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Vieux 25/10/2009, 15h38
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Hawkguy
 
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Je vous propose un texte qui a deux particularités :

- la 1ère est qu'il ne s'agit pas d'un texte "sur" la drogue, mais plutôt d'un texte "drogué", dont l'argument est surréaliste, qui aurait pu être écrit par quelqu'un de bien "chargé". On peut le prendre ainsi ou comme texte à tonalité fantastico-absurde - je vous laisse juge.

- La 2ème est que c'est un texte dont j'ai eu l'idée il y a au moins vingt ans, mais je n'ai pas rédigé ce que vous allez lire tout seul mais avec mon meilleur ami (que je choisis de nommer ici par son pseudo de l'époque, Andrej Watansky). A cette époque, il était aussi le co-scénariste des Bd que je dessinai, et d'ailleurs, initialement, ce texte devait être illustré (avec d'autres, tous aussi bizarres, dans un recueil que nous avions intitulé SHORT STORIES). Ce projet n'a jamais vu le jour (pour moults raisons...).

J'ajoute qu'il s'agit de la transcription brute du texte qui tient plus du séquencier (en 12 volets) que d'un texte vraiment littéraire, avec une vraie mise en forme.

LA RADIO DEGLINGUEE

1 :

Une matinée d'été. Il est environ 9 h du mat'. Il fait très beau, le soleil entre à flot dans un appart qui n'a rien de spécial. Tout semble profondèment banal. Un type qui vient juste de sortir de son lit. Il fait chaud, il n'est vêtu ue d'un caleçon. Le type mesure dans les 1m 75, il est plutôt longiligne. Pas très balèze. Donnons-lui dans les 25-35 ans. Il a l'air jeune en tout cas (pas tout à fait comme Michael J. Fox quand même, n'exagérons pas !). Cheveux châtains clairs ébouriffés, en bataille. Il a de la barbe sur le visage. Il est seul sur le seuil de sa chambre, prêt à traverser l'appart pour se rendre à la cuisine. De la main droite, il tient le mur de sa chambre tandis que de la main gauche il se gratte la nuque. Il bâille.

2 :

Gros plan sur le visage du "héros". Il ne bâille plus. Il n'est ni beau ni laid. Il a une bonne tête, à la Bruce Willis (un Bruce Willis pas rasé, mais je crois que ça existe !). Il a cependant le visage un peu moins rond. Il a encore les yeux collés après une bonne nuit de sommeil. Il est encore un peu dans le coltard. On est toujours complètement abruti après une bonne nuit de sommeil (parfois on est abruti toute sa vie !). Toujours est-il que Mr X. promène sa main droite dans sa barbe d'une nuit.

3 :

Gros plan sur une casserole de café noir qui chauffe sur un gaz. La cuisinière est standard (d'ailleurs on n'en voit que les brûleurs). La casserole est petite. Il ne chauffe du café que pour une personne, qui n'en boira qu'une tasse. (En parlant de café, as-tu "Un thé au Sahara" ?)

4 :

Plan moyen. Notre héros se verse du café dans une tasse. 3-4 toasts fument dans une sorte de présentoir à toasts. Sur la table, une radio de modèle tout à fait ordinaire, même un peu démodé. Une radio normale quoi. Notre héros anonyme (héros sans emploi, comme dirait Gaston Lagaffe) tourne le bouton de sa radio. Inutile de représenter ce qui en sort, une parole du personnage suffit :

- Merde, Elton John !

Notre personnage change de fréquence :

- "Rubrique horoscope présentée par Judy Shorter - 'ctoire des Mets sur les Giants par 3 à 1 - de notre programme jazz avec "Mood Indigo" de Duke Ellington"

Super ! Mr X. mange ses toasts, engloutit son café, le poste de radio face à lui, "Mood indigo" en fond sonore.

5 :

Tout à coup : "KZCHH !" dans la radio. Notre héros se rue sur son récepteur radio qui reste coi. Assez furax, il s'exclame :

- Hé ho ! En plein Duke Ellington !

Il examine le poste, qu'il tient dans ses mains, sous toutes les coutures. Il tourne le bouton de modulation de fréquence : silence radio. Il donne des coups : rien. Tout d'un coup, une voix sort du poste :

- "Prenez votre voiture et roulez jusqu'à ce vous n'ayez plus d'essence. Je répéte : prenez votre voiture. Roulez jusqu'à ce que vous n'ayez plus d'essence."

Mr X. se lève, regarde sa montre : 9h 37. Air dubitatif. Haussement d'épaules, air du type qui n'a rien d'autre à faire. Il dit :

- 'près tout, pourquoi pas ?

6 :

Notre type qui sort en trombe d'un immeuble. Il a le poste de radio à la main. La journée est belle, ensoleillée : il fait chaud, il fera chaud. Chaude journée, donc habillement léger et frais pour le héros : dans les tons gris, un ensemble chemise-futal plutôt chicos. pour le style, un croisement de David Lynch et de Paul le saxophoniste (Lynch pour le côté classe, Paul pour le côté négligé - le col boutonné de Lynch me paraît trop personnel et formel).
La voiture de notre héros est garée à deux bagnoles de l'entrée de son immeuble. Sa voiture : une Dodge Omni America (la réplique US de la Talbot Horizon). Sa voiture est usagée, un peu déglinguée. Devant, derrière, partout.
Notre héros monte dans sa caisse, met la radio sur le siège passager à sa droite. Coup d'oeil à la jauge d'essence. Elle n'est pas pleine - tout au plus une centaine de bornes. C'est d'ailleurs la réflexion que se fait le héros :

- A vue d'nez, ça nous f'ra une centaine de bornes."

Clé de contact, démarrage. Commentaire du héros :

- Go west, young man !

7 :

Plan de profil du héros, dans sa voiture. Visage tendu, attentif.
Off :

- "Anticipant les croisements, la radio donne ses ordres : à gauche, tout droit, à gauche, à droite... L'itinéraire semble choisi au hasard, mais la voix de la radio est précise et impérieuse. Une fois sorti de la ville, la radio se tait. La route est droite et semble mener à l'horizon."

8 :

Le décor est simple : une route droite qui coupe le désert en deux. Le désert : des cailloux, du sable, de rares cactus. Pas de grands massifs montagneux, rocheux, rongés par l'érosion pour attirer l'oeil. Sur la route, une seule voiture : celle de notre héros.

9 :

L'intérieur de la voiture. Coup d'oeil sur la jauge d'essence : c'est vide, la réserve de sécurité est bien entamée. Le héros :

- Ah, ça tousse ! C'est la fin du voyage !

Il chante :

- "This is the end / My only friend / The end..."

10 :

La Dodge, arrêtée sur le bas-côté d'une route en plein désert. Le mec est dehors, adossé à la portière conducteur de la bagnole. Pose à la Lee Marvin (une sacrée dégaine !). Il grille une clope. Simple trait de plume pour symboliser la fumée. Le mec de profil. On le voit en entier.

Un blanc.

11 :

Deux bonhommes dans une vieille camionnette US : notre héros anonyme avec sa radio et une sorte de vieux plouc dans les 65-75 balais, la gueule burinée, le poil raide. Il doit se ravager à la mauvaise gnôle. Visiblement, il l'a pris en stop.
Le vieux :

- Heureusement qu'j'passai par là sinon... T'aurais fait un beau steak pour les vautours ! Au fait, qu'est-ce que tu foutais là, planté en plein désert ?

Le mec :

- J'sais pas... J'crois que j'ai entendu des voix...

Le vieux :

- Et pourquoi qu't'as amené ta radio ?

12 :

Gros plan sur une radio déglinguée, éventrée, qui a laissé partir ses piles. Elle gît lamentablement sur la route qui traverse le désert. Quelqu'un l'a probablement jetée d'une voiture...
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