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#1
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Après, ça s'est mal passé parce qu'on l'a effectivement censuré, on a voulu lui faire porter la responsabilité de décisions éditoriales, et il a décidé de couper les ponts avec DC dont il n'appréciait pas les méthodes de management et l'éthique (et, sur ce qui lui est arrivé, c'est honnêtement compréhensible). Il a eu le courage d'aller jusqu'au bout de sa démarche, c'est-à-dire de ne plus travailler avec DC (et les majors), alors que certainement d'autres auteurs avalent des couleuvres sans rendre leur tablier. Par ailleurs, on ne peut pas dire que le mec n'a rien fait dans la bd parce qu'il semble se démener dans le milieu depuis quelques années et qu'aujourd'hui il s'emploie à la diffusion de creator-owned dans d'autres formats. Il a l'air d'être authentiquement passionné, mais il ne veut pas être associé à des entreprises dont les pratiques lui paraissent douteuses. Il a osé non seulement parler publiquement de choses pas très reluisantes (éditeur frileux et lâche, collègue peu confraternel, pression médiatique) mais surtout, en faisant ça, il sait qu'il s'est grillé et doit donc subsister autrement. Cela ne me semble pas si courant. C'est un témoignage assez rare en fait - comme celui de Brubaker. Je crois qu'il y a vraiment deux catégories d'auteurs, ceux qui s'épanouissent dans le wfh, qui sont motivés par les contraintes des majors, qui réussissent à en tirer de substantiels profits (personnels, financiers, etc) ; et ceux qui, plus ou moins vite, n'arrivent pas/plus à composer avec ces éléments, préfèrent aller voir ailleurs, faire de la bd autrement (ou faire autre chose que de la bd). |
#2
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Je veux bien qu'il se pose en défenseur de la veuve et de l'orphelin (son passage où il nous dit que "Action comics #1 appartenait à 50% à Siegel, et que donc il pouvait reprendre le titre sans passer pour une ordure" est d'ailleurs ridicule) mais il s'agit là d'un jugement de valeur. Ce qui est encore plus navrant puisqu'il dit que le projet venait seulement d'être annoncé. Je n'ai aucun problème avec les gens qui n'aiment pas BW si c'est basé sur du concret (mauvaises histoires, mauvais dessins) et que c'est argumenté, mais là, il se fonde sur le simple fait que l'on touche au sacro-saint. Il me fait penser à ces fans qui ne veulent pas que l'on change quoi que ce soit à la continuité de leur personnage préféré. Le plus drôle étant que, non seulement il porte un jugement de valeur sans fondements qualitatifs, mais que, pour avoir lu une vingtaine de comics du monsieur (quelques IZombie et House of Mystery, Superman/Batman, Superman et Starborn) il n'a encore rien publié qui arrive seulement à la cheville (à mon humble avis encore une fois) de ce que j'ai lu de la part de Darwyn Cooke, JMS ou même Len Wein sur ce titre. Après je ne remets pas en cause son travail d'éditeur dont tu parles plus bas (sur MonkeyBrain par exemple), mais en tant qu'artiste, il se permet de juger ses collègues et leurs choix. Là où je tique déjà avec Moore (critiquant également sans rien lire, mais qui est tout de même plus recevable étant l'auteur de l’œuvre originale), voir Robinson balancer sur un artiste comme Cooke me fait évidemment beaucoup plus bondir. Et plus globalement, sur ses problèmes avec DC, je suis tout à fait d'accord sur le fait que le traitement de son histoire sur le jeune musulman est honteux. Le problème que j'ai c'est qu'il donne l'impression de se défendre de la faible qualité des comics qu'il a scénarisé chez l'éditeur par les décisions éditoriales. Et ça c'est quelque chose que je ne supporte pas (et qui ne m'avait pas plus lors de la polémique autour du run de la JLA du regretté Dwayne McDuffie). On sait tous que les séries sont, à quelques exceptions près, contrôlées chez les grands éditeurs, qu'il faut savoir souffrir pour avoir la chance de travailler sur ces icônes et voir plusieurs milliers de personnes lire ses histoires. Mais venir dire ensuite que : "Ah, ces salauds m'ont annulé un épisode et vont publier BW pour le pognon" est au mieux profondément naïf. Son interview est loin d'être rare ou de révéler quoi que ce soit de nouveau (même Liefeld a fait une sortie là dessus). C'est triste et on aimerait tous que les histoires puissent être données au lecteur sans intermédiaire, mais cracher sur l'éditeur, ses choix et ceux de ses collègues et se cacher derrière n'a rien de courageux. Tout n'est pas noir ou blanc. Il n'est pas le gentil et les majors les méchants, et vice versa.
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"And when the bats came back... it was with a vengeance." (Batman #9) Dernière modification par Lazy ; 27/10/2012 à 16h36. |
#3
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Et Si tu lis bien ce qu'il dit, c'est même un gars reconnaissant envers ceux qu'il apprécie, quand il parle de Bill Willingham et Matt Sturges. Donc, ce ne sont pas ses confrères qui lui déplaisent, ce sont les éditors, les managers. Après, on peut quand même admettre qu'il l'a eue mauvaise, d'autant que tout est allé assez vite pour lui. DC lui file Superman, la série de ses rêves, puis l'éditeur lui sucre un épisode pour une raison vraiment minable, lui demande d'assumer cette décision... Le mec est excédé, c'est compréhensible : il a affaire à un management stupide et peureux. Il ne peut pas dire : "qu'est-ce que j'ai été content quand même d'écrire Superman... Même dans des circonstances pareils". Ce qui m'aurait paru déplaisant, c'est que Roberson, finalement, se plaigne mais soit resté chez DC, en passant sur une autre série, ou en profite pour partir chez Marvel. Pour moi, le problème n'est pas que Roberson ait du talent : qu'il soit un piètre scénariste ou un génie incompris importe peu. C'est un auteur qui a vécu une expérience qui l'a dégoûté du système des majors (et accessoirement qui a été moqué par Morrison pour des raisons infondées). Je ne défends pas Roberson sur ce qu'il a écrit (je n'ai pas lu grand'chose de lui, et rien de notable en tout cas). Par contre, il dénonce des méthodes dont les lecteurs n'ont pas toujours connaissance (je parle de lecteurs ordinaires, pas de fans bien informés) : c'est courageux (ou suicidaire parce qu'avec ça plus grand-monde ne va vouloir bosser avec lui). Dernière modification par wildcard ; 27/10/2012 à 18h08. |
#4
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Ça doit être basé sur du concret. Le fait de vouloir faire de l'argent avec un projet ne fait pas de celui-ci quelque chose de mauvais (malgré tout l'amour que l'on peut porter à l'art, les artistes ont aussi besoin de vivre). J'en déduis donc que, si pour lui BW est une" bouse", c'est qu'il estime que les personnes qui sont dessus sont de mauvais auteurs, et/ou que leur participation n'a qu'un but lucratif (qu'ils seraient donc bons mais qu'ils feraient ça par dessus la jambe). C'est donc bien un jugement de valeur de la part de Roberson, que ce soit sur le talent de ses collègues ou sur leurs choix de carrière. Après, je le répète, je comprends que l'on puisse ne pas aimer BW (j'ai moi même qqs critiques à formuler à son encontre comme l'utilisation du Comédien, ou le côté répétitif de certaines séries vis à vis de l'original), mais il faut que ce soit basé sur la lecture du truc, pas un avis préconçu qui voudrait que l'on dénature une œuvre en la prolongeant.
Il a le droit de l'avoir mauvaise sur le traitement de son épisode de Superman (encore que ça fait partie du jeu quand on travaille sur des personnages qui ne vous appartiennent pas) mais pas pour BW qui n'est pas une faute de l'éditeur envers lui. Et s'agissant du seul problème rencontrer avec DC, j'ai le droit aussi de trouver Roberson (faussement?) naïf puisqu'il claque la porte à la première incartade. Il pensait vraiment que tout ce qu'il écrirait passerait comme à la poste? On lui dit que son épisode va mal passer à cause d'une ambiance peu propice, que malheureusement on doit éviter le sujet (et je suis totalement contre mais il faut aussi penser que l'éditeur est soumis à des pressions extérieurs, qu'il a des obligations commerciales, il ne fait pas ça par pur méchanceté) et le gars part aussi sec. Étrange. Et comme je pense, malgré ce qu'il a l'air de vouloir dire, que Roberson est loin d'être bête, j'imagine humblement qu'il utilise ces arguments pour se défendre (d'épisodes peu glorieux peut être) ou cacher autre chose (volonté de lancer Monkeybrain, travailler tout simplement en dehors du mainstream). Il l'a surtout mauvaise je crois de s'être fait balancer avant la fin de ses séries (et en plein mileu de The Fairest) parce que DC n'a pas apprécié ses différentes sorties, qui il faut l'avouer n'étaient pas très professionnelles. Des sorties qui donnent l'impression qu'il veut se faire mousser en passant pour le gars qui balance sur les majors (des choses connues par tous, et je parle évidemment des fans du genre, les autres ne lisant pas les interview de Roberson. Combien d'auteurs ont vu leurs épisodes annulés ou modifiés? Il y a même une série chez Marvel qui ressort ce type d'épisodes. C'est un secret de polichinelle, voire pas un secret du tout). (tu noteras que je passe sur le fait qu'on lui demande de dire que c'est lui qui a voulu supprimer l'épisode puisque j'avoue que cette partie me paraît bizarre. Qui irait le croire? : "Alors comme ça vous avez demandé la suppression de votre épisode? Mais pourquoi l'avoir écrit au départ? :hum2: )
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"And when the bats came back... it was with a vengeance." (Batman #9) |
#5
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Bon, passons à un autre article de ce numéro
![]() J'ai lu le portrait que consacre l'érudit et passionnant Bernard Dato à John Romita Jr. (Avant d'aller plus loin, qu'est-ce que j'aimerai que ce chroniqueur cause de Mazzucchelli pour savoir s'il a les mêmes conclusions que moi sur son évolution, son importance, son génie. Et puis, comme il s'est aussi penché sur le cas de Manning, un papier sur Toth serait bienvenu. Voilà, j'ai passé mes annonces ![]() JR Jr donc : Dato ne coupe pas à certains rapprochements (évidents, il faut l'admettre) comme l'héritage Kyrbien, la productivité folle... Mais il énonce aussi des choses moins convenues comme l'influence du manga, et surtout sur l'appréciation du volume et de la légèreté chez Romita Jr. Ces deux derniers points lui ont été inspirés par la lecture du chef-d'oeuvre de ce dessinateur, son travail le plus abouti : les épisodes de Daredevil avec Miller et Nocenti. Ce faisant, Dato corrige certains qui persistent à considérer Romita Jr comme un "réaliste" (ce qu'il n'est plus depuis longtemps) et donc que ses DD auraient marqué un tournant. Ce qui est le plus troublant, c'est quand il souligne qu'en effet JR Jr aime dessiner des méchants physiquement impressionnants, aux proportions exagérées (son énorme Caïd par exemple), alors que ses héros sont souvent fluets (Spider-Man), ou au moins sveltes (DD). Il cite aussi une bd méconnue de JR Jr que j'aime bien, Gray Area, éditée chez Image, qui détone dans sa production. Bref, c'est encore une fois une analyse remarquable que livre Dato. |
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