Envoyé par Ivan Rebroff
(Message 1354262)
Si. Quand tu aimes une série tv, tu sais une chose : soit elle va te quitter, soit tu vas la quitter. Il n'y a pas de position médiane. Une fois que tu as plongé dedans, tu es dedans, et tu y es jusqu'à ce que le truc soit annulé ou jusqu'à ce que tu perdes tout intérêt parce que tu as compris tous les tics de la série ou parce que ce n'est plus la même.
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est aussi mauvais que Scrubs, on est toujours en présence d'une série souvent drôle, bien jouée, bien réalisée, souvent bien écrite, avec des premiers et seconds rôles joliment présents quand l'occasion se présente. Et puis, ce serait oublier les épisodes ratés de la 3e saison.
Mais nous en sommes à la 4e saison, et les blagues commencent à sentir le faisandé, on rit moins, et, opprobre suprême, les personnages, qui ont à une époque présenté des nuances, semblent redevenir définis par un seul trait de caractère - Jeff l'homme à femmes, Shirley la chrétienne, Pierce le vieux bougon, Troy l'enfant dans un corps d'adulte, Britta l'absence de confiance en soi qui se ment, Annie la préférée du prof, et Abed le dysfonctionnel qui se réfugie dans la pop culture. Le tout enrobé dans des situations comiques qui auraient fait naître un sourire au cours de la 1ère saison, mais qui font aujourd'hui sourire jaune.
Certes, Aguéev, les acteurs sont bons. Mais ce qu'ils jouent sonne irrémédiablement creux. Peu importe que Dan Harmon semble être un trou du cul arrogant et insupportable, c'est lui qui donnait sa cohérence, son liant à Community. Sans lui, cette série commence à avoir le goût de n'importe quelle sitcom. Ce n'est pas un goût que j'apprécie.
Sûr, ça reste fou, et ça fait du bruit comme si ça s'amusait. Mais je cherche toujours à entendre les notes plus discrètes, celles qui permettent de véritables interactions émotionnelles entre les personnages, qui sont fidèles à la vision de Dan Harmon d'un monde dur, d'une société qui exclut les inadaptés, mais qui ne veut rien de plus fort qu'un gigantesque câlin collectif.
Certes, il y a des plots qui veulent instiller de l'émotion, qui veulent faire évoluer les personnages vers une meilleure compréhension mutuelle d'eux-mêmes et des pairs de leur study group, mais tout sonne trop encadré par les règles de la sitcom. Je n'ai pas envie de revoir une énième copie de Friends, surtout après qu'Abed m'a expliqué pourquoi Community ne peut pas être Friends.
Mais peut-être est-ce moi qui ai vieilli. Peut-être que la série n'a pas changé, peut-être est-ce moi. Il y a quelques étincelles qui sont nées dans mes yeux à la vision de ces deux épisodes, comme une reconnaissance de l'ancien temps, qui vont me pousser à regarder cette saison dans son entièreté, parce que j'aime les personnages, parce qu'ils font partie de moi depuis deux ans. Mais je sais que je serai déçu chaque semaine, parce que l'âme de la série l'a désertée.
C'est ce qu'on appelle de l'engagement. Ou du masochisme, je ne sais trop.
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