Précédent   Buzz Comics, le forum comics du monde d'après. > > A vos plumes !

Réponse
 
Outils de la discussion Modes d'affichage
  #1  
Vieux 19/04/2011, 20h38
Avatar de AleK
AleK AleK est déconnecté
SpeedBall du pauvre
 
Date d'inscription: septembre 2005
Localisation: Sur la plage
Messages: 1 404
AleK change la caisse du Fauve
Plume La comédie sur-humaine



voila petite pub avant le lancement de mon deuxième chapitre.

Ce sont des petit chapitre donc pas d'affolage, et l'histoire va plaire au comixeux (avec le temps évidemment.)
La comédie Sur-humaine, le roman feuilleton.
Réponse avec citation
  #2  
Vieux 08/05/2011, 00h09
Avatar de AleK
AleK AleK est déconnecté
SpeedBall du pauvre
 
Date d'inscription: septembre 2005
Localisation: Sur la plage
Messages: 1 404
AleK change la caisse du Fauve
Chapitre 1



« L’intelligence n’a d’égale que le pouvoir de suggestion » C’était par cette maxime que le professeur Grégoire Antonin débutait ses cours magistraux. Il adaptait généralement à loisir suivant l’actualité ou ses propres réflexions. Jamais homme de science n’avait été autant méprisé et renié par ses pairs. Il évoluait tellement à la limite de l’hérésie scientifique que son enseignement était distillé dans un bâtiment isolé, à deux niveaux, comportant un petit amphithéâtre au rez de chaussé et un vaste bureau à l’étage.

Son module d’enseignement portait un titre ronflant, « Science medico-parapsychologie ». En bon scientiste convaincu, je me refusais à un jugement hâtif sur la personne du professeur. Mes premiers contacts avec lui furent impersonnels, noyé dans la faible masse de ses étudiants. Les critiques que j’avais lu sur cet homme et ses préceptes dont mes confrères se gaussaient furent vite oubliés tant sa prestance était grande. Il n’avait rien d’un bonimenteur, sa stature était haute, il parlait d’une voix grave, pleine d’emphase et ne cherchait pas à séduire, mais à enseigner. Ses propos n’avaient rien d’extravagant d’un premier abord, ils se voulaient posés et logiques, aucunement des sujets farfelus qui ont souvent été rapportés lorsqu’on évoquait les théories du professeur.

A l’époque, en 1893, j’étais un nouvel entrant dans le laboratoire de zététique de Nice, mon ancien et regretté directeur de thèse au collège de France, Ernest Ranan venait de nous quitter, non sans m’avoir recommandé à son confrère de Nice. Je versais alors dans le scientisme absolue, profondément sceptique, j’avais déjà eu l’occasion de me faire remarquer grâce à mon esprit d’analyse et à une affaire relevant de la mystification des plus primaires, habilement travestie.

Eugène Laurant était un bel homme, charmeur. C’était également un homme se présentant comme télékinésiste, qui nous démontrait son talent à l’aide de jonglerie. Le tour était rodé, assez spectaculaire. Il arrivait à jongler avec des petites billes d’acier sans les toucher. Et finissait en se faisant léviter. L’affaire était plutôt simple mais elle fit grand bruit, du fait certain que des confrères reconnus et expérimentés n’aient pu mettre en doute un tel don. Ce fut mon mentor, de son mouroir, qui m’envoya voir Monsieur Laurant, il ne pouvait se résoudre à partir en laissant cette énigme en suspens.

On me plaça dans une salle de spectacle, on m’interdit de me lever pendant la durée de la démonstration. En cela les précautions me rendait suspicieux. Eugène entra d’un pas leste, j’eus le sourire aux lèvres pendant une bonne partie de sa prestation, tellement les concepts simple peuvent devenir extraordinaire en les drapant dans une aura mystérieuse. Les prestidigitateurs n’avait pas encore envahie l’hexagone et nous n’étions que peu à connaître les ballets des Frères Hanlon, mais un ami m’avait raconté comment une bicyclette semblait flotter à travers la scène, grâce a des petits câbles métalliques rendues invisibles par le fond et le décor.

Je ne suis pas à proprement parlé timide, introspectif, on me dit réservé, mais je ne m’interdit aucune astuce pour arriver à mes fins lorsque le besoin s’en fait sentir. Ce fut donc lors de son salut à la foule, à moi en l’occurrence, que je me levais prestement, et applaudit avec élan, risquant des bravo sonore, dans cette salle déserte. J’avais soupçonné un égo démesuré à ce charlatan, en témoignait les affiches rouge et or qui l’affichait au quatre coin de la capitale. J’obtins l’effet voulu, un sourire intrigué et satisfait, la tension et la méfiance disparus rapidement de son visage. J’avançais dans l’allée, on m’avait placé a quelques sièges de la scène, et toujours applaudissant énergiquement, je m’approchait sensiblement d’Eugène. J’eus la chance que le trouver assez décontenancé pour ne pas réagir lorsque je lui tendis une main admirative, sont premier réflexe fut de me tendre la sienne et il ne pu la retirer à temps. Je le saisi par un de ses gants, qu’il n’avait pas quitté et sentis immédiatement des plaques métalliques à travers le cuir, et des petits filins métalliques cousu sur sa veste. Les plaques de métal aimantées lui permettait de repousser les billes d’aciers, avec un peu de dextérité, on peut les diriger assez correctement et parfaire l’illusion.

Le visage Eugène Laurant passa par diverses couleurs, du blanc livide de l’état de choc au rouge cramoisi de la colère. Il y eu tentatives d’explications, des mensonges, des menaces, des promesses. Mais je ne répondis rien, et le laissait là, rubicond et honteux. Ernest Ranan mourut peu de temps après ma visite, il parut soulagé des résultat de mon investigations, mais je perçu également chez lui un pointe de tristesse, comme si il avait désiré secrètement une conclusion plus extraordinaire.

C’est en raison de mon jeune age que Pierre Duhem, le directeur du Laboratoire de zététique, me confia une mission. Elle consistait à assister aux cours du professeur Antonin, caché dans l’assistance, et de définir la dangerosité de ses enseignements. Je me perdis donc quelques semaines dans la foule estudiantine, allant jusqu’à gouter une oisiveté qui m’avait été refusé lors de mes propres études.
Réponse avec citation
  #3  
Vieux 08/05/2011, 00h09
Avatar de AleK
AleK AleK est déconnecté
SpeedBall du pauvre
 
Date d'inscription: septembre 2005
Localisation: Sur la plage
Messages: 1 404
AleK change la caisse du Fauve
Chapitre 2

20
AVR
Je me prêtais donc au jeu de l’étudiant issu d’une riche famille, oisif et nonchalant, Un rôle que je peaufinais afin de rendre crédible ma légère différence d’age. Je passais mes soirées avec un rassemblement de romantiques, soliloquant des phrases incompréhensibles et abusant de la fée verte. Je ne trempais que rarement mes lèvres dans l’absinthe, connaissant ses effets à long terme sur le cerveau pour avoir étudié certains cas à la salpêtrière. En revanche, un soir, où mes amis saluaient dignement le départ de Maupassant, j’abusai volontiers d’un cru bordelais épargné par l’invasion phylloxera, ces insectes dévoreurs de vignes qui dévastaient les récoltes depuis plusieurs années. Ce fut donc d’un pas mal assuré que je me présentais au cours du Professeur Antonin le lendemain matin.


Je choisis par bonheur un siège en hauteur, loin de la lumière des fenêtres, blessant mes yeux fatigués. Par bonheur, dis-je, car un homme se tenait aux cotés du professeur. Il le dépassait d’une bonne tête, sa blondeur et ses yeux bleus ne pouvaient renier leurs origines slaves. Il portait une tenue sobre, complet veston surmonté d’une blouse blanche, il avait la mine sombre, les cheveux plaqués sans doute à l’huile de macassar, une moustache fournie cachait sa bouche. Il avait le caractère de son apparence, peu enclin au discours et particulièrement consciencieux. Mais lorsqu’on creusait un peu sous le vernis, on y trouvait un homme inventif et agréable, capable du plus grand sérieux sur des choses anodines, leur donnant un aspect de nouveauté. J’avais passé bon nombres d’heures à parcourir les couloirs de la clinique, le suivant de près, l’écoutant les rares fois qu’il daignait s’adresser à moi. Il s’appelait Joseph Babinski, médecin des hôpitaux et protégé de Jean Martin Charcot.

Sa présence ne m’étonnait pas outre mesure, ses études sur le cerveau, l’hypnose et l’hystérie, menées avec Charcot faisaient référence. Ma présence en cette salle risquait fort de l’étonner en revanche, je m’avachis donc sur la chaise, évitant à tout prix son regard perçant.

Son exposé portait sur ses travaux de l’époque, les inflexions du système nerveux grâce à l’hypnose. J’écoutai d’une oreille distraite sa voix de baryton nous exposer l’importance d’un diagnostique neurologique dans la recherche d’une pathologie. L’hystérie semblait prendre une grande part dans ses recherches, il la définissait aussi précisément que l’époque le lui permettait, comme des phénomènes pithiatiques pouvant être reproduits par la suggestion. Il nous présentait ensuite l’ouvrage de Paul Briquet, le traité de l’hystérie, qui recensait les cas d’hystérie, les décrivait comme presque exclusivement féminins, héréditaires, et touchant une classe sociale très modeste. Il avança aussi en conclusion, en citant Platon:

« -L’utérus est un animal qui désire engendrer des enfants. Lorsqu’il demeure stérile trop longtemps après la puberté, il devient inquiet et, s’avançant à travers le corps et coupant le passage à l’air, il gêne la respiration, provoque de grandes souffrances et toutes espèces de maladies ».

Il se figea après cette phrase, il semblait observer un étudiant.

« -Pouvez vous faire profiter l’assemblée de vos réflexions, Mademoiselle… ? Commença Joseph, d’un ton d’instituteur sévère.

« -Mlle Glaisette, Docteur Babinski, fit une voix d’un coup forte, teinte d’une pointe de rage contenue. Je me faisais la réflexion que cette phrase allait bien mieux dans la bouche d’un pédéraste mort depuis 2000 ans que dans celle d’un médecin de la salpêtrière.

Un silence gêné se fit entendre, tout le monde dans la salle connaissait Eugénie. Une féministe avant que la société ne les désigne comme telle, elle était une des premières femmes étudiantes, elle participait à de nombreux modules, passant des sciences appliquées à la littérature. Toujours en pantalon, elle narguait la loi en poussant une bicyclette, je ne l’ai jamais vu pourtant chevaucher l’engin. Elle était fort agréable à regarder, ce qui semblait l’irriter au plus haut point, tant les attentions de ses camarades étudiants étaient prévenantes et pressantes.

Joseph partit d’un de ses rires carillonnants, faisant sursauter le premier rang de l’assistance.

« -Et bien jeune fille, je plains votre futur mari, s’il a le malheur de vous contrarier. Mais j’avoue la pertinence de votre remarque. »

Je ne me penchai pas pour entrevoir la réaction d’Eugénie, craignant que ce mouvement soit capté par l’œil toujours alerte de Joseph. Un éclat de rire partit des voisins d’Eugénie, elle qui était une habituée des répliques cinglantes avait dû trouver un mot d’esprit adéquat.

Je profitai de la fin du cours et du mur formé par mes camarades interpelant Joseph pour sortir sans attirer l’attention. Je me trouvais juste derrière Eugénie, qui tirait vers elle les poignées de sa bicyclette. Je pressai le pas et me retrouvai à ses cotés.

« - Excusez-moi, mademoiselle, aurais-je l’impudence de vous demander une chose ?

Elle se tourna vers moi, un air dédaigneux déformait une bouche fine et des yeux clairs. Elle me toisa proprement, sans doute ma fausse identité ne convenait pas à ses valeurs.

« - Que voulez-vous ? Sachez que je ne suis pas ici pour trouver un galant.

« - Loin de moi cette idée ! », lançai-je, sans doute inconsciemment j’aurais voulu la contrarier plus que de raison, voyant sa façon de se rendre supérieure à ces hommes bestiaux qui l’entouraient. « Je désirais juste connaître votre réponse au Docteur Babinski, d’où je me trouvais, je ne l’avais pas entendue.

« - Ho, fit-elle en rougissant. J’ai simplement répondu que mon mari n’aurait que faire de mon caractère, si bien occupé qu’il serait à palier le peu de cas que j’apporte au ménage et aux convenances. »

Elle me laissait là, sur ces paroles si résolument modernes, intrinsèquement porteuses de l’hérésie sociétaire qui sera tellement en vogue au début du vingtième siècle. Ce jour-là, je commençai à l’admirer, même si je ne lui enviais pas sa force de conviction, car je me targue de faire de la mienne un choix de vie. Ce ne fut que quelques temps plus tard que l’admiration céda à la passion et enfin à la haine.
Réponse avec citation
  #4  
Vieux 08/05/2011, 00h09
Avatar de AleK
AleK AleK est déconnecté
SpeedBall du pauvre
 
Date d'inscription: septembre 2005
Localisation: Sur la plage
Messages: 1 404
AleK change la caisse du Fauve
Chapitre 03

07
MAI
Cela faisait maintenant plusieurs semaines que je suivais les cours de Grégoire Antonin. Loin d’être inintéressantes, ses théories étaient néanmoins consensuelles et n’apportaient rien de nouveau. Mes derniers rapports envoyés au laboratoire allaient en ce sens. Je me laissai la première semaine du second semestre pour conclure cette première investigation peu passionnante.


Quelques jours avant mon départ, le professeur me fit demander. J’étais plutôt intrigué par cette convocation, je ne lui connaissais pas cette habitude, préférant apostropher un étudiant en plein cours. Une méthode que je réprouvais, prenant cela pour de la lâcheté, je me suis vite rendu compte qu’il s’agissait plus d’une forme d’humiliation publique. L’étudiant se trouvait bien souvent mis en faute, face aux regards de ses pairs, il pouvait au plus bredouiller quelques mots. Bien évidemment certaines personnes échappaient à la règle, Eugénie en l’occurrence. Antonin avait fait l’erreur de l’apostropher sèchement, il avait reçu en retour, et pendant de longue minutes, une diatribe bien rodée sur la suffisance masculine dans les sciences.

Lorsque j’entrai dans le bureau, je pus constater que je n’étais pas le seul à intéresser le professeur. Il avait regroupé trois des étudiant les plus haut en couleur de son cours. Miss Glaisette s’était postée près de la fenêtre, une main négligemment glissée dans une poche de son pantalon. Vladimir était assis sur un des fauteuils, lustrant sa fine moustache de ses doigts délicats, l’air grave et pensif en bon marxiste. A côté de lui, un pétillant jeune noble, avec qui j’avais déjà échangé quelques propos, Henry de La Vaulx.

Le professeur frappa dans ses mains en me voyant, il se tenait à son bureau, visiblement en plein préambule.

- Ha ! Voilà donc le quatrième membre du groupe, je vais pouvoir enfin entrer dans le vif du sujet. Voyez-vous messieurs, et mademoiselle, fit-il après une légère hésitation qui fit pincer les douces lèvres d’Eugénie, vous n’êtes pas sans connaître les sujets de mon module, peut être avez vous été déçus de la mollesse de mes propos, du manque d’audace de mes théories. On vous avait sans doute préparés à des découvertes pionnières sur l’esprit humain.

Il fit une pause, et observa son effet. Ses yeux avaient un pouvoir assurément hypnotique, et une ombre de gêne passait sur mes trois compagnons qui soutenaient son regard.

- Bref, continua-t-il, cela importe peu car je voulais avant tout choisir et prendre la mesure de mes futurs assistants. En fait, je me suis assuré en vous choisissant qu’aucune information préjudiciable à mon projet ne filtrerait. Je vous l’expliquerai individuellement plus tard. Avant le « pourquoi vous ? », je vais aborder le « pourquoi des assistants ?». Il faut savoir que je travaille sur des sujets vivants, qu’il me faut les observer à toute heure du jour et de la nuit, que leur nombre croissant ne me permet plus de passer autant de temps qu’il m’est nécessaire à leur étude. J’ai donc besoin de personnes compétentes, qui puissent faire preuve d’analyse, d’initiative et d’ouverture d’esprit. Ce ne sera je l’espère, une charge peu ingrate, vous serez au contact de mes sujets d’expérience et d’une façon d’aborder la médecine qui révolutionnera le vingtième siècle. Et je trouve cela plutôt réducteur, car ma découverte, ou plutôt ma thérapie, trouvera des implications dans tous les actes du quotidien, du plus anodin au plus conséquent.

Je voyais l’œil de Victor s’allumer, il devait extrapoler quelques théories prolétaires ou égalitaires. La bouche d’Henry se fendait d’un sourire moqueur, persuadé certainement que le discours hyperbolique du professeur nous amènerait à un coup d’épée dans l’eau. Il se gaussait bien des avantages au quotidien, se présentant comme l’aventurier ultime, l’homme qui braverait les territoires vierges et sauvages. Pour Eugenie, tant que le professeur ne parlerait pas d’une amélioration de la qualité de vie des femmes, son intérêt pour cette réunion ne serait pas palpable. J’essayai pour ma part de cacher les prémices d’une excitation scientifique derrière un masque de désinvolture.

- voilà je voulais faire mon laïus devant vous tous, maintenant je vais parler à Mr Oulianov, je verrai les autres dans les jours à venir.

Nous nous apprêtions à sortir et à laisser Victor avec Antonin. Énormément de questions restaient sans réponse.

- Après Mr Oulianov, nous apostropha-t-il une dernière fois, j’aimerais m’entretenir avec mademoiselle Glaisette, puis monsieur le comte de La Vauxc. Je garderai Monsieur Sigognac pour la fin.

Sa façon de prononcer mon nom d’emprunt me fit tiquer, mais je préférais mettre cela de coté. Jamais il ne m’aurait convié dans un groupe de recherche s’il avait eu un doute sur mon identité. J’étais fixé quelques jours plus tard, lorsque qu’effectivement il m’expliqua nombre d’expériences fabuleuses, et qu’il me fit la démonstration de l’efficience d’une telle découverte.
Réponse avec citation
  #5  
Vieux 30/05/2011, 05h28
Avatar de AleK
AleK AleK est déconnecté
SpeedBall du pauvre
 
Date d'inscription: septembre 2005
Localisation: Sur la plage
Messages: 1 404
AleK change la caisse du Fauve
Chapitre 04

26
MAI
Nous avions prévu de nous retrouver tous les quatre, les protégés d’Antonin, à une table du café de la commune. Peu de gens le fréquentaient, la réputation du lieu restait furieusement anarchique, nous ne nous attendions pas à croiser un autre étudiant. Le choix de l’établissement revenait à Vladimir. Il se proclamait très nostalgique de cette période d’insurrection, bien qu’il ne l’eût évidemment pas connu.

Henry décida de la boisson, il commanda des bières Moritz, encore totalement inconnues dans la capitale. D’après les dires du comte, la veuve Klein du VI savait brasser le houblon de façon honorable. Nous attendions nos chopes lorsque Eugénie sortie une blague a tabac et commença à rouler un long et fin cylindre. Après qu’elle ai eu tiré quelques bouffées, je fus interpellé par l’odeur entêtante de la cigarette. Voyant mon regard intrigué elle déclara :

« -C’est du Keemun, très répandu chez mes amies anglaises, elles le fument à leur « Five O’Clock », d’ailleurs elles le boivent également de temps à autres.
« -Elles le boivent ? M’enquérais-je.
« -Oui, c’est une sorte de Thé noir très parfumé, et également très doux en gorge.
« -Fumer du Thé, répliquais-je, cela me semble plutôt désuet.
« -Il se trouve, Monsieur, me fit-elle d’un air offusqué, que c’est là le tout dernier raffinement féminin britannique.
« -Fumisterie! lança Vladimir, son accent roulant et son sourire appuyant le comique de sa réplique. L’élitiste fera tout pour se démarquer de la masse prolétaire, jusqu’à leur prendre leurs vieilles dépendances. Les fermiers chinois et les importateurs occidentaux fumaient le thé voilà des siècles. En Russie mes compatriotes préfèrent le mélange slave, parfumé au Jasmin.

Eugénie écrasa son mégot à peine entamé, comme je l’avais remarqué à plusieurs reprises, elle m’aimait pas être prise en faute, voire gentiment rabroué sur des sujets futiles.

« -Allons Mademoiselle Eugénie, commença doucement Henry, qui avait visiblement des vues romantiques sur elle. Il ne faut pas prendre la mouche de la sorte lorsqu’on vous lance une pique. On risquerait de vous prendre pour une personne bien superficielle, finit-il en pouffant, anéantissant par là même toute chance de réponse à ses galanteries futures.

« -Je passerais donc là-dessus. Vous me comparez à un bovidé dans l’arène, simplement capable de taper du sabot, sachez que le rouge ne m’excite guère, et celui qui apparaît sur votre visage me laisse bien froide.

Je coupais court à ce duel de bons mots, et demandais à Vladimir :
« -Pouvez vous maintenant, s’il vous plaît, nous entretenir de votre rencontre avec le professeur ?
« -Et bien camarade, je n’ai pas le loisir de vous faire part des détails. D’ailleurs, j’ai bien peur que je ne puisse simplement pas vous parler du projet. Je connais les raisons qui me font rejoindre le professeur. Il me semble évident que vous y participerez, je me doute des bénéfices futurs pour Mademoiselle Eugénie et le Comte. Je m’interroge juste sur votre cas, Sigognac, conclu-t-il en me regardant d’un air mi-interrogatif, mi méprisant.
« -Je ne peux l’expliquer, me défendais-je, je ne suis pas quelqu’un d’aussi passionné que vous, je n’ai pas d’idéaux aussi extrêmes et novateurs, peut-être voulait-il un assistant plus indolent, moins prompt à juger les autres. Si ses expériences portent sur des sujets humains, mes connaissances en relations sociales peuvent être fortement utiles.
« -Vous ne pouvez pas imaginer ce qui pourrait être utile au projet, répliqua Victor, les yeux brillants.
-Si on avait la moindre idée de ce dont vous parlez, s’enflamma Eugénie, peut être pourrions nous nous enthousiasmer d’une pareille façon.
« -Je ne peux, et vous le comprendrez aisément demain, vous révéler la moindre chose à ce propos. J’ai sans doute fait une erreur en venant à ce rendez-vous inopportun.

Vladimir se leva, et quitta la table sans plus de cérémonie. Nous échangeâmes des regards. Personne ne réengagea la conversation pendant de nombreuses minutes, Nous savourions le houblon en silence. Eugénie roula une nouvelle cigarette de thé et l’alluma en frottant une allumette d’un geste vif sur le coin de la table.
« -Vous êtes aussi curieux que moi, engagea enfin la demoiselle.
« -J’avoue, répondit Henry, que bien des suppositions me passent en tête…

Il s’en suivit une soirée très prolixe, où beaucoup de possibilités furent abordées. Mais aucune, fussent-elles délirantes, ne s’approchèrent réellement de la vérité.
Réponse avec citation
  #6  
Vieux 13/08/2011, 16h00
Avatar de aegnor
aegnor aegnor est déconnecté
quikavumagom?
 
Date d'inscription: avril 2004
Localisation: Arles
Messages: 11 114
aegnor est presque aussi beau que Revancheaegnor est presque aussi beau que Revancheaegnor est presque aussi beau que Revancheaegnor est presque aussi beau que Revancheaegnor est presque aussi beau que Revancheaegnor est presque aussi beau que Revancheaegnor est presque aussi beau que Revancheaegnor est presque aussi beau que Revancheaegnor est presque aussi beau que Revancheaegnor est presque aussi beau que Revancheaegnor est presque aussi beau que Revanche
C'est vraiment très agréable à lire et surtout très intriguant. Vivement la suite!!!
Réponse avec citation
  #7  
Vieux 16/11/2011, 08h06
Avatar de Thoor
Thoor Thoor est déconnecté
The Mighty Charentais
 
Date d'inscription: mars 2006
Localisation: Derry / Maine
Messages: 5 246
Thoor change la caisse du Fauve
Lu le CH1

Dense, beaucoup d'informations dans cette introduction, je m'attelle a la suite..
__________________
L'amour pour épée, l'humour pour bouclier ! (B WERBER)

ventes Ultimate

WONDERCITY
nouvel épisode: SUNGIRL
Réponse avec citation
  #8  
Vieux 29/11/2011, 08h17
Avatar de Thoor
Thoor Thoor est déconnecté
The Mighty Charentais
 
Date d'inscription: mars 2006
Localisation: Derry / Maine
Messages: 5 246
Thoor change la caisse du Fauve
Lu CH 2

Toujours aussi dense, je me laisse guider.
__________________
L'amour pour épée, l'humour pour bouclier ! (B WERBER)

ventes Ultimate

WONDERCITY
nouvel épisode: SUNGIRL
Réponse avec citation
  #9  
Vieux 30/11/2011, 08h17
Avatar de Thoor
Thoor Thoor est déconnecté
The Mighty Charentais
 
Date d'inscription: mars 2006
Localisation: Derry / Maine
Messages: 5 246
Thoor change la caisse du Fauve
Lu CH 3

On rentre dans le vif du sujet....
__________________
L'amour pour épée, l'humour pour bouclier ! (B WERBER)

ventes Ultimate

WONDERCITY
nouvel épisode: SUNGIRL
Réponse avec citation
  #10  
Vieux 29/03/2012, 16h22
Avatar de AleK
AleK AleK est déconnecté
SpeedBall du pauvre
 
Date d'inscription: septembre 2005
Localisation: Sur la plage
Messages: 1 404
AleK change la caisse du Fauve
http://www.plumesdelapin.com/~csh/wp...01-Contact.pdf

pour les 5 chapitres de l'intro et bientôt la suite.
Réponse avec citation
Réponse

Outils de la discussion
Modes d'affichage

Règles de messages
Vous ne pouvez pas créer de nouvelles discussions
Vous ne pouvez pas envoyer des réponses
Vous ne pouvez pas envoyer des pièces jointes
Vous ne pouvez pas modifier vos messages

Les balises BB sont activées : oui
Les smileys sont activés : oui
La balise [IMG] est activée : oui
Le code HTML peut être employé : non

Navigation rapide


Fuseau horaire GMT +2. Il est actuellement 06h59.


Powered by vBulletin® Version 3.8.3
Copyright ©2000 - 2024, Jelsoft Enterprises Ltd.
Version française #20 par l'association vBulletin francophone
Skin Design et Logos By Fredeur
Buzz Comics : le forum comics n°1 en France !