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En scindant chaque année en deux albums — les épisodes de Batman dans un volume, ceux de Detective Comics dans un second —, le contenu semblait s’équilibrer de lui-même en pavés aux paginations relativement égales avec, pour les compléter, une sélection de récits complets marquants pour l’évolution du personnage, piochés parmi les classiques de l’époque. Cette possibilité d’ajouter des récits complets en fin d’album, comme une sorte de récompense, ainsi que de publier toutes les séries régulières du personnage (dont le nombre a littéralement explosé avec la Batmania de 1989), c’est aussi l’occasion de proposer du matériel plus difficilement publiable en l’état. Elseworlds, Secret Origins, Showcase, Legends of the Dark Knight, Shadow of the Bat, Gotham Knights, Gotham Nights (eh oui), etc. trouveront ainsi une terre d’accueil rêvée au sein des BATMAN CHRONICLES.
BATMAN CHRONICLES représente en effet cette occasion unique de publier dans un continuum cohérent tous les morceaux épars du mythe de Batman en une fresque ambitieuse, et en réalité unique au monde. D’un point de vue plus prosaïque, CHRONICLES permet également de répondre à deux problématiques éditoriales :
La réimpression de arcs narratifs qui ont fait leur temps, à l’image de No Man’s Land ou de Knightfall qui ont chacun bien fonctionné à leur sortie mais que l’économie actuelle ne nous permet plus de maintenir en l’état au catalogue. Car lorsqu’il faut réimprimer à 2 000 exemplaires minimum une série de six albums de 500 pages qui mettront 4 ans à s’écouler (dans le meilleur des cas), eh bien, je peux vous dire que cela coûte très (très) cher en stockage, entre autres.
La publication de récits qui, sortis de tout contexte, font figure d’albums hors-sols. Je pense notamment à certaines mini-séries type Battle for the Cowl, dont la question de la publication s’est posée plusieurs fois ces dernières années. Dans certains cas, cela équivaudrait presque à publier Batman R.I.P. sans le mettre en perspective avec le run de Grant MORRISON. Créer un ensemble cohérent, une continuité recontextualisée, un écosystème en fait est, à mes yeux et avec l’expérience, la meilleure façon de présenter ces récits qui, seuls, et malgré leurs qualités intrinsèques, auraient du mal à justifier leur existence dans les rayons des libraires. Surtout à l’heure où les places sont à ce point rares et chères. |
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