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FrancoisG 13/10/2017 10h36

Grosse hype sur Mindhunter !!:woot:

Rhodey 13/10/2017 14h07

Citation:

Envoyé par zenita (Message 1728037)
The deuce, c’est du Simon pur!

Si tu n’as pas aimé ses œuvres précédentes, tu n’aimeras pas the deuce.
Perso, je trouve que plus ça avance et mieux c’est ...

Après dire qu’il ne s’y passe rien, c’est un peu vrai mais perso, je trouve qu’il s’y passe tout moi...

L'ambiance des 70's peut accrocher certaines personnes.
J'imagine qu'on peut passer à côté de The Wire si on n'accroche pas au côté street level et qu'au contraire les 70's peuvent constituer une porte d'entrée. Encore que, je connais des personnes tellement différentes qui ont regardé The Wire que je me dis qu'il n'y a pas de raisons de passer à côté.

Rhodey 13/10/2017 14h11

Citation:

Envoyé par FrancoisG (Message 1728205)
On regarde en ce moment.
Je pensais que ça serait plus fun, alors que pour l'instant, c'est assez désabusé...

On s'attache très vite à la galerie de personnages, et l'ambiance 80's est bien reconstituée.
Pis bon, Alison Brie, quoi :luv:

Ca m'a échappé au bout de 5 épisodes.
Je m'attendais aussi à une série plus fun, mais c'est même pas ça le problème. Je pense que je n'ai pas vraiment accroché à la galerie de personnages hormis le Alison Brie et le réalisateur et que les galères du groupe de nanas durant la préparation ne m'intéressait pas tant que ça. J'aurais préféré qu'elles aillent plus vite en représentation et qu'ils fassent plus d'ellipses sur la préparation. Au 105, je me suis dit que les trailers étaient merdiques car ils laissaient entendre qu'on allait les voir sur le ring, et donc que la démarche serait couronnée de succès. Donc du coup, même si elles galèrent pas mal, tu sais qu'à la fin ça va marcher, donc c'est moins attachant...

Rhodey 13/10/2017 14h15

Citation:

Envoyé par gambit (Message 1728003)
vu the gifted....

pas mal du tout, des références aux xmen, des persos connus comme proudstar, blink, polaris, les struckers......

j'adore toujours amy acker!!!

seul le gosse m'énerve un peu avec ses mimiques

C'est pas extraordinaire, mais c'est bien mieux que ce que je craignais. Et après la catastrophe Inhumans, ça a l'air presque génial.
Après deux épisodes, je dirais qu'on est dans les eaux de Heroes. Il y a du potentiel pour faire quelque chose de vraiment bien, ou alors ça peut stagner et devenir emmerdant en utilisant des grosses ficelles. Pour l'instant, c'est dur à dire, il y a des trucs qui ne marchent pas, d'autres mieux, ils sont passés à l'action très vite.

Slobo 14/10/2017 12h29

Pour ceux qui lise le comics :
Sabrina cheeling aventure va avoir un pilote :
https://www.hypnoseries.tv/www/news....rina-6194.html

FrancoisG 20/10/2017 09h17

Nous en sommes seulement au 3eme épisode de The Get Down.

Les délires clivants de Baz Luhrmann sont au rendez-vous mais je suis client.
C’est jouissif. C'est dense. Cette impression d'avoir regardé un film après chaque fin d'épisode :ouf:

Bon, forcément, avec ma chance, la deuxième moitié de la saison n'est pas dispo. Sans compter l'annulation de la série, mais je commence à être habitué avec ce que j'aime.

wildcard 20/10/2017 15h47

Citation:

Envoyé par FrancoisG (Message 1728631)
Grosse hype sur Mindhunter !!:woot:

Et c'est justifié !;)


Après avoir enchaîné le visionnage de plusieurs séries de grande qualité, dont j'ai fait le compte-rendu ici, j'ai éprouvé le besoin de faire une pause. Si l'offre est abondante, elle l'est aussi presque trop et on ne sait plus où donner de la tête actuellement. Puis de nouvelles productions inédites s'annonçaient, qui viendraient bien assez vite et m'accapareraient à nouveau.

Parmi ces nouveautés prometteuses, l'une m'attirait spécialement : Mindhunter, produite par le prestigieux duo formé par David Fincher (déjà à l'oeuvre sur le célèbre House of Cards) et Charlize Theron. Inutile de faire durer le suspense : c'est une réussite absolue. Un chef d'oeuvre même.

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Les agents spéciaux Bill Tench et Holden Ford (Holt McCallany et Jonathan Groff)

1977. Holden Ford est un agent spécial et instructeur du FBI, spécialisé dans la négociation lors de prise d'otages. Sa dernière mission s'est soldé par un échec - le preneur d'otages s'est suicidé - et ses élèves suivent ses cours sans passion. Frustré, il souhaiterait élargir son champ d'action en étudiant le comportement de tueurs violents afin de comprendre leurs motivations, leur fonctionnement et apprendre à anticiper de futurs crimes. Après en avoir parlé à son supérieur, le chef Shepard, il est associé au vétéran Bill Tench, responsable de l'Unité des sciences comportementales du Bureau.

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Le criminel Ed Kemper et l'agent spécial Holden Ford (Cameron Britton et Jonathan Groff)

Tench est réservé sur le projet de Ford, doutant qu'on puisse prévoir des crimes violents, mais Holden finit par le convaincre de participer à des entretiens qu'il commencés à réaliser avec Ed Kemper, auteur de meurtres particulièrement atroces, avec lequel il est certain d'avoir établi un dialogue fiable. Ils font cela sur le temps libre dont ils disposent entre deux déplacements en province où ils rencontrent des flics ordinaires avec lesquels ils partagent la méthodologie du FBI concernant les balbutiements du profilage. Mais quand leur hiérarchie l'apprend, leurs recherches provoquent des réactions négatives.


Holden grâce au soutien inattendu de Bill obtient quand même de poursuivre ses entretiens en prison et son collègue introduit dans leurs études une amie, psychologue réputée, le Dr. Wendy Carr. Elle élabore une stratégie plus aiguisée pour cerner le passé et ses conséquences sur leurs actes des criminels alors que jusque-là les deux agents improvisaient et tâtonnaient. Cette modification dans leur approche appliquée leur concours dans une affaire locale est un succès puisqu'elle permet à la police d'appréhender et de confondre le coupable d'un homicide violent.

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Debbie Mitford et son fiancé Holden Ford (Hannah Gross et Jonathan Groff)

En parallèle, on découvre l'intimité des trois collaborateurs : Holden a une liaison avec une ravissante étudiante, préparant son doctorat (donc capable de soutenir ses réflexions) ; Bill est en couple avec sa femme mais l'enfant qu'ils ont adopté se mure dans le silence sans qu'ils trouvent une psychothérapie concluante ; et Wendy a une relation avec une collègue qu'elle s'apprête à quitter après que le FBI lui offre un poste de consultante pour superviser Ford et Tench. Wendy réussit à lever des fonds privés pour financer leurs travaux, ce qui incite le Ministère de la Justice à mettre aussi la main à la poche.

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Holden Ford, Wendy Carr et Bill Tench

Le double emploi des agents les accapare de plus en plus : ils doivent s'acquitter de visites dans des postes de police en qualité de conseillers, et parfois aussi pour participer à des enquêtes (en l'occurrence le meurtre d'une jeune fille dont les suspects sont son petit ami, la soeur de celui-ci et le fiancée de cette dernière) ; mais ils poursuivent leur série d'entretiens avec des criminels violents, comme Monte Rissel, au profil différent de Kemper. Disposant de plus de recul, Wendy détermine, elle, les similitudes entre ces meurtriers, déjà détenus ou suspects, et, avec Ford et Tench, cherche un terme générique. La notion de "tueur en séquences" fait place à celle de "tueur en série".

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Bill Tench, Holden Ford et le criminel Monte Rissel
(Holt McCallany, Jonathan Groff et Sam Strike)

A ce stade de leurs avancées, sur le terrain mais aussi avec leurs interviews, Ford, Tench et Carr doivent recruter pour gérer les dossiers qui s'accumulent. Il faut transcrire les témoignages des tueurs et trouver d'autres interrogateurs. Mais la sélection est difficile car il faut composer avec les préjugés des tueurs et l'envie de leur hiérarchie de contrôler leurs recherches - ainsi le chef Shepard leur impose-t-il un assistant, ami d'un ami. Ford est le plus contrarié par l'évolution de leur structure, tout comme par l'insistance de Wendy et Bill à respecter un questionnaire alors que lui préfère improviser en fonction de son interlocuteur. Il compte prouver qu'il a raison avec son prochain candidat : le criminel Jerome Burdos.

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Holden Ford et le criminel Jerome Burdos (Jonathan Groff et Happy Anderson)

Après le très loquace Kemper et le nerveux Rissel, Burdos s'avère un redoutable manipulateur, très narcissique. Pour le percer à jour, Holden le laisse parler de lui à la troisième personne puis, contre l'avis de Bill, lui offre une paire d'escarpins à talons aiguilles qui satisfait son fétichisme et le motive pour s'épancher. Dans le privé, Wendy s'habitue à sa vie solitaire même si elle cherche à attirer un chat errant, dont elle entend les miaulements dans la buanderie de son immeuble ; Bill avoue à sa femme son découragement vis-à-vis de leur fils alors qu'elle songe à le confier à une musicothérapeute ; et Holden découvre que Hannah le trompe avec un camarade à l'université, ce qui cause leur rupture malgré une brève réconciliation.

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Bill Tench, Wendy Carr et Holden Ford

Les rapports professionnels entre Holden, d'un côté, et Bill et Wendy, de l'autre, se tendent de plus en plus à cause des improvisations provocatrices du premier lors des interviews. Néanmoins, les deux agents, sur le terrain pour une nouvelle affaire de meurtre, oublient leur contentieux et, suivant successivement l'intuition de Ford, confondent un élagueur forestier itinérant pour le viol et la mort d'une majorette en recourant à une mise en scène dérangeante. Autour d'un verre avec les policiers, Holden se vante ensuite de ses ruses. Conséquence : les journaux évoquent l'affaire résolue et les méthodes employées, ce qui met Wendy en colère car désormais les détenus interrogés vont se méfier d'eux, persuadés qu'au lieu de les faire parler d'eux ils voudront les accabler aux yeux de la justice ou les manipuler pour que le FBI s'en glorifie ensuite.


Pourtant, la crise qui couve va réellement éclater avec le prochain tueur en série rencontré par Ford et Tench : Richard Speck se montre peu coopératif, agressif, et porte plainte contre eux après leur visite car il a subi des violences de la part d'autres prisonniers. En outre, durant l'interrogatoire, Holden a employé un vocabulaire vulgaire pour pousser Speck à se confier sur un viol, mais censure ensuite ce passage lors de sa transcription. Wendy le découvre puis le rédacteur envoie, anonymement, l'enregistrement complet à la police des polices.

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Le criminel Richard Speck (Jack Erdie)

L'équipe est à son tour passé sur le grill par les affaires internes. Holden ne peut supporter qu'on remette en cause l'efficacité de son travail, quand bien même sa méthode est discutable. Bill le lâche, comme Wendy. Le délateur pense, lui, avoir accompli son devoir en dénonçant ces pratiques. Apprenant, dans l'intervalle, que Kemper a tenté de se suicider et l'a désigné comme responsable pour le traitement médical à suivre, Holden se rend à son chevet. Leur face-à-face fait craquer l'agent spécial qui s'effondre ensuite dans le couloir de l'hôpital, victime d'un malaise respiratoire...


Fascinant objet narratif que ce Mindhunter en vérité.

En surface, il s'agit d'une série policière sur les origines du profilage et la frontière ténue entre ceux qui traquent le mal (ses origines chez les tueurs déjà arrêtés, mais aussi en voulant appréhender des criminels dans la nature) et ceux qui le commettent. Pourtant vous ne verrez pas de courses-poursuites spectaculaires, de tirs avec ou sans sommation contre des suspects, de procès avec témoignages à charge des agents de police ou du FBI. La série fuit l'action pour revenir aux bases : le questionnement, les doutes, les tâtonnements, l'impact que la fréquentation avec l'horreur a sur la vie quotidienne (privée, professionnelle, amicale, amoureuse), l'élaboration laborieuse d'une méthodologie, le débat entre les vertus d'une stratégie stricte, claire et nette et les mérites de l'improvisation pour provoquer les confidences des monstres. Et, enfin, le résultat de tout cela, s'il en vaut la peine, entre les pressions d'une hiérarchie bureaucratique, les tensions entre collègues, l'approche académique d'une universitaire et celle plus pragmatique des agents...

En vérité, Mindhunter, créé par Joe Penhall d'après le livre de John E. Douglas (l'agent qui a servi de modèle au personnage de Holden Ford) et Mark Olshaker, raconte plus sûrement, selon moi, ce qu'est une histoire, la raconter, l'écouter, la comprendre, la relater, l'exploiter.

Car la série se résume, puissamment, mais de manière étonnamment minimaliste en fait, à cela : deux hommes dans une cellule de prison qui en écoute un troisième débiter les horreurs qu'il a commises et tenter d'en tirer ensuite un traité sur la manière à la fois de saisir les motivations, le fonctionnement de tueurs, et d'anticiper de futurs crimes violents, d'établir les fondations d'une justice préventive et pro-active.

Lorsque Holden Ford et Bill Tench enregistrent les confessions, confidences, d'Ed Kemper, Monte Rissel, Jerome Brudos, Richard Speck, qu'ont-ils face à eux sinon des ogres sortis de contes ? Et les contes ne sont-ils pas étonnamment macabres, atroces, violents, traumatisants, métaphoriques ? Il était une fois une jeune fille attirée par un loup qui finit par la dévorer après lui avoir fait subir les derniers outrages. Des récits affreux, inspirés à leurs auteurs par des motifs récurrents, sommairement ciblés par la psychanalyse freudienne, comme le père absent et/ou une mère écrasante, une sexualité frustrée, des humiliations qui, un jour, éclatent et provoquent le passage à l'acte, le basculement dans les ténèbres.

Le sens de tout cela se révèle, à la manière d'une photo qu'on développe dans une chambre noire, par le personnage de Wendy Carr, inspirée par le docteur Ann Wolbert Burgess, qui est une sorte d'intermédiaire entre Ford, Tench et le milieu universitaire et la hiérarchie du FBI en sa qualité de consultante et superviseur. Mais c'est aussi cette femme entre ces deux hommes qui sert de filtre avec le spectateur, lui permettant de prendre du recul, de n' "héroïser" ni les deux agents ni les tueurs (à la faconde parfois aussi fascinante que leurs crimes sont abominables). Anna Torv l'interprète fabuleusement, avec une froideur hautaine.

En creux des interviews de ces serial killers, des enquêtes sur le terrain, se joue une autre partie, plus intime et bouleversante. Malgré leurs états de service, leur professionnalisme, leur expérience, leur faculté à encaisser, à quel point Ford et Tench restent-ils imperméables à ce qu'ils entendent et traversent ? Pire : à quel point ce qu'ils enregistrent et résolvent impacte-t-il leur vie privée ?

Tench est d'abord montré comme le plus humain, le plus sensible, malgré son allure de vieux loup : son couple est en souffrance depuis l'adoption de leur fils, qui leur impose un inquiétant et persistant silence. L'impuissance de Bill se traduit par sa fréquentation assidue de terrains de golf où il préfère se détendre plutôt, au début du moins, que de participer aux interviews de criminels, puis par ses absences répétées et de plus en plus longues de son foyer à mesure que les enquêtes et les interrogatoires l'accaparent. Holt McCallany est imposant dans le rôle de ce colosse aux chevilles d'argile.

Ford semble, lui, comme le dit son collègue, "immunisé" à l'horreur. On pourrait même facilement supposer qu'il est fasciné, obsédé par le Mal, que son envie de comprendre le fonctionnement des tueurs dépasse la simple curiosité professionnelle, la simple motivation de créer un dispositif prévenant les crimes violents en détectant les individus à risque. Bien que sa liaison avec Debbie (superbe, dans tous les sens du terme, Hannah Gross) soit volontiers torride et que leur relation soit riche intellectuellement, c'est un animal à sang froid, imperturbable, de plus en plus absorbé par sa mission, convaincu de la justesse de sa méthode jusqu'à la suffisance. Ce faisant, il se coupe de son collègue et allié, se met à dos Wendy, s'attire les menaces de sa hiérarchie, pour finir, après un face-à-face vertigineux, malsain à souhait, avec un de ses interlocuteurs criminels, par littéralement craquer, s'effondrer. Sa chute, au propre comme au figuré, illustre parfaitement la pensée de Nietzche : "si tu regardes l'abîme, l'abîme aussi te regarde." Jonathan Gross n'est pas qu'un beau jeune premier, il livre une composition habitée, impressionnante.

La production est somptueuse, David Fincher réalise lui-même quatre épisodes sur les dix que compte la saison (les deux premiers et derniers) et prouve que ce format lui convient idéalement (alors qu'au cinéma, il s'est montré plus inégal et semble même, depuis un moment, en errance, sans projet fixe et/ou alléchant).

Et si Mindhunter, comme ce mystérieux personnage à Park City, Kansas, qu'on voit brièvement dans les prologues de plusieurs épisodes (préparant visiblement un crime), était, comme série, le tueur parfait, celui qu'on ne voit pas venir et qui, plus sûrement que vous exécuter, vous laisse, pantelant, haletant, conscient que les ténèbres qui nous entourent ne seront percées par aucune lumière ? En achevant cette saison sur une séquence calée sur la chanson In the light de Led Zeppelin, on reconnaissait le terrifiant et ironique motif derrière la quête de ses héros : et si, donc, les tueurs gagnaient toujours en se succédant ? Vertigineuses dynastie et destinée.

JB 20/10/2017 15h56

Je me demande au vu de ta synthèse si, au niveau du choix du titre, il n'y aurait pas un renvoi voulu vers Manhunter

Fletcher Arrowsmith 20/10/2017 17h02

Citation:

Envoyé par JB (Message 1729328)
Je me demande au vu de ta synthèse si, au niveau du choix du titre, il n'y aurait pas un renvoi voulu vers Manhunter

je pense que c'est évident vu le sujet.

Nous allons commencer cette série ce week end.

Slobo 20/10/2017 23h09

Juste pour dire que j'ai vu et fortement apprécier Westworld. Un petit bijou intelligent et bien mené, de belle image, de bon personnages. J'ai bien fait d'essayer avant la fin de mon abonnement OCS. J'attendrais la saison 2 impatiemment.
Et pour ceux qui se demande. Non je trouve pas ça noir. Pas plus qu'Orhan Black en tout cas.
Non je le dit car j'ai surpris un ami en disant avoir aimé ^^ .

doop 21/10/2017 22h41

Oulàlà. Effectivement, MINDHUNTER, ca envoie du lourd...
Je viens de regarder les deux premiers, j'ai du mal à m'en remettre....
Excellent.

scarletneedle 21/10/2017 22h48

Bon, il va falloir que j'y mette alors!

belcantan 22/10/2017 10h15

C'est très bon Mindhunter.

Il me reste 2 épisodes à voir et j'ai déjà appris plein de choses sur la sociologie :p

Fletcher Arrowsmith 22/10/2017 13h20

Citation:

Envoyé par Remy Lebeau (Message 1723909)
Vu la 5eme saison de House of Cards et la série continue d'être brillante à la fois par ces scénarios mais aussi par les jeux des acteurs Kevin Spacey et Robin Wright en tête. Du très grand art. Pour l'instant la série n'a pas encore été renouvelé mais la fin de saison peut passer pour une fin concluante.

as tu trouves ? Cette saison 5 est surement la plus mauvaise de toute, ce qui est dommage car la 4 avait été brillante donnant un regain d'intérêt à une série qui a fait un buzz mérité au début mais qui n'avait jamais réussi à passer la cap d'une première saison parfaite.

Les époux Underwood ne sont plus que des caricatures et les méthodes employées sont grotesques et ubuesques. A force de charger la mule la série se décrédibilise. Exit en plein milieu de la saison les candidats adverses à la présidence. D'ailleurs l'élection est vite expédiée pour son résultat final. Absent également la politique intérieur et la vie à la maison blanche. Trop de personnage qui ne font qu'un aller retour .... Rien de bon là dedans.

wildcard 24/10/2017 15h53


Le triomphe en salles de l'adaptation cinématographique de ça (que je n'ai pas vue), celle de La Tour sombre (que j'aurai préférée ne pas voir - ce qui explique que je n'en ai parlé ici), la saison 2 imminente de Stranger Things (largement inspirée de son oeuvre - il faudra que je trouve un moment pour voir ce que donne déjà la saison 1), entre autres choses, contribuent actuellement à donner au romancier Stephen King une luminosité spectaculaire, comme si cela offrait aux commentateurs la mesure de son influence littéraire depuis plus de quarante ans.

Mr. Mercedes permet d'apprécier encore cette actualité avec une qualité épatante : la saison 1 de cette série en dix épisodes (qui forme un récit complet, mais l'écrivain a rédigé une trilogie avec le héros) a été approuvée par l'auteur, au point qu'il en est co-producteur, mais doit aussi beaucoup à l'intriguant trio qui a convaincu Audience Network de la diffuser - David E. Kelley, Dennis Lehane et Jack Bender. Explorons ce remarquable et terrible thriller.


Un soir où plusieurs centaines de chômeurs attendent dans le froid d'entrer dans un salon pour l'emploi, huit d'entre eux sont tués et des dizaines blessés par un chauffard au volant d'un Mercedes derrière un sinistre masque de clowns. L'affaire ne sera jamais résolue et mise sur le compte d'un coup de folie par un individu ayant ensuite disparu en abandonnant le véhicule qu'il avait volé.


Cette tragédie hante pourtant encore, deux ans plus tard, l'ex-inspecteur de police Bill Hodges, désormais à la retraite, tout comme ses autres échecs personnels (sa femme a divorcé, il a dû placer sa fille unique en centre de désintoxication après des récidives de conduite en état d'ivresse et de consommation de drogues). Il noie ses démons dans l'alcool, songe au suicide, malgré son voisinage avec Ida, une veuve qui lui a proposé d'unir leurs deux solitudes. Mais la situation bascule lorsque Bill reçoit une lettre dont l'expéditeur prétend être "Mr. Mercedes".

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L'inspecteur Peter Dixon et Bill Hodges (Scott Lawrence et Brendan Gleeson)

Parce qu'il mentionne des éléments que seul l'assassin connaît, comme Olivia Trelawney (la propriétaire de la voiture, qui s'est suicidée, accablée par l'opinion et la culpabilité) et les circonstances du massacre, Bill en informe son ancien partenaire, toujours en fonction, Peter Dixon. Mais ce dernier pense à un macabre canular, d'autres s'étant accusés des faits par le passé sans que cela aboutisse.

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Debbie et Brady Hartsfield (Kelly Lynch et Harry Treadaway)

Ce qu'ignorent Bill et la police, c'est que "Mr. Mercedes" est tout près : il s'agit d'un jeune homme, Brady Hartsfield qui occupe deux boulots - vendeur de glaces dans le quartier où habite Hodges, et réparateur-vendeur en électronique dans un magasin du centre-ville. Il vit seul avec sa mère Debbie, avec laquelle il entretient une relation incestueuse depuis les morts de son père et de son frère cadet en bas-âge, et a installé dans le sous-sol de leur maison un équipement informatique sophistiqué lui permettant de commettre des actes de piratage.

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Janey Patterson et Bill Hodges (Mary-Louise Parker et Brendan Gleeson)

En enquêtant seul, Bill fait la connaissance de Janey Patterson, la soeur d'Olivia, qui l'embauche pour enquêter sur le suicide de cette dernière et retrouver celui qui a volé sa voiture pour tuer ces innocents. Rapidement, unis par la même soif de vengeance et une attirance réciproque, ils deviennent amants. Pour l'aider dans ses investigations, Bill peut compter sur Jerome Robinson, un lycéen de son voisinage, féru d'informatique, grâce à qui il communique bientôt directement avec "Mr. Mercedes". Celui-ci le défie de l'arrêter ou de se suicider s'il en est incapable, comme semble en être convaincu Brady.

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Holly Gibney et Jerome Robinson (Justine Lupe et Jharrell Jerome)

Deux événements vont précipiter les deux adversaires dans l'abîme. D'abord, peu après avoir interrogé la mère de Janey (et feue Olivia), Bill assiste à ses funérailles. Bill réconforte Holly Gibney, la jeune cousine de Janey, cette dernière en profitant pour aller chercher la voiture du détective que fait alors exploser à distance Brady. Mais, ensuite, Debbie Hartsfield meurt accidentellement en mangeant un hamburger empoisonné, destiné au chien de Jerome, par son fils. Bill rechute dans l'alcool mais cette fois Peter Dixon et ses anciens collègues admettent qu'il a raison à propos du retour de "Mr. Mercedes". Brady, lui, conçoit alors un nouvel attentat pour se venger de son patron, qui le harcèle et a renvoyé sa meilleure amie, mais aussi pour entrer dans l'Histoire, quitte à mourir pour rejoindre sa mère.


Le tueur est identifié après que la police ait appris que Brady avait plusieurs fois réparé des équipements chez Olivia Trelawney. Pensant l'arrêter chez lui, les flics échappent de peu à l'incendie programmé de sa maison, dans laquelle on trouve les cadavres calcinés de sa mère et de son boss. Reste à savoir où Brady va frapper : deux sites sont des cibles potentielles, mais Bill suit son instinct et se rend à la fête donnée en faveur d'une fondation artistique à laquelle seront présents Jerome, Holly et la meilleure amie de Hartsfield. Il le repère in extremis dans la foule, prêt à se faire sauter avec des explosifs sous la chaise roulante avec laquelle il se déplace incognito, la tête rasée. Mais Bill a un malaise cardiaque et perd connaissance juste au moment où Holly assomme Brady plusieurs fois pendant que Jerome rattrape son détonateur.

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"Si un jour tu te réveilles, sache que je serai là." (Bill Hodges à Brady Hartsfield)

Jerome part pour Harvard où il va poursuivre des études universitaires. Holly s'émancipe de sa mère et s'installe seule dans un appartement. Bill a survécu à son infarctus mais, avant de quitter l'hôpital, vient s'assurer que Brady est toujours dans un coma, irréversible selon les médecins : il lui promet pourtant d'être là si un jour il se réveille.


J'ai eu ma période Stephen King, brève mais intense, durant laquelle j'ai lu plusieurs de ses romans (bien que cela représente une part infime de son abondante production). Puis j'ai fini par caler lorsque j'ai d'abord entamé Désolation sans réussir à l'achever, puis pareillement avec la saga de La Tour sombre (même si, là, j'ai insisté durant trois tomes).

Depuis, d'autres auteurs, d'autres univers m'ont accaparé. Je ne peux pas dire que je suis un fan de ce romancier, même si je lui reconnais un talent de conteur sidérant, et que sa popularité ne me semble pas usurpée tant il est indéniable que son oeuvre est de qualité en éprouvant le lecteur (par le volume de ses livres mais aussi par la terreur que provoque ses récits).

Je dois, en outre, remercier Artemus Dada, un collègue blogueur, pour avoir attiré mon attention sur la série Mr. Mercedes : sans un de ses articles, je sera passé à côté de ce titre dont j'ignorai qu'il appartenait à la bibliographie de King. Je découvrais aussi que le projet de cette adaptation était développée par David E. Kelley, créateur d'Ally McBeal et The Practice (notamment), deux séries dont je garde d'excellents souvenirs. Ajoutez-y le romancier Dennis Lehane, à qui on doit des polars fameux comme Gone, baby, gone ou Mystic River (transposés au cinéma par Ben Affleck et Clint Eastwood) au poste de consultant, et si vous n'avez pas envie de voir le résultat, je n'y comprends rien.

Et quel résultat ! Au départ, toutefois, l'objet désarçonne : le rythme de la narration en particulier, une fois son abominable scène d'ouverture, a valeur de test. En vérité, cette lenteur, qui épouse l'âge du héros, est moins pesant que dense et permet d'identifier ce que chacun des auteurs a apporté à la série. On peut ainsi avancer que la caractérisation fine doit à Kelley, l'ambiance policière à l'ancienne à Lehane, le climat horrifique à King.

Sauf erreur ou distraction de ma part, tous les épisodes ont été réalisés par Jack Bender, un vieux routier de la télé, qui était derrière la caméra pour des productions émérites comme Boston Public (déjà une série de Kelley), Alias et Lost (créées par J.J. Abrams), Boomtown. Il a appliqué à ces dix chapitres une mise en scène rigoureuse, d'une sobriété exemplaire, s'appuyant sur un effet miroir saisissant : en effet, les scènes avec Brady sont quasiment aussi nombreuses que celles avec Bill, elles se répondent même souvent et épousent stylistiquement (par le soin apporté à la photo, aux mouvements d'appareil, au montage) la personnalité des deux adversaires.

Car Mr. Mercedes, c'est avant tout l'opposition de deux mondes : d'un côté un ancien flic au bout du rouleau, un dinosaure, un ours mal léché, qui se fiche désormais du règlement, qui vit très mal sa retraite (d'autant plus qu'il a achevé sa carrière sur l'affaire du salon de l'emploi, conspué par la presse locale, subissant le dédain las de ses anciens collègues, courtisé un temps par sa voisine veuve) ; de l'autre un geek psychopathe, incestueux, assoiffé de reconnaissance et persécuté professionnellement, qui défie ce vieux policier de se suicider ou de l'attraper, aussi intelligent que cruel, mais souffrant aussi d'être désocialisé, déconsidéré.

Bien qu'ils soient formidablement entourés par des seconds rôles mémorables (plaisir de revoir Mary-Louise Parker perdue de vue depuis Weeds, découvertes de Jharell Jerome et Justine Lupe, présences impeccables de Scott Lawrence et Holland Taylor dont les visages sont familiers), le duel à distance que se livrent les deux vedettes du programme est d'une puissance rare. Harry Treadaway compose un tueur vraiment flippant et glaçant, une vraie performance, habitée, parfois très extravertie, limite surjouée pour souligner le malaise que dégage Brady/Mr. Mercedes. Pour le contraste, il fallait un comédien au registre différent pour soutenir ce personnage et qui de mieux que l'impressionnant, massif autant que fébrile, dur et tendre à la fois, têtu, soucieux, j'ai nommé Brendan Gleeson, absolument prodigieux.

La réussite de la série tient à son équilibre narratif, sa gravité, sa tension, la prestation sensationnelle de ses deux acteurs principaux, la qualité de sa réalisation (saurez-vous repérer Stephen King dans un apparition sanguinolente à souhait ?) et la subtilité de son écriture. On entre dans cette histoire à pas de loup, puis on est pris par le col, saisi à la gorge, et on en sort pantelant. Rude, mais jouissif.

Olorin 24/10/2017 16h48

Citation:

Envoyé par wildcard (Message 1729630)
On peut ainsi avancer que la caractérisation fine doit à Kelley, l'ambiance policière à l'ancienne à Lehane, le climat horrifique à King.

Tu n'as probablement pas tort, mais l'ambiance et la caractérisation doivent également beaucoup à King quand même, la série étant très fidèle au roman (excepté pour la fin qui a probablement été réécrite à la dernière minute, un type qui essaye de se faire sauter pendant un concert pour pré-adolescentes ça devait résonner un peu trop avec l'actualité récente).

Citation:

Il a appliqué à ces dix chapitres une mise en scène rigoureuse, d'une sobriété exemplaire, s'appuyant sur un effet miroir saisissant : en effet, les scènes avec Brady sont quasiment aussi nombreuses que celles avec Bill, elles se répondent même souvent et épousent stylistiquement (par le soin apporté à la photo, aux mouvements d'appareil, au montage) la personnalité des deux adversaires.
La bande son associée aux 2 personnages (jazzy pour Hodges, punk-rock pour Brady) joue également beaucoup dans cette caractérisation stylistique et cet effet miroir dont tu parles.

Elýkar 26/10/2017 22h16

En ce moment je regarde une série policière coréenne, Stranger (Secret Forest), que j'apprécie beaucoup, diffusée sur Netflix.
Certes, au départ il est dur de se plonger dedans (vost coréenne, us et coutumes que je ne connaissais pas trop, jeu d'acteur étonnant), mais au final le rythme est plaisant.

M'approchant de sa conclusion, j'aimerais savoir si vous pouviez me conseiller des séries coréennes ou japonaises modernes et intéressantes.

wildcard 23/11/2017 15h20


Mise en ligne sur la plateforme Netflix en Juin dernier, la première saison de GLOW a fait partie des séries remarquées du producteur-diffuseur, récoltant des critiques élogieuses et un renouvellement pour une deuxième année (certainement en 2018). Et c'est tout à fait mérité car le show créé par Carly Mensch et Liz Flahive est une réussite sensationnelle.


1985, Los Angeles. Ruth Wilder, la trentaine, court les auditions sans jamais parvenir à décrocher un rôle intéressant malgré l'implication qu'elle y met et un talent évident. Après un énième échec, une directrice de casting la rappelle pourtant pour lui proposer un rendez-vous à condition d'être prête pour une "expérience spéciale" (mais en promettant qu'il ne s'agit pas d'un porno). Le même soir, Ruth voit arriver chez elle Mark Eagan, son amant, avec lequel elle accepte de coucher une nouvelle fois, toute à sa joie d'avoir un job.


Le lendemain, elle se rend à l'adresse qu'on lui a communiquée : c'est un hangar avec en son centre un ring face auquel, sur des gradins, patientent déjà une bande de femmes de toutes origines et de tous âges. Sam Sylvia, un réalisateur de séries Z, leur détaille alors le projet qui les réunit : il s'agit de monter un spectacle de catch féminin pour une chaîne de télé. Cette proposition saugrenue en fait fuir quelques-unes, mais pour la douzaine qui reste c'est une opportunité unique pour avoir un boulot. Parmi elles, Ruth tente sa chance.

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Les futures Gorgeous Ladies Of Wrestling

Sam a soigné son affaire : il distribue à chacune un rôle et un scénario afin que le divertissement soit assuré. Toutefois, ses initiatives rendent perplexes Sebastian "Bash" Howard, le jeune producteur, un fils à maman de bonne famille mais réellement passionné par la lutte : il préférerait jouer sur des stéréotypes (permettant aux téléspectateurs de s'identifier facilement) et plus de légèreté. Entre temps, Debbie Eagan, la femme de Mark et meilleure amie de Ruth, a appris la liaison de ces deux-là et annonce à la dernière qu'elle ne veut plus la fréquenter. Cette scène inspire à Sam une idée : faire combattre les deux rivales.


L'entraînement commence . Les filles font preuve de bonne volonté même si certaines ne s'entendent pas toujours cordialement (Cherry, la coach, et Melanie). D'autres sont rattrapées par leur passé (Sheila vit cette expérience comme une sorte de test après avoir avoir été longtemps seule), par leur famille (Carmen est issue d'une famille où son père et ses deux frères sont des catcheurs professionnels), ou doivent composer avec les préjugés de leurs personnages (Arthie, une indienne jouant une libanaise terroriste). Mais surtout, après d'âpres négociations et parce qu'elle ne veut plus occuper le domicile conjugal (malgré la menace d'un divorce et la perte de la garde de son bébé), Debbie rejoint la troupe dont Sam lui a garantie qu'elle serait la vedette.


Alors que Ruth galvanise ses camarades en prenant elle-même très à coeur la composition de son personnage, Sam doit se démener avec Rhonda, une de ses lutteuses qui couche avec lui, et Justine, qui se comporte comme une groupie étrange avec lui. Debbie lui impose aussi ses caprices quand elle estime ne pas trouver parmi les filles une adversaire digne de la mettre en valeur... Jusqu'à ce que le réalisateur lui fasse admettre que Ruth est parfaite pour cela. Mais Ruth découvre qu'elle est enceinte de Mark et s'en ouvre à Sam qui l'accompagne jusqu'à une clinique pour qu'elle avorte selon son souhait.


Tandis qu'une salle doit être louée pour tourner le "pilote" du show, "Bash" est mortifié lorsque, après une réunion avec les cadres de la chaîne télé, il avoue à Sam que sa mère lui a coupé les vivres. Tout le projet est compromis... A moins de profiter des circonstances. Les filles s'emploient alors à collecter de l'argent tout en s'attelant à la confection de leur costumes et accessoires. Et "Bash" les entraîne chez sa mère qui organise une collecte de fonds pour de jeunes toxicomanes au cours de laquelle il présente les lutteuses comme d'anciennes junkies qui se sont réhabilitées par le sport. Sa mère lui confisque les dons de ses invités mais consent à lui prêter une salle de danse pour le tournage.

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"Zoya la destructrice" et "Fortune Cookie" (Alison Brie et Ellen Wong)

Sam, qui s'est soûlé lors de la soirée et a fait des avances à Justine, apprend, sidéré et dévasté, que celle-ci est sa fille, conçue avec une aventure sans lendemain. Il n'assiste pas aux répétitions du show que régit Ruth après la défection de Debbie, qui a décidé de donner une seconde chance à Mark. Quelques filles, pour remplir la salle, vont offrir des places à des spectateurs patientant devant un cinéma qui projette "Retour vers le futur". Le spectacle peut commencer.

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Debbie "Liberty Belle" Eagan (Betty Gilpin)

Les Georgeous Ladies Of Wrestling enchaînent les combats avec un abattage irrésistible devant un public de plus en plus déchaîné, parmi lequel se trouvent Debbie et Mark, qui ne cesse de se moquer d'elles. Quand arrive le final, agacée, Debbie défie Ruth dans son rôle de "Zoya la destructrice soviétique" et monte sur le ring l'affronter en tant que "Liberty Belle". C'est la folie dans les gradins et sous les yeux de Sam et Justine tandis que deux caméramen enregistrent tout... Quelques jours après, les filles sont toutes réunies devant un poste de télé pour regarder la diffusion de la première émission, même Debbie qui n'a pas encore complètement pardonné Ruth.

Il y a quasiment dans GLOW tous les ingrédients pour provoquer les ricanements du téléspectateur et l'inciter à douter de la qualité d'une série pareille, mais c'est aussi comme si les deux créatrices du show, Liz Flahive et Carly Mensch, avaient volontairement choisi de cumuler toutes ces difficultés pour nous prouver, selon la formule bien connue, qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture.

Nous voilà transportés en 1985 avec ses looks improbables, ses coupes de cheveux impossibles, sa musique ringarde, dans le monde du catch, féminin de surcroît : plus kitsch tu meurs ! En comparaison avec d'autres séries qui explorent notre passé récent (comme par exemple l'excellent The Americans et son couple d'espions russes infiltrés aux Etats-Unis), rien ici ne paraît voler bien haut mais invite plutôt à la rigolade régressive.

Erreur ! Car ce qui distingue GLOW, c'est que derrière son titre acronyme (pour Georgeous Ladies of Wrestling, soit les Superbes dames du Catch), se cache un tout autre défi, beaucoup plus fin, nuancé et touchant. Loin de ridiculiser ses héroïnes, la série les sublime en nous offrant une prodigieuse galerie de caractères, interprétée par des actrices qui s'emparent de leurs personnages avec la même communicative énergie que les lutteuses montent sur le ring.

Il est donc question de féminisme dans cette affaire mais sans discours pontifiant : le seul point commun que partage cette troupe de filles, c'est d'en être arrivés là comme au terminus. Ce job de lutteuses, c'est leur dernière chance de briller, d'exister, de s'assumer, s'assouvir une passion. Certaines se saisissent de leur partition avec crânerie, sans beaucoup de sérieux au début, et créent puis doivent assumer les tensions qu'elles provoquent. D'autres veulent s'inscrire dans une tradition familiale, ou bien re-goûter à une vie sociale pour fuir la solitude, la marginalité. Toutes leurs motivations sont formidablement détaillées et bien cernées, ce qui permet au téléspectateur de les identifier facilement alors que le casting est fourni.

En parallèle l'histoire, riche en rebondissements, tour à tour dérisoires ou graves (il est question autant d'apprendre les gestes du catch que d'assumer un avortement), montre habilement la progression du spectacle en train de se construire, depuis la réunion inaugurale dans un hangar douteux jusqu'au tournage dans une salle de danse en passant par la vie dans un motel privatisé, les rencontres avec le sponsor, les réunions avec les décideurs de la chaîne, la participation (épique) à une collecte de fonds de la dernière chance. Savoir mêler l'intime (la vie des filles entre elles et de chacune, avec en point d'orgue la relation abîmée de Ruth et Debbie) et le spectacle (avec les entraînements, les répétitions, la composition des personnages de lutteuses, jusqu'au final flamboyant) est la grande réussite du show.

J'ai évoqué plus haut la contribution des actrices et la distribution est effectivement extraordinaire : Britney Young ("Machu Picchu"), Jackie Thon ("Melrose"), Sydelle Noel ("Junk Chain"), Kia Stevens ("Tax Queen"), Kate Nash ("Britannica"), Brit Baron ("Scub"), Gayle Rankin ("She-Wolf"), Ellen Wong ("Fortune Cookie"), Sunita Mani ("Beyrouth"), elles sont toutes fabuleuses. Mais la série doit énormément aussi à l'épatant Marc Maron (loser attachant), Chris Lowell (petit bourge sympa), et surtout au duo formé par Betty Gilpin ("Tu es Grace Kelly. Grace Kelly sous stéroïdes." dixit Sam Sylvia à sa "Liberty Belle") et Alison Brie (inouïe de pep's et d'émotion - si elle ne finit pas par décrocher un Emmy award avec ce rôle, je n'y comprends rien).

Même s'il y flotte une mélancolie troublante, GLOW est un concentré de bonne humeur, une série en état de grâce, un exercice d'équilibre virtuose. Vous savez ce qu'il vous reste à faire si vous ne l'avez pas encore vu !

bukowski 30/11/2017 13h47

Tiens , j' ai une question. Je recherche le titre d'une série tv des années 90 qui passait sur tf1. Un flic canadien en uniforme venait prêter main forte à la police américaine. C' était un whodunit sympa, qui confrontait 2 cultures. Impossible de retrouver le titre dans ma mémoire. Ca vous dit quelque chose ? Lors de la dernière saison, l'acteur canadien était remplacé par un autre. C' était une série sympa, à la Stephen J.Cannel qui n' a jamais été rediffusée. ;)

bukowski 30/11/2017 14h06

Due South !!!! Des années que je cherche et là, en posant la question, des souvenirs me sont revenus. J' ai retrouvé tout seul. Un tandem de choc en vf. Quelqu'un s'en souvient ?

https://www.youtube.com/watch?v=cU43IflTaYc

JB 30/11/2017 14h31

Pas lors de la diffusion TV mais j'ai les 3 premières saisons en DVD. Bonne série comique avec des épisodes bien déjantés (L’homme qui n’en savait pas assez, Les Chevaux de la Reine et le final) et avec une préférence personnelle pour la période Vecchio. A noter : Leslie Nielsen dans un rôle de Guest star récurrent

bukowski 30/11/2017 14h42

Merci JB ! Je finissais par croire que j' avais rêvé cette série ! C'était une série très cool en effet. L' indice qui me manquait était le chien ! Je l'avais oublié. Bon, maintenant, je vais pouvoir me documenter sur la série. ;)

Jean-Moul 30/11/2017 23h57

Je m'en rappelle bien aussi, et j'adorais à l'époque!
Si je ne m'abuse le pote du héros avait une buick dont il parlait souvent.
Ça me fait penser à une autre série avec un personnage canadien, mais située dans le far-west celle-là. Les deux font la loi, je crois.

bukowski 01/12/2017 09h17

Ah oui ! Bordertown en vo. J'avais complètement oublié cette série. Je ne manquais aucun épisode à l'époque ! ;)

wildcard 01/12/2017 15h41


Après avoir suivi la première saison de GLOW, j'ai eu envie de revenir à la série qui révéla Alison Brie : Community, créée par Dean Harmon et les frères Russo.

Je ne rédigerai pas de critique détaillée dessus parce que je viens juste d'achever la saison 2 (sur 6), et que le compteur s'affole avec une moyenne de 25 épisodes par année, mais c'est un vrai régal, totalement barré, avec des personnages très bien campés.

Le casting est formidable, notamment Chevy Chase (grandiose en vieux raciste homophobe totalement abruti). J'espère que la rumeur qui a récemment refait surface d'une adaptation ciné se concrétisera (même si les Russo bros. sont désormais bien occupés ailleurs), mais il faudra surtout réunir la troupe originale et le showrunner.

Pourquoi n'y a-t-il presque plus de sitcoms pareilles, aussi déjantées ? En tout cas, si vous ne connaissez pas ce show, qui a survécu grâce à ses fans (car les audiences n'étaient pas terribles), allez-y, vous allez rire comme rarement.

bukowski 01/12/2017 15h53

J'ai vu quelques épisodes sur Numéro 23. C'est vraiment marrant. ;)

bukowski 01/12/2017 20h14

Plus je fouille et... Hunter et Mc Call ??? Non ? C'est pas possible ? Ils ont "fauté" ??? ;)

bukowski 01/12/2017 21h14

En feel good serie, il y a aussi Leg Work et plus récemment, sur le même thème Private eyes que je trouve sympa. Tf1 la passe après 1h00 du mat...

https://www.youtube.com/watch?v=D_KlDbXk5pA

FrancoisG 07/12/2017 17h52

Citation:

Envoyé par bukowski (Message 1733524)
En feel good serie, il y a aussi Leg Work

Je ne trouve rien à ce nom...

On a enchainé les bons trucs ici : GLOW, Mindhunter et Stranger Things 2.
J’espère rester dans cette tendance avec Dark, dont les retours semblent positifs !

doop 07/12/2017 20h18

Dark... Bof bof, j'arrive pas à passer le 2

bukowski 07/12/2017 21h34

Citation:

Envoyé par FrancoisG (Message 1734120)
Je ne trouve rien à ce nom...
!

https://www.youtube.com/watch?v=mtUicQ8Ow-I

Série des années 80. Sur A2, c'était diffusé le week-end sous le titre de PRIVEE DE CHOC.

Autre feel good série passée cet été sur tf1, avec Jason Priestley, PRIVATE EYES.

https://www.youtube.com/watch?v=D_KlDbXk5pA

Dommage que ça passe vers 1h du matin ! ;)

Remy Lebeau 08/12/2017 23h47

Citation:

Envoyé par bukowski (Message 1733218)
Due South !!!! Des années que je cherche et là, en posant la question, des souvenirs me sont revenus. J' ai retrouvé tout seul. Un tandem de choc en vf. Quelqu'un s'en souvient ?

https://www.youtube.com/watch?v=cU43IflTaYc

J'en ai de très bon souvenir pour ma part!!

FrancoisG 12/12/2017 10h03

Citation:

Envoyé par bukowski (Message 1734156)
https://www.youtube.com/watch?v=mtUicQ8Ow-I

Série des années 80. Sur A2, c'était diffusé le week-end sous le titre de PRIVEE DE CHOC.

Ah, je comprends mieux pourquoi je ne trouvais pas :D

Sinon, pas de Dark pour l'instant, je suis plutôt parti sur Ozark, et le pilote est très très prometteur !

wildcard 12/12/2017 15h24


Ayé !
J'ai terminé mon marathon Community... Et c'était bien.

Bon, les trois première saisons dominent la collection nettement : on a alors droit à une vingtaine d'épisodes en moyenne où les auteurs délirent franchement, parodiant régulièrement d'autres shows de la télé US, avec de vrais chefs d'oeuvre au passage (le sommet étant certainement la version de Law & Order détournée de façon hilarante mais néanmoins fidèle).

A partir de la saison 4, on constate que la production a drastiquement réduit la voilure avec treize épisodes par an, faute d'audience mais aussi sans doute à cause du renvoi du créateur Dan Harmon. On passe encore de bons moments mais on sent que quelque chose manque progressivement.

Et, effectivement, bientôt deux membres de la bande vont se retirer : d'abord Chevy Chase voit son personnage balayé sans autre forme de procès (Pierce Hawthorne meurt hors champ !), puis c'est au tour de Donald Glover de quitter le show (une sortie un peu mieux amenée mais en plein milieu de saison, au cours de sa romance avec le personnage de Gillian Jacobs).

Les scénaristes ne cherchent d'abord pas à remplacer les partants puis tentent d'introduire de nouveaux membres à la bande, sans que la greffe ne prenne - en tout cas, le procédé est trop voyant pour fonctionner et les acteurs sollicités ne font pas le poids.

La saison 6 sent franchement le sapin puisque Yvette Nicole Brown plie bagages à son tour (même si elle réapparaît brièvement lors de deux épisodes ultérieurs... Avec quelques kilos en moins !). Les épisodes s'enchaînent de plus en plus laborieusement, Paget Brewster (en provenance de la série Esprits criminels) surgit de nulle part sans s'intégrer (son rôle doublonne avec celui d'Alison Brie). On se demande comment la production va enterrer la série proprement mais, miracle, le dernier épisode joue sur l'idée d'une saison 7 avec malice, voire la perspective d'un film (perspective remise au goût du jour récemment par Dan Harmon).

Malgré donc ces réserves, Community est vraiment une série sympa, à (re)découvrir, qu'on quitte à regret. On s'attache à cette bande d'étudiants peu communs, au format sitcom, au ton décalé.

Bon, maintenant, je vais tenter Godless, le western produit par Steven Soderbergh sur Netflix : ça va moins rigoler mais c'est prometteur.

wildcard 18/12/2017 15h48


Mis en ligne le 22 Novembre, les sept épisodes de Godless (qui ne comptera qu'une saison) n'ont pas tardé à se tailler une flatteuse réputation pour cette nouvelle production originale de Netflix. La présence aux crédits du réalisateur Steven Soderbergh y a contribué même s'il n'est qu'un des producteurs exécutifs de cette mini-série dont le vrai chef d'orchestre est le créateur, scénariste et réalisateur Scott Frank. L'autre originalité de ce projet était la promesse d'un western au féminin, comme le suggérait sa bande annonce.
Mais la véritable raison pour laquelle vous devez voir Godless est plus simple que tous les arguments précités : c'est un chef d'oeuvre, sans doute ce qu'on a vu de mieux cette année sur le petit écran (et qui surpasse aussi ce qui a été projeté en salles) !

Etant donné le format général des épisodes (qui durent en moyenne 80 minutes, les plus courts étant les 5 et 6 de 50' et 40'), je vais résumer ça en m'appuyant sur le parcours des protagonistes plus que sur l'intrigue, redoutablement dense.

Roy Goode, orphelin, trouve refuge chez Soeur Lucy Cole, qui recueille des enfants égarés comme eux, avant que son frère aîné, Jim, ne l'abandonne pour tenter sa chance en Californie. Même s'il lui a promis de l'attendre, Roy fugue quelques mois plus tard. Il fait la connaissance de Frank Griffin, bandit de grand chemin, vêtu comme un pasteur, en tentant de lui voler son cheval, et devient son fils adoptif en intégrant son gang composé d'une trentaine de malfrats. Ensemble, ils commettent d'audacieuses attaques de trains. Mais en devenant un jeune homme, la cruauté de Griffin finit par écoeurer Roy, par ailleurs méprisé par ses compagnons d'armes. Le fils trahit le père après un ultime méfait au cour duquel il lui dérobe son butin et prend la fuite. Pourchassé, il estropie Frank mais reçoit deux balles en retour. Il parvient pourtant à gagner un ranch par une nuit pluvieuse.

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Roy Goode et Alice Fletcher (Jack O'Connell et Michelle Dockery)

Alice Fletcher, veuve et mère d'un jeune garçon, Truckee, né d'un viol par un indien Paiute, recueille Roy. En trouvant une lettre de Jim Goode envoyé à son frère chez Lucy Cole, elle apprend l'identité de ce "chien errant", comme le surnomme la vieille Iyovi, qui le soigne, et donc son lien avec Griffin. Jusqu'à la fin de sa convalescence, en échange du gîte (dans la grange) et du couvert, elle lui propose de dresser ses chevaux et de l'aider à creuser un puits. Il accepte si elle lui apprend à lire : marché conclu.


Les montures d'Alice sont destinées à être vendues aux femmes de La Belle, la ville la plus proche marquée par une terrible tragédie deux ans plus tôt en 1883 : 83 hommes y sont morts dans la mine d'argent, laissant livrées à elles même leurs veuves, mères et filles. Aujourd'hui, ces femmes se préparent à recevoir le représentant de la compagnie Quicksilver qui voudrait exploiter à nouveau le gisement et installer ses ouvriers. Les négociations sont tendues car en vérité l'homme d'affaires qui négocie veut contrôler la cité pour une somme inférieure à ce qu'elle vaut, comme l'estime Marie Agnes McNue - mais le deal est finalement signé.

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Whitey Winn et Bill McNue (Thomas Brodie-Sangster et Scott McNairy)

Bill McNue, le shérif de La Belle (et frère de Marie Agnes), souffre du dédain des veuves qui ignorent qu'il perd lentement la vue. Lorsque le marshall John Cook vient le prévenir du massacre commis par Frank Griffin à Creede (dont il a fait lyncher tous les habitants et fait brûler toutes les maisons en y cherchant une trace de Roy Goode), Bill considère cela comme sa mission d'arrêter le bandit tandis que son collègue va chercher le renfort de l'armée. Il part donc en chasse en confiant son bureau à son adjoint, Whitey Winn, pistolero aussi habile qu'insouciant.


Nous suivons parallèlement les parcours de ces personnages : Roy se rétablit et s'éduque auprès d'Alice tout en enseignant à Truckee à monter à cheval et à chasser ; Cook tombe vite dans un piège tendu par Griffin qui l'abat ; Bill suit à la trace le gang puis entreprend de persuader un régiment de cavalerie de l'aider après la mort du marshalll mais les soldats doivent surveiller le déplacement d'apaches ; Griffin donne une interview à un journaliste qui prévient que quiconque aidera Roy Goode sera châtié ; La Belle est prise en main par les hommes chargés de la sécurité de la future mine au grand dam de Marie Agnes ; cette dernière sert de confidente à Whitey, amoureux d'une jeune fille résidant dans le hameau voisin de Blackdom où vivent d'anciens soldats noirs, tandis qu'elle-même traverse une crise sentimentale avec Callie Dunne, une ancienne prostituée devenue institutrice en ville (avant de comprendre que sa jalousie est sans fondement).


Un article du journaliste au sujet de La Belle où il a aperçu, après avoir voulu vérifier la rumeur, Roy Goode accompagnant Alice lors de la vente de ses chevaux, attire l'attention de Griffin sur la ville des veuves et précipite le retour de Bill. Espérant éloigner la menace, Roy quitte les parages sans savoir qu'il est trop tard. Whitey assiste au massacre des noirs de Blackdom par le gang de Griffin. La Belle se prépare à l'assaut tandis que Bill croise Roy, revenant sur ses pas, armé et résolu à en découdre avec son mentor.

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Marie Agnes McNue et Alice Fletcher (Merritt Wever et Michelle Dockery)

Une bataille épique s'annonce qui ne s'achèvera qu'avec la défaite totale d'un des belligérants...


J'ai toujours pensé que le western était le genre cinématographique par excellence - il fut d'ailleurs un des premiers filmés puis connut une apogée aussi spectaculaire que son déclin jusqu'à sa quasi-disparition, comme si, quelque part, en route, le filon s'était épuisé ou, plus sûrement, la manière de le raconter s'était perdue.

Car le western ne gagne pas à être sophistiqué : ce fut un genre populaire (pas seulement sur grand écran, mais aussi à la télévision, dans le roman, la bande dessinée, et la chanson - le répertoire musical issu du far west est pléthorique et c'est un spécialiste, T-Bone Burnett, qui a supervisé la bande originale de Godless) parce qu'il explorait des sentiments élémentaires que tout le monde pouvait éprouver, agitant des personnages auxquels il était aisé de s'identifier, pour lesquels on vibrait facilement.

Le western n'est pas seulement une exploration mythologique de l'Ouest américain, c'est aussi un domaine fictionnel qui s'appuie sur une géographie : celles des grands espaces encore en pleine conquête avec son folklore, peuplé d'indiens (les native americans), ses soldats, ses cowboys, ses chercheurs d'or, ses bandits de grand chemin, ses entraîneuses de saloon, les bâtisseurs de voie ferrée - le train lui-même dessina ce vaste territoire sauvage en traçant sa modernité, tout comme le télégraphe établit ses communications d'une côte à l'autre.

Les sentiments qui alimentent le western, comme source narrative, sont primaires et Godless doit sa première réussite, avec le respect aux éléments susmentionnés, à cette grammaire basique : bien que le réseau de relations qui unit les protagonistes de cette histoire soit touffu, complexe, par-delà le temps et l'espace, les émotions qu'il suscite restent simples, brutes. Il y est question d'amour, de haine, de filiation, de trahison, de vengeance. Autant de marqueurs sociaux, intimes, quasi-politiques qui forment cette fresque ambitieuse mais accomplie.

La passation s'impose comme le thème majeur du récit : Roy Goode est laissé par son frère à Lucy Cole avant qu'il ne rencontre Frank Griffin qui l'accueille dans son gang qu'il présente comme une famille ; puis Roy ayant trahi et fui Griffin est recueilli par Alice Fletcher dont le passé est aussi douloureux que le sien (veuve prématurément, violée par des indiens dont elle aura un fils, maudite par les femmes de La Belle qui pensent qu'elle a jeté un sort sur leur ville) et qui lui confie indirectement son fils, Truckee, à qui il apprend à devenir un cavalier-dresseur et chasseur (malgré la maladresse de l'adolescent) ; les veuves de La Belle vivant comme un phalanstère féminin tiraillées entre la conservation de leur indépendance et leur désir de refaire leur vie auprès d'hommes (après que les leurs - pères, maris, frères, enfants - soient tous morts à la mine), prises en étau entre le souvenir, le deuil et l'avenir, la renaissance.

On peut étendre ces passations aux personnages a priori secondaires mais intégrés tellement parfaitement à la trame globale qu'ils sont aussi importants que les premiers rôles, comme le marshall John Cook qui relance, malgré lui, le destin du shérif Bill McNue ; le journaliste qui devient le colporteur de la parole terrifiante de Frank Griffin et précipite la bataille de La Belle (en étant pris entre deux feux) ; cette peintre allemande réfugiée dans cette ville et retrouvée par le détective engagé par son mari et épris d'elle ; la romance entre Marie Agnes McNue et Callie Dunne (la première ayant renoncé à sa féminité en s'habillant comme un homme et devenue l'amante de l'ex-prostituée devenue l'institutrice de La Belle) ; l'adjoint du shérif amoureux d'une jeune fille noire résidant dans un hameau où se sont posés d'anciens soldats noirs avec leurs familles (ce qui aboutit à une romance compliquée par les préjugés)...

D'aucuns, esprits chagrins, reprocheront à Godless de prendre son temps. Pourtant, c'est en le faisant que Scott Frank, qui a écrit et réalisé les sept épisodes de la saison, que la série gagne cette épaisseur, fait vivre cette communauté d'hommes et de femmes, accordant aux figures majeures, motrices, toute l'importance, la chair et l'âme qui nous les rendent attachantes ou glaçantes, émouvantes ou pathétiques, tragiques ou porteuses d'espoir.

D'autres encore, mauvais clients, pourront pointer un esthétisme trop léchée à cette production qu'on devine richement financée, mais ce serait un mauvais procès à faire à cette saga que de ne pas apprécier sa beauté formelle exceptionnelle, ses compositions magnifiques, sons sens de la mesure entre la fresque et le drame à hauteur d'hommes et de femmes. Jamais le mystère précieux des destins qui se croisent dans Godless n'est escamotée par le goût de la belle image, les citations explicites (quelques plans sont directement influencés par La prisonnière du désert de John Ford), la déférence au genre (jusqu'au duel attendu de la fin).

Le mérite en revient aussi au casting fantastique et dont se dégagent : Jack O'Connell épatant en desperado sur la voie de la rédemption, Jeff Daniels en bandit (littéralement) manchot et affreusement illuminé, Scott McNairy en shérif qui a perdu son ombre mais pas son sens de l'honneur ni du devoir, ou Sam Waterston vite éliminé mais toujours aussi charismatique en marshall dévasté par l'horreur.

Les actrices sont toutes formidables, sans distinction, et si le western n'a pas attendu Godless pour leur accorder une place à l'écran (depuis Joan Crawford dans Johnny Guitare jusqu'à Barbara Stanwyck dans Quarante tueurs en passant par Jennifer Jones dans Duel au soleil), rarement, voire jamais, elles n'ont paru dans toute leur vérité, leur diversité, depuis Merritt Wever fabuleuse en dure à cuire jusqu'à Tess Frazer superbe de fragilité sensuelle en passant par Michelle Dockery, sensationnelle en fermière farouche. Il faudrait citer toutes les autres pour être juste et rappeler que la qualité d'un rôle ne se mesure pas au nombre de lignes de dialogues interprétés mais bien à la justesse avec laquelle sont incarnées ces héroïnes, qui sont le coeur de la série.

Magistral, visuellement somptueux, palpitant, abondant en morceaux de bravoure, passionnant et atypique, Godless est à tout point de vue une oeuvre qui fera date.

Hob 18/12/2017 20h14

J'aurais pas mieux écrit.
Une vraie claque que ce Godless.

Entre , Godless et Dark, je peux dire qu'on a été gâté en cette fin d'année

gorlab 25/12/2017 23h32

Je viens de voir le 1er ep de Happy, une série Syfy. Je suis assez méfiant des séries Syfy, de bonnes idées mais pas trop de moyens pour les réaliser.
Mais là, j'ai été bluffé, le speech : Un ex-flic, bon flic même, a sombré. Ce n'est plus qu'une épave désabusée, au point de devenir un tueur à gage réputé pour la Pègre. Le soir de Noël, un contrat lui est assigné, liquider 3 types. Ça ne se passe pas trop bien, les types sont liquidés, mais il n'en sort pas indemne..
Dans l'ambulance qui l'emmène aux urgences, une zolie petite licorne bleue (si, si) lui apparait et lui demande son aide....
C'est juste complètement déjanté et un brin trash, mais wahooo...:bave:

scarletneedle 25/12/2017 23h34

C'est l'adaptation du comic de Morrison et Robertson.

gorlab 26/12/2017 00h06

J'ignorais, mais peu étonné que cela soit adapté d'un comic.

FrancoisG 27/12/2017 11h03

On a terminé Ozark hier, et c'était vraiment une bonne surprise (attendue).
Quelques incohérences et facilités, mais la performance des acteurs auxquels on s'attache quel que soit le rôle; ainsi que la réalisation parfaite, font que cette série est hautement recommandable !


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