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Vieux 13/06/2018, 21h55
Avatar de Jorus C'Baoth
Jorus C'Baoth Jorus C'Baoth est déconnecté
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Jorus C'Baoth mange des apéricubes avec DraculaJorus C'Baoth mange des apéricubes avec DraculaJorus C'Baoth mange des apéricubes avec DraculaJorus C'Baoth mange des apéricubes avec DraculaJorus C'Baoth mange des apéricubes avec DraculaJorus C'Baoth mange des apéricubes avec DraculaJorus C'Baoth mange des apéricubes avec DraculaJorus C'Baoth mange des apéricubes avec DraculaJorus C'Baoth mange des apéricubes avec DraculaJorus C'Baoth mange des apéricubes avec DraculaJorus C'Baoth mange des apéricubes avec Dracula
Tiens un truc qui vient de nulle part..

Luna Park par Kevin Baker & Daniel Zezelj



Plot*: Aux USA, Alik un ancien militaire russe doit faire collecteur de dettes pour s'en sortir. Il rencontre une superbe diseuse de bonne aventure et ensemble tente de s'enfuir. Mais rien n'est facile lorsque l'on est toujours en guerre.


Courtoisie de sieur Gourvy un jour de Ramonville, voilà un pur ovni de la bande dessiné, une œuvre particulièrement inclassable surfant sur plusieurs styles diamétralement opposés. On y parle ainsi d'immigration, de pauvreté, d'amour, de violence, de passé à oublier, de folie et de mort bien sûr.
Suivons donc Alik, jeune russe ex-soldat traumatisé par ce qu'il a du faire en Tchétchénie, récemment arrivé aux Etats Unis et qui doit faire usurier pour survivre. Travail glauque, sans avenir, apatride, coincé par un cartel de mafieux russe dont il a aucune chance de sortir, le salut d'Alik vient de la jolie diseuse de bonne aventure avec qui il finit par lier des sentiments forts. Ce début est donc excessivement humain, Baker prends son temps pour nous dépeindre la noirceur de l'univers d'Alik, forcé d'être violent avec des pauvres gens qui ont fait l'erreur de se faire prêter de l'argent par son boss, son appartement miteux non loin d'une fête foraine à l'abandon, ses addictions diverses, sa faim constante de rien pouvoir manger de correct, hanté par son passé violent de soldat... une horreur au quotidien sans la moindre issue, qui donne des cauchemars retranscris ici de manière d'ailleurs particulièrement réaliste.
Premier tournant du récit, l'entrée de Marina, jeune diseuse de bonne aventure qui va enfin apporter un peu de chaleur et de confort au pauvre Alik. L'espace de trop peu de temps donc, la vie vaut enfin la peine d'être vécue, on redécouvre les choses simples, les petits bonheurs, Baker continue ainsi d'inscrire son récit dans le drame humain, à fleur de peau et on se prends à être réellement soulagé pour Alik.
Mais les choses vont empirer, comme si cela ne devait pas durer, et le traumatisme d'Alik refait surface. Il n'a pas pu sauver cette fille en Tchétchénie, mais il sauvera Marina des griffes de la pègre et de cette vie sordide. La violence revient dans leur vie, Alik désespéré, perturbé, perdu même se retrouve finalement dans un autre monde...
Deuxième tournant du récit, une fin d'ouvrage complètement onirique où le lecteur se perds vite. Alik hallucine t'il*? Que sont toutes ces autres vies que nous voyons passer et qui semblent connectés à lui*? Les événements s’entremêlent, se mélangent, comme si d'autres dimensions, d'autres choix avaient fusionné ensemble mais avec un point commun, la violence, qu'elle soit urbaine, au cours d'une guerre, ou dans le cocon familial. Un virage à 180° degré plutôt étrange au premier abord mais qui au final ne semble pas si surprenant que cela. Après tout, Alik existe t'il vraiment*? peut on réellement vivre comme cela*? Il n'y a aucune explication sur cette fin, qui se conclue d'ailleurs encore par un twist extraordinaire sur la dernière page, Alik se transformant en personnage (hélas) historique, ce qui laisse à la fin de la lecture une impression glauque de mal être, de malaise.
Et que dire des dessins de Zezelj, peignant magnifiquement un monde sans espoir (quoi de plus déprimant qu'un parc d'attraction abandonné), noir et violent comme il a su si bien le faire sur Scalped par ailleurs. Son travail ici reste meilleur à mon sens, son style assez «*simple*» permettant d’homogénéiser la première et deuxième partie, donnant un style unique ce qui permets au lecteur de ne pas trop être perturbé par une fin hallucinatoire.

Voilà donc Luna Park, inclassable, mêlant drame humain et questions existentielles, perdant volontairement le lecteur sans non plus le frustrer car si la fin est complètement déstructurée et semble sans queue ni tête, le message de Baker reste limpide, un simple drame humain magnifiquement pas mis en couleur par Zezelj et Dave Stewart d'Hellboy ou comment la violence peut être un cercle vicieux dont on ne sort jamais, continuant de nous enfoncer malgré une réelle volonté de dépasser enfin notre trop simple situation.
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