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Vieux 01/08/2009, 15h11
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ASTRO CITY, de Kurt Busiek, Brent Anderson et Alex Ross

Ayant clos mon "run" (de 50 ouvrages analysés) des "Critiques de Wildcard", j'entreprends aujourd'hui une nouvelle série de palpitantes aventures où je vais passer en revue certaines séries me tenant particulièrement à coeur.

Lorsque je le pourrai, je chroniquerai l'intégrale d'une oeuvre. Sinon, j'invite ceux qui le souhaiteront à complèter mes articles - et ainsi, dans la joie et la bonne humeur qui anime notre sainte communauté, naîtra un travail collectif voué à éduquer les masses de profanes comme les connnaisseurs les plus pointus.

C'est donc avec le souci du pédagogue mais la passion du fan que je me pencherai sur des titres divers et variés, qui feront à chaque fois l'object d'un topic particulier.

En même temps, pour "ne pas trop charger la mule" (comme on dit à l'Ouest du Pecos), je posterai le texte d'un seul recueil à la fois pour rendre la lecture la plus agréable et accessible possible.

Pour inaugurer cette collection, j'ai donc choisi de m'intéresser (et vous avec, je l'espère) à cette merveille qu'est : ASTRO CITY, fruit des efforts conjugués de trois grands noms, Kurt Busiek, Brent Anderson et Alex Ross.

Commençons donc par le commencement, à savoir :



Voilà une des plus belles productions de ces 15 dernières années, une entreprise tout à fait à part conçue par un des scénaristes les plus brillants et cultivés de sa génération, une oeuvre qui fait à la fois la synthèse de plusieurs comics parus chez divers éditeurs tout en en donnant une interprétation originale : s'il fallait désigner le trait d'union le plus abouti entre la tradition du genre super-héroïque et ses révisions par les auteurs-phares des années 80 (Moore, Miller...), c'est en lisant Astro City qu'on le trouverait.

Kurt Busiek's Astro City est une série de comics se déroulant dans une ville imaginaire. Ecrite par Kurt Busiek, elle est co-créée et illustrée par Brent Anderson, qui en signe les planches intérieures, et Alex Ross, qui a élaboré avec Anderson les designs de la ville et de ses personnages et peint les couvertures de chaque épisode et receuil.
La série démarre en Août 1995, publiée à l'origine par Image Comics, puis par Homage Comics (une branche de Wildstorm).

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Astro City 1 : Life in the Big City est d'abord et avant tout une collection de nouvelles à la gloire du "Silver Age". Les six récits compilés dans ce premier recueil sont indépendants les uns des autres, mais une fois lues ils forment déjà la carte d'un nouveau monde riche d'une longue histoire.
Les sujets sont immédiatement éloquents et familiers, convoquant plusieurs univers et héros déjà vus, mais refaçonnés d'une manière moderne et accessible à la fois.

- Le premier épisode (In dreams) explore les rêves de Samaritan, une version alternative de Superman, continuellement occupé à sauver la population du monde entier de désastres divers et variés, en sacrifiant sa vie privée et en veillant à ce que sa double vie de correcteur et de justicier ne soit pas découverte.

- Le deuxième épisode (The scoop) évoque le chef-d'oeuvre de Busiek et Ross, Marvels, puisqu'il relate comment un jeune reporter fut témoin d'une incroyable aventure puis comment il dut corriger son article à ce sujet au point de ne relater que les faits pouvant être prouvés, supprimant tout la partie fantastique.

- La troisième histoire (A little knowledge) raconte comment un brigand découvre accidentellement l'identité secrète de Jack-In-The-Box, un justicier masqué, et comment cette découverte va le tracasser, au point qu'il décidera de garder ce qu'il sait pour lui.

- La quatrième histoire (Safeguards) suit les pas d'une jeune femme originaire de Shadow Hill qui projette de s'établir dans le Centre-Ville, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que la vie y est aussi dangereuse.

- La cinquième histoire (Reconnaissance) est particulièrement importante car elle sert de prémice à la saga qui alimentera le recueil suivant (Confession) : un espion extra-terrestre décide de surveiller un héros pour savoir si la planète doit être envahie ou non - malheureusement, il s'intéresse à Crackerjack, qui est aussi vantard que négligeant.

- Enfin, le sixième épisode (Dinner at eight) met en scène une soirée romantique entre Samaritan et Winged-Victory, où ils dévoilent des conceptions divergentes du métier de justicier mais aussi leur attirance physique.

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Pour bien en apprécier la lecture, je vous propose d'abord d'établir une vue d'ensemble d'Astro City.

La métropole d'Astro City concentre une vaste communauté d'individus dôtés de super-pouvoirs : le premier de ces héros à avoir été répertorié était Air Ace, vétéran décoré durant la Première Guerre Mondiale et qui s'est établi ici après le conflit. Bien d'autres personnages peuplent les pages de la série, certains n'apparaissant que comme figurants, d'autres occupant le devant de la scène dans plusieurs épisodes.

Mais la singularité du projet de Kurt Busiek est qu'il s'intéresse à plusieurs protagonistes plutôt qu'à un héros ou une équipe de héros en particulier : cette multiplicité et cette diversité de points de vue fait toute la richesse de cette production. Ainsi, certains épisodes sont racontés par les super-héros, d'autres par des humains ordinaires témoins de leurs exploits, et d'autres encore par les criminels qui peuplent la cité.

L'autre originalité de l'écriture tient à la variété de sa narration : parfois une histoire n'occupe qu'un chapitre, parfois elle peut s'étendre à six (et même jusqu'à seize, avec le story-arc en cours, Astro City : Dark Age, dont les deux protagonistes principaux sont deux frères, Charles et Royal Williams, qui choisissent de devenir policier pour l'un et malfrat pour l'autre, dans les années 70).

L'accroche dramatique d'Astro City consiste à analyser comment le public - à la fois les gens ordinaires, les surhommes et leurs ennemis - vit dans ce monde.

Par exemple, comme nous allons le voir dans ce premir recueil, Samaritan réfléchit au sens de sa vie au cours d'une journée au cours de laquelle il passe le plus clair de son temps à sillonner la planète pour aider les civils de diverses menaces, sans avoir aucun véritable moment de répit. Il prend alors conscience qu'il ne peut avoir de vie privée, sociale, normale, et qu'un des rares plaisirs qui lui reste est de voler dans les airs.

Dans le second recueil (Confession, que je chroniquerai bientôt), c'est à l'initiation de son jeune partenaire par un héros que l'on assiste.

Dans le quatrième tome, nous observons les efforts d'un ancien super-vilain repenti pour se réinsérer dans la société.
Il est parfois aussi fait mention d'autres héros, en action dans d'autres villes qu'Astro City elle-même : ainsi voit-on occasionnellement Silversmith à Boston, The Untouchable à Chicago (un clin d'oeil à Elliott Ness) et Skycraper à New York.

La ville d'Astro City est elle-même un personnage à part entière - et comme le prouvent les bonus de l'édition américaine (car il faut impérativement lire la série en vo, ne serait-ce que pour profiter de ces somptueux supplèments... Absents des ouvrages en vf, chez Semic et Panini !).

La cité s'appelait initialement Romeyn Falls, elle fut rebâtie après la Seconde Guerre Mondiale et rebaptisée en l'honneur du justicier Astro-Naut, qui (apparemment), au prix de sa vie, sauva ses habitants d'un désastre (non dévoilé à ce jour).
Astro City compte plusieurs quartiers :

- le Centre-Ville restauré où se trouve le Binderbeck Plaza ;

- la Vieille-Ville ; Chesler (aussi connu comme "The Sweatshop") ;

- Shadow Hill (quartier où règne la magie) ;

- Bakerville ;

- Derbyfield ;

- Museum Row/Centennial Park ;

- Iger Square ;

- Kiefer Square (zone où réside la canaille locale) ;

- Kanewood ;

- South Kanewood ;

- Fass Gardens ;

- Gibson Hills ;

- et Patterson Heights.

Shadow Hill occupe une place à part : géographiquement, la zone surplombe la ville et elle est protégé par the Hanged man, présent dans plusieurs histoires.

Parmi les édifices notables d'Astro City se trouvent :

- l'Astrobank Tower, sur lequel trône la balise d'alerte de la ville et où on distingue une statue d'Air Ace ;

- la Cathédrale Grandenetti ;

- le Pont Outcault ;

- le bar Bruiser où se retrouvent des héros ;

- le club privé Butler's où se rassemblent d'autres justiciers,

- et Beefy Bob's, un fast-food.

On remarquera que Busiek a nommé plusieurs des quartiers et établissements de la ville en utilisant les patronymes de plusieurs célébrités de l'industrie et de l'histoire des comics.Par exemple, la prison de Biro Island est une référence à Charles Biro (l'auteur de la série Crime Does Not Pay). Le Pont Outcault est un hommage au créateur du Yellow Kid, personnage dont le nom est aujourd'hui celui d'une récompense prestigieuse dans la bande dessinée.

Où se situerait Astro City dans la réalité ?

Plusieurs hypothèses sont possibles, mais la série sèe des indices pour nous éclairer. Astro City se trouve certainement dans l'ouest des Etats-Unis, vers le Mississippi si on se fie à la lettre "K" de deux chaînes locales (KBAC, KACT). Busiek a cependant expliqué que la position de la cité, avec son Mont Kirby au nord, était entièrement imaginaire. Toutefois, on ne serait pas loin du Midwest car c'est au-dessus de cette région que flotte le quartier général volant de l'Honor Guard - l'équivalent des Vengeurs et de la JLA.

Mais la meilleure indication sur la situation géographique d'Astro City provient du passé de Steeljack (dans le tome 4, The Tarnished Angel) : malfrat, il fuit la ville puis y revient, après être passé dans le sud, dans le Kansas, vers Salina. Puis il traverse Pittsburgh et rallie Astro City après avoir survolé le Wyoming.

Visuellement, Busiek, Anderson et Ross ont mixé plusieurs métropoles pour composer Astro City : on y relèvera des similitudes urbaines avec San Francisco et Los Angeles, mais aussi avec San Antonio et Houston. Elle évoque aussi des villes situées sur les côtes comme St. Louis, Missouri.

Brent Anderson et Alex Ross ont utilisé une abondante documentation photographique pour créer ce lieu à l'image des mégalopoles comme New York. Et Busiek a suggéré que le Centre-Ville faisait allusion au caricaturiste Romeyn de Hooghe, dont le prénom rappelle la première appellation de la ville.

Les croquis préparatoires attestent en tout cas qu'Astro City a été inspirée par New York mais aussi Boston (dans un épisode est d'ailleurs mentionné un véritable article du Boston newspaper, remanié pour l'occasion) - or, Kurt Busiek a longtemps vécu à Boston...

Plutôt que d'en dresser une liste exhaustive, je vous renvoie à ce lien : Astro City characters, pour connaître les principaux héros et vilains de la série.
J'ai posté quelques dessins de Brent Anderson là : http://www.buzzcomics.net/showpost.p...4&postcount=52
Vous remarquerez la richesse de ce casting et constaterez avec quel brio Busiek s'est amusé à réinventer certaines figures iconiques des comics. Mais cette distribution vaut aussi par le nombre de civils et d'entités, qui donne toute son épaisseur à cet univers.

Les influences du scénariste sont très variées et témoignent de sa grande érudition : son confrère James Robinson (JSA : The Golden Age) a d'ailleurs comparé Busiek, dans la préface du tome 5 (Local Heroes) au cinéaste Martin Scorsese, lui aussi connu pour sa culture, sa passion et son talent à les faire partager. C'est on ne peut plus vrai mais les racines de son oeuvre se trouvent autant dans les comics que dans la littérature d'aventures en général et la mythologie : la structure et la texture même de la série sont la quintessence de ce qu'on peut tirer de meilleur de ces genres au sein du cadre déjà très codifié des histoires de super-héros.

Plusieurs personnages sont ainsi basés sur de véritables personnes, un procédé qui permet une solide et profonde caractérisation, et à laquelle l'écriture classique de Busiek sied à merveille. Ainsi, c'est en s'inspirant notamment d'acteurs célèbres et de vedettes du 9ème Art que certains protagonistes ont été élaborés.

Dans l'introduction de ce volume, qu'il a lui-même rédigée, Busiek confesse qu'il aime les super-héros, presqu'en réaction à ceux qui ne considèrent ces personnages que comme des créations simplistes, extensions des fantasmes adolescents, et incarnant une présentation manichéenne des valeurs.

Le soin et la justesse avec lesquels l'auteur est parvenu à insuffler de la vie, du réalisme dans cet univers tout en préservant sa fantaisie prouve qu'avec du talent et une vision nette et inventive, on peut transformer ces clichés en oeuvre d'art, on peut émouvoir avec des personnages et des histoires a priori seulement rocambolesques et bariolés. Busiek rend autant hommage à l'oeuvre de ses pairs et devanciers qu'il participe à la progression du genre en leur donnant une humanité inspirée.

Avec lui, le simple récit d'un surhomme qui n'a pour seul bonheur que de voler revêt une vraie grace, et Brent Anderson l'illustre avec le souci évident de restituer cette grace et un plaisir palpable : l'artiste capture merveilleusement la joie et la poésie de Samaritan lorsqu'il fend les nuages.

Tout aussi prodigieuses sont la facilité et la rapidité avec lesquelles, au terme des deux premières histoires, Busiek résume deux époques : celle d'aujourd'hui avec les rêveries de Samaritan et celle d'hier avec le périple interdimensionnel du Silver Agent et de l'Honor Guard.

Alors qu'on pourrait être frustré par le fait qu'il ne fait que montrer certains de ces héros au second plan ou le temps d'une vignette, il nous les rend pourtant tous familiers, charismatiques, et à vrai dire de cette frustration nait l'envie de les revoir, d'en apprendre plus à leur sujet. Une telle concision pour planter le décor et le rendre aussi attractif prouve la force de l'oeuvre qui se déroule sous nos yeux.

De la même manière, on est saisi par la façon dont il nous intéresse aux cas de Jack-In-The-Box et Crackerjack :

- le premier évoque Spider-Man, dont il possède l'incroyable agilité, mais aussi Daredevil, opérant dans les bas-fonds, et Batman, avec sa panoplie de gadgets offensifs. Pourtant, c'est à travers le regard d'un bandit de bas-étage que nous observons ce justicier à la panoplie de clown, derrière le masque duquel se cache un afro-américain aisé, marié à une journaliste, et qui ignore que sa double identité est éventée. Mais ce secret est lourd à porter et son détenteur se croit ensuite persécuté par le héros, craignant qu'il ne soit emprisonné, torturé ou tué pour ce qu'il a appris. Cet épisode est traité sur un rythme trépidant et le cauchemar de son protagoniste est drôlatique.

- Crackerjack est un personnage aussi savoureux : arrogant, jaloux, d'une chance insolente, mais à la limite de l'incompétence, vantard, négligeant, il devient à son insu l'objet d'étude d'un espion extra-terrestre. Tribut à Will Eisner (dès la superbe première page), il détaille aussi le portrait d'une caricature de justicier, méprisé par ses collègues qu'il irrite, grisé par son rôle, cabotin, irresponsable, et qui va sceller le sort de l'humanité toute entière par son comportement. Busiek, encore une fois, nous régale en entretenant un suspense efficace et en dépeignant un personnage haut en couleur (au propre comme au figuré, car son costume est aussi tape-à-l'oeil que son attitude).

Mais quand il veut nous rendre ses acteurs attachants, Busiek est aussi à l'aise : Marta qui aimerait quitter Shadow Hill découvre lorsque la First Family affronte l'Unholy Alliance en plein Centre-Ville que la vie dans les beaux quartiers n'est pas plus tranquille que chez elle, où la magie et les talismans règnent. La jeune femme regagne donc son domicile, à la fois soulagée et résignée, et nous sommes à la fois compatissants et attristés par sa condition.

S'il s'exerce à la romance avec le rendez-vous galant que l'Honor Guard a arrangé pour Samaritan et Winged-Victory, le scénariste fait encore preuve d'une finesse et d'un savoir-faire exemplaire. Il ne se contente pas d'aligner quelques scènes anecdotiques pour aboutir à un tendre baiser au clair de lune entre les deux justiciers, il en profite pour fouiller la psychologie complexe de ses deux tourtereaux, avec d'un côté le rescapé d'une civilisation future protégeant sans distinction n'importe quel individu et de l'autre une féministe privilégiant ses semblables.

On l'aura compris, Astro City est une authentique lettre d'amour aux comics et à ses codes, ses symboles, ses couleurs et son esprit. Et cet amour est aussi celui qui anime Brent Anderson, dont j'ai loué la contribution essentielle, mais aussi Alex Ross, la troisième tête pensante de cette production.

Le peintre, qui réalise encore une fois de splendides couvertures (peut-être les plus belles de son abondante carrière), a aussi activement collaboré à la conception visuelle du projet, en designant la majorité des décors de la ville et des costumes et visages des personnages. C'est un passionnant condensé esthétique du genre par un fin connaisseur, un extraordinaire technicien et un graphiste au goût toujours sûr : il joue sur les ressemblances avec d'illustres modèles (Superman pour Samaritan, Captain America pour Silver Agent, Hawkgirl pour Winged-Victory, les Fantastic Four pour la 1st Family...) sans jamais les singer, mais plutôt en aboutissant à une révision de ces icônes. C'est aussi beau que jubilatoire. C'est surtout impressionnant.

La magie d'Astro City ne tient pourtant pas seulement le temps de ces six premiers chapitres : essayer cette série, c'est l'adopter. L'enchantement est définitif et ce Life in the Big City n'est "que" la première étape d'un fascinant voyage.

En résumé : une bande dessinée qui vous fait aimer la bande dessinée ! Ne la ratez pas !

Dernière modification par wildcard ; 21/02/2013 à 18h23.
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Vieux 01/08/2009, 15h40
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Bon j'ai pas tout lu mais tu as l'air d'avoir bien bossé Wildcard. Alors évidement Astro City est une série incontournable : un hommage sincère et réussi au genre super héroïque.
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  #3  
Vieux 03/08/2009, 17h10
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Et on enchaîne sur le tome 2 :



Kurt Busiek's Astro City : Confession est le deuxième recueil de cette série, regroupant les épisodes 4 à 9 du Volume 2 plus le "one-shot", The nearness of you, réalisé pour le magazine Wizard. Ces histoires sont toujours écrites par Kurt Busiek, dessinées par Brent Anderson (cette fois secondé par l'encreur Will Blyberg) et avec des couvertures et designs signés Alex Ross. Cette production a été publiée par DC Comics, au sein du label Wildstorm, dans la collection Homage Comics.

Comme je l'ai expliqué dans ma critique du premier tome (Life in the big city), Astro City n'est pas, comme un premier regard le laisserait supposé, un comic-book de plus sur les super-héros. Bien sûr, il compte parmi ses protagonistes nombre de valeureux justiciers et de sinistres vilains, pour la plupart inspirés d'archétypes déjà établis par DC et Marvel depuis des décennies.

Mais ce qu'il y a de spécial avec cette série, c'est qu'il s'agit moins de décrire encore une fois les affrontements entre bons et méchants aux pouvoirs extraordinaires dans une ville imaginaire que d'analyser ces personnages et leur environnement, le plus souvent à hauteur d'homme, selon le point de vue des civils, et ainsi raconter l'histoire de cette cité peuplée de gens comme vous et moi cohabitant avec des surhommes.

Que Busiek et ses partenaires observent les plus grands héros de cette ville ou juste les gens de la rue est le prétexte à montrer et raconter leurs vies à tous. Si ces justiciers ou ces malfrats sont inspirés des icônes du genre, c'est pour que le lecteur soit en terrain connu. Mais c'est aussi pour permettre aux auteurs d'en proposer des versions à la fois synthétisées et originales, d'en tirer une réflexion aiguisée sur les clichés de ce type de littérature et comment les contourner pour en renouveler le fond et la forme.

Cette familiarité établie permet à Busiek de passer rapidement d'une histoire à une autre, d'un personnage à un autre, pour composer un univers à la fois référencé et singulier, comme le démontrait Life in the big city, en n'ayant pas à passer trop de temps à expliquer les concepts et la dynamique inhérents aux comics de super-héros.
Les recueils d'Astro City bâtissent ainsi une longue et riche chronologie des comics super-héroïque et mettent sous le feu des projecteurs différents personnages à chaque récit : c'est une vision constamment inédite du genre.

Pour ce nouveau volume, le scénariste a choisi de développer un story-arc complet plutôt qu'une succession de chapitres indépendants : l'occasion de se pencher sur un des héros les plus énigmatiques de la cité, tout en partant d'une situation établie dans le précédent recueil.

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Astro City: Confession raconte l'histoire de Brian Kinney, un jeune provincial, et son ambition de devenir un des héros d'Astro City. Il débute en bas de l'échelle en décrochant une place de serveur dans un bar où se retrouvent quelques super-héros. Le patron de l'endroit le recommande pour un établissement plus respectacle, un club privé, ce qui va lui offrir l'opportunité de se faire remarquer comme il le désirait.

Un vilain, Glue Gun, débarque effectivement au coeur d'une des soirées dans cet endroit chic, où est réunie la fine fleur des justiciers de la ville, avec l'intention de se venger d'eux. Mais Brian réussit à désarmer et neutraliser l'importun, ce qui lui vaut les félicitations des invités - mais aussi la jalousie des autres serveurs.

Alors qu'il est sur le point d'être rossé par ces envieux dans une ruelle, le mystérieux et ombrageux The Confessor apparaît et les disperse. Il propose son aide à Brian et en fait son partenaire, surnommé Altar Boy. Ensemble, ils vont alors combattre le crime organisé dans les bas-fonds d'Astro City, opérant à la nuit tombée.

A partir de là, le récit suit plusieurs trajectoires. Nous continuons à suivre la formation de Kinney mais aussi ses investigations secrètes pour découvrir les origines du Confessor.

En parallèle, une dramatique affaire secoue la ville : un serial killer supprime plusieurs civils en les mutilant dans le quartier de Shadow Hill, où la magie et les superstitions sont la règle. Cette vague de crimes atroces fournit la matière à une troisième piste narrative où sont exposées les tensions croissantes entre la population ordinaire et ses héros, incapables d'arrêter l'assassin.

Le maire de la ville impose à chacun des super-héros de se faire enregistrer mais beaucoup refusent et deviennent donc, de fait, des hors-la-loi. Crackerjack profite même de la confusion pour attaquer des commerçants et les voler - mais Altar Boy devine que quelqu'un usurpe l'identité du justicier...

Pour Brian et the Confessor, il s'agit alors de révèler quel lien unit tous ces évènements, à qui profite le crime et les accusations contre les justiciers. La réponse se trouve (peut-être) du côté de cet espion extra-terrestre métamorphe (vu dans l'histoire Reconnaissance, de Life in the big city)...

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Comme vous l'aurez probablement deviné, the Confessor s'inspire ouvertement d'une des figures les plus populaires de DC, Batman, tandis que Brian Kinney/Altar Boy ressemble beaucoup à son non moins célèbre "sidekick", Robin.

De fait, Confession est un magnifique hommage à l'homme-chauve-souris auquel il emprunte bien des éléments historiques. Le plus évident tient dans le champ d'action du Confessor, redresseur de torts opérant dans les bas quartiers d'Astro Citys à la manière d'un détective.

Mais en choisissant Brian Kinney comme narrateur principal de son récit, Busiek prend une certaine distance avec l'icône dont il s'est inspiré et veut surtout traiter du thème du sacrifice et du bien-fondé du combat que son héros mène.

En aspirant à devenir un héros, le jeune Kinney désire surtout prendre une revanche personnelle : ayant grandi en province, fils d'un homme bon mais méprisé et moqué justement pour sa bienveillance, il souhaite s'en démarquer en gagnant Astro City et ses galons de justicier.

Le récit s'interroge alors sur les notions d'héritage et de la place qu'on occupe vraiment dans la société en prenant conscience des éléments de son passé dont on ne se débarrasse jamais.

Pour Brian, cela passera par l'acceptation : l'altruisme et l'humilité de son père étaient aussi héroïques que les actions désintéressées mais plus spectaculaires des super-héros.

Pour the Confessor, il a fallu assumer un moment d'égarement qui la conduit à être transformé en vampire alors qu'il servait Dieu : depuis, il se repend en tâchant de combattre le Mal sous toutes ses formes et n'hésitera pas, pour expier sa faute originelle, à donner sa vie afin que la vérité éclate - y compris sur sa nature monstrueuse.

L'initiation et la révèlation de Brian Kinney s'effectueront dans la douleur, le doute, mais malgré la méfiance qu'il nourrira vis-à-vis de son mentor (après avoir découvert sa condition vampirique, il le soupçonnera d'être le tueur de Shadow Hill), nul doute que la figure du Confessor incarne pour lui un père de substitution. A son contact, il entre dans l'âge adulte, s'instruit et devient réellement non seulement un justicier mais un brave au coeur pur, qui se réconcilie avec sa propre histoire.

A mesure que le récit se développe, nous continuons, à la suite de ce que nous avions découvert dans Life in the big city, à connaître de mieux en mieux la ville d'Astro City elle-même. Plus que jamais, cette métropole est traîtée comme un personnage à part entière, et le quartier de Shadow Hill au coeur de l'intrigue révèle toute sa fascinante dimension, avec son étrange protecteur, le Hanged Man.

Le monde créé par Busiek, Anderson et Ross acquiert un réalisme à la fois fantastique et poétique, mais aussi cruel, violent, tout à fait saisissant. Le dessinateur rend parfaitement compte de la complexité de ce monde en soignant particulièrement la galerie de personnages qui le peuple mais aussi en insistant sur ses édifices et ses quartiers les plus emblématiques. A cet égard, difficile de ne pas être subjugué par la représentation saisissante de la Cathédrale Grandinetti, repaire du Confessor, aussi imposante que Notre-Dame-de-Paris, et dont le résident a été pensé d'après Golgo 13, ce tueur issu des mangas. Altar Boy est lui un mix ingénieux de Robin donc, mais aussi d'un enfant de coeur revu et corrigé avec le look d'un mousquetaire : Alex Ross fait encore une fois preuve de son inventivité incomparable pour mélanger diverses sources aboutissant à une réussite esthétique frappante.

Cette même convergence est à l'oeuvre dans le magistral finish où toutes les énigmes de l'intrigue se résolvent avec une diabolique logique, où tous les secrets sont dévoilés avec brio et subtilité et où le spectacle est à la hauteur des enjeux dramatiques posés par le scénario. Du grand art, où l'élégance se marie à l'efficacité !

Le recueil compte également un épisode déconnecté de la saga principale, The nearness of you. Cette romance poignante offre un nouvel échantillon du talent multiforme de Busiek et son équipe. Une perturbation temporelle causée par un vilain oblige un homme à réaligner les évènements. Mais que se passe-t-il si tout ne revient pas exactement à la normale ? Et si une coïncidence insignifiante modifiait le cours des choses ?
C'est sur ces interrogations qu'est fondée la tragique mésaventure au cours de laquelle Michael Tenicek découvre qui il est réellement. Une altération historique aboutit à ce que sa femme n'est jamais née, bien qu'il continue de rêver d'elle et de leur vie ensemble. Il connaît les plus intimes détails de leur vie, mais il ne peut la retrouver qu'en songe.
C'est le Hanged Man qui lui révèlera la cruelle vérité et conduira Michael à faire un choix entre vivre avec, en mémoire, cette femme parfaite mais qui n'a jamais existé ou l'oublier avec l'aide du protecteur mystique de Shadow Hill ?

Entre les 6 volets de la saga Confession et ce récit supplémentaire, on a droit à deux grandes histoires, même si leur format et leur nature diffèrent totalement. C'est aussi cette variété qui procure au lecteur un plaisir si brillant, enthousiasmant, et unique sur le genre super-héroïque. A la perfection de l'écriture de Busiek répond celle de l'illustration d'Anderson et du "packaging" de Ross.

Surtout, préférez à nouveau les tpb en vo pour profiter des bonus (croquis préparatoires, making-of des couvertures, préface par Neil Gaiman) !

Bref, encore une fois, tout concourt à la réalisation d'une magistrale oeuvre grâce un ensorcelant cocktail d'aventures et d'intimisme où évoluent des personnages profondèment attachants.
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Je vois qu'il y a eu quelques visites sur ce topic, mais pas de réactions à part celle de Tuco.

Bon, j'irai jusqu'à la fin de mes articles concernant ASTRO CITY, et si ça ne bouge pas davantage, l'expérience "Des livres et moi" s'arrêtera là (dommage : j'avais du "Thunderbolts" et du "Checkmate" en stock, puis l'intégrale des "New avengers" en préparation...)

Enfin, bon... En avant pour le tome 3 de cette géniale série !



Kurt Busiek's Astro City:Family Album réunit les épisodes 1 à 3 et 10 à 13, du volume 2. Ces sept histoires sont écrites par Kurt Busiek, dessinées par Brent Anderson, encrées par Will Blyberg, avec les designs d'Anderson et d'Alex Ross, qui signe également les couvertures. DC Comics a publié les 7 épisodes de ce recueil en 1998, au sein du label Wildstorm.

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Comme dans le premier volume (Life in the big city), c'est une sélection de récits distincts, dont deux comptent deux parties :

- Welcome to Astro City raconte comment un père célibataire, Ben Pullam, et ses deux filles, venant de Boston, s'installent en ville pour y refaire leur vie. Ils vont devoir s'habituer au folklore local, avec sa communauté surhumaine combattant parfois dans la rue, devant chez eux. Ce voisinage inquiète ce père de famille, qui songe à repartir avant de se raviser lorsqu'il découvre la solidarité des civils et des super-héros le lendemain d'une bataille épique contre un dieu menaçant.

- Everyday life et Adventures in other worlds s'intéressent au cas de la First family et plus spécialement de la benjamine de ce groupe de scientifiques aventuriers, Astra. A dix ans, celle-ci souhaiterait quitter le quartier général de l'équipe pour vivre parmi des enfants de son âge. Aussi décide-t-elle de fuguer et d'intégrer une école ordinaire. Sa disparition plonge ses parents dans une terrible inquiètude et les conduit à la rechercher partout, convaincus qu'elle a été kidnappée. C'est l'occasion d'en apprendre plus sur le passé de cette famille hors du commun, leurs ennemis... Et pour la jeune fille d'accomplir son rêve.

- Show'em all relate la quête de reconnaissance d'un vieux super-vilain, le Junkman. Cet ancien inventeur de jouets brutalement licencié est devenu un redoutable voleur, mais c'est moins l'appât du gain qui le motive que l'envie de prendre sa revanche sur la société et de prouver qu'il n'est pas un "has been". Il commet alors un audacieux cambriolage, ridiculise plusieurs héros à ses trousses et se fait arrêter par Jack-in-the-Box. Mais le filou a eu ce qu'il voulait : la célébrité.

- Serpent's teeth & Father's day se focalisent justement sur Jack-in-the-Box, qui est amené à rencontrer les possibles incarnations futures de ses trois fils. Deux d'entre eux (un cyborg et un psychopathe) décident de le supprimer lorsqu'il comprenne qu'il ne partage pas leurs méthodes expéditives. Le troisième est devenu un enseignant-chercheur, étudiant les anomalies temporelles. Notre héros réalise ainsi que, s'il mourrait, sa progéniture pourrait devenir aussi dégénérée que les Jacksons et il va devoir trouver une nouvelle manière d'agir tout en devenant un père responsable puisque son épouse vient de lui annoncer qu'elle est enceinte.

- In the spotlight met en vedette Looney Leo, un personnage de dessin animée devenu réel à la suite d'un concours de circonstances. Son adaptation à sa nouvelle condition en fera une vedette avant qu'il ne connaisse un cruel déclin puis réussisse à à remonter la pente, comme il le confie à un jeune publiciste venu lui offrir un contrat.

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Un père de famille effrayé par la ville où il a entraîné ses filles. Une super-héroïne de dix ans qui aspire à goûter à la vie d'une enfant de son âge. Un voleur qui réussit le crime parfait - et même trop parfait. Un justicier confronté à sa future paternité et à la nécessité de trouver un remplaçant. Une ancienne gloire qui ressasse son passé. Autant de portraits saisissants pour broder sur les thèmes de la responsabilité, de la famille, et de la reconnaissance... Et autant de nouveaux exemples de la qualité de cette série unique en son genre !

Alors que l'industrie des comics américains s'est progressivement mise à produire des receuils composés d'arcs narratifs complets en lieu et place de fascicules périodiques, des lecteurs se sont plaints de cette tendance à écrire davantage en pensant en termes d'albums. Cette nouvelle compilation d'épisodes d'Astro City prouve pourtant qu'on peut encore concevoir des histoires courtes, connectées par thème ou rédigées de manière à établir un univers avec une temporalité et une spatialité. De ce point de vue, Family album synthètise tout le talent de son auteur, Kurt Busiek, et la singularité de son projet.

Le récit qui ouvre ce nouveau tome est une introduction idèale pour les nouveaux lecteurs. Il s'agit moins d'un récit sur les super-héros que sur la manière dont les civils les considèrent, le fondement même de la série depuis ses débuts. Cette étude psychologique à la fois simple et subtile d'un père divorcé qui s'interroge sur la bonne éducation à donner à ses filles résume à elle-seule la foi du scénariste en son idée : comment les humains ordinaires cohabiteraient avec des créatures extraordinaires, comment cela affecterait leur quotidien et les révèleraient à eux-même. C'est aussi un témoignage émouvant sur la solidarité, écrit avec beaucoup d'humanisme et de sobriété.

L'autre perle de ce livre est Show 'Em All, à nouveau habitée par un personnage savoureux. Le Junkman est certes un criminel génial mais moins intéressé par le bénéfice que lui rapporte ses larcins que par l'envie d'être reconnu par le public comme un génie du crime. Cependant, plutôt que de céder au stéréotype du super-vilain égocentrique et mégalomane perdu par sa vanité, Busiek brosse le portrait d'un vieil homme roublard et attachant.

In the Spotlight, l'autre récit en un acte, est encore un superbe condensé sur les histoires de gloire et de déclin comme en ont connues maintes célébrités d'Hollywood.

C'est grâce à cette cohérence thématique et cette varité d'angles de vue qu'on peut vraiment apprécier les efforts conjugués d'Anderson et Ross, dont les designs sont un enchantement. Grâce à des graphistes de ce calibre, on peut aussi bien se passionner pour un personnage de cartoon comme Looney Leo que pour d'autres protagonistes faits de chair et de sang, vulnérables et touchants.

Le découpage est un modèle de fluidité et c'est un régal absolu pour les yeux. Le plaisir palpable avec lequel, par exemple, Anderson chorégraphie les acrobaties de Jack-in-the-box donne littéralement au justicier la grace d'un danseur. Et lorsqu'il met en scène ce même personnage, démasqué, il sait lui insuffler une vérité, une épaisseur, remarquables.

Si toutefois, il fallait distinguer un segment, alors mon choix irait vers le récit en deux actes Everyday life-Adventures in other worlds, qui explore magistralement la notion d'esprit de famille suggérée dans le titre du livre.
Cet hommage vibrant et élégant aux Fantastic Four et aux Challengers of the unknown, dont s'inspire ouvertement la First family, dépeint parfaitement n'importe quel enfant aspirant à s'émanciper tout en s'amusant. C'est également l'occasion pour Busiek de convoquer une belle galerie de monstres, pour laquelle là aussi Anderson et Ross ont accompli des recherches à la fois référencées (s'inspirant de Bill Everett, le créateur de Namor, notamment) et accessibles. Tout l'art de la caractérisation de Busiek éclate dans ce dyptique au rythme soutenu, alternant plages intimistes et séquences spectaculaires.

D'une façon similaire mais néanmoins différente, l'autre "duo" Serpent's Teeth/Father's Day relève un défi aussi corsé : comment concilier ses responsabilités de héros avec celles de mari et de futur père de famille ?
Dans Life in the Big City, un personnage comme Samaritan sacrifiait sa vie privée pour remplir ses missions de justicier. Ici, Jack-in-the-box hésite davantage et imagine un stratagème plus ambigü pour résoudre ce dilemme. Son cas est plus épineux, la résolution du problème est plus palpitante et son histoire toute entière est plus troublante.

Vous l'aurez compris : tous les récits proposés ici sont intéressants et développées avec un savoir-faire d'orfèvre. Encore un volume de haute volée qui fait de cette série un authentique "must-have" : c'est du super-hero comics différent mais qui ne déçoit jamais. Une telle prouesse mérite tous les lauriers !

Dernière modification par wildcard ; 04/08/2009 à 15h33.
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  #5  
Vieux 04/08/2009, 15h42
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Confession est mon récit préféré d'Astro City : tout simplement excellent. Niveau scénario, c'est d'une justesse incroyable et toutes les histoires s'entremêlent brillamment.
Côté dessin, c'est magnifique. Je regrette beaucoup le départ de Will Blyberg qui apportait beaucoup d'élégance et de finesse aux dessins de Brent Anderson à cette époque.
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  #6  
Vieux 04/08/2009, 15h48
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si quelqu'un me trouve les vf de semic je donnerai mon avis promis
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  #7  
Vieux 04/08/2009, 18h44
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Bartholomé, mets-toi à l'anglais et achète les tpb en vo qui sont bien moins chers, plus beaux - et complets que les vf pourris de Semic ou Panono (l'un comme l'autre sabrant les bonus pour je-ne-sais quelle raison... Ce qui n'empêche pas Panunu de vendre les recueils 25 E !).
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  #8  
Vieux 05/08/2009, 10h29
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oui je sais il faut que je m'y mette mais je suis vraiment pas terrible en anglais
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  #9  
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cyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantastic
Astro City est l'une des meilleures séries en slip que j'ai jamais lu.

Busiek y est tout simplement magistral, et le fait d'avoir Anderson et Ross fidèles au poste ne gâte rien.

Comme pour Bartholomé, je préfère la V.O., car les bonus sont vraiment très sympas; une véritable honte que ces trous du cul de Semic et Panini ne les aient pas mis !
__________________
Allez, tout le monde en choeur chante avec moi :

"Wolverine est un idiot, c'est Cyclope le plus beau !"
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  #10  
Vieux 06/08/2009, 12h09
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mrcitrouille a oublié d'être conmrcitrouille a oublié d'être conmrcitrouille a oublié d'être conmrcitrouille a oublié d'être conmrcitrouille a oublié d'être conmrcitrouille a oublié d'être conmrcitrouille a oublié d'être conmrcitrouille a oublié d'être conmrcitrouille a oublié d'être conmrcitrouille a oublié d'être conmrcitrouille a oublié d'être con
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oui je sais il faut que je m'y mette mais je suis vraiment pas terrible en anglais
j'étais comme toi il y a quelques années. Au départ c'est assez relou. mais armé d'un dico j'ai rapidement fait des progrès et maintenant je suis bilingue grâce aux comics
Et puis dis toi que pour les scénaristes que tu apprécies tu auras leur texte original : ce que même la meilleure traduction ne peut pas rendre
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  #11  
Vieux 06/08/2009, 12h50
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je voudrais encourager Wildcard à continuer ce topic car le ressenti sur les differents volumes est incroyable , j ai l impression de tourner des pages à la lecture de son analyse et je pense que les Thunderbolts ou Chekmate parleront plus aux forumeurs.
Pour rebondir sur les propos de Mrcitrouille , j encourage vivement Bartholome à la vo.Pour ma part j ai commence la Vo il y 3 mois et avec un bon dico ou le site reverso sur le net ca peut aller sans delaisser pour autant la parution VF.

bonne journée à tous
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  #12  
Vieux 06/08/2009, 13h59
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merci à tous j'y pense de plus en plus et vu les prix...
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  #13  
Vieux 06/08/2009, 14h32
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Soyons fous et décortiquons les deux derniers volumes en date (en tout cas, les deux derniers que j'ai pu m'acheter...)

Ah ! Et merci à tous ceux qui sont passés et à ceux qui ont, en plus, laissé un mot...



Kurt Busiek's Astro City : Tarnished Angel (Des aîles de plomb, en vf) est le quatrième recueil de la série et regroupe les épisodes 14 à 20 du volume 2, publiés en 2000 par DC Comics, au sein du label Wildstorm. Ce récit complet en 7 actes est écrit par Kurt Busiek, dessiné par Brent Anderson, encré par Will Blyberg. Les designs sont signés Anderson et Alex Ross, qui signe également toutes les couvertures.

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Cet album relate l'histoire de Carl Donewicz alias Steeljack. C'est un super-vilain dôté d'une peau métallique indestructible et d'une force colossale. Après avoir passé vingt ans derrière les barreaux de la prison de Biro Island, il bénéficie d'une libération sur parole.

Sa réinsertion s'annonce difficile et elle le sera : il est vieux, las, désabusé, et vit dans le remords d'avoir appris la mort de sa mère alors qu'il purgait sa peine. De plus, ses pouvoirs et son casier judiciaire constituent de gros handicaps et il se sait surveillé par les super-héros qu'il a autrefois affronté. Les civils le considèrent avec effroi et suspicion, à l'exception d'un de ses voisins du quartier où il est né et a grandi : Kiefer Square.
Pratiquement tous les habitants de cet endroit sont des malfrats ou des membres de leur famille, et Steeljack décide de plus se mêler à leurs trafics... Jusqu'à ce que Ferguson, l'intermédiaire privilégié des gens du milieu, lui soumette une offre d'emploi aussi peu banal que dangereuse.

En effet, depuis quelque temps, plusieurs proches de criminels sollicitent Steeljack pour qu'il enquête sur les meurtres de ses anciens collègues, une affaire dont se désintéressent les super-héros et la police. Carl hésite, il n'est pas un détective et il sait qu'en acceptant le job, il viole sa conditionnelle. Mais par solidarité et parce qu'il a besoin d'argent, il entame ses investigations.

Carl rencontre les familles des victimes et écoute leurs déprimantes histoires : tous rêvaient d'un gros coup, tous ont échoué et beaucoup ont été assassinés. En vérité, ces malfrats vivaient avec femmes et enfants dans la pauvreté et ont sombré dans le grand banditisme pour espérer s'en sortir - comme Steeljack.

Le cas de la fille de Goldenglove interpèle immédiatement Carl car elle veut succèder à son père, non pour le venger mais par appât du gain. Il essaie de la raisonner - en vain - et se fait mêm rosser par la jeune femme. Les recherches infructueuses de Steeljack pèsent sur le moral de cette communauté, acceptant comme une fatalité le funeste sort qui leur est promis.

C'est alors que Ferguson conduit Carl chez un ancien justicier, désormais retiré, qui va lui confesser son passé glorieux et sa disgrâce : El Hombre. Membre éphémère de l'Honor Guard, il avait passé un marché avec un super-vilain pour remporter une victoire truquée contre un adversaire et ainsi gagner en respectabilité. Mais il fut trahi, son stratagème (ayant abouti à la mort d'innocents) dévoilé et rejeté de tous.

Cette histoire trouble Carl qui repense à son enfance et à la vision qu'il avait des justiciers de la ville, des "anges", dont il voulait faire partie : mais après avoir accidentellement tué un adolescent et fait confiance à une crapule scientifique, il est devenu un monstre et un ennemi public. Depuis, Steeljack a compris son échec et les conséquences de ses erreurs : dès lors, coincer le tueur de super-vilains devient sa possibilité de rédemption. Lui qui a toujours choisi le mauvais chemin a l'occasion d'enfin prouver sa valeur en se rachetant.

L'apparition inopinée d'un gangster en cavale, The Mock Turtle, rapidement éliminé à son tour, apprend à Carl qu'un mystérieux caïd recrute des hommes de main à Kiefer Square pour une opération d'envergure. Il s'arrange pour rencontrer ce malfrat, El Conquistador, et devine qu'il veut pièger tous les vilains du quartier en leur promettant le pactole.
Steeljack tente d'avertir l'Honor Guard, dont une des membres (Quarrel) n'est autre que la fille d'un de ses anciens complices. Mais il devra affronter seul l'ennemi...

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Tarnished Angel est une nouvelle formidable addition à la collection des récits d'Astro City, concue par Kurt Busiek, Brent Eric Anderson et Alex Ross, dont l'association est toujours aussi inspirée. On n peut qu'être épaté par la façon dont ces trois-là ont révolutionné les comics super-héroïques en en revisitant les fondamentaux.

Ce quatrième volume démarre par le salut de Ross et Anderson à l'acteur mythique Robert Mitchum dont l'ancien vilain Carl "Carlie" Donewicz alias Steeljack a les traits. Ce criminel repenti, né dans les années 60, et qui a passé vingt ans en prison (de 1978 à 98), est désormais un homme déphasé, anachronique, dont le retour au quartier qui l'a vu grandir ressemble à une retraite crépusculaire. Incapable de se réinsérer à cause de son passé et de ses pouvoirs, il se considère désormais comme fini.

Mais, bien qu'il viole les conditions de sa probation, il accepte quand même d'enquêter sur un tueur qui s'en prend à sa communauté en estimant que cette ultime mission pourra partiellement racheter ses erreurs - en premier lieu, la mort de sa mère, dont il se sent responsable. Le voilà entraîné dans une intrigue dont il va progressivement, et avec stupeur, prendre la sinistre mesure.

Steeljack, qui a autrefois lutté contre les héros après avoir voulu en devenir un, tentera de les prévenir mais sera encore une fois victime de son passé et de sa naïveté. C'est seul, jusqu'au bout, et contre tous, qu'il fera face à un terrible adversaire, au péril de sa vie.

La grandeur et la force de cette histoire tient dans sa grande humanité : celle qui révèle la situation désespérée de Steeljack et celle qui donne un caractère tragique à la trajectoire fulgurante de The Mock Turtle. Tout est dit : c'est du Destin dont parle Tarnished angel.

Je reste sidéré par le brio avec lequel Busiek et ses partenaires continuent de créer de tels personnages et de bâtir un tel univers. Précédemment, le scénariste a su réinventer des icônes (comme par exemple avec Samaritan, le Superman d'Astro City), mais il a su aussi élaborer des figures totalement originales et uniques. The Mock Turtle est l'une d'entre elles. Ce vilain-là est vraiment intéressant car il échappe aux clichés du genre : ce n'est qu'un second rôle mais il symbolise parfaitement comment, comme tous ses semblables, il est devenu un délinquant et comment ce choix malheureux le conduira à sa perte. Sa disparition relance le récit après qu'il y ait surgi de manière déroutante et va réorienter l'enquête de Steeljack tout en donnant un sens, une portée personnelle à sa mission. Alors Carl Donewicz devient un héros prêt à se sacrifier et acquiert une sorte de noblesse. Il en sera légitimement récompensé.

Graphiquement, la série a atteint un niveau exceptionnel, et ce sont peut-être les meilleures planches d'Anderson qui l'illustrent : sa représentation du quartier de Kiefer Square est fabuleuse, d'une précision, d'un réalisme confondants.

Avec le soutien d'Alex Ross, il a su, une fois de plus, camper visuellement une galerie magnifique de personnages, évoquant toute une époque sans céder à la facilité (ce qui est un exploit quand il s'agit des années 70). Et les couvertures sont de véritables oeuvres d'art, pas simplement par leur maestria technique, mais par leur justesse, leur sens de la concision, leur efficacité évocatrice.

C'est un somptueux "tribute" à la pulp fiction, à la série noire, des années 40 et 50, avec ses héros écrasés par la fatalité, aux gueules mémorables, qui évite la parodie.

A ce titre, même s'il ne brille guère par sa modestie (déclarant : "un jour, j'ai dit à Alan Moore qu'il avait fait l'autopsie des super-héros - avec Watchmen - et que j'en avais organisé les funérailles en grande pompe - avec The Dark Knight returns"), Frank Miller était le préfacier tout indiqué et il cerne, avec plus d'à-propos, le concept fondateur d'Astro City lorsqu'il dit : "il ne s'agit plus de manier avec nostalgie les jouets de notre enfance, mais de faire en sorte que le concept fonctionne à nouveau, à la lumière de notre expérience et de l'époque à laquelle nous vivons".

Comment dès lors ne pas abonder dans le sens de la critique du magazine Wizard qui a qualifié Astro City de "the best superhero comic being printed. Period."? La stabilité de son équipe créative, la qualité de sa production depuis le début, résument l'affection pour leur titre et la camaraderie de Busiek, Anderson et Ross : puisse cette belle aventure se prolonger encore longtemps !
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  #14  
Vieux 06/08/2009, 14h39
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Kurt Busiek's Astro City : Local Heroes (Héros locaux, en vf) est le cinquième recueil de la série, publiée par DC Comics, au sein du label Wildstorm. Les 9 épisodes qui le composent sont les n°21 et 22 du volume 2, 1 à 5 d'Astro City Local Heroes, et Astro City Special 1 - 9/11. Ils ont été écrits par Kurt Busiek, dessinés par Brent Anderson, encrés par Will Blyberg (21-22, vol. 2), avec des designs d'Anderson et Alex Ross, qui signe les couvertures.

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La parution de la série en recueils permet de constater qu'une fois sur deux, les histoires distinctes alternent avec des story-arcs complets : cette fois, donc, comme pour Life in the big city et Family album, ce sont de courts récits en un acte ou deux qui sont proposés.

- Dans Visite guidée, c'est le portier d'un hôtel qui fait de son mieux pour aider les visiteurs à bien comprendre la spécificité de la ville, avec sa communauté surhumaine et ses évènements extraordinaires. Cet homme humble et discret mais amoureux de sa cité a eu lui-même l'occasion de jouer les héros dans le passé...

- Au coeur de l'action se penche sur le cas d'un éditeur de comics dont les revues relatent, avec beaucoup de liberté, les exploits et mésaventures des justiciers d'Astro City - ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes, entre la susceptibilité des uns et la manne financière que cela représente...

- Le regard des autres examine justement comment un comédien interprétant un héros de fiction se prend au jeu et fera le douloureux apprentissage de cette nouvelle "carrière"...

- Chevalier servant relate la passion vécue par une femme pour un surhomme et comment elle a gâché cette relation par jalousie...

- Pastorale nous emmène hors de la ville en compagnie d'une adolescente blasée qui aura la surprise de découvrir que, même à la campagne, il existe des héros masqués...

- Quitte ou double & Justice à deux vitesses nous plonge dans les années 70, lorsque le jeune avocat d'un mafieux met sa vie et celle des siens en danger, jusqu'à ce qu'il soit sauvé par un justicier plus proche de lui qu'il ne le croit - mais aux méthodes expéditives - The Blue Knight...

- Le bon vieux temps rappelle que même les défenseurs du Bien vieillissent et combien retourner sur le terrain, au feu, peut être délicat pour soi et ceux qu'on doit protéger...

- Enfin, Après l'incendie revient, de manière détournée, sur la tragédie du 11-Septembre 2001 et les sacrifices des héros ordinaires de ce triste jour.

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Local Heroes offre une nouvelle fois un savoureux commentaire sur les conventions des comics de super-héros, et à ce titre il s'agit sans doute du volume qui s'attarde le plus sur le point de vue des gens ordinaires.

Le récit le plus symbolique de cette sélection est Old Times (Le bon vieux temps) où on assiste au retour sur scène désastreux d'un ancien héros acceptant de rempiler ponctuellement pour aider un ami policier, refusant, lui, de prendre sa retraite : Supersonic y est dépeint comme un personnage pathétique que l'âge et l'émergence d'une nouvelle génération de justiciers plus malins et/ou plus puissants ont rendu obsolètes.

D'une manière similaire, dans Shining armor (Chevalier servant), Irène Meriwether se souvient de sa carrière brillante comme conseillère politique, mais sa réussite professionnelle ne compense pas l'échec de sa romance avec Atomicus à cause de sa jalousie ni le fait qu'elle ingore que sa fille est devenue à son tour Nightingale, une justicière masquée.

Les expériences de Mitch Goodman, le comédien du Crimson cougar (Le regard des autres) , et de Vincent Olek, l'avocat de Quitte ou double/Justice à deux vitesses, ne sont pas plus concluantes :

- le premier en voulant devenir un véritable héros en dehors des plateaux de tournage connaîtra une cuisante humiliation et comprendra qu'il n'est pas à sa place ;

- le second apprendra qu'on n'abuse pas impunèment les règles du Droit lorsqu'on défend la pègre et qu'un vengeur implacable est déterminé à se substituer à la Loi des hommes.

A la lumière de la saga Astro City : Dark Age (toujours en cours de publication en vo, et qui comptera seize épisodes répartis en quatre arcs de quatre actes chacun, où deux frères - l'un devenant policier, l'autre criminel - traverseront les tourments des 70's), Local Heroes ressemble à une sorte de préparation, un avant-propos doux-amer sur la relation du sombre passé de la cité.

D'ailleurs Quitte ou double-Justice à deux vitesses se déroule en 74 et évoque brièvement plusieurs faits notables sur cette époque (la mort du Silver Agent - dans des circonstances troubles, comme ce fut suggéré dans Welcome in the big city, qui ouvrait Family album - , la démission de Nixon, la participation du Old soldier au conflit vietnamien, le procès de la First family dans une affaire d'espionnage...).

L'ambiance est nostalgique et plus sombre que dans les épisodes précédents : Kurt Busiek a surtout imaginé des histoires d'échecs, et convoque un malaise plus marqué sur sa collection de récits.

Dans ce contexte et cette tournure d'esprit, Au coeur de l'action et Pastorale sont les deux volets les plus divertissants, les plus légers, de ce cinquième tome :

- d'un côté, l'évocation croustillante de Manny Monkton, l'éditeur de comics, par sa scénariste Sally Twinings est l'occasion d'imaginer comment, si les super-héros existaient, ils pourraient réagir au fait qu'on se serve de leurs aventures pour concevoir des revues. C'est également une manière pour Busiek d'aborder avec malice la situation, bien réelle celle-là, des auteurs d'illustrés et leurs rapports avec leurs patrons : la confrontation entre les désirs de ceux qui écrivent des histoires et les ambitions de ceux qui les publient, bref la lutte entre l'art et le commerce, est décrite avec une ironie réjouissante et offre encore une fois un pooint de vue très originale sur ce monde fantasmagorique.

- D'un autre côté, les vacances de cette adolescente citadine dans un bled voisin d'Astro City permet de prendre du recul sur la vie trépidante de cette métropole extravagante. La jeune fille n'est pas là de son plein gré et considère d'abord son nouvel environnement avec condescendance, partageant son dépit avec une amie via le Net. Puis, progressivement, elle admet la beauté des lieux, le charme des gens, leur simplicité en découvrant que le merveilleux existe aussi ailleurs. Elle rendra définitivement les armes lorsqu'elle découvrira l'identité secrète et la relation amoureuse du héros local avec sa cousine... C'est une pièce magnifique, subtilement ouvragée, avec un art admirable de la caractérisation.

D'aucuns ont pu juger Local Heroes un peu décevant, en-deçà des précédents tomes de la série. Il est vrai que ce sont simplement de bonnes histoires, peut-être moins intenses, moins puissantes, mais pas moins singulières et surtout pas moins bien exécutées.
Visuellement, Brent Anderson nous gratifie encore de planches superbes, dont certaines sont de vrais "morceaux de bravoure" (comme la double-planche au début de Justice à deux vitesses où Vincent Olek est hanté par ses erreurs). L'expressivité qu'il sait donner à ses personnages, la sobriété de son découpage, tout cela sert d'abord l'histoire : il y a là un refus exemplaire de céder à la facilité, à la surenchère, qui donne toute son humanité, toute sa profondeur, une vraie texture à l'entreprise depuis le début. Et c'est cela aussi qui rend Astro City unique.

Quant aux couvertures, et plus généralement le travail de design, ils permettent une nouvelle fois de saluer l'intelligence et la qualité d'Alex Ross, pour lequel, semble-t-il, à l'instar de Busiek et Anderson, Astro City est une oeuvre résolument à part, particulièrement chère à son coeur.

Une histoire comme Visite guidée permet à celui qui découvre la série d'y pénétrer sans être perdue. Au coeur de l'action offre la possibilité de considérer le monde d'Astro City tout en réfléchissant à la conception même des comics. Le regard des autres explore de manière ingénieuse la notion même d'héroïsme - et ce qu'elle implique. Et ainsi de suite : il n'y a presque pas besoin d'apprécier les super-héros pour aimer Astro City puisque tout le talent de ceux qui produisent cette série est d'évoquer cet univers de loin, de façon métaphorique, à la manière des contes ou des récits mythologiques.

Mais si le néophyte est séduit par cette accessibilité, le fan appréciera le "méta-texte" de l'oeuvre, car Astro City fonctionne aussi parfaitement grâce à ses références qui l'enrichissent au lieu de la parasiter. Les connaisseurs savent les recettes du genre, les codes qui l'encadrent, les archétypes qui le peuplent. Mais ils sont ici reformatés par un auteur érudit, un dessinateur aguerri et un designer averti, qui se servent de ces ingrédients pour d'abord parler de la condition humaine, des rapports qu'entretient le commun des mortels avec les dieux.

Kurt Busiek, Brent Anderson et Alex Ross nous laissent investir un territoirre familier pour mieux nous raconter des histoires que nous ne connaissons pas : celles de coulisses, là où des personnages comme vous et moi assistons au spectacle - et parfois y participons fugacement.

L'élégance de la démarche (à l'image des quelques pages réalisées en hommage aux pompiers du 11-Septembre) et le soin de la réalisation suffisent à garantir le plaisir qu'on retire à chaque fois des lectures de ces recueils. Cette fois comme les autres fois. Merci - et bravo !
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  #15  
Vieux 06/08/2009, 17h35
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cyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantasticcyclopebox est intelligent comme Mister Fantastic
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Posté par wildcard
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Chevalier servant relate la passion vécue par une femme pour un surhomme et comment elle a gâché cette relation par jalousie...
Cet épisode est magnifique, un très bel hommage à la femme la plus stupide des comics mais ô combien attachante : Loïs Lane.
__________________
Allez, tout le monde en choeur chante avec moi :

"Wolverine est un idiot, c'est Cyclope le plus beau !"
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