Spider-Man : Life Story #1
Ho, mais que voilà une possible très bonne petite surprise.
Chip Zdarsky lance une mini-série de six épisodes sur un thème maintes fois évoqué : le passage du temps "en vrai" pour les personnages de comics, via leurs années de départ "en vrai" également. Ici, on voit donc Spider-Man en 1966, environ quatre ans après ses débuts ; la saga doit couvrir une dizaine d'années, avec un passage du temps "réel", et confronter le personnage aux enjeux de l'époque. Notamment le Vietnam.
Et ça démarre très bien.
On découvre un Spider-Man déjà expérimenté, en pleines études, dans ce contexte social et politique si difficile. Peter Parker la "ramène" plus, il n'hésite plus à répliquer à Flash Thompson et à draguer... même si le poids du secret est lourd envers Gwen, et même si surtout Flash va partir à la guerre ; car il pense que c'est ce que Spider-Man ferait. On découvre aussi et surtout que Norman Osborn sait, déjà, et entend agir en ce sens, mais on assiste aussi aux débats intérieurs de Spidey face à la guerre (y aller ? révéler son identité à ses proches ?). Captain America s'interroge aussi, alors que Iron Man est déjà au Vietnam pour "aider".
Zdarsky livre un #1 très dense, très dynamique et très bon. Il est très agréable de retrouver un jeune Peter, mais pas trop à ses débuts ; à une époque où il est un jeune dans le vent, avec plus de gouaille qu'avant. L'ambiance des comics d'antan est bien repris, et les difficultés du secret sont bien rendues. Mais surtout, c'est la relation Parker/Flash/Spidey qui est très bien écrite, ainsi que celle entre Spidey & Norman. Zdarsky n'hésite pas à aller vite et bien pour régler les cas, et n'hésite pas surtout à prendre des décisions tranchantes : Jonah a des soucis avec l'Etat pour ses implications dans des plans contre Spider-Man... mais ce sont surtout les deux cliffhangers qui marquent.
Gwen découvre que Peter est Spidey, avec une superbe image silencieuse d'eux deux perdus dans une foule ; et, l'année d'après, on découvre que Captain America serait un "traître" et s'oppose aux soldats américains, en protégeant les Vietnamiens. Contre Iron Man, a priori.
Zdarsky y va fort et vite, donc, mais rien n'est précipité. Le numéro est dense, un peu bavard, mais ça correspond au style, au personnage et au propos. L'ensemble est très solide, très touchant, et j'ai vraiment hâte de lire la suite.
Notamment parce que Mark Bagley semble impliqué dans le projet, et livre de très, très belles planches. S'il a toujours été à l'aise sur le Tisseur, cela fait longtemps que je ne l'ai pas vu dans une telle forme. C'est beau (si on accepte son style), c'est très dynamique, c'est très appliqué ; c'est très adapté, surtout, au propos.
Une vraie belle surprise. Vivement la suite.