Que lisez-vous en ce moment ? (part III)

[JB]

Marathon Earth 2, Earth 2: World's End, Convergence, Earth 2: Society. 5 ans après qu'une attaque d'Apokolips a pris la vie de plusieurs millions de personnes, parmis lesquelles Batman, Wonder Woman et Superman, de nouveaux héros émèrgent au moment où Solomon Grundy et Steppenwolf réapparaissent.
... Je ne sais pas pour qui ces personnages ont été créés. Si c'était pour retrouver la Justice Society, tout l'intérêt des personnages de Terre 2 (puis de la Seconde Guerre) était qu'ils sont les précurseurs, les mentors de la génération actuelle de héros. Ici, ils sont simplement les successeurs de la Trinité habituelle. Outre les noms, les origines sont joyeusement redistribuées : Alan Scott, le Green Lantern, est plus ou moins Swamp Thing, Yolanda Montez récupère les pouvoirs d'Animal Man, Lois Lane devient Red Tornado, Jay Garrick se voit offrir sa vitesse par un dieu antique, Batman pique les pilules de Hourman. L'aléatoire le plus total, d'autant plus inattendu lorsque cela vient de James "Starman" Robinson.
La série est également lassante car dans l'action non stop, ne s'attardant que très rarement sur les personnages. On a fait tout un foin du changement d'orientation sexuelle d'Alan Scott, mais son compagnon disparaît dès la fin du premier numéro. On a beaucoup critiqué la mort d'Alexandra DeWitt dans Green Lantern, tout cela pour faire progresser le héros, au point d'en faire une expression, "Women in refrigirator". Ici, ce personnage (Sam) est créé spécifiquement pour mourir et donner une motivation à Alan Scott, et ne réapparaît pas durant le run de Robinson. Pour le coup, c'est là-dessus que je trouverais à redire.
Sinon, que dire... C'est une série qui hait ses personnages (qui sont par conséquents également antipathiques pour le lecteur) : soit les héros sont battus, soit ils doivent faire des concessions, soit ils remportent une victoire à la Pyrrhus. Chaque run laisse Earth 2 dans une position pire que la précédente, et les séries diverses doivent utiliser pas moins de deux "reset buttons" pour finalement donner un happy end à ses protagonistes. Une véritable perte de temps.

[Ben Wawe]

Un titre malade, en effet, autant par sa gestion éditoriale (Robinson débarqué ou parti trop vite, grosso-modo en un an et demi ; Tom Taylor qui sort d'Injustice mais se perd dans la baston constante et répétitive ; et une agonie longue des titres par la suite) que par son parti-pris initial.
En soi, Earth-2 a, à la base, tout d'une sorte de Ultimate DC, avec une base plus extrême : supprimer la Trinité classique, et relancer des personnages connus mais moins prégnants en les "modernisant". Mais c'est, malheureusement, au prix de la "vraie" JSA, l'incarnation de l'héritage et de l'Histoire DC ; le gain est trop faible au vu de la perte.

Reste que la période Robinson m'a amusée, dans la réinvention WTF complète - mais c'est complètement anodin et secondaire, oui. Je n'avais pas payé pour lire ça, et j'en suis bien content.

[Ben Wawe]

Sinon, je suis sur la fin du quatrième tome d'Urban Comics sur le Quatrième Monde (succession de quatre dans mes récents messages, tiens).
Si j'admire toujours la folie créatrice de Kirby, difficile de ne pas sentir l'agonie progressive des idées et de la dynamique du King quand les annulations se sont faites sentir ; les derniers numéros de Mister Miracle en sont déchirants, dans la volonté (imposée ou non) de faire "différemment" et plus mainstream, pour vendre encore.
De même, l'épisode New Gods qui précède Hunger Dogs, que je n'ai pas encore lu, montre aussi que le King, bien des années après le lancement et la tenue des séries initiales, n'a plus forcément la même fougue ou la même vista. Ca reste très bien, mais ce n'est plus la même chose, quand même.

Quelle légende que ce grand mythe à jamais incomplet.

[FA]

	Citation:			Posté par JB
	Marathon Earth 2, Earth 2: World's End, Convergence, Earth 2: Society. 5 ans après qu'une attaque d'Apokolips a pris la vie de plusieurs millions de personnes, parmis lesquelles Batman, Wonder Woman et Superman, de nouveaux héros émèrgent au moment où Solomon Grundy et Steppenwolf réapparaissent. ... Je ne sais pas pour qui ces personnages ont été créés. Si c'était pour retrouver la Justice Society, tout l'intérêt des personnages de Terre 2 (puis de la Seconde Guerre) était qu'ils sont les précurseurs, les mentors de la génération actuelle de héros. Ici, ils sont simplement les successeurs de la Trinité habituelle. Outre les noms, les origines sont joyeusement redistribuées : Alan Scott, le Green Lantern, est plus ou moins Swamp Thing, Yolanda Montez récupère les pouvoirs d'Animal Man, Lois Lane devient Red Tornado, Jay Garrick se voit offrir sa vitesse par un dieu antique, Batman pique les pilules de Hourman. L'aléatoire le plus total, d'autant plus inattendu que cela vient de James "Starman" Robinson. La série est également lassante car dans l'action non stop, ne s'attardant que très rarement sur les personnages. On a fait tout un foin du changement d'orientation sexuelle d'Alan Scott, mais son compagnon disparaît dès la fin du premier numéro. On a beaucoup critiqué la mort d'Alexandra DeWitt dans Green Lantern, tout cela pour faire progresser le héros, au point d'en faire une expression, "Women in refrigirator". Ici, ce personnage (Sam) est créé spécifiquement pour mourir et donner une motivation à Alan Scott, et ne réapparaît pas durant le run de Robinson. Pour le coup, c'est là-dessus que je trouverais à redire. Sinon, que dire... C'est une série qui hait ses personnages (qui sont par conséquents également antipathiques pour le lecteur) : soit les héros sont battus, soit ils doivent faire des concessions, soit ils remportent une victoire à la Pyrrhus. Chaque run laisse Earth 2 dans une position pire que la précédente, et les séries diverses doivent utiliser pas moins de deux "reset buttons" pour finalement donner un happy end à ses protagonistes. Une véritable perte de temps.

J'ai arrêté à Earth 2: Society#1. Je n'ai pas mieux à ajouter que l'avis de Ben Wawe. Après le départ de Robinson, le titre perd de sa superbe même si Taylor fait de son mieux. La narration de Taylor a toujours été légère et avec lui il y a toujours une impression de vite lu. Cela manque toujours de densité et d'ambition. C'est classique tout simplement. Une lecture agréable mais sans plus. Sur Robinson je me suis demandé à l'époque ce qu'il était devenu. J'ai l'impression que c'est avec Earth-2 qu'il a pris un virage dans sa façon d'écrire : là encore moins dense, plus rentre dedans que ce qu'il avait pu produire jusque là. La différence c'est qu'il y a quand même plus d'idée que chez Taylor (ou ses successeurs) et que le travail sur les personnages est bel est bien présent et reste une marque de fabrique chez Robinson.

Earth 2: World's End est une purge totale. Pas fait Convergence (sauf quelques tie-in).

Graphiquement par contre c'est très agréable à lire.

[FA]

Teen Titans: Earth One Vol. 1

W : Jeff Lemire
P : Terry Dodson et Rachel Dodson




Clairement une déception. Rien ne fonctionne dans ce récit, scénario et dessins étant à côté de la plaque et surtout indigne des promesses que de tels artistes associés promettaient.

Des jeunes adolescents rêvent de présages sombres mettant en jeu Raven ou Starfire. Leurs pouvoirs vont apparaitre comme des mutants à la puberté et ils vont découvrir que tout est lié au crash d'un vaisseau extra terrestre une quinzaine d'année auparavant. Bien les adultes ne sont pas ce qu'ils paraissent être et les jeunes vont devoir faire front commun pour combattre leurs prétendus parents.

Déjà Jeff Lemire rate les origines des Teen Titans. On a beau être dans une ré invention (earthone) on s'attend à des liens jeunes-adultes au niveau des pouvoirs. Là rien. Lemire expédie rapidement le côté adolescent au début du récit : mal être, rébellion, incompréhension (poncifs du genre, quoi) et puis voilà. On aurait pu être dans les Runaways de Brian K. Vaughan mais non plus. Le choix de l'équipe est également étrange. On peut dire que le canadien renouvelle l'équipe originel mais pour une première composition cela surprend trop, le lecteur perdant quand même quelques repères (sinon autant ne pas appeler cela Teen Titans) : Terra (avec les Markov qui prennent une importances surprenantes), Changeling, Cyborg, Jericho. L'ajout de Raven vient trop tard comme celui de Starfire, important, mais n'apportant rien à la dynamique du groupe. Le rôle des parents reste flou et là encore certains choix surprennent dans la caractérisation comme Deathstroke qui est à mourir de rire (oui bon sur ce coup là Dodson y contribue beaucoup). Et puis c'est vide. A part les quelques séquences au lycée au début (et encore) le reste se passe dans le désert (même dans la réserve chez Raven c'est vide) ou dans un complexe secret avec presque personne pour meubler. Et puis trop de secret tue le secret. Sujet éculé qui ne colle pas trop avec les ados dont le lien avec les adultes ne fonctionnent pas du coup. Pourtant les jeunes sont presque attachants mais ils ont quand même des réactions agaçantes. Je me demande si Lemire n'aurait pas du prendre un contre pied totale et ne pas les doter du tout de pouvoir ce qui aurait alors été plus dans le ton de l'ambiance générale.

La prestation des époux Dodson. Entre design ridicule (Deathstroke), personnage mal approprié (Changeling, affreux) planches parfois illisibles , manque de dynamisme évident dans l'action mise en place et des formes hésitants entre adultes, ado plantureux ou pas .... comme si ils ne savaient pas par quelle bout prendre cette histoire.

Enfin dernier grief, le cliffhanger ou plutôt la fin du récit très frustrante. Déjà c'est long, peu intéressant et le lecteur comprend à la dernière page que tout a été construit pour avoir une suite faisant de ce volume un récit incomplet finalement.

Bref je n'ai pas aimé : 8/20

[doop]

Est ce que c'est aussi nul au niveau de l'histoire que THE TERRIFICS ???
lemire devrait arrêter de faire du mainstream

[Zen arcade]

Infidel, mini-série en 5 numéros chez Image par Pornsak Pichetshote et Aaron Campbell





Titre mixant horreur urbaine dans un bâtiment hanté et préoccupations sociales.
C'est scénarisé par un ancien editor de Vertigo et ça se sent dans la volonté de gauchir un genre pour proposer quelque chose qui va au-delà de celui-ci.
Ici, les problématiques raciales sont au centre du récit, avec une héroïne musulmane attachante.
Mais les personnages secondaires peinent à exister par eux-mêmes et ne sont utilisés que comme vecteurs du discours appuyé de l'auteur.
Reste de belles ambiances graphiques et un réel effort de singularité même si celui-ci me semble inabouti.
En résumé, ça se laisse lire mais ça aurait pu être beaucoup mieux.


Bon sur ce, je vais entamer le troisième arc de Monstress.

[Ben Wawe]

	Citation:			Posté par arrowsmith
	J'ai arrêté à Earth 2: Society#1. Je n'ai pas mieux à ajouter que l'avis de Ben Wawe. Après le départ de Robinson, le titre perd de sa superbe même si Taylor fait de son mieux. La narration de Taylor a toujours été légère et avec lui il y a toujours une impression de vite lu. Cela manque toujours de densité et d'ambition. C'est classique tout simplement. Une lecture agréable mais sans plus. Sur Robinson je me suis demandé à l'époque ce qu'il était devenu. J'ai l'impression que c'est avec Earth-2 qu'il a pris un virage dans sa façon d'écrire : là encore moins dense, plus rentre dedans que ce qu'il avait pu produire jusque là. La différence c'est qu'il y a quand même plus d'idée que chez Taylor (ou ses successeurs) et que le travail sur les personnages est bel est bien présent et reste une marque de fabrique chez Robinson. Earth 2: World's End est une purge totale. Pas fait Convergence (sauf quelques tie-in). Graphiquement par contre c'est très agréable à lire.

Sur Tom Taylor, je suis d'accord : c'est classique, rapidement lu, mais finalement étonnamment agréable. Un peu comme la recette de cuisine que tu as mangée toute ton enfance, dont tu peux faire une overdose, qui a perdu de son goût, mais n'est jamais vraiment mauvaise.
Après, j'ai beaucoup aimé son All-New Wolverine où il a très habilement finalisé la métamorphose de X-23, et créé le meilleur personnage mutant des années 2010 avec Gabie. Et son Superior Iron Man était pertinent, bien que mort-né.
Cependant, un constat demeure : il est "fait" pour l'écriture des comics digitaux d'Injustice, avec un épisode très régulièrement et en peu de pages. Il y excelle, tout simplement.

Sur Robinson, je pense qu'il a pu, aussi, prendre conscience que son nom seul ne fait plus vendre sur la durée, au-delà des dix/douze premiers épisodes de son passage. Du coup, il abandonne le travail en profondeur des personnages, même s'il en dresse de bons portraits, et adopte un rythme très dynamique et rapide, où finalement les personnages semblent constamment sur la corde raide.
On le voit aussi chez Marvel où, en plus, on peut se rendre compte qu'il transporte ses intrigues de fond au fil des séries. J'ai souvenir que son Squadron Supreme reprenait bien des intrigues de ses Invaders, par exemple.

	Citation:			Posté par doop
	Est ce que c'est aussi nul au niveau de l'histoire que THE TERRIFICS ??? lemire devrait arrêter de faire du mainstream

J'ai envie de dire oui et non à tes deux phrases.
Oui, le scénario de The Terrifics est nul... mais uniquement sur les trois premiers numéros. Depuis le #4, et le fait que Lemire assume pleinement l'héritage des Fantastic Four et oriente sur l'aventure fun, c'est un régal ; d'autant plus les #5 & 6, où il a en outre l'intelligence de jouer sur la narration, avec un nombre de cases par planches dépendant de la réunion ou de l'éclatement du groupe (quatre cases : les quatre personnages sont dans leur coin, une case/chacun ; trois cases : deux cases/deux personnages dans leur coin, deux se rassemblent ; deux cases : deux groupes différents ; pleine page : tous ensemble). C'est malin, pertinent, et ça permet en outre de creuser réellement ses héros.
Et oui, Lemire devrait arrêter de faire du mainstream. Même si j'aime The Terrifics, et même si j'aurais sûrement dit clairement "non" à ta remarque il y a peu, la lecture de Sentry #2 m'a convaincu que le mainstream n'est pas fait pour lui. Il lance régulièrement de bonnes idées et a de bonnes bases, mais ça s'écroule généralement très, très vite.

[doop]

ah oui, du coup, vu que je me suis arrêté au 4....

[Ben Wawe]

Et tu en avais pensé quoi ?

[doop]

Ah ben que Terrifics c'est juste terriblement mauvais. Pas d'histoire, c'est du n'importe quoi... Pas de relation entre les persos, une justification déjà vue 10 000 fois pour les tenir ensemble. Les dessins OK mais encore, y'a du fill-in et des trucs pas beau...

Le 4 était encore plus vide, c'est celui du poulpe géant je crois !

[Ben Wawe]

Je te rejoins sur l'immense déception des trois premiers, qui souffrent des défauts que tu évoques. En soi, le #4 n'était pas plus bavard sur les personnages, même s'il définissait plus Phantom Girl ; je l'ai néanmoins aimé, pour l'aspect aventure fun.
Si tu peux, je serais curieux de connaître ton avis sur les #5 & 6 : il y a un vrai bond qualitatif, les personnages vivent enfin - le deuil de Terrific est abordé, Metamorpho souffre de son statut et de sa relation biaisée avec la fille de son ennemie, Plastic Man a un passif familial surprenant... et tout fonctionne, notamment parce qu'ils commencent à communiquer, échanger.

[doop]

Je les lirai un petit peu plus tard car je dois faire plein de chroniques pour top comics.
Une critique de terrifics sera d'ailleurs faite sur le site.

[Ben Wawe]

Curieux de lire ça.
Franchement, j'étais très emballé par The Terrifics, autant pour les artistes que parce que le "troll" de DC envers Marvel, qui allait relancer les F.F., me faisait mourir de rire. Le début m'a totalement douché, mais je suis maintenant ravi.
A mon sens, ça et Sideways semblent les seules choses qui peuvent réellement marquer de la future défunte ligne The New Age of Heroes.

[FA]

Comme Ben mais je mets également le #3 dans les bons numéros. Sur Lemire et le mainstream je suis paradoxalement assez indulgent. Son Green Arrow (et Animal Man et Justice League Dark) était bon par exemple et chez Marvel son Thanos intéressant. En fait cela dépend chez cet auteur de son actualité et de la somme de travail qu’il accepte. Green Arrow a montré que si on lui donne du temps et moins de contraintes éditoriales (pas comme sur les X-Men) il propose des choses intéressantes chez les big two.