Envoyé par Rue89
Guide de conversation sur l’Euro pour les nuls en foot
Vous n’aimez pas le foot. Mais pendant un mois, vous allez entendre parler de l’Euro, qui commence ce vendredi. Voici de quoi briller en société.
Regarder un match de foot, ça vous plaît autant qu’avaler une poignée de clous rouillés. Forcément, vous vous moquez éperdument de l’Euro de foot, qui démarre aujourd’hui avec un Pologne-Grèce, suivi de Russie-République Tchèque, deux « affiches » qui vous donneraient presque raison.
Mais vous n’y pouvez rien : dans les semaines qui viennent, vous allez croiser un paquet d’interlocuteurs qui vont vous parler du missile d’Iniesta, de la boulette d’Evra ou de ce petit défenseur droit danois là, qui n’est pas dégueu. Vous pourrez avoir envie de les impressionner ou de les faire tourner en bourrique. Voilà quoi répondre à quelques phrases que vous entendrez devant la télé ou à la machine à café.
Moi, l’équipe de France, je la vois bien en finale
Explosez de rire, fixez votre interlocuteur bien droit dans les yeux et dites :
« Tu crois vraiment qu’une animation offensive peut seulement reposer sur la complicité de deux joueurs, Benzema et Ribéry ? Blanc cherche encore la bonne formule : tu as bien vu contre l’Islande qu’on ne peut pas faire jouer ensemble les mecs de 87, c’est juste une question de repli défensif. Ben Arfa et Ménez titulaires en même temps, pfff.
Et je ne te parle même des incertitudes en défense : si Mexès n’est pas capable de se rassurer tout seul, comment veux-tu qu’il permette à Rami de s’épanouir ? Et Evra... »
La France championne d’Europe ? Ha ha, elle va même pas passer les poules
Comme vous êtes pires que le pire des sophistes, vous pouvez défendre tout et son contraire. Regardez :
« Ne sois pas si sûr de toi, mon grand. On reste sur 21 matches sans défaite et on a beau dire que le Brésil, l’Angleterre et l’Allemagne n’étaient pas au top, et bien, on les a quand même battus.
Je suis désolé mais une bonne animation offensive peut très bien ne reposer que sur la complicité de deux joueurs. A côté de ça, Malouda, je le sens hyper bien. Cette nouvelle place, un peu plus en retrait, lui va à merveille. C’est que comme ça qu’il peut s’exprimer à son âge. »
La France ok, mais s’ils descendent du bus ! LOL
Vous vous retenez de lui mettre votre poing dans la figure :
« Ca fait deux ans, on va peut-être arrêter cette vanne non ? Et puis ça n’a rien à voir, plus de la moitié de l’équipe a été renouvelée et le vestiaire a l’air de respecter le sélectionneur. Et Lloris capitaine, c’est quand même autre chose qu’Evra le chasseur de taupes. »
L’Angleterre, même leurs supporters n’y croient plus
Prenez votre interlocuteur par les épaules et chantez à gorge déployée :
« It’s coming home, it’s coming home, it’s coming, Football’s coming home ! »
L’Euro, rien à foutre ! C’est encore l’Espagne qui va gagner
Reprenez votre regard dédaigneux d’expert :
« Détrompe-toi, mon ami. Le forfait de Villa, c’est la pire nouvelle qui pouvait leur arriver parce que Llorente va tout gâcher. Ce grand Basque-là, il est sympa pour marquer deux ou trois buts avec Bilbao mais au niveau international, il n’a jamais rien prouvé.
Et la défense commence à ne plus tenir la route : Sergio Ramos et Piqué peuvent pas se sentir. Alors, ok, il y a Mata mais bon... »
Ce groupe B, ça va être une véritable tuerie
Cette fois, on plisse les yeux :
« Et bien, figure-toi que je pense le contraire. Le Portugal est beaucoup trop faible, cette équipe ne compte pas ! Je te conseillerais plutôt d’être très très attentif au sort de la poule C parce que l’Italie est plongée dans une tourmente dont elle ne se relèvera pas, cette fois.
Et l’Eire de Trapattoni, ça peut-être quelque chose de très fort. Des guerriers, des contres, c’est ça qui marche à l’Euro. Dois-je te rappeler la victoire de la Grèce ? »
J’ai vu tous les matches depuis le début de l’Euro. Cette édition est super
Hochement de tête, le regard dans le vague :
« Moi aussi... Pejcinovic m’a bluffé. Dire qu’il joue à Nice... »
T’en penses quoi de cette équipe russe, toi ?
Amusé mais sûr de sa force :
« Hmm, emballante. Joueuse. Rugueuse, bien sûr, mais surtout imprévisible. Cet Arshavine a un grain de folie qu’on avait tendance à oublier. Et ce Kerzhakov ! Pour une fois, je dois avouer que je l’avais pas vu venir, celui-là. Quelle élégance, et une efficacité RE-DOU-TA-BLE. Il faut dire qu’on est rarement déçu par les produits maison du Zenith, hein ! »
Les Pays-Bas, ce qui va les bloquer à un moment, c’est la guerre des égos
Eclat de rire. Bien fort.
« Ha, ha, toi, tu ne connais pas Bert Van Marwijk. C’est sans doute l’un des sélectionneurs les moins médiatiques mais justement, c’est tout son talent. Discret mais dur, capable de gérer un effectif, en étant tour à tour papa et gendarme. Tu vas voir que Van Persie et Sneijder vont finir par se faire des bisous ! »
Y’a quand même un paquet d’équipes en bois dans cet Euro
Vous prenez les quatre groupes et lui démontrez l’inverse par l’exemple :
« La Pologne ? Les deux gardiens d’Arsenal (Szczesny et Fabianski), deux des meilleurs tireurs de coup franc de Ligue 1 (Dudka et Obraniak), et le duo du champion d’Allemagne, Blaszczykowski-Lewandowski devant.
La Grèce ? Invaincue en qualifications, une tactique chiante mais éprouvée et Sotiris Ninis, le prochain meneur de jeu de Parme que toute l’Europe suit depuis des années.
Le Danemark ? L’ailier le plus classe du monde, Dennis Rommedahl, et y’a Christian Eriksen, le meneur de l’Ajax, 20 ans et de l’or dans les pieds. Et leur défense centrale, c’est Kjaer de la Roma et Agger de Liverpool.
L’Ukraine ? Le jubilé de Shevchenko et le survêt’ de Blokhine sur le banc, ça t’intéresse pas ? »
Attention : si vous ne voulez pas recevoir des dizaines d’invitations pour venir voir Grèce-Russie à la maison, pensez à arrêter de mentir à un moment.
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