Un peu de poésie, quoi merde !

[Mr Gumby]

Même avec un vilain skin tout laid, je suis très content de voir le retour de Buzz.
Thanks a lot Revanche.
Et zou une petite critique toute fraîche pour fêter ça.

Dans la frénésie de traduction de comics à laquelle nous assistons actuellement, il y a parfois d'excellentes surprises. Les petites éditions Kyméra (Damned, Starchild et surtout Strangers in Paradise) ont eu la bonne idée de se pencher sur un étrange objet bédéphilique Pop gun war de Farel Dalrymple.



Ce jeune artiste new-yorkais s'est d'abord auto édité au sein de projet Meathaus (qu'il a co-fondé), puis a dessiné les 4 premiers numéros de la série Caper chez Image. Il a aussi participé à de nombreuses anthologie et dessine actuellement Omega the unknow chez Marvel (Quelqu'un a-t-il lu ça ?).
Ce livre est la traduction d'un TPB sorti chez Dark Horse en 2003 regroupant les 5 premiers comics de la série qu'il poursuit actuellement.

Il est très difficile de raconter une histoire puisqu'il n'y a en pas vraiment. Le récit ayant un narration très onirique (presque aléatoire parfois) se prête mal au résumé. Sachez juste que le livre s'ouvre sur la chute d'un ange tatoué sur une ville étrange. Celui se fait rapidement tronçonner les ailes qu'il jette à la poubelle. Un gamin noir nommé Sinclair les récupère et se les colle dans le dos où elles vont particulièrement se plaire.

Ce qui frappe tout d'abord c'est l'extraordinaire dessin de Dalrymple. Imaginer un mélange entre Paul Pope (THP, Escapo, Heavy liquid, 100%) et Tsukamoto tendance Amer Béton. Il a aussi en commun avec ce dernier une certaine ambiance lié à un mélange entre un réalisme urbain et une rêverie imprévisible. Rien que l'aspect graphique est déjà une très appréciable bouffée d'air frais. C'est rare de se retrouver plonger en quelques planches dans un monde unique, poétique mais jamais mièvre.
L'autre grande réussite du livre ce sont les personnages. Ils ne sont jamais clairement définis et sont tous tout à tour attachants, antipathique, touchants ou insupportables. Ce flou, loin d'être désagréable, apporte beaucoup au plaisir de la dérive que nous offre cette BD. De plus la difficulté des personnages à avoir une image d'eux même est un des thèmes les plus intéressants de cette oeuvre. Ce n'est pas très clair ce que je dis. Vous lirez la BD pour comprendre.

Pinaillons un peu. Il y a quand même quelques moments un peu plus faibles (notamment les passages sur l'art ou les artistes, aux métaphore un peu pataudes) mais cela reste toujours passager et fugace. Il y a ensuite une traduction parfois un peu trop visible (la poésie traduite, c'est toujours un peu casse gueule) et un lettrage pas toujours super soigné (surtout sur les panneaux, lettres ou journaux).
Ces broutilles ne gâchent cependant pas l'immense plaisir que procure cet OVNI. Laissez vous donc charmer par ce rêve agité et imprévisible.

Si j'ai réussi à éveiller votre curiosité n'hésitez à aller faire un tour sur son site

ou sur celui du collectif Meathaus
où il expose sa très sympathique série Supermundane.