Critiques Doopiennes 209: Northlanders, AGP, Earth2,Drifter, FF

[doop]

CRITIQUES DOOPIENNES N°209 (Mardi 19/05/2015)

	Citation:
	Quelques précisions : ces critiques sont la plupart du temps des critiques "à chaud". Aussitôt lu, aussitôt critiqué, ce qui peut expliquer un certain manque de recul ou des réactions parfois un peu trop passionnées. Je vais essayer néanmoins de rester le plus impartial possible et surtout, expliquer au maximum mes idées et mes impressions. Je ne détiens pas, loin de là, la vérité sur les comics que je critique. C'est juste une impression de quelqu'un qui lit des comics depuis…pfiouuu….plus de trente cinq ans ! Ce n'est pas parce que je trouve un truc génial ou mauvais qu'il faut absolument le croire sur parole. Le mieux c'est encore de le lire si on a envie, ou de le défendre si on trouve l'avis trop négatif. Le but premier est toujours le même: proposer un échange et un débat sur les séries chroniquées. Dans un souci de bien faire, j'essaye toujours autant que faire se peut d'éviter les spoilers, ce qui fait que des gens qui sont en retard, ou qui suivent en VF peuvent tout à fait lire ces critiques sans aucune hésitation. Certifié forumer aux goûts comics, les plus aberrants lors du buzzawards 2013, vieux papy acariâtre qui n'aime pas les comics et "réfractaire au présent" !!!

NORTHLANDERS TOME3 : LE LIVRE EUROPEEN

Contient les numéros 17,21-28,30-34,37-39,40 de la série NORTHLANDERS (2007)

Fin des trois superbes volumes d'URBAN consacrée à la série NORTHLANDERS. Autant le dire tout de suite, c'est certainement la série dont les responsables d'URBAN peuvent être les plus fiers dans la mesure où ils ont non seulement réussi à proposer une édition originale (dans l'ordre chronologique et par zone géographique) mais à y rajouter tout plein d'articles de fond. L'édition est splendide et certainement meilleure que la version originale. C'est quand même fort de la part d'un éditeur de proposer une telle valeur ajoutée et en tout cas, je n'avais rarement vu ça avant, même sur d'autres productions URBAN. Pour tout vous dire, je n'avais pas aimé les premiers épisodes en VO et me voilà conquis. Nous avons ici trois longs arc entrecoupés de deux histoires solos que je vais vous critiquer en détail
NORTHLANDERS #17 – L'ART VIKING DU COMBAT SINGULIER
(Brian Wood / Vasilis Lolos)

Pas le meilleur récit. Brian Wood se livre dans une analyse des techniques de combat en faisant s'opposer deux champions représentant leur village. La fin est prévisible et je n'ai pas vraiment aimé les dessins, peut-être pas assez réalistes pour ce genre d'histoire très détaillée.
et demi

NORTHLANDERS #30-34 – METAL
(Brian Wood / Ricardo Burchielli)
Cet arc-là est nettement plus intéressant puisqu'il est déjà dessiné par un cador : RICARDO BURCHIELLI qui livre des planches pour le moins très réussies. Nous sommes encore dans un conflit entre les anciens dieux et le dieu unique et pour une fois, Wood nous présente une histoire où le fantastique et la magie a la part belle. C'est plutôt une nouveauté alors que d'habitude, les récits de NORTHLANDERS sont vraiment très réalistes. C'est vraiment une réussite. Et c'est typiquement le genre d'histoires où le scénariste excelle, deux êtres différents qui se retrouvent et qui doivent se battre contre le reste du monde. Sauf que cette fois-ci, nos deux héros (un grand forgeron et une jeune albinos) sont accompagnés dans leur quête par une magicienne invisible. Impeccable.
et demi

NORTHLANDERS #37-39 – LE SIEGE DE PARIS
(Brian Wood / Simon Gane)
Comme son nom l'indique, ce court arc (trois épisodes) nous livre l'histoire du siège de Paris par les troupes Vikings. Encore une fois, Wood nous présente tous les détails de ce siège en s'intéressant à l'un des chefs de guerre Vikings qui va, au péril de sa vie, trouver un moyen d'entrer dans la ville. C'est très documenté mais j'ai un peu moins aimé. J'ai trouvé que le personnage principal manquait un petit peu de charisme et les dessins de Simon Gane, que je ne connais pas, ne m'ont pas réellement convaincus. Cela reste néanmoins une bonne histoire, tout à fait dans la moyenne des histoires produites pour la série.
Ce qui est bien, c'est quand même que l'on ressort de cette histoire en ayant l'impression d'avoir appris quelque chose, et c'est aussi l'une des forces de NORTHLANDERS.


NORTHLANDERS #40 – LA CHASSE
(Brian Wood / Matthew Woodson)
Enorme épisode solo. Très introspectif, il nous raconte la relation entre un chasseur viking et sa proie. Non seulement c'est superbement écrit, mais en plus les dessins sont plus qu'à la hauteur avec ce Matthew Woodson (encore un inconnu au bataillon) mais qui réalise des planches très réalistes sans toutefois interférer avec le lyrisme de l'auteur. Tout simplement magnifique


NORTHLANDERS #21-28 – LA VEUVE ET LA PESTE
(Brian Wood / Leandro Fernandez)
Pour terminer cette série, URBAN nous propose l'un de ses meilleurs arcs, en tout cas l'un de ceux qui résument le mieux cette aventure Viking. On retrouve ici tous les thèmes chers à Wood (deux personnages, cette fois-ci une veuve et sa jeune fille) opposés au reste de l'humanité et qu'un troisième personnage va aider. Cette fois ci ce n'est pas un esprit, une magicienne, un guerrier mais simplement un prêtre qui fait un peu penser à Raspoutine.
D'entrée le personnage de Hilda fonctionne et son combat désespéré pour que sa fille survive est d'autant plus poignant qu'au tout début, elle n'était pas du tout dans les mêmes dispositions.
La mère et la fille vont ainsi devoir affronter un village tout entier mis en quarantaine pour cause de peste noire et surtout trouver un moyen pour survivre aux désirs et à l'avarice des plus méchants des habitants.
C'est un arc plutôt long (huit numéros) mais c'est réellement difficile de fermer le bouquin avant d'avoir tout lu. Il y a plein de rebondissements, c'est rythmé, peut-être un peu trop complaisant dans le gore parfois mais il y a tellement de choses derrière que cela passe sans problème.
Il faut dire que Wood est aidé par l'un des meilleurs artistes de la troupe, Leandro Fernandez qui pour le coup livre peut être son meilleur travail. Déjà que j'apprécie énormément cet artiste, si en plus il fait un boulot d'exception, cela ne peut que donner encore plus de punch à cette histoire.
La page de fin, silencieuse, résume tout à fait cet arc et termine, heureusement, sur une note d'espoir. Une dernière page vraiment marquante qui rend cet arc inoubliable.


Encore une fois, merci à URBAN de nous avoir proposé cette série dans les meilleures conditions possibles. Je vous conseille vivement de vous récupérer les trois volumes.

EARTH 2 – 1 – RASSEMBLEMENT

Contient les numéros 0, 1 à 8 et DC COMICS PRESENTS de la série EARTH 2 (20013)
(James Robinson/ Nicola Scott-Yildiray Cinar-Tom Derenick)

Le pitch :

Nous voici sur une terre parallèle à celle du DC NEW 52, qui subit la même attaque de Darkseid et de ses paradémons. Sauf que contrairement à ce qu'il s'est passé sur notre terre, ici les héros de la "trinité" ont dû se sacrifier pour repousser la menace du tyran d'Apokolips. Terre 2 est donc une terre sans héros, sans merveilles. Jusqu'à l'émergence d'une nouvelle génération.

James Robinson est un auteur absolument fantastique…lorsqu'il en a envie! Ce qui est assez bizarre, c'est que ce scénariste arrive à alterner le sublime (STARMAN, JLA GOLDEN AGE) avec le nettement moins réussi, pour ne pas dire des séries bien moisies (JLA CRY FOR JUSTICE, INVADERS). Ce qui est sûr, c'est que l'auteur a réellement le potentiel pour faire de très bonnes choses, et le fait de le voir sur une série où il a tout à construire en référence à la JSA des années 40 pouvait promettre de très bonnes choses.
C'était malheureusement sans compter sur le traitement NEW 52 des séries de l'éditeur.
Pourtant, le pitch de départ est plutôt sympathique, une terre où Superman, Batman et Wonder Woman sont morts, l'émergence d'une nouvelle génération, Green Lantern, Flash, Hawkgirl, Atom. Robinson a de plus tout le bagage pour faire de très jolies références et de pouvoir livrer des histoires sans aucune contrainte. Et ne caricaturons pas, elle est lisible cette série.
En revanche et si j'exagère, j'ai un peu eu (comme la grande majorité des titres NEW 52 qui me sont tombés entre les pattes) l'impression de lire un comics IMAGE des débuts. Nouveaux personnages qui apparaissent un peu sans raison et qui ne sont absolument pas développés (l'exemple de Flash est flagrant, de la même manière pour Alan Scott, pourquoi ont-ils été choisis par rapport à d'autres ? ). Bref, c'est un peu le même sentiment que lors du premier arc de la JLA NEW 52 (mais en mieux écrit), des héros génériques et pas développés qui se rencontrent au détour d'une page et deviennent tout de suite une équipe lorsqu'ils doivent affronter une menace. Ici c'est Salomon Grundy et que dire, alors que Robinson l'a si bien utilisé des dizaines de fois sur Starman, là il nous livre une caricature cheap et assez dégueu du personnage, qui symbolise désormais le pourri, un peu comme ce qui s'était produit dans le Swamp Thing new 52. Après, il faut peut-être faire confiance à Robinson qui va peut-être détailler ses personnages au fil des pages, mais bon, pour le coup je suis assez pessimiste. J'espère qu'il sait ce qu'il fait. Parce qu'il y a quand même quelques points positifs : j'ai lu l'histoire d'un seul coup, ce qui veut dire que c'est moins d'être mauvais. Simplement qu'il est impossible de décrire les personnages principaux en plus de deux adjectifs après presque dix épisodes.
Jay ? On ne sait pas qui il est, ce qu'il ressent.
Alan ? ben , gay et c'est tout, même si Robinson est moins lourdingue qu'auraient pu être la quasi-totalité des scénaristes actuels, mais bon concrètement, on ne sait pas grand-chose de lui, à part ce point-là qui est loin d'être important pour l'histoire. Quelle est son histoire, pourquoi est-il choisi "par la terre" ? On n'en sait rien.
Hawkgirl ? Rien, un personnage bad ass de plus.
Atom ? assez caricatural dans l'aspect militaire qui ne réfléchit pas.
Après, on a quand même une gestion des personnages meilleures que dans JLA par exemple (c'était pas non plus très difficile) mais je me rends quand même compte que repartir à zéro de nos jours, c'est quasiment impossible à moins d'avoir une idée accrocheuse. Après, j'espère que Robinson va développer son histoire, parce que si pour le moment c'est juste moyen, j'en attends bien bien mieux.

Après les six premiers épisodes, on a quand même une petite originalité : l'équipe n'est pas construite et pour le moment c'est toujours une succession d'individualités.

La suite est quand même franchement décevante, avec le numéro 0 et le DC PRESENTS qui fait le point sur MICHEAL HOLT, le MISTER TERIFIC de EARTH 1 passé sur EARTH 2 (enfin je crois) et TERRY SLOAN le MISTER TERRIFIC de EARTH 2 qui est le méchant principal de la série. Là aussi, les personnages ne sont absolument pas définis et c'est très très ennuyeux. Perso, le lecteur n'a aucune, mais aucune empathie pour HOLT, qui débarque sans prévenir et qui, pour le moment, ne sert à rien. On sent la saga se lancer au numéro 7 et pourtant, le 8 ne propose aucun des personnages précédents puisqu'il se centre sur FURY, la fille de WONDER WOMAN, et là aussi, pour le moment, le traitement de LYTA est limite assez contrariant quand on a connu sa version classique sur INFINITY INC. Là il s'agit d'un mélange entre BIG BARDA et ELEKTRA et encore une fois, le développement est tout à fait superficiel.
Bon, là on va encore dire que je casse du sucre sur le dos d'une série, mais forcément, on fait souvent ressortir dans une critique les points négatifs, ce qui ne fonctionne pas plutôt que le reste, qui fonctionne mais qui est loin d'être brillant. Mais si je devais donner du positif, c'est que l'histoire tient à peu près la route quand on la lit au premier degré et que les dessins de NICOLA SCOTT sont plutôt sympas même si je ne suis pas un fan absolu, loin de là. Je préférais nettement ce que la dessinatrice faisait sur les BIRDS OF PREY du début. J'ai plus apprécié la prestation de YILDIRAY CINAR, qui prend la relève sur le deuxième arc.
Bref, EARTH 2 est un comics très très classique, qui se lit sans problème mais qui pêche, comme quasiment tout le new 52, par un traitement pour le moment superficiel et sans grande empathie des personnages qui fait réellement penser en étant très méchant à un comics scénarisé par BRANDON CHOI ou ERIC SILVESTRI plutôt qu'à un titre de James Robinson. Heureusement que le scénariste livre quand même quelques fulgurances au travers des pages.


Y'a rien à faire, le NEW 52, même quand il y a la possibilité de tout réinventer, ca a du mal à fonctionner.
et demi
La suite ou pas ? :
Alors bizarrement, je pense que je prendrai tout de même la suite car je fais encore confiance à Robinson et j'aimerais savoir si ses intrigues sont au long cours. Mais clairement j'attends une amélioration.

FANTASTIC FOUR TPB1 : THE FALL OF THE FANTASTIC FOUR

Contient les numéros 1 à 5 de la série FANTASTIC FOUR (2014)
(Robinson / Kirk)

Le pitch :

Les quatre fantastiques atteignent un tournant décisif de leur histoire. Une invasion de trop va leur créer de nombreux problèmes qui risquent tout simplement de mener à la fin de leur équipe.
James Robinson accompagné de Leonard Kirk aux dessins ne pouvait être qu'une bonne nouvelle, après une période assez ratée signée Fraction et une très très longue histoire unique et pleine de circonvolutions signée Hickman. Mettre à la tête de cette équipe un scénariste aussi attaché à la continuité me semble être une bonne idée, c'est en effet un des rares auteurs actuels à pouvoir renouer avec un réel esprit d'équipe et de famille. Même si parfois Robinson passe à côté, c'est toujours relativement bien écrit. La présence de Leonard Kirk, dessinateur jamais mirobolant mais toujours très efficace, est aussi une bonne nouvelle.
Cette équipe allait-elle réussir à donner enfin une bonne histoire de cette équipe, finalement l'une des plus difficiles à écrire quand on y pense ?
La réponse est oui.
C'est même plutôt réussi mais on sent néanmoins qu'il y a une idée derrière : mettre fin à la série et aux personnages. Enfin, mettre fin à la série, c'est bien évidemment aller un peu vite en besogne, disons que c'est peut être la première fois qu'on relaunche une série juste pour pouvoir y mettre fin quelques épisodes plus tard. Car c'est vraiment ce sentiment qu'on ressent à la lecture de la série : la fin d'une époque. Robinson prend un malin plaisir à déconstruire page après page la toute première équipe de chez Marvel, l'avantage étant qu'il le réalise plutôt bien. En effet, je trouve que dans ces cinq premiers épisodes, Robinson a finalement très bien capturé l'essence des Fantastic Four et arrive à nous donner une version des héros qu'on a toujours connue et qui avait disparu depuis un petit moment.
Dans ces premiers épisodes, une catastrophe arrive au baxter building, qui produit de nombreuses conséquences, notamment la perte des pouvoirs de l'un des membres de l'équipe et sa mise de côté. De plus, la destruction de New York implique cette fois-ci de graves conséquences : les 4 Fantastiques vont devoir affronter les conséquences de leurs actions et vont ainsi passer en justice pour répondre des destructions causées.
On a déjà vu les Quatre Fantastiques aux prises avec la justice (j'ai en mémoire déjà quelques scènes de procès dessinées par Rich Buckler ou des histoires où nos héros sont aux prises avec la réalité, comme la série 4 de Aguirre-sacasa et Mc Niven), ce n'est donc pas très original, mais c'est plutôt bien fait, avec un numéro cinq qui raconte toute l'histoire de l'équipe avec un point de vue judiciaire.
SI j'avais un reproche à faire, ce serait que la procès est un peu court. Alors que d'habitude les scénaristes prennent leur temps, toute la procédure, les témoignages et le jugement sont expédiés en un seul numéro, et je pense que Robinson aurait dû prendre un peu plus son temps.
Reste à voir ce que cela va donner, mais pour le moment, cette série est une réussite. Sans être tout à fait originale elle renoue totalement avec ce que j'attends des aventures des quatre fantastiques. Le récit est plein d'émotion, de caractérisation mais aussi d'action.
A ce propos, et comme on pouvait s'en douter, les dessins de Leonard Kirk sont vraiment très bons. Il faut dire que l'encrage de Karl Kesel leurs conviennent parfaitement et qu'à eux deux, on a droit à de superbes planches.
Ce relaunch de Fantastic Four, même s'il n'a pas d'autre but que de conduire à la fin de l'équipe, est en tout cas très agréable à lire, bien écrit et bien dessiné même si le procès est à mon sens un peu trop rapidement traité. Ca fait plaisir en tout cas de lire cette histoire.


La suite ou pas ? :
Sans problème, même si je redoute un peu le crossover ORIGINAL SIN. Robinson n'en a pas besoin pour détruire un peu plus la cohésion de l'équipe et j'espère qu'il ne tombera pas dans la surenchère. Faisons lui confiance.

DRIFTER T1

Contient les numéros 1 à 5 de la série DRIFTER (2014)
(Ivan Brandon / Nic Klein)

Le pitch :
Le vaisseau d'Abram Pollux vient de s'écraser sur une planète désertique et abandonnée, sur laquelle quelques humains survivent en exploitant des ressources minières. Il va alors rencontrer des personnages mystérieux, des créatures souterraines et essayer de comprendre pourquoi tout le monde lui dit que son vaisseau s'est écrasé il y a plus d'un an alors qu'il est arrivé il y a à peine trois jours.

J'hésitais à le prendre, mais c'est un bel objet. Un peu cher, mais le format est largement supérieur à celui d'un comics. Je ne connais absolument pas Ivan Brandon et je connais Nic Klein par ses Captain America et ses Thor, donc pourquoi pas. De plus, Image semble prendre en dehors des zombies et des titres gore un petit virage vers la science-fiction (merci SAGA) donc pourquoi pas.
Grosse déception.
Voilà typiquement le genre de récit qui n'a, pour le moment, rien à vendre. Ivan Brandon reprend un peu les mêmes codes que la série COPPERHEAD de Jay Faerber en proposant une sorte de western futuriste dans une ville minière. Mais là où la seconde série proposait des personnages plutôt correctement caractérisés et surtout des intrigues simples, claires et limpides, ici Ivan Brandon nous embarque dans des mystérieux suspenses au long cours. Pour exagérer un peu, on ne sait pas ce qui se passe, et Brandon alterne les scènes de baston avec les dialogues cryptiques et les situations dont on ne sait pas à quoi elles servent. Il mène plusieurs intrigues en parallèle (l'adaptation d'Abram à sa nouvelle planète) et une histoire de prêtre meurtrier qui non seulement n'a aucun lien, mais qui en plus tombe comme ça, sans aucune explication.
Ce n'est pas vraiment le problème de donner un titre cryptique et dont les tenants et les aboutissants seront expliqués plus tard, l'ennui c'est qu'on ne peut proposer ce genre d'histoire qu'en développant un tout petit peu les personnages, histoire d'accrocher le lecteur. Là c'est le néant, et c'est à mon sens le plus gros problème de la série : on ne sait pas qui sont les personnages, on n'a rien pour s'y raccrocher un peu et on n'a aucune empathie. Du coup, c'est rapidement très ennuyeux et très très long en recueil. En fait, c'est un peu comme si vous tombiez à la télévision en plein milieu d'un film en version serbo-croate (si vous ne parlez pas le serbo-croate). Vous regardez les images, mais c'est tout. Le reste vous passe totalement au-dessus. Au bout d'un moment, vous vous sentez limite obligé de lire en lecture automatique, attendant un évènement, un indice, voire un début de caractérisation qui puisse vous remettre dans la lecture et donner un peu d'intérêt à ce que vous lisez. Au bout de cinq épisodes, il n'y a toujours rien.
Après, l'exploration de la planète, les scènes d'action sont plutôt sympathiques. J'aime bien l'idée de ces "ours" à cornes attirés par les éclairs ou bien ces créatures d'os qui marchent dans la mine. Les lieux sont bien décrits, mais comme ce n'est pas le thème de la série, c'est vraiment très secondaire.
De plus, je n'ai pas été terriblement impressionné par les dessins de Nic Klein. Sincèrement, j'ai trouvé la colorisation très fade et clairement, je crois qu'il avait besoin d'un encreur sur ce coup-là. Pour tout vous dire, j'ai préféré son travail mainstream plutôt que son travail indé plus personnel.
Alors attention, cela reste bien évidemment du dessin très solide et d'un très bon niveau, simplement que je ne me suis absolument pas extasié sur une seule des pages. C'est certainement un goût personnel, mais ca ne m'a pas non plus tant renversé que cela.

Donc DRIFTER s'annonce comme une série qui accumule les situations mystérieuses et les suspenses dont on n'a pas les clés, sans caractériser ses personnages. Bref, une série qui donne l'impression de naviguer à vue. Les dessins sont jolis, mais sans plus non plus. En plus, je crois qu'il n'y a toujours pas eu de numéro 6 en VO, c'est pour dire à quel point je suis persuadé que le lecteur n'aura jamais de réponses.

Avec le prix du recueil en VF, je déconseille clairement.

et demi
La suite ou pas ? : Si un volume deux sort un jour, pourquoi pas, mais je ne parierai pas là-dessus. Le problème c'est que s'il faut attendre longtemps pour avoir la suite, l'oubli aura déjà gagné la majorité des lecteurs tellement il n'y a rien à retenir pour le moment.

AMERICA'S GOT POWERS VOL 1

Contient les numéros 1 à 3 de la série AMERICA'S GOT POWERS (2014)
(Jonathan Ross / Bryan Hitch/ Neary-Curry-Paz)

Traitez-moi de faible, je l'accepte sans problème. Encore une fois, ce n'est pas un comics que j'avais prévu d'acheter, mais en feuilletant j'ai trouvé que Hitch était plutôt pas mal sur ce coup là et j'ai donc décidé de voir ce que cela pouvait donner. Après tout, le dernier concept de ce type, qui avait été fait par TODD NAUCK avait été plutôt bien réussi (la sympathique minisérie WIDGUARD).

Le pitch :
Il y a dix-sept ans, un mystérieux cristal s'est écrasé sur la ville de San Francisco, provoquant l'accouchement spontané de toutes les femmes enceintes sur un rayon de plusieurs kilomètres !
Cerise sur le gâteau, tous les nouveaux nés ont développé avec le temps des pouvoirs extraordinaires. Arrive ce qui doit arriver, les nouveaux sont hors de contrôle. Du coup, le gouvernement décide de créer une émission de télé-réalité tous les ans à l'issue de laquelle le grand vainqueur pourra intégrer la super équipe GENERATION POUVOIRS. Cette histoire est centrée sur Tommy Watts, le seul de ces nouveaux nés à n'avoir pas (encore?) développé de pouvoirs.

Alors oui, le principe n'est pas très original non plus puisqu'il mélange largement les thèmes de RISING STARS, de WILDGUARD et même de X-STATIX, sans avoir la qualité d'écriture d'un JM Straczynski ni même l'ironie mordante d'un Peter Milligan. En fait, Ross et Hitch nous la jouent vraiment blockbuster premier degré, avec une histoire très basique, des combats impressionnants et beaucoup de puissance dans les cases.
Et à ma grande surprise, cela fonctionne plutôt pas mal. Moment d'égarement ou rhume passager, je n'ai pas pu décrocher de l'histoire. Ce n'est pas révolutionnaire, ce n'est que du premier degré, mais c'est vraiment bien fait et on a plaisir à lire ce comic-book comme à voir INDEPENDANCE DAY. C'est plein de trucs qui ne tiennent pas la route, mais on s'en fiche, ce n'est pas important. De plus, l'intrigue principale sur Tommy et ses non-pouvoirs est plutôt pas mal fichue, elle donne en tout cas envie de savoir ce qui se passe.

Et pour la première fois depuis très longtemps, Hitch est à la hauteur. Bon, il rate encore certains personnages sur quelques cases (dont la pilosité faciale varie), y'a encore des fois ou c'est faiblard mais ca se rapproche quand même plus d'un ULTIMATES que d'un FANTASTIC FOUR.
Vous l'aurez donc compris, AMERICA 'S GOT POWERS est donc un comics "détente" qui réussit, tout du moins pour le moment, son pari en nous livrant une histoire qui fonctionne parce qu'elle s'appuie sur les forces du dessinateur et sur son premier degré. Après, le problème c'est qu'il n'y a que trois épisodes (mais qui ont l'air d'être plus longs que la normale) et que ce genre de série ne pourra définitivement prouver sa valeur que lorsqu'elle sera terminée. En attendant j'ai beaucoup apprécié.
SI vous cherchez un bon moment de détente, ce comics est fait pour vous. Enfin un comics qui donne ce qu'il prétend, juste une histoire correcte et de bons dessins. Allez, pour être un peu méchant, cela manque quand même un peu d'ironie et l'histoire autour du gouvernement reste le point faible de la chose.

La suite ou pas ? :
Oui, et limite avec impatience, même si j'ai conscience que cela peut rapidement devenir n'importe quoi. D'ailleurs, la série est-elle terminée aux USA ?

	Citation:			Posté par la semaine prochaine (236/05/2015)
	Captain America dimension Z par Remender, Sex Criminals, Über, Elektra et on verra bien

[gobius]

Northlanders j'essayerais bien mais Wood m'ennuie (Dmz, The massive, Star wars, X-men). Je n'ai jamais réussi à finir une de ses séries et bien souvent en prime, il a des dessinateurs très quelconques

Drifter ça à l'air de ressembler un peu à Prophet. D'une page à l'autre je ne voyais pas le rapport entre les dialogues, d'ailleurs il me semble que tu n'avais pas non plus aimé.

Merci en tout cas pour tes critiques !

[Hilarion]

	Citation:
	SI vous cherchez un bon moment de détente, ce comics est fait pour vous. Enfin un comics qui donne ce qu'il prétend, juste une histoire correcte et de bons dessins.

C'est ce que j'aurais dit sur Earth 2.

J'ai passé un bon moment de lecture, sans prise de tête avec de l'action et des personnages sympas. Très classique, mais efficace.

[cyclopebox]

Ne serait-ce que pour le traitement de Alan Scott et Jay Garrick version New 52, je maudirai Didio jusqu'à la fin de mes jours. Pouah !

[Mutability]

	Citation:			Posté par doop
	America's Got powers. D'ailleurs, la série est-elle terminée aux USA ?

Oui... 7 numéros au total.

Bien que la fin peut entraîner un suite. Mais je vois plutôt cette fin comme une vraie fin ironique

[Zen arcade]

	Citation:			Posté par gobius
	Northlanders j'essayerais bien mais Wood m'ennuie (Dmz, The massive, Star wars, X-men). Je n'ai jamais réussi à finir une de ses séries et bien souvent en prime, il a des dessinateurs très quelconques

Je partage assez bien ton avis sur Brian Wood dont je trouve beaucoup de choses plutôt ennuyantes mais par contre je continue à régulièrement lire sa production parce que les dessinateurs avec qui il travaille sont assez souvent exceptionnels (et pas du tout du tout du tout très quelconques).
Becky Cloonan, Ryan Kelly, Kristian Donaldson, Danijel Zezelj, Riccardo Burchielli, Dean Ormston, Leandro Fernandez et plein d'autres, c'est quand même du très très beau linge.
(par contre, je n'ai jamais lu un seul de ses comics Marvel et je n'ai aucune idée de qui sont les dessinateurs avec qui il travaille là-bas, ça explique peut-être notre divergence d'opinion)


Ceci dit, Northlanders, ça varie très fort d'un arc à l'autre, mais il y a assez de bons trucs pour rendre l'ensemble plutôt sympa.

	Citation:
	Drifter ça à l'air de ressembler un peu à Prophet.

Prophet, c'est le bien.
Avec King City, Multiple Warheads et Prophet, je ne dois même pas être très loin de considérer Brandon Graham comme la voix singulière la plus importante a avoir émergé dans le monde des comics ces dernières années.

[Guts]

J'ai également été souvent déçu par Wood (La deuxième moitiée de DMZ, The Massive, Star Wars, Son Conan qui débutait pourtant pas si mal...). Mais avec Northlander, c'est vraiment l'exception concernant son travail. Je partage totalement l'engouement de Doop pour l'édition sublime d'Urban et l'histoire en elle même. C'est vraiment du très bon comics et je ne regrette pas l'achat de ces volumes (je n'ai pas encore pris le 3ème mais ça ne saurait tarder).


Pour Earth 2, j'aurais peut être été un peu moins sévère. Je trouve ça plutôt sympa mais c'est aussi parce que je n'en attendais pas grand chose.

Et merci Doop pour ces critiques, c'est toujours un plaisir de te lire

[Jorus C'Baoth]

	Citation:			Posté par gobius
	Northlanders j'essayerais bien mais Wood m'ennuie (Dmz, The massive, Star wars, X-men)

Northlanders est peut être à sauver dans ta liste, tout n'est pas bon mais il y a une alternance des styles et des histoires assez agréables à lire, pour un peu qu'on aime du vikings hein. Pas lu The Massive, DMZ j'ai bien accroché, c'est solide et souvent puissant mais dans l'ensemble, c'est vraiment un style à part et ces Star Wars et X-Men sont franchement quelconques.

[EsseJi]

	Citation:			Posté par Zen arcade
	Prophet, c'est le bien. Avec King City, Multiple Warheads et Prophet, je ne dois même pas être très loin de considérer Brandon Graham comme la voix singulière la plus importante a avoir émergé dans le monde des comics ces dernières années.

A la maison c'est Miss SJ qui lit Bandron Graham, et elle-même s'accorde à dire que c'est plus pour son style graphique que pour son storytelling.
Et sinon pour une fois d'accord à 100% sur ces critiques Doopiennes.

[Fletcher Arrowsmith]

Sur Brian Wood je viens de terminer Local suivi de New York Four et New York Five (mieux que NY Four) et c'est d'un excellent niveau. Je me suis même réconcilié avec Ryan Kelly.

Sinon pas grand chose à rajouter à ces bonnes critiques. DRIFTER est une déception. Le genre de comics prétentieux qui vend du rêve.

Et Earth 2 c'est tout simplement du bon comics de super slip avec il est vrai un Robinson en mode un peu léger et l'ensemble est un peu décompressé. Mais c'est bien dessiné, il y a de l'action. De quoi passer un bon moment en lisant de bonnes histoires. J'ai trouvé que le New 52 fonctionne bien sur cette série.

Pas pris le AMERICA'S GOT POWERS VOL 1 de Panini car je trouve cela trop cher.

[Al Pennyworth]

Merci pour ces nouvelles critiques.
J'avais aussi bien apprécié cette partie de Northlanders, le siège de Paris, très historique, était l'une des histoires qui m'avait le plus marqué.

[Jorus C'Baoth]

On va pouvoir comparer avec la saison 3 de Vikings ^^

[doop]

earth 2 ca a vraiment pas fait tilt, mais je verrai au tome 2

[Fletcher Arrowsmith]

	Citation:			Posté par doop
	earth 2 ca a vraiment pas fait tilt, mais je verrai au tome 2

Si tu n'as pas plus apprécié que cela le premier volume cela ne va surement s'arranger avec le deuxième volume (et surement encore moins avec l'arrivée de Tom Taylor qui est dans la continuité James Robinson mais en légèrement moins bien). En clair tu n'y trouveras jamais une caractérisation des personnages comme tu la recherches

[Drix]

Merci pour ces critiques, je me posait la question sur Earth 2 et le Hytch, tu m'a eclairé!!! Je vais ptet essayer!