Le topic de l'Education Nationale

[Fin Fang Foom]

Une station de métro ? (Richelieu-Drouot ...)

Le protecteur de Milady de Winter dans un (célèbre ?) roman français ?

[Deroxat (Expert en Potins)]

	Citation:			Posté par cyclopebox
	Et le pire dans tout ça, c'est que ces gamins qui ne connaissent pas Richelieu, le jour où ils font un entretien d'embauche, ils peuvent tomber sur Mme Box qui vérifiera leur niveau de français en leur faisant faire une dictée... A la main, à l'ancienne, sans l'aide d'une quelconque technologie...

c'est pour quel emploi qu'on a droit à des dictées en entretien d'embauche?

Sinon @ Arrowsmith: oui, tu m'as bien cerné!
Vous voulez vraiment que je vous refasse l'explication sur la différence entre le derby et le richelieu?

[Jean-Moul]

Ah! Le derby! Je savais bien que c'était en rapport avec le foot!

[Aguéev]

Destruction Derby : le jeu dans lequel tu détruis des chaussures

[mellencamp]

	Citation:			Posté par Fin Fang Foom
	Une station de métro ? (Richelieu-Drouot ...) Le protecteur de Milady de Winter dans un (célèbre ?) roman français ?

Mais non, c’est le père du cardinal Mazarin, forcément.

[archerhawke]

Une dictée entretien... c'est pour quel job ? Parce que écrire correctement, c'est important, mais de la à le tester.

@doop: je comprends mieux, merci pour l'explication.

[Kal_El]

Ma soeur en a eu une aussi pour bosser dans un service de hotline téléphonique....

[cyclopebox]

Mme Box travaille dans l'industrie du luxe (matériel de cuisine pour professionnels ou gens très friqués). Ca fait un peu désordre de démarcher des palaces en mettant une faute de français à chaque phrase...

[Carmelo]

En tout cas, dictée ou pas, il devient de plus en plus fréquent de voir des fautes d'orthographe, de grammaire ou de conjugaison dans le journalisme. C'est quand même un comble pour des professionnels devant savoir manier la langue française.

[doop]

Sachant que la maitrise de la langue n'est plus une priorité et se voit remplacée par des "débats", finalement, c'est pas si étonnant. RMC a de beaux jours devant elle

[Fin Fang Foom]

	Citation:			Posté par Carmelo
	En tout cas, dictée ou pas, il devient de plus en plus fréquent de voir des fautes d'orthographe, de grammaire ou de conjugaison dans le journalisme. C'est quand même un comble pour des professionnels devant savoir manier la langue française.

Dans les rédactions de journaux de presse, il y avait des secrétaires de rédaction qui s'occupaient des coquilles ou de la relecture.
C'est comme dans la plupart des métiers, on demande aux gens de faire des travaux de secrétariat, relecture, organisation, etc.. en plus de leur boulot, alors qu'on pourrait embaucher quelqu'un pour ces tâches. Ca devient lamentable.

[Carmelo]

Oui je suis au courant pour les postes de secrétaires de rédaction qui disparaissent car trop cher pour l'employeur. C'est bien triste mais au final, ce n'est que le résultat d'un problème plus global : l'argent.

[Gassian]

Je reproduis ici (avec son autorisation) le texte d'une collègue prof de Français, consacré à la réforme du collège en particulier et à l'état de l'enseignement en général :

	Citation:
	Monsieur le Proviseur, Madame la Principale-adjointe, Chers collègues, Puisque la réforme du collège va occuper nos esprits une bonne partie de cette année, peut-être me permettrez-vous de vous livrer le fond ma pensée. Cette réforme ... de plus me ramène irrésistiblement à la phrase célèbre tirée du livre de Lampédusa : "Il faut que tout bouge pour que rien ne change ...". Tout va bouger : les méthodes, les grilles horaires, les modalités d'évaluation, les programmes et à tous les niveaux et la même année. Nous sommes à la veille d'un "grand soir"pédagogique. Mais en réalité, rien ne changera bien sûr, parce que notre système est piloté depuis plus de trente avec une parfaite continuité dans l'inconséquence, l'incohérence et au final le cynisme. Cette réforme qui prétend "refonder l'école"se situe en effet dans la droite ligne des précédentes. Elles se sont empilées, annulées, contredites au gré des alternances politiques avec une constance qui finirait presque par forcer l'admiration. Elles ont toutes eu pour conséquence pour ne pas pas dire pour objectif, la faillite progressive du système éducatif. Faillite qui se lit désormais dans nos résultats plus que médiocres aux évaluations PISA avec lesquels on culpabilise à bon compte le corps enseignant sans que jamais le pilotage du dit système ne soit remis en question. Il est vrai que, prudemment, il affiche des résultats mirobolants au baccalauréat, afin de ne pas trop affoler le bon peuple. Ces réformes sont parfois mijotées longuement dans le secret dans la rue de Grenelle, faisant croire à de longues et intenses réflexions, à de multiples concertations. Mais elles peuvent aussi sortir directement de la cervelle du prince régnant qui se réveille un beau jour en se disant "Tiens, ce matin je supprime l'école le samedi ... et on verra bien après". On voit, en effet. Elles sont rarement évaluées : il y a quelque temps j'ai demandé à l'inspecteur de la circonscription si les bénéfices de la mesure qui consiste désormais à faire apprendre l'anglais dès le CP avaient été sérieusement mesurés. Il m'a répondu avec beaucoup d'aplomb que non, mais qu'on avait constaté davantage d'"appétence" pour la langue anglaise chez les élèves. Sans rire. Une heure ou un peu moins de cours par semaine, trente-six semaines par an, pendant cinq ans afin que "l'appétence" des élèves pour la langue de la globalisation heureuse soit assurée, c'est effectivement un vrai succès et qui mérite d'être salué comme tel ! Et tant pis si nos collègues anglicistes récupèrent des élèves avec un accent à couper au couteau qu'ils doivent patiemment déconstruire, ce que l'on ne peut reprocher aux professeurs des écoles, lesquels ne peuvent être spécialistes de tout. Beaucoup plus rarement, ces réformes sont testées sur le plan national. C'est le cas des EPI qui vont sauver le système comme chacun l'aura compris. Ainsi, il y a une dizaine d'années, dociles et bien élevés, les enseignants ont mis en œuvre les IDD, ancien nom des EPI ... un an, deux ans, trois ans. Puis le dispositif leur a paru tellement efficace qu'ils l'ont laissé mourir, sans même s'en apercevoir. Qu'importe ! Il faut de toute urgence le ressusciter puisqu'il n'a pas fonctionné. Je sais bien que les postures idéologiques se durcissent en proportion de la résistance que leur oppose le réel mais tout de même, de temps à autre on rêverait volontiers d'un peu plus de pragmatisme. Force est donc de constater que les élites économiques, politiques et médiatiques de ce pays n'ont aucun intérêt à faire de l'école le lieu d'une véritable émancipation intellectuelle, culturelle et sociale. Il leur suffit de produire un nombre suffisant d'exécutants capables de faire tourner la machine économique sans trop se poser de questions et de leur vendre On n'est pas couché le samedi soir en guise de nourriture intellectuelle et Touche pas à mon poste les autres jours de la semaine. Il leur suffit aussi de pouvoir se reproduire tranquillement à l'abri des établissements huppés de l'ouest parisien ou de l'Ecole Alsacienne dont certaines mauvaises langues disent qu'elle est devenue l'annexe de la rue de Solférino. Alors entendre ensuite invoquer le principe d'égalité quand ces établissement sont subventionnés par les impôts de tous mérite au mieux ... un grand éclat de rire ! En ce qui concerne le français, les chiffres que j'ai indiqués lors de la réunion du 1er octobre sont authentiques et, Monsieur le Proviseur, vous le savez sans doute aussi bien que moi : les élèves en trente ans ont perdu l'équivalent de deux années de cours en fin de troisième. Bien sûr cela n'a pas le moindre lien avec le fait que 15 à 20% d'entre eux arrivent au collège en maîtrisant mal la lecture et l'écriture, avec leurs maigres résultats aux évaluations internationales ou avec le fait que les professeurs d'université se désespèrent de constater qu'ils sont trop souvent incapables de formuler trois idées cohérentes dans une langue correcte, après douze ans d'école, sans compter la maternelle. Et puisqu'il n'y a pas le moindre rapport de cause à effet, la réforme va encore diminuer les horaires de français. Avec, à la clef, et c'est bien évidemment là l'essentiel, un nombre conséquent de suppressions de postes donc d'économies budgétaires. Il m'a fallu longtemps pour admettre la raison d'un tel acharnement sur cette discipline dont on aurait pu penser qu'elle avait toutes les apparences de l' interdisciplinarité tant vantée. Mais je suis maintenant convaincue qu'en interdisant au plus grand nombre un accès véritable à la langue, on interdit tout simplement un accès à la pensée, donc à la pensée critique, pour le plus grand bénéfice de la communication de masse et des élites ci-dessus mentionnées. Et comme je suis (un peu) en colère, je vais même aller plus loin : la"babélisation" de la société à laquelle nous assistons les bras ballants, doit finalement arranger beaucoup de monde. Bref, Monsieur le Proviseur, vous aurez compris que je subirai cette réforme dans la stricte limite de mes obligations réglementaires mais qu'il est exclu que je cautionne sa mise en place : j'ai passé l'âge de la "servitude volontaire". J'espère que vous me pardonnerez cet excès de sincérité qui n'a pour seule excuse qu'un soupçon d'exaspération et que vous voudrez bien agréer ainsi que Madame votre Adjointe, l'expression de ma parfaite considération et de mes sentiments les plus respectueux. A tous les autres, je souhaite une excellente semaine avec nos délicieux bambins pour lesquels en vérité, je souhaiterais que l'on arrête le massacre.

Merci à elle d'avoir mis les mots sur ce qui me pousse à ... "prendre du recul" avec l'enseignement.

[gillesC]

Une superbe lettre, magnifiquement politique dans le sens ancien du terme.

De quoi énerver certains.

[Gassian]

'Tention, Gilles, pas de gros mot.
La politique, c'est SALE.