Buzz 52:la Sitcom

[Monsieur Mehdi (expert en connerie)]

GillesC se leva en gémissant.
Le coude droit d'Eva avait laissé entre ses côtes une marque rouge et fraiche, et il se plia pour contrer la douleur. La polonaise tout juste majeure se lova en maugréant entre les poumons de sa frontalière Nadine, et se rendormit d'un soupir.
Soufflant, appuyé contre son bureau, le nouveau Directeur Général ne put que noter les trois post-its agressivement affichés d'un jaune groupé:

- Prév. Fredeur de l'arrivée Yoko pour dédicace Part-Dieu.
Organiser apéro dans meilleur resto ville.
- XXL org. contre-apéro Guy dans Grande Brasserie.
: Demander aux 2 guignols de PAS JETER Factures cette-fois!!

Les trois carrés jaune d'oeuf étaient collés sur la grande feuille d'un tableau montrant le CA cumulé des rayons comics des magasins du sud de la France, avec en rouge l'inscription barrant le tout "+ 250% sur l'année - à noter : nous sommes le premier importateur au monde, devant Anglais."

Un vague haut-le-coeur. Puis un croche-patte soudain du chat angora, cadeau du nouveau gérant du Gay Comics de Lyon. En s'enfuyant d'un râle feutré, l'ample félin fit glisser la raquette dédicacée par Mats et ramenée de Toulouse la semaine précédente, et pour laquelle il n'avait pu encore trouver un espace valable d'exposition. Certes, le mur, surchargé de lithos de Cho, Hughes et lui-même, n'offrait que peu de possibilités.
Plus bas, un large tirage photo panoramique montrait John C., le gérant de la boutique de Macon, la tête plongée par Mr Mehdi dans un tonneau de bière lors de son intronisation, sous les regards torves et hilares des niçois déchirés comme des PVs.

En dessous et légèrement à gauche des oeuvres, un calendrier de type feuille-moche-à-arracher-quotidiennement. Sous un dessin pseudo-humoristique de type pin-up-gros-nichons, des chiffres indiquaient clairement le 14 septembre 2006.



Les plus proches souvenirs de GillesC remontaient à la veille au soir, le 12 septembre 2005.

Un vague effroi s'infiltra par les orteils du nouveau DG.


Un an de continuité buzzienne s'était fait la malle.



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Ben Wawe sentit sa dernière heure arriver. Tout un pan de la corniche de l’immeuble du vieux Nix s’était détaché, fondant sur le petit critique comme un pique-assiette sur le buffet de l’enterrement d’Eddie Barclay. Le pauvre Ben était incapable de bouger ; le lapin-type pris dans les phares d’une voiture. En l’espace de deux secondes, sa vie entière déboula des recoins les plus obscurs de son crâne pour aller se fracasser contre ses globes oculaires. Sa naissance, des comics, une nana, un bout de corniche, rideau. Le grand flash blanc, le tunnel de lumière, le flash-back, le noir absolu et tout le tralala. Les dernières semaines qu’il avait passé à Buzz City ressemblaient peut être à un puzzle géant sans modèle, mais on ne pourrait pas dire que les quelques instants précédents sa mort n’aient pas été d’un classicisme absolu.


La corniche s’effondra et une apocalypse de carton s’abattit sur la scène, engloutissant tous les comédiens. Après la fureur du fracas du décor sur le bois, un silence aussi léger qu’un topic sur le malaise des banlieues régna dans toute la salle.

- J’espère que vous êtes pas morts parce que sinon on va encore prendre du retard !

Une voix de stentor résonna dans tout le théâtre, agissant comme un électrochoc sur le cœur des comédiens qui reprirent vie instantanément pour se sortir des décombres. Depuis le début, GillesC avait réussi à motiver ses troupes pour tirer d’eux l’impossible. Cette fois encore, sa voix, mue par une volonté toute Wolverienne, était parvenue à accomplir des miracles. Il faut dire que monter un spectacle pour raconter le Buzz interlope était son idée. Engager des forumers pour en tenir les rôles principaux aussi. Rogner sur le budget sécurité pour louer la plus grande salle de Montpellier : encore lui. Et même si monter son show sous forme de comédie musicale n’était pas vraiment sa meilleure trouvaille, une chose était claire : faire effondrer tout le décor pendant un filage n’était pas son idée.

Et pourtant… les mauvaises langues auraient pu prétendre le contraire. Oui, « auraient pu » parce qu’à l’heure actuelle, les mauvaises langues s’extirpaient à grand mal de ce qui ressemblait il y a encore quelques minutes à un building mi rococo, mi art nouveau de 75 étages. GillesC était comme ça. Il s’était réveillé un matin en décidant qu’il fallait raconter la véritable histoire de sa ville, que tout le monde devait voir ce spectacle qui allait ravir le cœur des gens et rafler six Molière devant Mort d’un commis voyageur, la Cantatrice chauve et le dernier spectacle de Anne Roumanoff. Habité par sa mission, comme Emma Frost par la hampe de Cyclope, il n’avait pas chômé, travaillant nuit et jour, dimanche compris, depuis quatre mois. Rien n’était ni trop cher ni trop beau pour son projet à côté duquel l’œuvre complète de Beckett ressemblerait bientôt à Boeing-Boeing. Buzz, the Musical comportait plus de 200 rôles parlant pour presque 6 intrigues parallèles qui auraient fait passer les romans de Ponson du Terrail pour un drame minimaliste. 12 décors avaient été commandés à plus de 15 artistes dont une reproduction de la couverture du TPB de Crisis mais avec cette fois-ci uniquement des femmes. Exigeant de sa troupe autant d’investissement que le sien, il les avait souvent poussé au bord de l’épuisement. Il faut dire que GillesC était de la vieille école, la vraie, la dure, celle où tout se mérite, celle où le plus petit applaudissement ne peut être payé qu’en versant son tribut de larmes et de sueur au dieu de la réussite. GillesC était aussi un grand fan de Fame et de Kamel Ouali. Ceci expliquant cela.

Si l’excitation du départ avait galvanisé la troupe, le côté Orson Welles de GillesC avait fini par lui attiser les foudres des comédiens, qui n’attendaient plus qu’un événement pareil pour quitter un projet qui ressemblait de plus en plus au radeau de la Méduse à défaut d’avoir ressemblé un jour au Titanic… Bien que le destin de l’œuvre semblait rejoindre celui du paquebot.

Les comédiens clopin-clopant, s’acheminèrent vers la sortie, tout heureux de s’en sortir vivant. Quelques insultes et un « bon débarras » surgirent même de bouches anonymes. GillesC n’essaya pas de les retenir, son esprit était déjà retourné vers Buzz, the Musical.

- Mais vous comptez faire comment maintenant qu’on n’a plus de comédiens ?

La petite voix de la réalité, aussi appelée Dark Julian avait rappelé le metteur en scène sur terre. Petit nouveau de la troupe, DJ comme certains aimaient à le surnommer s’était très vite fait une place en tant qu’assistant du grand chef, à coup de cadences de travail dignes de Robocop et d’une présence de tous les instants. Faisant sien le rêve de son employeur, Dark Julian était le seul à ne pas avoir quitté la salle. Il était aussi le seul à pouvoir encore faire entrevoir un voile de réalité dans l’univers onirique de son patron.

- Pas grave, on en prendra d’autres.
- Oui, sauf que je vous rappelle qu’on n’a plus un sou en poche.
- J’en trouverai.
- Ah oui, comment ?
- J’ai un moyen sûr et facile pour gagner suffisamment d’argent : je vais refaire de la bande dessinée !




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Relancer le Comics. Un marché a moitié mort, en déliquescence... Personne n'aurait jamais osé.
A part lui. Gilles avait une totale confiance en ses capacités, et il était sur d'y parvenir.
Il ne pouvait échouer. C’était écrit dans les étoiles, comme la mort d’un Daniel Balavoine. Après tout, n’avait-il pas déjà prévu un plan quinquennal mêlant avec l’habileté d’un Jacques Séguéla la communication, le marketing et l’artistique ? Bon ok, en vrai, son plan tenait en trois mots : nichons dans comics. Mais il faut avouer que c’était alléchant.

Cependant, il lui fallait d'abord dénicher une équipe artistique talentueuse, mais bon marché, sachant qu'il ne pourrait pas investir une fortune dans son projet.
C'est a ce moment la que lui vint l'idée d'utiliser Buzz pour trouver son bonheur. Pour une fois que ce forum servirait a quelque chose.
Apres un bref passage par sa voiture, il se rendit donc chez son assistant, le jeune DarkJuju, pas très utile, mais seule possibilité pour rester en contact avec l'internet.
Une fois l'annonce passée, il ne lui restait plus qu’à choisir entre les dessinateurs et scénaristes intéressés.
Gilles revint donc le lendemain chez DarkJuju, et regarda les trackbacks sur Buzz.
Son projet avait suscité des réactions en masse, et les candidatures étaient légions.
Apres une brève sélection préliminaire, il convoqua trois dessinateurs pour un entretien.
Gilles avait prévu de les voir par intervalle d'une demi heure.
Le premier devait être là àa 14H30.Un dénommé Fredeur. Jeune, motivé, brillant, d'après son CV.
Il ne se présenta pas. Gilles fut désappointé, mais se réjouit de la venue du second, un dénommé Aegnor, talentueux, certes, mais avec 2 gros défauts.
Déjà, il passait la moitié de son temps à chercher sa gomme, qu’il faisait sans arrêt tomber, et qu'il perdait de vue, et de 2, surtout, Aegnor était un grand professionnel, ce qui impliquait qu'il allait demander une rémunération conséquente. Suivant !
15H30, ce fut le tour du troisième sélectionné. Eric Valhalla qu'il s'appelait. Un jeune guerrier, prêt à dévorer le monde.

-Bonjour je suis Eric Valhalla.
-Ecoute… je ne suis plus du tout sûr que tu feras l’affaire.
-Comment ça ?
-Hum tu sais, nous sommes maintenant au XXIè siècle. Et bon, prendre en pseudo une chanson de Dave nous renvoie directement 30 ans en arrière et vois tu, GillesComics est tourné vers la modernité…
-Euh je ne comprends pas bien.
-Bon écoute Eric Vanina, Gillescomics ne peut mêler son image à de la variété française rétro. C’est ainsi. Les bobos gays ne sont pas encore notre cible prioritaire. Mais je suis sûr que tu trouveras d’autr…
-Mais je m’appelle Eric Valhalla ! pas Vanina.
Moment de solitude intense. En une fraction de seconde, Gilles venait de se téléporter au sommet l’Everest de la honte absolue. Mais il en fallait plus pour le décontenancer.
- … enchanté, je m’appelle Gilles. Alors montre moi donc tes travaux, veux tu ?

Eric Valhalla avait tout du candidat idéal. Un discours, une envie et un professionnalisme incroyable pour son âge.
-et bien écoute, je crois que c’est dans la poche pour toi. Félicitations, tu fais désormais partie de notre famille. Mais juste pour savoir, tu mets sur ton CV « diplômé de la RLAC ». C’est quoi comme école ?
-la Rob Liefeld Académy of Comics.

La porte du café claqua et une vieille Renault Nevada démarra. Non, définitivement non, Gilles ne pouvait pas embaucher un type qui avait appris le métier avec Rob. Tant pis. Il n’avait cependant pas perdu son après midi puisqu’il était parti en laissant la note au malheureux candidat. C’était toujours ça de gagné.


A 16H, et après les 2 interviews, Gilles décida de s'accorder un délai de réflexion. Il sortait juste du lieu de rendez-vous lorsqu'un Hippie transpirant le heurta de plein fouet.

"-Excusez moi, pardon, c'est bien ici pour les dessins. Enfin, les dessinateurs? dit le Grungy, à bout de souffle.
-Oui, c'est là. Et vous êtes ?
-devant vous.
-Non, mais quel est votre nom?
-Ah, pardon, je suis Fredeur. Bonjour. Vous êtes Gilles, hein, dites moi.
-Oui, c'est moi. Fredeur ? Vous aviez rendez vous a 14H30, non?
-Je sais, mais...euh...mon chat d'un ami qu'on m'a prété a fait un malaise, j’ai du le conduire d'urgence a la clinique vétérinaire.
-Ah, désolé. Bien, venez avec moi, allons parler de ce projet devant un verre."

Ainsi, Gilles et Fredeur se retrouvèrent dans un bar, assis a une table, dégustant leurs boissons

"-Vous savez Fredeur, le plus important,c'est les Deadlines. Un comics qui ne sort pas à temps a cause d'un retard du dessinateur, c'est dramatique.
-Ah, ça, ne vous inquiétez pas, respecter les délais, c’est mon point fort.
-J'espère bien, car vous êtes probablement le dessinateur que je vais choisir, vu que vous ne demandez pas trop, et que vous avez l'air d'avoir quand même une expérience intéressante.
-Ah, bah c'est bien, parce que justement en ce moment...
-Attendez, ils passent un résumé de la finale du tournoi féminin de Tennis là!
-Ah, bah c'est Myskina qui a gagné.
-Comment savez vous? Le match s'est fini à 14H50?
-euh...bah...Ils avaient la télé chez le vétérinaire.
-ah oui? C'est bien ça."

Apres bien d'autres discussions, Gilles rentra chez lui, heureux d'avoir trouvé son dessinateur.
Demain, ça sera au tour de scénariste. Se dit-il, avant de s'endormir dans sa voiture.



To be continued...

[Deroxat (Expert en Potins)]

attention, les mecs du marketing de Buzz52 nous ont conseille de faire un episode comme le Gen 13 #13 (et ouais on a les references qu'on peut) parce que ca avait cartonné. sauf qu'ici en vrai, c'est parce que c'est trop long. dont acte.

Episode 2A

Lyon.
Bleu, orange, bleu, orange, bleu, orange…

- Y a ta conversation MSN qui clignote depuis tout à l’heure. Tu ne leur parles plus?
- Hein ? Quoi ?

Fredeur était trop occupé à battre Forrest Law en mode hard pour faire quoi que ce soit d’autre. C’était comme ça, il était monotache… surtout quand il jouait à Tekken 5. Pause.

- Ils disent quoi ?
- Hum attends… Alors Ben dit que
« … et alors ensuite Captain Powerfight arrive, mais il est surpris par NoWay Man qui était en fait son frère qui le détesterait depuis son enfance car il couchait avec sa sœur, car son père le battait, car il était alcoolique, car sa femme l’avait quitté, car elle était lesbienne, car son oncle était un nazi, car il portait la moustache, car il aimait le Tuning, car sa voiture était une Golf, car il était pauvre, car il était au RMI, car il était nul en sport, car… »
Ouais, nan en fait, moi aussi je jouerais à la Playstation à ta place.

Fredeur n’attendit pas la bénédiction de son ami XXL pour se remettre à jouer. Après tout, il était quand même en train de battre son record de combos ; ce qui constituait à ses yeux une raison suffisamment importante, si ce n’est vitale, pour se couper du monde une heure ou deux… voire cinq quand il était en forme .XXL réduisit alors prestement la fenêtre MSN de son ami et entreprit de démarrer l’activité qu’il aimait le plus en dehors du sexe : lire un vieux Rom ou un Powerpack. Cet homme avait peut être de nombreux vices, mais il avait surtout des goûts douteux.

Cependant, a l’autre bout du web, quelque part sur un écran d’ordi, à Montpellier ...

[gillesC]

..je ne comprenais rien.

[Deroxat (Expert en Potins)]

Episode 2B (non, ca n'est pas un hommage au capitaine Dobey)

A l’autre bout du web, quelque part sur un écran d’ordi, à Montpellier :

Ben dit :
Après on peut faire un annual avec trois couvertures différentes. Et ça donnerait lieu à deux nouvelles séries par la suite dont une minisérie centrée sur NoWay Man et un maxi crossover qu’on pourrait étaler sur

- Je peux ravoir un café, s’il te plait ?
- Je suis pas sûr que ce soit très raisonnable. C’est déjà ton quatrième.
- Oui, mais il faut que je reste concentré ! Ben est quand même archi motivé, et ce serait dommage de manquer un truc… Enfin, même si je ne suis plus très sûr de savoir où il veut en venir. Et puis bon, ça fait bien quatre heures que je suis devant ce foutu écran…
- Je crois pas. La conversation a démarré à 14h.
- Et il est ?
- 14h12

Cela ne faisait certes que douze minutes, mais Gilles avait déjà une barbe de trois jours et les yeux aussi rouges qu’après avoir visionné l’intégrale des Angélique (Angélique marquise des anges, Angélique et le Roy, Indomptable Angélique, Angélique est toute nue, Angélique est polonaise…) suivi de tous les volets de la saga Fantomas (Fantomas, Fantomas se déchaîne, Fantomas contre Scotland yard, Fantomas en DS…). Bref, Gilles était au bout du rouleau, complètement lessivé par le flot d’idées à la seconde que pouvait taper Ben Wawe.

Plein de compassion et d’admiration devant cet homme prêt à jeter jusqu’à la dernière de ses forces pour relancer l’industrie du comic book en France, Dark Julian retourna vers la cuisine faire du café. C’était bien la moindre des choses à faire lors d’une telle épreuve.

Ben dit :
Mais franchement ce serait dommage de lancer une ligne comme Marvel avec les Ultimates parce que c’est vraiment pas terrible et puis en plus quand on voit que les X-Men

- Je ne comprends plus rien à ce qu’il raconte. DJ, rappelle moi juste pourquoi on l’a embauché.
- Alan Moore n’était pas libre alors on a contacté le deuxième de la liste.
- Qui comportait ?
- Deux noms.
- En comptant Moore ?
- En comptant Moore.

une chose était sûre: la réunion allait être lloooonnnnggguuueee.

[Deroxat (Expert en Potins)]

Episode 2C

Gilles compris d’un coup que le chemin était encore long. Long, non pas pour gravir les marches du succès du marché de la BD (cela, il s’y était préparé), mais bien pour terminer cette réunion de travail. Cependant, le destin réserve parfois d’heureuses surprises aux intrépides qui s’accrochent contre vents et marées. En effet, un message apparu alors sur l’écran de l’ordinateur de Dark Julian, un message porteur d’espoir, un message aussi libérateur que « Les sanglots longs des violons de l’automne / Bercent mon cœur d’une langueur monotone ». Sauf qu’ici, il avait un tout petit moins la classe que Verlaine.

Ben dit :
Bon les amis, je suis désolé, mais mes parents m’appellent. Ils veulent qu’on parle de mon avenir. @ Bientôt.

Soupir de soulagement. Même s’il savait qu’il n’allait jamais relire cette conversation de si tôt, Gilles enregistra leurs derniers propos par conscience professionnelle. Il prit le mobile de Dark Julian et appela aussitôt Fredeur.

« Fioouuu, drôlement motivé notre scénariste hein ? Alors t’en penses quoi ? » demanda t’il, espérant que son dessinateur vedette aurait mieux suivi la conversation que lui.
« Euh… de quoi ? »
« Ben… de ce qu’on a dit tout à l’heure. »
« Ah, ça ! Euh… ça avait l’air bien comme… »

Tournant la dernière page de son Rom, XXL tapota la couverture de son comics et laissa échapper un « Bill Mantlo !... », le regard encore plein d’amour et de respect envers l’œuvre du scénariste.

« On dirait rudement du Bill Mantlo ! » dit alors Fredeur à Gilles.
Décontenancé et ne sachant trop quoi répliquer, Gilles continua :
« ah oui… Bien sûr Bill Mantlo… Mais au fait, Ben m’a dit qu’il avait terminé les scripts des quatre premiers numéros et qu’il t’avait envoyé le premier il y a un mois. T’as donc bientôt fini ? »

Fredeur fut alors saisi d’une panique tétanisante et incontrôlable comme seul un lapin pris entre les phares d’une voiture, peut la ressentir. Comment avouer à son patron qu’il n’avait absolument rien foutu alors qu’il avait mis en exergue sa faculté à finir son travail avant les deadlines lors de son entretien d’embauche ?

« Oui !... Enfin non, pas tout à fait. C'est-à-dire qu’il me reste encore les finitions et en plus je… »
« C’est pas grave, envoie moi ce que t’as déjà fait, demain. »
« Ok… Sans problème… »

Une goutte de sueur coula le long du front du champion de Tekken 5. Le syndrome Joe Madureira avait-il fait une nouvelle victime ?

[Monsieur Mehdi (expert en connerie)]

Il était deja tard.La fatigue l'accablait.Ses yeux se fermaient d'eux memes.Mais il ne pouvait succomber.
Tel Myskina face aux coups de boutoir d'une Mauresmo,Fredeur devait vaincre le sommeil pour finir de dessiner les planches necessaires a son maintien dans l'aventure lancée par Gilles.

Il était 2 heures du matin,et il n'avait pas encore fini la 2ème.Tel Jack Bauer,il luttait contre le temps,et comme Jack Bauer,il n'était pas une seule fois allé aux toilettes durant les dernieres 24 heures.
Il ne pouvait se permettre aucun ralentissement.
A 6 heures,la troisieme etait presque commencée.La deadline se rapprochait a grand pas.
Qui plus est,il était en grandes difficultés pour suivre les instructions de Ben Wawe,qui,tel un spéléologue du scenario,trouvait toujours des subplots enterrés.Même après seulement 4 pages.

10H,XXl arriva,et vit un Fredeur decomposé,aux traits tirés,et a la télé éteinte.C'est a ce dernier détail qu'il sut que quelque chose n'allait pas.

-Un problème Fredeur?
-La deadline approche,et j'ai pas encore fini,je vais me faire virer si je termine pas ca en 2 heures
-Il te reste quoi a faire?
-Une planche,mais je comprends pas les indications,là.
-Attends,fais voir,je vais t'aider.
XXL prit la feuille,et la scruta attentivement,avant de la reposer dans un soupir.

-Je ne comprends pas non plus ce qu'il veut.Ca n'a aucun rapport avec le début.
-Bah je sais,et du coup,je bloque.Gilles va me virer,plus de revenus,plus de cable,plus de Myskina,plus d'avant premiere de Nacho libre,imagine l'enfer que va etre ma vie.
-Je vois bien que t'es demoralisé...Je sais quoi faire pour arranger ca.Tu veux que je te prete ma collection de Power Pack?
-...AHAHAHAHAHAHHAHA!!!Sacré XXL,toujours le mot pour me reconforter.

Un peu vexé XXL ne dit rien pour le bien être de son ami,qui se mit a dessiner cette derniere page,malgré les etranges instructions de Ben.