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Mr Gumby 11/02/2007 22h28

les Belles Histoires d'Oncle Gumby
 
Dans un espoir insensé de raccoler les foules de buzzukis, je brode un concept foireux pour emballer mon baratin habituel. Trentenaire lecteur de Spirou dans ta jeunesse, tu es le coeur de cible de :



- B.H.O.G. 1 : kill your boyfriend

- B.H.O.G. 2 : Breathtaker

- B.H.O.G. 3 : the Spirit the new adventures

- B.H.O.G. 4 : Rogan Gosh

- B.H.O.G. 5 : Scene of the crime : a little piece of goodnight

- B.H.O.G. 6 : Terminal city

- B.H.O.G. 7 : Alice in Sunderland

- B.H.O.G. 8 : Intersections

- B.H.O.G. 9 : Silverfish

- B.H.O.G. 10 : 24SEVEN volume 1 et 2

- B.H.O.G. 11 : le cycle des épées

- B.H.O.G. 12 : Alec : graffiti kitchen

- B.H.O.G. 13 : Unlikely

- B.H.O.G. 14 : Freaks of the heartland

- B.H.O.G. 15 : Big Man

- B.H.O.G. 16 : CUT

- B.H.O.G. 17 : The GOON : Chinatown

- B.H.O.G. 18 : Incognegro

- B.H.O.G. 19 : I will destroy all civilized planets

- B.H.O.G. 20 : Lost girls

- B.H.O.G. 21 : De:TALES

- B.H.O.G. 22 : Nixon's pals

- B.H.O.G. 23 : Alec : How to be an artist

- B.H.O.G. 24 : Infinity Inc.

- B.H.O.G. 25 : Suckle suivi de Crumple

- B.H.O.G. 26 : Scalped TPB 3 : dead mothers

- B.H.O.G. 27 : Echo TPB 1 : Moon lake

- B.H.O.G. 28 : The Maximortal

- B.H.O.G. 29 : Shortcomings

- B.H.O.G. 30 : The Remplacement God

- B.H.O.G. 31 : Omega the Unknown HC

- B.H.O.G. 32 : Stagger Lee OGN

- B.H.O.G. 33 : Mon ami Dahmer

Mr Gumby 11/02/2007 22h34

« Tonton Gumby, raconte nous une belle histoire !!
heu... depuis cette pénible affaire de rumeur Internet le juge m'a interdit de me tenir à moins de 100 mètres d'enfants seuls.
Bon, écoute vieux schnock, tu craches ta pastille ou je balance sur les forums que tu déblatères des apologies de la colonisation !
Bon...
»


En juin 1995, je ne lisais de la V.O. que depuis à peu près un an et je commençais tout juste à vaguement piger les ongoing que j'avais commencée au numéro 52. Je venais de découvrir Morrison avec le début des Invisibles et j'étais tout content de chopper un one shot ou je n'allais pas être obligé de relire le truc huit fois pour finalement commander trois TPB qui rendraient le bidule compréhensible. Appâté de plus par la bonne mine de l'alléchante couverture de Philip Bond, je me prends donc Kill your boyfriend.


Ce one shot de 56 pages est donc scénarisé par Grant Morrison, crayonné par iet encré par Bond et D'Israeli. C'est sorti à l'époque dans la collection vertigo voice (?) sur papier perrave et couverture molle mais ça a été réédité plus tard de façon plus présentable. En le relisant aujourd'hui je souris en voyant les trois pages de pub qui parsèment le bouquin.

Je me souviens qu'à l'époque j'avais adoré ce récit nerveux, drôle et délicieusement irrévérencieux et que cette BD est vraiment l'une de celle qui m'ont fait continué le comics en VO jusqu'à aujourd'hui.
Pour cette rubrique je l'ai donc exhumé de ma cave. Je l'ai laissé s'aérer quelques minutes, puis délicatement et avec une certaine solennité, je me le suis relu.

Kill your boyfriend nous raconte les aventures de deux Bonny & Clyde anglais et adolescents. Une jeune fille s'emmerdant à mourir rencontre un séduisant psychopate qui s'empresse de massacrer son geek de petit ami. Leur sanglante cavale va les mener à tester tout un tas de drogues et à faire la rencontre d'une joyeuse bande d'étudiants en arts prônant un art de la violence et du terrorisme, leur but ultime étant d'aller à Blackpool faire exploser la ridicule tour surplombant cette déprimante station balnéaire.


Ben finalement ça tient encore bien la route ce truc. Le dessin de Bond y est pour beaucoup. Son style sexy et cartonny apporte beaucoup à un récit étonnamment simple et efficace. Le travail sur les personnages est extraordinaire avec l'habituel sens du dynamisme du bonhomme et un boulot sur les visage à son top. Les couleurs bien flashy apportent un petit côté bubblegum particulièrement bienvenu.

En fait je crois que ce qui m'a le plus plu à la relecture c'est le manque de prétention du bidule. Juste après la sortie de True romance et Natural Born killer, Morrison est en pleine figure imposée et il en s'en sort avec malice et simplicité. C'est « juste » une histoire classique sans grande originalité mais diaboliquement rythmée, bourrée de répliques et de situations hilarantes et avec juste ce qu'il faut de perversion et d'humour noir pour que ça fonctionne. L'effet de surenchère de petites provocations successives fonctionnent toujours parfaitement et le récit gagne en jubilation jusqu'à un final tout à fait réjouissant. Même les artifices narratifs les plus éculés (la demoiselle s'adresse directement au lecteur tout au long du récit) gardent une fraîcheur tout à fait appréciable. C'est dire.
C'est donc un lecture hautement conseillée à qui aime les petits récits drôles, méchants et jubilatoires.

Bon je dois avouer que cette chronique est tout à fait cruelle puisque le bidule semble largement épuisé même si apparemment cela ne semble pas totalement impossible à trouver. Maintenant si jamais vous croisez sa route n'hésitez pas.

Paulie Walnuts 12/02/2007 01h51

j'ai relu ça recemment aussi, j'en avais un excellent souvenir et ai été plutot déçu. C'est certe super très très très beau, me donnant un peu l'impression d'un empatement dans ce que fait Bond aujourd'hui.
Mais par contre, j'ai été un peu déçu par Morrison, ou du moins ai eu un regard différent sur lui. Quel poseur, putain. Certes il y a ce qu'il dégage aujourd'hui, ce que ces dernières années nous ont appris du pathétique de ses ambitions qui fait changer de regard, mais ça ne m'a pas empéché de trouver We3 ou le one-shot final de Seven Soldiers au niveau de ses chefs d'oeuvres donc ce n'est pas comme si je le détruisai retroactivement tout ce que j'ai aimé de lui.
Là, je trouve qu'avoir découvert le fanboy en Morrison change vraiment un point de vue et le rend minable. Toute la radicalité affirmée sonne faux au possible: les étudiant en art sont ceux que Morrison jalousait ado car ils étaient plus cool que lui, et là il se créé un avatar plus cool qu'eux pour se venger. Certe il ne cache pas la superficialité de son truc, mais c'est plus par son incapacité à pouvoir assumer le radicalisme en nihilisme qu'il tente de revendiquer que par rééélle auto-ironie. J'ai pas pu m'empécher de me foutre de sa gueule, en fait.

Il y a aussi l'absence surprenante (au sens où il y en avait dans ma mémoire) de dialogues ultra-puissants Milliganiens (Milligan -de l'époque- est l'influence, là, est ce qu'il tente d'atteindre et l'angle avec lequel on pense à à quel point ça pourrait être mieux), ceux qu'on a envie de noter et apprendre par coeur.

Pas la pire variation sur un thème classique que en général j'aime plutot bien, certes, mais un truc qui survit mal avec un peu de distance, à la différence de Mister Gumby.

C'étaitSaSecrétaire 12/02/2007 02h00

Je n'ai réussi à mettre la main dessus que très récemment.
Oui, c'est bien, ça fait plaisir, mais ça change pas ta vie et ça fait quand même surtout "Grant fantasme sa posture encore une fois".

C'était moi.
Retrouvons-nous la semaine prochaine pour une nouvelle édition de "disons du mal des trucs bien".
D'ici là, essayez de ne pas mourir bêtement. La hype 2007 est tellement 2007. Vous auriez l'air malins, tout morts, en 2008, avec vos petits-enfant sur les genoux.

John Keats 12/02/2007 13h53

c'est un peu le truc impossible à trouver, jamais réédité, histoire que DC est pas trop contente d'avoir laissé publié en son temps, bref à ranger aux coté de Flex du même Morrison. enfin j'aimerais bien déjà pouvoir le lire, j'ai failli le 31 décembre mais en fait non.

Virgule 12/02/2007 14h08

Lu il ya longtemps... m'a pas laissé une impression folle... en esperant une rééedittion ou le trouver pas trop cher (parceq ue en ce moment ça vaut pas les sous que les gens mettent dedans c'est sur)

Niglo 12/02/2007 17h17

Je l'ai relu il y a un quelques temps déjà, Paulie et CSS n'ont sans doute pas tort mais Mr. Gumby non plus :p

Sur un thème proche, j'avais préféré son St. Swithin's Day avec Paul Grist chez Oni Press.

C'étaitSaSecrétaire 12/02/2007 17h22

Citation:

Envoyé par Niglo
Je l'ai relu il y a un quelques temps déjà, Paulie et CSS n'ont sans doute pas tort mais Mr. Gumby non plus :p

Sur un thème proche, j'avais préféré son St. Swithin's Day avec Paul Grist chez Oni Press.

Oui.
Sans doute parce que sur St Swithin's Day, Morrison a l'honnêteté d'en rester au stade du fantasme de blague dépressive.
Ca me semble plus vrai et touchant que Tue Ton Petit Ami, ouais.

Schmürz 12/02/2007 17h25

Jacques Martin est parmi nous. :D

Mr Gumby 12/02/2007 17h30

Citation:

Envoyé par C'étaitSaSecrétaire
Ca me semble plus vrai et touchant que Tue Ton Petit Ami, ouais.

Tout à fait vrai mais c'est aussi moins marrant. Je considère K.Y.B. comme une bonne pochade fun et légère mais en même temps ce n'est pas plus que ça.

C'est vrai qu'il est fort sympathique ce St. Swithin's Day avec les dessins d'un Paul Grist débutant tout à fait mimis.

C'étaitSaSecrétaire 12/02/2007 17h38

Bah oui, encore une fois, c'est mon côté dépressif qui prend le dessus.

Quelqu'un qui décide de ne pas se prendre au sérieux sans chercher à être drôle gagne assez facilement ma sympathie.

Fix 12/02/2007 18h34

Citation:

Envoyé par Niglo
Je l'ai relu il y a un quelques temps déjà, Paulie et CSS n'ont sans doute pas tort mais Mr. Gumby non plus :p


alors je me range au côté de Gumby.





(et j'ai pas lu le truc)

gillesC 12/02/2007 19h32

Alors, je l'ai pas lu non plus, et me range du coté de Tonton Maniglo.
Oui, bon.

Mr Gumby 16/02/2007 18h11

« Tiens le tonton ne bouge plus, tu crois qu'il est ken ?
- Nan, les morts ça ne bavent pas.
- Ho regarde, il a un de ces vieux bidule en anglais coincé sous le bras.
- Trop cool, il y a une meuf à poil en couverture !
- Bheuarg ! Elle embrasse un vieux ! C'est de la chiffretleslettrophilie.
- Qu'est ce que c'est que ce bouquin de pervers ? »




Et bien ça s'appelle Breathtaker et c'est une mini série en quatre épisodes parue chez Vertigo en 1990. C'est écrit par Mark Wheatley (Radical Dreamer) et illustré par le talentueux Marc Hempel (Gregory, Sandman : the kindly ones).

[C]Une oeuvre créée par deux Marc mérite évidemment que l'on s'y attarde un peu.[/C]

Chase Darrow est une jeune femme extrêmement séduisante. Hélas pour elle, tous ceux qui en tombent amoureux sont condamnés à disparaître, leur vie aspirée par cette moderne et involontaire succube. Suite au décès de son dernier amant, elle se retrouve une nouvelle fois sur la route pour fuir des autorités intriguées par le vieillissement prématuré de la victime.
Tout va rapidement se compliquer quand se mêle à la poursuite The Man, un superhéros made in N.S.A. au tempérament plus que sanguin.

http://img78.imageshack.us/img78/3817/chase1qi1.jpg

Qu'est ce qui peut bien se cacher derrière un synopsis aussi étrange ? Et bien une oeuvre singulière construit sur une trame de road movie simple et efficace mais agrémentée d'une volonté de jouer avec les codes tout à fait réjouissante. Hempel et Wheatley s'amusent à prendre le lecteur à contrepied pour presque tous les personnages. Cela donne une galerie de gens étonnamment attachants car rendu vivants par de simples mais habiles décalages de stéréotypes. Ainsi le gros routier embarquant la donzelle se révèle un père de famille seul et plutôt désemparé et même le gros bourrin de super héros finir par devenir touchant. Le plus épatant reste tout de même le personnage principale de Chase Darrow. Malgré l'impressionnante pile de cadavres qu'elle laisse sur son chemin on reste en empathie totale avec cette femme condamnée à voir mourir tous les hommes qu'elle aime. Comme la cohorte de frères ou d'amis des victimes lancée à la poursuite de cette vampire on tombe fatalement sous le charme de Chase.

J'adore globalement le dessin et les compositions d'Hempel mais je trouve qu'il signe ici son boulot que je préfère. Il réussit l'exploit de garder l'esprit vif et dynamique de ces récits burlesques en ajoutant une qualité dramatique que l'on retrouve peu dans ces autres BD. Les couleurs explosives de Wheatley (haaaa ces roses primaires!!!) pourront paraître à certains un peu datées mais je leur trouve un charme étrange ajoutant au côté décalé de l'ensemble.

Bref un récit qui arrive à trouver le juste équilibre entre humour slapstick et intimité et qui mérite donc largement le coup d'oeil.


Ça a été réédité en 1994 dans un beau TPB originalement à 14,95$ et qui à l'air raisonnablement disponible. Il contient en bonus quelques pages supplémentaires et un préface peu inspirée de Gaiman mais surtout agrémentée de très intéressants croquis préparatoires d'Hempel.

Mr Gumby 27/02/2007 23h32

Malgré le bide galactique de breathtaker je m'entête.


« - L'autre jour je lisais le camarade Paulie Walnuts qui tançait vertement la récente reprise du Spirit par Darwin Cooke.
- Ho non, pas Paulie, il fait trop peur celui là !
- Il paraît que si tu lis trop de mauvais comics, il s'introduit chez toi la nuit et t'oblige à lire du Alan Moore jusqu'à ce que tes yeux explosent de honte.
- Bon les mioches, vous la bouclez ou je vous fait recopier les dernières chroniques de Wave et Scarlett avec les voyelles en rouge et les consonnes en vert... Je disais donc que n'étant pas non plus très convaincu par l'écriture de Cooke, je me suis repenché vers mon coffre fort pour en sortir des trésors. »


En 1997-98, Kitchen Sink tenta juste avant de s'éteindre de se lancer dans une anthologie mensuelle de nouvelles aventures du Spirit écrites par une très belle brochette d'artistes. Ça s'appelait Will Eisner's the Spirit : the new adventures et ça n'a hélas duré que huit numéros. Je vous propose une petite ballade commentée dans les six premiers numéros parce que je n'ai que ceux là. Même si ces récits sont forcément inégaux ils prouvent au moins qu'il est encore possible d'écrire des histoires de Denny Colt avec classe, inventivité et un juste équilibre entre respect et irrévérence.



Issue 1 :
http://img442.imageshack.us/img442/8317/spirit1bn8.jpg

Pour le premier numéro, on sort forcément l'artillerie lourde pour appâter le chaland. C'est donc le duo de stars Alan Moore/Dave Gibbons qui s'attellent à pas moins de trois histoires tournant autour des origines du héros à l'imper bleu. C'est une brillante réussite. La construction en histoires imbriquées les unes dans les autres est tout simplement délicieuse. Un des trucs qui 'épate chez Moore c'est sa capacité à se ré-approprier des vieilles ficelles sans que cela fasse cliché ou gros-malin-qui-se-la-joue. De son côté Gibbons se régale avec une composition tout à fait épatante et en bourrant ses dessins de références au maître. Un numéro flirtant donc avec la perfection.
De plus l'éditeur a eu l'excellente idée d'inclure dans chaque numéro des petits articles (ici sur les multiples origines du Spirit) et surtout la reproduction de somptueuses splash pages par Eisner himself qui sont de purs régals pour les yeux.



Issue 2 :
http://img129.imageshack.us/img129/7608/spirit2ho2.jpg

Il est forcément un peu difficile d'enchaîner avec une telle merveille. Cette tâche ingrate incombe à une équipe pourtant fort présentable. L'ensemble est évidemment un cran au dessous du précédent mais ça reste très bon.
Neil Gaiman et Eddie Campbell nous racontent les mésaventures d'un scénariste hollywoodien ayant pour voisin de motel le Spirit. Même si le personnage du scribouillard fait un poil trop stéréotypé, le dessin inspiré de Campbell apporte un charme indéniable à l'aventure.
Jim vance et Dan Burr offre à notre héros une virevoltante et burlesque virée au parc. C'est largement l'histoire que je préfère.
Enfin John Wagner (scénario) et Carlos Esquerra (dessin) s'essayent au conte moral. Ça n'arrive pas à la cheville de son modèle mais ça reste très honorable.
Le petit article bonus est un excellent petit florilège des femmes ayant croisé notre bleu détective.



Issue 3 :
http://img129.imageshack.us/img129/6691/spirit3iq9.jpg

Chic, Moore est de retour pour ce troisième opus avec au dessin un surprenant invité : Daniel Torres; oui, ami vieux, celui de Roco Vargas ! Mon barbu favori (après Karl Marx) imagine un Spirit du futur (n'oublions pas qu'il est sensé être immortel) revenant sur les traces de son passé dans une ballade nostalgique. Le ton très mélancolique est renforcé par le dessin maniéré mais élégant de Torres. La petite trouvaille qui rend le truc vraiment parfait est amené par les commentaires de la guide qui apporte un regard décalé et ironique sur notre société. Dix pages de pur bonheur.
Bo hampton illustre ensuite avec bonheur une très amusante fantaisie de Mark Kneece exposant les conséquences du port du fameux imperméable bleu.
Pour faire bonne figure, on ajoute à ça une couverture de Bolland et un bel hommage de Moebius et là ça devient carrément émouvant



Issue 4 :
http://img248.imageshack.us/img248/5348/spirit4hs2.jpg

Nous retrouvons toujours autant de beau monde dans un numéro variant les plaisirs à la façon du second numéro. Kurt Busiek et Brent Anderson ouvrent le bal avec une petite mais amusante histoire exploitant le personnage de Sand Saref la criminelle rivale d'Helen. Ce n'est pas époustouflant mais c'est très bien exécuté.
Michael Allred est ses amis (Matt Bundage et Michael Avon Oeming) mijotent à six mains une histoire de robots nazis étonnamment banal graphiquement et narrativement pour un tel casting. Sur six numéros c'est ma seule vraie déception.
Enfin David Lloyd illustre avec classe et malice une histoire très amusante d'insectes géants aux sécrétions ravageuses imaginées par Mark Schultz. Lloyd s'amuse visiblement beaucoup à en faire des caisses sur les postures et les tronches de ces personnages et sa joie est tout à fait communicative.
Le courrier des lecteurs remplace les petits articles mais nous avons toujours droit à une somptueuse splash page d'Eisner.



Issue 5 :
http://img111.imageshack.us/img111/2629/spirit5lq0.jpg

Fini la rigolade, ce numéro se compose d'une seule longue histoire écrite et crayonnée par Paul Chadwick et encrée par John Nyberg. The case of cursed beauty est une très belle réussite au ton beaucoup plus tragique que la moyenne. Qui est donc cette mystérieuse jeune femme s'enfuyant nue sous un imper de la scène d'un crime ? Chadwick s'amuse à bousculer le Spirit avec finesse en le transposant dans une aventure sombre et mélancolique. Le transfert fonctionne très bien et l'originalité du ton n'en rend que le plaisir plus grand.



Issue 6 :
http://img266.imageshack.us/img266/3903/spirit6zu2.jpg

Pour finir, nous trouvons caché derrière une couverture hideuse d'un Bradstreet qui a tout de même bien progressé depuis, deux belles réussites. La première est due à John Ostrander (scénario) et Tom Mandrake (l'autre truc nécessaire à la BD). « Swami Vashtibubu » est une excellente histoire d'arnaque à la voyance tour à tour cartoonesque et dramatique. Un récit plein de bagarres et de punchline qui réussit en plus à vous tirer une petite larme à la fin mérite largement le respect.
Second grand bonheur, l'efficace mais plutôt classique histoire de babynapping de Mark Kneece et Scott Hampton est relevée par le sublime travail graphique d'Hampton. Dessins classieux, composition fluide et gracieuse et couleurs splendides, qu'est ce que vous voulez de plus ?


Pour les numéros 7 et 8 si une bonne âme veut bien compléter mes dires, il aura droit à une photo de mon coude nu.

Niglo 28/02/2007 13h08

Citation:

Envoyé par Mr Gumby
Pour les numéros 7 et 8 si une bonne âme veut bien compléter mes dires, il aura droit à une photo de mon coude nu.

La proposition est trop tentante... En même temps je suis embêté, je n'ai pas le #7. Mais je peux toucher deux mots du dernier.


Un seul récit au sommaire, signé Joe Lansdale et John Lucas. Une histoire à base de fraude à l'assurance, de femme fatale zombifiée et d'extraterrestre en panne. C'est assez anecdotique mais plutôt plaisant à lire.

Pour me faire pardonner de ne pas avoir le #7 en stock, je propose à la place la pub de fin de mag pour le #9, jamais paru :


Mr Gumby 28/02/2007 15h45

Merci bien Niglo. Nous allons finir par y arriver. J'ai cru lire que ce n°9 avait été terminé même s'il n'a pourtant jamais été sorti.

Comme tu n'es qu'un vilain stakhanoviste et que je ne peux plus te donner de points verts tu as droit pour ce n° 7 à une photo de mes genoux :


Niglo 28/02/2007 15h51

C'est beau comme du David Hamilton torché à la Kanterbraü :love:

Fix 01/03/2007 18h33

Je reconnais celui qui sert aux reprises de volée.

Mr Gumby 04/03/2007 22h07

« Ce matin j'écoutais l'amusante émission de Philippe Collin « Panique au Mangin Palace » sur France Inter et je me disais que finalement la drogue ça a du bon. Malgré les quelques effets physiologiques et psychologiques regrettables dont on nous rebat les oreilles, les études montrent qu'une oeuvre sous L.S.D. est 17% plus amusante et 38% plus originale que n'importe quelle création sous verveine. Problème : le dimanche mon dealer de service va chez sa mamie Toutoune pour manger du poulet. A défaut de psychotrope, je me vois donc obliger de me tourner vers ce que j'ai de plus hallucinatoire en bibliothèque.»


En 1994, je lisais mes premiers numéros de Shade the changing man et même si je n'y entravais vraiment pas grand chose je me disais que je tenais entre mes mains un truc totalement fondamental dans mon parcours de lecteur d'illustré. C'est donc très heureux que je vis qu'une collaboration entre ce barjot de scénariste et le frappé qui commettait ces couvertures improbables venait d'être rééditée en prestige format chez DC Vertigo. Je me suis donc jeté avec avidité sur Rogan Gosh de Peter Milligan et Brendan McCarthy.


Je n'ai compris bien plus tard que ça reprenait les épisodes d'un truc paru en 1990 dans l'anthologie à thème musical Revolver (affiliée à la revue 2000AD).

Dire en quelques lignes ce que ça raconte tient de la funambulie avec jonglage de tronçonneuses. C'est en gros la collision d'au moins 3 récits entrelacés entre eux. Rudyard kipling fume de l'opium et rêve, un jeune homme venant de se faire larguer rumine sévèrement et finit par se suicider, enfin Dean Cripps va manger dans un resto indien et se retrouve propulser avec le serveur Raju Dawhan dans les aventures psychédéliques du Kharmanaute Roghan Gosh. Celui là même que Kipling est venu voir pour des emmerdes kharmiques.

Ok, c'est pas très clair et c'est très amusant de voir Milligan essayer timidement d'expliquer en postface que c'est tout ça en même temps et que pour apprécier le truc il suffit de se laisser aller un peu.


En effet ce qui m'épate le plus dans cette BD c'est que qu'elle arrive à être totalement déroutante et profondément touchante. Le grand spectacle psychotronique et bollywoodien est ainsi au rendez vous avec un graphisme d'une richesse totalement inépuisable mais en plus il y a une profusion de thèmes et une sensibilité épatante qui rend chaque relecture passionnante. McCarthy explique quelque part qu'une des choses qui lui plaisait dans les comics indien de sa jeunesse c'était le côté carton pâte et fausse dorure de l'ensemble. On retrouve ça dans cette cosmogonie un peu toc et pas dupe de l'être. Attention cela ne relève aucunement d'un cynisme quelconque. Pas de parodie donc, juste une salubre goutte de lucidité dans un océan de délire.

McCarthy et Milligan expliquent en interview que plutôt qu'un classique partage des tâches dessin/scénario, Rogan Gosh est une oeuvre à quatre mains ou chacun des duettistes apporte ces propres expériences. Je pense que c'est en partie l'ajout très subtil d'éléments extrêmement personnels des deux auteurs qui donnent cette touche si particulière à cette oeuvre qui arrive à être spectaculaire, destabilisante et touchante à la fois.

Alors ne vous laissez pas impressionné par le premier coup d'oeil et plonger dans l'opulence généreuse d'un voyage surprenant, drôle et émouvant qui ne vous mènera jamais là où vous vous attendiez à arriver.

PS : Il est également beaucoup question de cuisine indienne dans ce bouquin. Le « super héros » Rogan Gosh tient son nom d'un plat dont je vous offre avec plaisir la recette. Bon appétit.

C'étaitSaSecrétaire 04/03/2007 22h20

Oui. Oui. Oui.

C'étaitSaSecrétaire 04/03/2007 22h28

Ca fait partie des rares illustrés que j'ai lus mais que je cherche désespérément à posséder.

Je pense qu'il fait partie (même si ce n'est pas non plus l'un des chefs d'oeuvres ultimes du 9ème art) de Sept Piliers de ma Foi Séquentielle.

Très important dans ma tête, comme bd.

Niglo 04/03/2007 22h30

En fait, je ne suis même pas sûr que la lecture de Rogan Gosh soit légale. Néanmoins c'est une expérience que je recommande à tout le monde.

C'étaitSaSecrétaire 04/03/2007 22h34

Apparemment, cette bd serait en violation de conditionnelle, ce qui expliquerait qu'on ait autant de mal à la trouver.
La Police de la Fiction a apparemment organisé une traque-coup de poing en 2003, sans succés.

Paulie Walnuts 05/03/2007 00h11

Oui, oh.
si, c'est un des chefs d'oeuvres du medium, sans avoir rien à voir avec les raisons pour lesquelles les autres chefs d'oeuvres sont des chefs d'oeuvre. Je n'ai longtemps pas compris l'attachement de Milligan et McCarthy pour cette bd, lui préférant les Skins et Hollow Circus (lus aboutis sur des critères qualitatifs et tout aussi uniques) ou presque pour la revolution qu'ils apportent les Strange Days. Mais celle-ci est tout eux, tellement eux, que la qualité n'est même plus l'argument dominant. Il serait dur de lire deux fois la même bd en lisant Rogan Gosh, une vision donne l'impression d'un vague flan, et c'en est un, une autre de pure poésie, une focalisant sur l'imaginaire et l'autre sur le poids emotionnel du truc.
C'est mon livre de chevet, au vrai sens du terme, je ne le lis presque jamais mais l'ouvre presque tous les jours, pouvant prendre une page ou deux, lire une séquence ou juste focaliser sur un dessin hypnotisant et c'est toujours la page, la scène, la case, la ligne centrale de la bd, puisqu'on est toujours du début à la fin "pile au moment où". On ouvre pour prendre un bout de Rogan Gosh comme on le fait avec de la poésie, avec une bible, avec Ulysses ou La Société du Spectacle ou certains ACME (ou comme j'aimerai pouvoir faire avec un flim comme Sans Soleil), l'oeuvre réélle n'est jamais englobable, on n'ose même pas la lire "vraiment" mais on peut en choper des bouts et les effets qu'ils provoquent fonctionnent toujours, toujours differemment.
Le Do-It-Yourself comic est unique, j'aimerai juste y arracher cet article inutile de Milligan (s'il n'y avait pas autour de si jolis dessins) qui nous dit comment lire sa bd, What the Fuck? Ce genre de trucs est déja débile d'habitude mais encore plus crétins quand au sein même de la bd tout est expliqué...
-Oh Yes, that Milligan and McCarthy must be making so much money. Everybloodybody is buying Rogan Gosh... But please, what is it about?
-Oh, Nothing much, that's the point, gets a bit easier to understand once you've read a few of'em

C'étaitSaSecrétaire 05/03/2007 00h19

Oui. C'est pour tout ça que j'ai tendance à penser que c'est ce qui ressemble le plus à un théorique "ambient comicbook".

Mais pour moi l'importance du truc, et sans doute aussi ce qui en fait l'une des bd les plus chères à mon coeur, est la dimension de "manifeste" du truc, plus que sa dimension "oeuvresque".

Quand mon cerveau pense "art séquentiel", il évolue dans un espace à... voyons... je dirais : quatre dimensions (Quatre Piliers, alors, je m'auto-corrige).

Pour schématiser, là, vite fait, quatre axes dirigés respectivement par :

-x : Alan Moore.

-y : Milligan/McCarthy.

-z : Jack Kirby.

-t : Modok qui pète.

Ivan Rebroff 05/03/2007 01h09

Quand je lis le mot "épatant" dans une critique, je sais que le comic-book est bon. Encore plus quand je suis le témoin des excitations des âmes damnées mafieuses de ce froum, je me dis que le comic-book est supercalifragilisticexpialidocious.

Raoul Duke 05/03/2007 02h36

Les quatre, là, je vous hais!

john_constantine 05/03/2007 09h37

Je tiens à remercier Paulie, Masecrétaire, et Fredgri (car bon c'est mon mécène comics sur le comics) pour la lecture de Hollow circus, ma vie depuis à changer, je me sens homme, et lecteur utile.
Je vous aime tous.

Schmürz 05/03/2007 21h44

Citation:

Envoyé par Ivan Rebroff
Encore plus quand je suis le témoin des excitations des âmes damnées mafieuses de ce froum, je me dis que le comic-book est supercalifragilisticexpialidocious.

Froum ?

http://www.drstuartfroum.com/images/p_scott_froum.jpg :gni:

Fix 06/03/2007 17h57

je croyais que je lisais ses critiques pour apprendre mais en fait maintenant c'est pour tout l'amour qui se dégage autour.

Mr Gumby 11/03/2007 15h02

« Les enfants, j'ai un terrible aveu à vous faire.
- Ha, ha, je le savais que c'était toi qui avais dénoncé les voisins pendant la guerre.
- Nan, il va enfin admettre qu'il enregistre et regarde en cachette toutes les émissions de Guillaume Durand.
- Non mes chers petits, c'est bien plus pathétique que ça, j'ai complètement loupé la nouvelle série d'Ed Brubaker et Sean Phillips : Criminal.
- Hooooooo, la grosse honte !! Pourtant ils ont fait plein de retape sur Buzz.
- Je sais, je sais. Bon je viens de me commander le 1er TPB.
- Ouaip, mais c'est quand même la méga teuhon.»



En attendant le premiers jets de pierre de la brigade du bon goût je n'ai plus qu'à me retourner vers mes étagères ou je retrouve la première collaboration d'Ed Brubaker avec Michael Lark et Sean Phillips : Scene of the crime : a little piece of goodnight.


Après Prez : Smells Like Teen President et avant Deadenders, Brubaker sort chez DC vertigo en 1999 cette mini série en quatre épisodes. A cette époque il n'en est pas à son premier essai dans le style polar puisqu'il a déjà commis the fallchez Draw and Quaterly mais vous n'en saurez pas plus parce que je ne l'ai pas lu. Et ça même si c'est triste, c'est un fait.

Place au résumé aguicheur mais qui n'en dévoile pas trop et ça sans balise spoiler parce que c'est trop facile : Jack Herriman est un jeune détective au passé agité marqué moralement comme physiquement par la mort tragique de son père. Il vit à San Francisco avec son oncle Knutt qui est un artiste reconnu spécialisé dans la photographie de faits divers, sur le modèle du fameux Weegee.

Il est un jour contacté par l'inspecteur Paul Raymonds, un ancien collègue de son père qui lui demande de s'occuper du cas d'Alex Jordan, sa petite amie, à la recherche sa sœur Maggie. Dès la fin du premier épisode jack a remis la main sur cette jeune fille mais les choses s'emballent quand celle ci est retrouvée assassinée dans la chambre de motel où l'a laissée notre détective.

http://img260.imageshack.us/img260/8416/sotc2gf6.jpg

Le roman noir est un genre extrêmement codé et Scene of the crime n'échappe pas à la règle. La structure est efficace même si très classique. Le découpage en chapitre fonctionne ainsi très bien et l'intrigue est tortueuse et noire à souhait. Ce qui rend vraiment le truc attachant ce sont les personnages. Même si Brubaker n'a pas toujours la main légère, ils fonctionnent tous relativement bien. Le héros principal a les fêlures et le sens de la morale désespérée des détectives que j'aime. L'oncle Knutt qui semble apporter un peu de légèreté avec son côté papy protecteur souligne finalement un peu plus la noirceur de l'ensemble quand il sort son appareil photographique pour coucher les cadavres sur pellicule.
Les clins d'oeil sont présents sans alourdir le récit. J'ai beaucoup pensé au Chinatown de Polanski en lisant ce bouquin mais jamais ça n'a gâché mon plaisir au contraire. On notera aussi un personnage secondaire qui fait le lien avec un tradition plus ancienne de romans noirs. Steve Ellington, le collègue et ami venant parfois prêter main forte à jack, s'apparente ainsi plus au détective modèle à la Sam Spade autant dans l'attitude virile et assurée que dans la tenue (imper et chapeau mou de rigueur).

Le traitement graphique participe également beaucoup à la réussite de l'ensemble. Le découpage dynamique et précis réhaussé de cadres noirs est une petite merveille. L'encrage de Sean phillips met parfaitement en valeur le splendide boulot de Lark. La mise en couleur à coup de grands aplats de couleurs délavées et verdâtres sied tout à fait au travail tout en ombre du dessinateur.

S'il faut faire des reproches, on pourra tiquer sur l'épilogue un peu relou avec la petite amie qui cependant ne parvient pas à ternir l'excellente impression d'ensemble. Un bel exercice de style réalisé avec brio par une équipe globalement très inspirée.


Une fois n'est pas coutume, ça à l'air plutôt facile à chopper. Un TPB est sorti en mai 2000 et il a l'air disponible pour une somme modique (moins de 11€). DC a eu l'excellente initiative d'adjoindre aux quatre épisodes la splendide histoire courte du Winter's edge 2. Ce petit conte tragique de Noël est le petit bonus parfait qui rend le tout indispensable.

evilgreen 11/03/2007 16h46

:clap: :clap: ça me donne bien envie, comme toujours exelente chronique.

Mr Gumby 18/03/2007 17h58

« Tonton Gumby, la mascarade est terminée. J'ai 14 ans, je viens de voir « The wall » et je sais désormais que le monde est une saloperie sans âme.
- Houla, du calme mon petit.
- Nan, ça suffit le paternalisme puant. Tout est pourri, je te dis. Tiens regarde tes chroniques. On croit que c'est pour la beauté de l'art mais en fait je sais que tu ne les rédiges que pour faire monter les côtes dans des enchères déjà plus ou moins truquées sur E-Pay.
- Mais pas du tout.
- Bouhouhou, tout n'est que compromission et marchandage sordide. Je veux mourir comme Kurt !!
- Bon, prends une mousse pour te détendre et viens, on va se consoler en écoutant Clash et les Béruriers.»



Après Scene of the crime retrouvons donc le trait élégant de Michael Lark dans une chouette collaboration avec le scénariste Dean Motter (entre autres Mister X et the heart of the beast). C'est en juillet 1996 que commence chez Vertigo la maxi-série en neuf épisodes : Terminal city.


Le vrai personnage principal de cette BD est une ville, et pas n'importe laquelle. Terminal city est la cité du futur rêvée par les hommes des années 30 avec ces grattes ciels démesurés, ces robots à tête d'ampoule et ces engins volants aussi multiples que rétros. Dean Motter situe donc une série d'aventures pulp débridées et abracadabrantes dans ce décor désuettement charmant.

L'idée qui apporte une touche unique et touchante à cette oeuvre, c'est que le récit se situe « après » le cadre ordinaire dévolue aux fictions de l'époque. En effet dans cette ville, la fête est finie. Les temps sont à la récession. La « brave new world's fair » a fermée ses portes depuis un moment et les grandioses installations rouillent paisiblement. Les héroïques trompe la mort se sont reconvertis ou sont morts. Cosmo Quinn, héros plus ou moins central, est ainsi un ex funambule/alpiniste de l'impossible est devenu un laveur de carreaux spécialisé dans les immenses baies vitrées des dantesques constructions locales.

http://img339.imageshack.us/img339/5429/tc2wi5.jpg

La galerie de personnages est aussi farfelue que fournie. On peut ainsi croiser un robot maître d'hôtel acariâtre, une meneuse de gang albinos, une justicière vêtue de rouge et muette, un boxeur sur le retour, ou des clones hilarants des Dupont et Dupond...

Le ton est donc plutôt à l'humour mélancolique. Les rocambolesques récits pulp à base de meurtres mystérieux, de vols spectaculaires, de romances fatales, de chutes vertigineuses ou de valise au contenu mystérieux se bousculent et se mélangent avec bonheur avec un ton un poil désabusé mais pas cynique. C'est très inventif malgré un cadre aussi typé (Attendez de croiser votre premier malade atteint du syndrome de Hescher ou de voir qui doit affronter notre pugiliste has been). On a l'impression que ça pourrait continuer comme ça à l'infini en démultipliant des schémas classiques mais qui fonctionnent grâce à la malice communicative du scénariste.

Le dessin de Lark fait des merveilles avec un côté très BD européenne année 80 dans les couleurs plutôt surprenant mais très agréable. La part belle est faite évidemment aux décors grandiloquents dont le côté un peu vide renforce le sentiment un peu amer de l'oeuvre. Cependant les personnages ne sont pas en reste et le design est très inspiré. Lark maîtrise scènes de bagarres débridées et moment plus calme avec beaucoup de classe et d'inspiration dans le découpage. C'est bien sur truffé de petites références visuelles tout à fait plaisantes.

Rajoutez à ça des couvertures somptueuses de Mark Chiarello et Matt Wagner et vous obtenez du tout bon.


Une seconde série en 5 épisodes intitulée Terminal city : Aerial graffiti est parue fin 97 début 98. On reprend la même équipe et le récit s'enchaîne directement avec le précédent. C'est à nouveau très bon avec son robot gangster mexicain, des rivalités entre stripteaseuses et un aviateur écrivant en gigantesques lettres de fumée des grossièretés dans le ciel de Terminal city.

http://img140.imageshack.us/img140/5480/tccase2nc0.jpg

La première série a été compilée dans un TPB mais pas la seconde. Ce n'est pas vraiment un problème puisque Paulie vend ces excellents comics pour un somme sans doute dérisoire. Jetez vous dessus et profitez lâchement de la légendaire incapacité commerciale walnutsienne pour vous faire plaisir.

Ivan Rebroff 18/03/2007 20h04

Les Clash.
Que dire? Les critiques de Mr. Gumby sont mon bol d'air vicié, ce petit supplément d'âme corrompue qui manquent à mon loft gigantesque parfaitement stérile au coeur des Alpes suisses. C'est dire si c'est excitant et bon. D'ailleurs, je vais voter pour lui, là, parce que c'est drôle, pertinent et bien écrit. Vous devriez en faire autant. Oui, vous.

Mr Gumby 18/03/2007 20h29

j'ai cru entendre que les snobs modèle king size disent le clash.

C'étaitSaSecrétaire 18/03/2007 20h56

J'ai toujours dit "The", mais quitte à traduire l'article, "le" me semble quand même le choix le plus sensé.

Mr Gumby 04/08/2007 23h36


«Malgré la fraîcheur de la cellule du temple bouddhique bavarois où il séjournait depuis mars, Mister Gumby suait à grosses gouttes devant son écran. Malgré des débuts difficiles, il avait pourtant tenu son voeu d'abstinence claviériste pendant quatre mois sans abuser d'aides extérieures. A peine avait il eu recours à quelques lectures des Hellblazer de Carey et à l'écoute répétée de la compilation de reprise des jingles de TV Rennes par la chorale du 7ème RIMA. Pourtant sa volonté avait soudainement vacillé. Il avait frénétiquement exploré les recoins les plus obscures de Buzz comics Il avait même lu l'intégralité des archives de la rubrique goodies. Pourtant il devait se rendre à l'évidence, ce forum manquait cruellement d'adverbes. Depuis qu'il avait fait ce terrible constat, ses doigts le démangeaient et...
Ho, tonton Gumby, t'es vraiment obligé de faire tout un sketch pour refaire une chronique ?
Heu, attends, j'ai une version où je perds mes mains dans un accident de jokari et un aide comptable du futur me propose des prothèses extraterrestres...»



Tant qu'à s'y remettre autant commencer par du bon.


Alice in Sunderland de Bryan Talbot est sorti en avril 2007 chez Dark Horse.

C'est un impressionnant hardcover de 320 pages. Je dois avouer qu'intimidé par la première impression mitigée d'un feuilletage superficiel, je l'avais laissé prendre la poussière sur ma table de chevet . Il a fallu attendre que la curiosité me travaille un peu, pour enfin trouver le courage avant d'entamer la bête. Je ne l'ai pas regretté. Ce n'est pas le genre d'ouvrage qui s'avale d'un traite. Plutôt un bouquin que l'on savoure avec délice par petits bouts, soir après soir, et que l'on repose une fois terminé avec le sentiment que s'il avait fait le double de pages, on ne serait pas plaint.

Alors de quoi que ça cause ? De plein de choses en fait et dans le désordre. Talbot pulvérise les limites du narratif et s'offre une splendide digression de plusieurs centaines de pages. Disons que le point de départ est la ville de Sunderland,.importante cité du Nord est de l'Angleterre qui se trouve être la ville où Talbot réside mais également là ou vivait Lewis Caroll. A partir de là, Talbot tresse un méli-mélo tout à fait réjouissant de faits historiques, géographiques, littéraires, artistiques, culturels, anecdotiques, biographiques ou autobiographiques ...

Pour lier la sauce, il a recours à un fil rouge simplissime, un unique spectateur (nous) va voir un spectacle au Sunderland Empire ou un acteur seul sur scène (Bryan Talbot) lui narre de multiples anecdotes sur l'histoire de la région. Ça lui permet de temps en temps de retomber sur ses pieds quand il pousse un peu trop loin le délire.

Ce qui rend le tout réellement réjouissant c'est que la profusion d'informations est emballée dans un foisonnement narratif imprévisible et magistral. On trouve de tout dans Alice in Sunderland, du classique 9 cases, des grandes doubles pages bavardes et déconstruites, un cartoon, du EC comics, et la tapisserie de Bayeux...
Il est certain que l'on peut se perdre dans ce capharnaüm mais la sincérité et la malice communicative de Talbot rend ce foutoir foncièrement attachant et surtout malgré l'ampleur et l'ambition du bidule ce n'est pas prétentieux pour un sou. Accepter donc de vous perdre dans ce joyeux bordel sans queue ni tête et tomber en pâmoison face à la sainte apparition de la page 187.

http://img187.imageshack.us/img187/7...rtrait2kq5.jpg
Ça faisait 20 ans que l'auteur bossait sur ce truc. A mon avis il a du passer au moins la moitié de ce temps à trouver quelqu'un pour le publier ! Bonne nouvelle, pour une fois, le livre est sold out en Grande Bretagne. Ça coûte 29,95$ et ça en vaut chaque cent.

Ivan Rebroff 05/08/2007 00h25

Ces quatre mois furent longs sans toi, Mr Gumby. De loin, en le feuilletant nonchalamment, avant que de m'allonger sur mon lit douillet et de lire un comic-book avec de la violence et des collants dedans, Alice... me paraissait également un sacré bordel, une oeuvre à lire avec toute l'attention dont est capable mon cerveau, lecture pour laquelle il fallait réserver une part importante de son temps. Le moins que je puisse dire, c'est que tu sais formidablement (tiens, un adverbe!) donner envie de se le procurer.

evilgreen 05/08/2007 01h08

Gumby return's. Ca fait vraiment plaisir.


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