on pressent la valeur d'un run en cours, mais souvent cette valeur ne se révèle qu'après bien des années. Quelque chose qu'on lit aujourd'hui avec plaisir ne devient pas forcément un classique, on garde une affection pour telle suite d'épisodes mais je me méfie des "instant classics" (termes à employer avec des pincettes). Comparer des auteurs comme on s'amuse à le faire est divertissant mais très subjectifs, très affectifs. Pourquoi s'attache-t-on à un auteur, un artiste ? Souvent parce qu'ils nous séduisent sur un titre qu'on n'a jamais vraiment suivi, ou qu'on avait délaissé, ou qui nous en montre une facette inattendue. C'est inévitable d'être sentimental dans ces cas-là : on associe une équipe artistique à l'affection qu'on a pour une série, et au-delà au genre auquel elle appartient. C'est là-dessus que j'insiste : quand je me suis remis à lire des comics, Bendis, Millar, Brubaker étaient aux commandes des séries que j'ai appréciées alors. Je leur suis redevable de m'avoir fait replonger, de m'avoir redonné goût aux super-héros. Etant d'un tempérament fidèle, j'ai du mal à ensuite les déconsidérer (même si je n'aime pas tout ce qu'ils font inconditionnellement) ou à voir leur talent discuter (je crois que personne n'aime lire des propos désagréables sur un auteur qu'il apprécie). Conséquence : quand ces auteurs s'engagent ailleurs, sur d'autres projets, et que leurs remplaçants ne nous procurent pas le même frisson, on est d'abord indulgent puis plus sévères si ça ne décolle pas. Je ne dis pas autre chose : je ne nie pas les talents actuels d'auteurs en place chez Marvel, mais je ne peux pas cacher que ce qu'ils produisent me convainc moins que leurs prédécesseurs. Peut-être que ça évoluera mais lirai-je encore du Marvel à ce moment-là ? De toute façon, il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. Avec la politique et la religion, les comics sont certainement la source des conversations les plus surchauffés. Chacun défend ses poulains, quitte à user de mauvaise foi ou à dégainer des références élitistes, les uns parleront avec leur coeur, d'autres avec rationalité, mais tous avec passion. On est tous de petits editors en puissance qui essaient de gagner à notre cause nos interlocuteurs, qui veulent avoir le dernier mot, gagner le débat. En vérité, je crois qu'il n'y a pas de vainqueur, sinon justement la discussion, l'échange d'avis, le partage de connaissances. |
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Pour moi, tant qu'il y a du débat sur Buzz Comics c'est gagné. C'est mon ambition pour ce forum, le seul où je suis inscrit. Pas intéressé par compter les points
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