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J'ai un peu dépasser les quinze jours réglementaires mais ça reste dans le flow.
J'apprécie beaucoup le boulot d'Adrian Tomine (Optic nerve, Blonde platine). J'avais bien repéré que Shortcomings son dernier recueil était listé dans pas mal de tops de l'année dernière. Et puis, un peu par fainéantise et beaucoup à cause du fait que ça fait partie des BD que j'avais envie de glisser à ma mie, j'ai fini par attendre la VF et je ne le lis donc qu'aujourd'hui. C'est donc chez Delcourt dans la belle collection Outsiders qu'est sortie fin novembre 2008 : Loin d'être parfait, la traduction du bidule sus-cité. Il s'agit de la compilation des numéros 9 à 11 de son comics Optic Nerve. Une fois n'est pas coutume, c'est un long récit en trois parties. C'est principalement l'histoire de Ben Tanaka. Un type misanthrope, sarcastique, grincheux et un peu snob. Un peu moi en nippo-américain, en fait. Son couple avec Miko bat franchement de l'aile. Elle lui reproche, entre autres, son irascibilité et son attirance envers les femmes blanches. Du coup, elle saute sur une occasion professionnelle à New York pendant que lui reste en Californie. Les habitués de l'auteur seront en terrain familier thématiquement et graphiquement. Pour les chanceux qui ne connaissent pas encore le travail de Tomine, c'est une excellente occasion de s'y mettre. Vous aller rencontrer un auteur en pleine maturité artistique, avec une maîtrise narrative impressionnante et un graphisme ligne claire élégant, sophistiqué et subtil. La forme est donc de toute beauté avec cette grâce discrète d'un dessin et de cadrages qui savent se faire oublier pour laisser courir l'histoire. Le travail sur les enchainements entre scènes est d'ailleurs particulièrement remarquable. Et tout ça en conservant une sensibilité et une vivacité dans les expressions des personnages. Remarquable, je vous dis. Du côté du fond, ça vaut le détour aussi. Complexité psychologique et finesse de la description des rapports humains sont au programme. Certains voient une certaine froideur dans sa description de l'humanité, j'y vois plutôt une distance aussi impitoyable que tendre. L'auteur joue des explications sociologiques pour mieux les écarter d'un revers de la main et laisse finalement Tanaka seul avec le poids de son existence. L'exploit de rendre ce personnage embourbé en lui-même et mettant toute son énergie à refuser de changer, aussi touchant qu'agaçant, n'est d'ailleurs pas des moindres. Allez, courrez m'acheter ça bandes de zouaves. A noter : - que l'édition est très élégante et très proche de celle des canadiens de Drawn & Quaterly. - que Delcourt vient de rééditer le recueil des premiers Optic Nerve (grand format) dans une édition toute aussi réussie et sous le nom de Insomnie et autres histoires.Benny Bou corrige ma géographie.
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L'opportuniste reboot de la revue de pile : février Dark Horse, Menu des chroniques Les aventures spacialo-copocléphiliques du Captain Zenzible : Ep 7
Dernière modification par Mr Gumby ; 23/12/2008 à 16h30. Motif: Benny Bou corrige ma géographie. |
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Je ne sais pas quel est le meilleur : ton strip ou ta chronique!
Ouais Tomine c'est un auteur à suivre : je note ce recueil dans ma liste d'achat parce que je l'avais zappé. D'autres titres à me conseiller dans la collection Outsiders de Delcourt ? |
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Je ne l'ai pas encore celui là mr Gumby mais j'ai été tant conquis par ses Insomnie et autres histoires (sûrement sur le podium des illustrés qui m'ont le plus ému cette année, avec Omega) que ce Tomine, je le note itou, tout comme tuco. (oui, j'alitère souvent en fin de phrase)
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Par contre le "insomnies" en VF, c'est le mini 32 stories VO ?
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je ne pense pas
32 stories: The complete Optic Nerve mini-comics (1995) Sleepwalk and other stories (1998) Summer Blonde: Stories (2002) Scrapbook (June 2004) Shortcomings (Fall 2007) je pense plus pour sleepwalk.. cad le début du run d'optic nerve ( 1-4) http://www.drawnandquarterly.com/sho...a3e53e9cfee312 j'ai fait une critique du 32 stories d'ailleurs quelque part...
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On débarrasse HERE ! nouveau déstockage avril 2022 ! My dead Blog ! Mes critiques après tout le monde ! 600éme !!! TPB Waiter |
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C'est tout à fait ça Mr Virgule. Sinon ta critique est là.
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Haaa je trouvais ça étrange aussi.
Ce que j'aime bien chez Tomine (outre le fait qu'il ait découvert Clowes et que ça a grandement amélioré son trait) c'est son côté Marivaux du dépressif, il reprend en gros toujours les mêmes personnages avec plus ou moins un canevas identique, mais il cherche à travailler sur des modifications et leurs influences sur les protagonistes.
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Rubrique très intéressante, mais attention !
Drawn And Quarterly est une maison d'édition canadienne (basée à Montréal). |
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J'ai lu le Tomine aujourd'hui, ça faisait un bout de temps que je n'avais plus rien lu de lui. C'est vrai que sa maîtrise du récit, graphiquement et scénaristiquement, est impressionnante. Pour mon goût ça manque juste un poil de fantaisie, mais bon il tient tellement bien son truc que je préfère me taire et admirer.
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En clair, ça manque de clothes..
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Je ne peux pas te remettre du vert, mais l'intention y est.
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Comme la majorité des députés européens, je ne connaissais Zander Cannon que par son travail sur la magnifique série Top ten et notamment la mini série Smax. Voilà t-y pas que Monsieur Gilles C. m'apprend soudainement au détour d'un topic que le gars a aussi commis en 1995, une autre excellente série : The replacement God. Les huit premiers numéros sont originalement sortis chez Amaze Inc et sont collectés dans le TPB dont au sujet duquel que je vais vous entretenir ici. Il y a ensuite eu une «seconde saison» sous forme de 5 numéros chez Image plus un auto édité. Le roi Ursus règne d'une main de fer sur le Royaume de Mun. Tout va bien pour lui, il va fêter le neuf centième anniversaire du règne de sa lignée et une formidable opportunité se présente à lui. Le dieu des morts va mourir. Si jamais Ursus mets la main sur son remplaçant, à lui la vie éternelle. Hélas, quand la prophétie désigne Knute, un jeune esclave qu'il vient tout juste de libérer sous le coup d'une euphorie liée à une avalanche de bonnes nouvelles, il ne voit pas d'autre solution que de lancer à ses trousses sa horde de Visigoth-beatnik. La poursuite s'engage et Knute reçoit l'aide précieuse d'Anne, une mystérieuse jeune femme qu'il a croisée lors d'un séjour au cachot. Si univers fantasy il y a, nous sommes ici plus proche du travail de Jeff Smith sur Bone. Cannon utilise un univers très codifié et se l'approprie pour en faire quelque chose de très personnel et de finalement de très particulier. On oublie donc rapidement les châteaux et les chevaliers pour se laisser embarquer dans un monde travaillé, riche et (trop ?) dense peuplé de personnages fouillés et attachants. Le récit est très rythmé et plein d'un humour assez particulier mais tout à fait réjouissant. Tout du long, ça reste très inventif et cette BD recèle de trouvailles et de surprises aussi bien graphiques que narratives. Les péripéties sont aussi nombreuses. On a un bon lot d'évasions périlleuses et de poursuites haletantes. ça part parfois un peu dans tous les sens et on peut, de temps en temps, avoir l'impression que l'auteur a du mal à y caser tout ce qu'il voudrait y mettre, mais ça ne fait qu'ajouter au charme de l'ensemble. Surtout qu'il se ménage le droit à l'émotion ou au drame au beau milieu de tout. Le dessin en noir et blanc est rond, dynamique et expressif. On sent que c'est un boulot de jeunesse et qu'il se cherche un peu, mais le talent du bonhomme est évident dès le début et ça reste fort agréable à l'œil sur les huit numéros. En pinaillant, on peut trouver un seul vrai défaut un poil gênant au truc : le lettrage des premiers numéros est horrible. On souffre donc un peu au départ (c'est assez bavard) mais on finit par s'y habituer et ça s'améliore nettement par la suite. Voici donc un BD tout fait charmante, un poil frustrante parce qu'au bout du TPB, il reste plein de trucs à résoudre. Gourvy doit me trouver la suite en singles, je vous en reparlerai une fois lu.
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#163
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J'ai lu la fameuse mini-série Top Ten dessinée par Zander Cannon lors des vacances : bon après Gene Ha (lire les 4 tomes Semic d'une traite), cela m'a d'abord paru minimaliste mais, au fur et à mesure, j'ai bien apprécié son style. Ici, l'image que tu as postée me fait penser à du Mike Wieringo!
Par contre, je n'ai pas encore débuté la mini-série actuelle où il se charge de l'écriture (j'attends d'avoir les 4 numéros). Sinon, justement dans la préface du tome 4 chez Semic,il est indiqué dans le portrait de Zander Cannon, cette fameuse série The Replacement God : je sens qu'il va falloir que je me chope le truc maintenant... Vilain!
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Alan Moore : "I should just keep me mouth shut, I just upset people." Ma galerie sur Comic Art Fans
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Pas de pile avant ce week-end, donc ce sera Belle Histoire au menu bande de gâtés.
J'arrive un peu après la bataille sur ce coup là. De nombreux buzzukis ont déjà plébiscité cette mini-série aux BuzzAwards et Doop et Virgule en ont déjà largement chanté les louanges. Pourtant après la lecture tardive de ce splendide hardcover sorti chez Marvel en octobre 2008, j'ai eu une irrépressible envie de la relire aussitôt puis d'en causer ici. En fait, j'ai surtout trouvé l'idée de strip presqu'instantannément donc bon, comment résister ? Je précise pour les non initiés que la série est un "remake" d'une série de 1975 par Steve Gerber, Mary Skrenes, et Jim Mooney qui a l'air très bien, qui a été rééditée en un seul volume, mais que je n'ai pas lu donc ce sera un point de vue "tout frais sorti de l'œuf" sur le bidule... Ce recueil de dix comics s'ouvre sur un premier numéro parfait. Dense, vive, intrigante, surprenante, cette introduction tutoie les anges. On y croise un jeune homme très (trop ?) bien élevé par des robots, partageant un mystérieux lien avec un superzigue muet qui se frite avec des robots teigneux. Il y aussi The Mink un affreux encapé local mauve que tout ça intéresse fort. Le vrai miracle de la série est que tout ça, va se développer en toute cohérence sur dix numéros avec certes, un rythme moins soutenu, mais toujours une invention permanente, doublée d'une cohésion sans faille. L'écrivain Jonathan Lethem et son pote Karl Rusnak brassent une vraie et finalement assez simple histoire de science fiction dans un bain de micro-fictions annexes drôles, bizarres ou émouvantes... et le plus surprenant, c'est que l'ensemble tient de bout en bout. Tout ça en valdinguant entre délires pulp, portraits tout en humanité et drame social, c'est vraiment très fort. On habille ça dans une narration à la liberté remarquable, tout en malice et en inventivité continuelle qui au détour de n'importe quelle page peut s'envoler vers des horizons inattendues et délectables. Et hop, vous obtenez deux cent quarante pages de bonheur. Le formidable dessin de Farel Dalrymple avec son dosage parfait de réalisme et de coté un peu bancal est pour beaucoup dans la cohésion de l'oeuvre. J'adore sa façon de dessiner son costume de Super héros dans un style pyjama/ caleçon long tout à fait remarquable. De plus, il est soutenu par une colorisation parfaite de Paul Hornschemeier alliant explosions chromatiques et voile terne de l'urbanisme américain. Le plaisir de se laisser embarquer dans un récit aussi atypique est tel que je ne vous en dirai pas plus. Je conclurai juste en vous invitant à tenter cette expérience qui, si vous avez un minimum l'esprit aventureux, ne peut que vous ravir. P.S. : Aguiché par tant de talent, j'ai choppé les orphelins de Brooklyn, faux roman noir de Lethem construit autour d'un personnage extraordinairement littéraire, atteint du syndrome de La Tourette. C'est également une merveille que je vous conseille fortement.
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