Qui se soucie du sort des hommes de main?

[Deroxat (Expert en Potins)]

aujourd'hui, dans la série "Qui se soucie du sort des hommes de main?", 1er chapitre:

LA PROMOTION

- Un demi, chef !
Le patron me connaît bien. J’étais même pas obligé d’annoncer ma commande, mais ça fait partie du rituel de fin de journée. J’aime bien me finir par un demi… commencer aussi, en fait, et j’avoue que je ne suis pas contre un petit remontant à midi ou à seize heures. J’ai pas le boulot le plus compliqué du monde, mais faut bien avouer qu’il peut devenir rudement stressant. Un petit verre n’est pas de refus dans ces cas-là, cas qui se présentent un peu trop souvent ces derniers temps. L’alcool désinhibe, l’alcool fait gerber, l’alcool rend joyeux, l’alcool rend triste, l’alcool fait passer le temps, l’alcool rend tout rouge, l’alcool dilate les vaisseaux sanguins du nez et donne la tremblote, l’alcool fait faire et dire les pires conneries, mais l’alcool me calme. L’alcool est mon ami. Celui à qui je peux confier mes doutes et mes envies. Sa chaleur m’envahit et le bien être remplace l’aigreur et l’angoisse qui démolissent mon estomac. Notez que la boisson peut aussi y être pour quelque chose hein…

- Une SanPé, chef ! Salut, Tony.
Et comme chaque fin de journée, Julian me rejoint avec dix minutes de retard. Même bar, même commande, même place au comptoir. Trois ans que ça dure. Son visage se reflète rudement bien dans mon demi ; sa raie sur le côté, ses petites lunettes, son air de cadre-dynamique-winner-Mennen. Jamais couché, toujours au taquet, les juristes de Wilson Fisk sont décidément des types à part. Le genre transylvanien en méchant. Dieu merci, celui-ci est presque normal : il a arrêté de manger les petites filles.
- Me dis pas que t’es encore en train de penser que tous les juristes sont des vampires !
Le ton est plus résigné que réprobateur. Une façon comme une autre de démarrer la conversation.
- Ca va comment au juridique en ce moment ?
- Putain Ray Charles a recommencé à nous casser les couilles. On s’est chopé une assignation à la con pour une histoire pipo de parts sociales et de droit des sociétés. Il a vraiment que ça à foutre… M’enfin, c’est plus trop mon problème, le contentieux, c’est pour la gueule d’Oliveri.
Ray Charles, c’est le surnom que Julian a donné à Matt Murdock. Julian est décidément le seul juriste au monde à pouvoir expliquer un point de droit en insérant plus de d’insultes que dans un dialogue de Spike Lee. Et encore, là, il a l’air de s’être retenu.
- En même temps, ça devait bien faire quatre mois que t’avais pas eu de nouvelles de lui, non ? Il devait commencer à te manquer.
- Ouais évidemment. Comme si je me tournais les pouces le reste du temps. J’ai déjà mon lot de nocturnes hebdomadaires, merci bien. Et le fret alors, c’est la pleine saison, en ce moment, non ? Les missions croulent, j’imagine.
- J’ te le fais pas dire ! Je suis crevé.
La règle d’or chez Wilson Fisk Inc. est de ne jamais trop en dire sur ses activités. Rien ne doit sortir du département, sauf ordre exprès du chef. Le silence est le langage universel du secret. En signant son contrat d’embauche, chaque employé en fait sa langue maternelle. Le profil bas est l’attitude générale à adopter et la discrétion, l’art de vivre prôné par la boite. Un bon employé est un employé qui ne se fait pas remarquer. Si elle bossait chez nous, la Femme Invisible pourrait être élue employée du mois à chaque fois. Rien ne doit filtrer, tout est contrôlé, la moindre information est passée au rayon X. Etre corporate signifie savoir garder un secret, ici. Même entre salariés de la boîte il faut faire gaffe. Ce qui donne des phrases un peu surréalistes comme :

- Je pensais pas qu’amener du matos du point A au point B pouvait être aussi tuant.
Ce qui n’empêche pas qu’avec deux trois verres dans le nez, on devient quand même plus loquace.

- En même temps je suis mal tombé : le Bronx, c’est quand même le centre des activités de Fisk, même si la concurrence de la Maggia a rudement fait baisser notre CA cette année. En ce moment, c’est galère. Et je te parle pas des retards de livraison de l’AIM, ou des descentes de tous ces crétins masqués ! Daredevil, Captain America, l’Araignée… Impossible de bosser tranquille. Mes gars sont à cran. Je sais pas si on arrivera à remplir les objectifs à la fin du trimestre cette fois-ci. Les heures sup’ s’accumulent et pas moyen d’avoir un week-end peinard. Vivement la fin de la saison que je puisse partir en vacances avec les mômes et Edna… si jamais fin de saison il y a.

On a vraiment intérêt à les remplir ces objectifs. C’est un peu ça le problème chez Fisk Inc. Le droit à l’erreur n’existe pas, à peine plus qu’une légende urbaine, ou une apparition de Typhoid Mary en jogging-baskets. Si jamais il apprend qu’on n’a pas rempli les quotas, le boss va pas trop rire. Faut dire qu’il rigole jamais, Fisk. La seule fois qu’on l’a vu rire, c’est quand Murdock a essayé de le mettre en prison. Mais bon, c’était tellement drôle que c’était dur de se retenir.

- Ouh la, je sens un vrai ras-le-bol !
- Ouais, parfois je me dis que j’aimerais passer plus de temps en famille, avoir des horaires peinards, des RTT, un salaire un peu plus sympa, sans compter que l’Arbre de Noël organisé par le CE est de plus en plus minable.
- Oh t’es dur là ! Le CE fait des trucs sympas quand même ! L’année dernière, ils nous ont offert un concert privé avec 50 Cents et on a eu droit en avril à un séminaire à Miami. Je trouve que Fisk est une boîte qui s’occupe globalement bien de ses employés. Bon, c’est sûr qu’il faut pas avoir peur de bosser.
- Mouais, je suis pas convaincu. Parfois je me dis qu’on se fout quand même de notre gueule. Regarde, ça fait six mois que je demande à passer chef de département et j’ai toujours pas réussi à avoir un entretien avec la DRH. Et pourtant tu vois, j’ai pas économisé mes efforts. Un an que j’ai pas pris de vacances, bordel ! Je sais qu’Arcade recherche des chefs d’équipe pour le transport de marchandises, je vais ptêt postuler. Mon cousin m’a dit que c’était plutôt sympa là-bas.
- Et pourquoi tu demanderais pas directement un entretien avec l’Arrangeur, hein ? Tu sais, le DRH, c’est un guignol en vrai. Incapable de prendre la moindre décision sans l’aval de Fisk.
- Mais t’es vraiment pas bien toi ! Tu sais ce qu’il est devenu le mec dont j’ai pris le poste ?
- Non.
- Ben moi non plus. En fait, personne ne le sait. Et j’ai pas envie de devenir un « personne ne sait ce qu’il est devenu ».
Silence.
Silence corporate.

Court-circuiter la hiérarchie a toujours été un truc dangereux chez nous. Suffit de demander à la Rose, sa tentative d’OPA a plutôt mal tourné la dernière fois.

- Ouais… c’est sûr. Bon faut que je te laisse. Je dois retourner au bureau, on a une réunion de crise. Apparemment Bullseye aurait encore fait le con.
- Sans problème. De toute façon, Edna m’attend pour dîner. Allez, à plus.
- Bye.

[Ben Wawe]

comme c'est bon !
un dialogue tout droit sortit d'un rendez-vous banal entre deux employés, mais le tout bien fait dans l'univers Marvel et du crime ! c'est super, j'adore !

[Deroxat (Expert en Potins)]

merci merci!

[doop]

J'aime bien cette idée d'utiliser de travailler dans un monde qu'on connait, ca permet de bien visualiser les trucs...Joli travail...

[Deroxat (Expert en Potins)]

vous aurez quand meme note que le gros probleme est qu'il n'y a pas de chute... c'est un peu brut de décoffrage. y a une idee de depart, mais rien qui avance vraiment. non, c'est tout.

[doop]

C'est pas trés grave, c'est bien construit, et on n'est pas obligé d'avoir une chute à chaque fois, perso, ca m'a pas dérangé....

[Monsieur Mehdi (expert en connerie)]

nan,vous inquietez pas,je lui ai filé une chute dans sa reput' (oui,j'ai honte Derox' )

[Cseigneur1]

les hommes de main certes, mais quid de ceux d'aujourd'hui?

[mr nix]

Plus fort que le Turk de Miller!

[Deroxat (Expert en Potins)]

	Citation:			Posté par mr nix
	Plus fort que le Turk de Miller!

ouais! il arrete pas de copier sur moi.