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Ah, c'est vrai que cette épisode est visuellement époustouflant !
Et, comme tu le notes, les couvertures de la série par JR Jr et Williamson comptent quelques pépites, notamment dans cet arc : c'est très audacieux. (Par ailleurs, Tota avait aussi fait de belles couv' pour la série) |
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Ce que ce topic m'a appris aussi c'est que tout le run a été édité en VF, je me demandais si il y avait des épisodes de ces auteurs avant ou après (oui, bon, y a comicsvf mais on n'y pense pas toujours, ou pas le temps quand on y pense)
Comme c'était des VI ("versions intégrales" pour ceux qui n'ont pas connu), il y a eu très peu de retouches, voire pas j'imagine, non?
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Je pense donc je signe. |
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aucune, si on enlève le fait que des épisodes "hors JR" ont sauté (dommage pour le très beau Leonardi, et Ditko)
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#281 : Heaven is knowing Who You are (Juin 1990) Une fois en Enfer, on y sombre ou on en sort (du moins on essaie) : Daredevil, une torche à la main, va tenter de se présenter directement devant Méphisto pour répondre à son défi - mais chaque démon tué pour tailler sa route grossit (en volume et en puissance) son adversaire. N°9 va indirectement montrer à Blackheart (qui se cache toujours sous les traits de Gabriel) qu'on n'est pas toujours ce que les autres veulent. Karnak et Gorgone prennent congé de leur hôtesse pour comprendre où ils sont (et donc pourquoi ils y sont, comment en sortir). Brandy et le Pape, abandonnés par l'ange indien qu'ils ont ranimé, déduisent qu'être meilleur se gagne. Un aphorisme fameux de Frank Miller dans Born Again ("Un homme sans espoir est un homme sans peur", comprenait le Caïd alors qu'il pensait avoir brisé Matt Murdock en lui ôtant tout) est ici, in fine, reformulé : "Quand l'homme n'est pas brisé, il devient plus fort". Ann Nocenti, à une étape du dénouement de sa saga en enfer, nuance notablement sa différence : chez Miller, tout est combat, obstination, vengeance/revanche ; quand chez Nocenti, le combat devient vain -pas inutile, pas débouchant sur la défaite, mais au contraire établissant que, parfois, c'est en arrêtant de répondre violemment à la violence qu'on affirme sa force et qu'on contrarie vraiment l'ennemi. Cette philosophie est énoncée autrement, mais pour le même constat, par le Pape quand il discute avec Brandy au bord d'un cratère d'une beauté terrible : "si tu veux le bien, donne le bien. Si tu veux quelque chose, donne-le d'abord". Et pour Karnak et Gorgone, cette sortie de crise est déclarée par ces mots : "on ne défonce pas les portes pour le plaisir d'agir. On essaie de les comprendre pour qu'elles s'ouvrent." Ces citations ne sont pas écrites par une scénariste qui se regarde écrire, qui fait des mots d'auteur : elles sont les conclusions de personnages qui comprennent que, face à eux-mêmes, leurs faiblesses, leurs échecs, dans un endroit qui les désoriente, face à une menace qui les dépasse, c'est par la raison et non pas la force qu'ils s'en sortiront. Il leur faut avant tout récupérer cette raison dans un milieu qui veut leur la faire perdre pour se sauver, vaincre le démon qui les a piégés. Nocenti vise haut en voulant élever son comic-book super-héroïque au-delà de ses codes (le bon, le méchant, l'affrontement physique, la victoire, la morale de l'histoire), mais comme elle est astucieuse et audacieuse, elle passe par le verbe, la phrase, le style, qui seuls peuvent démasquer les clichés, les retourner, relancer le récit. Ce n'est en tout cas pas banal, ce spectacle de héros qui arrêtent de lutter physiquement pour gagner, déjouer le plan de leur ennemi et reprendre le contrôle de leur sort. Par ailleurs, un invité, toujours aussi surprenant, va s'engager dans la partie : le Surfer d'Argent ! L'ex-héraut de Galactus a souvent eu affaire à Méphisto et Ann Nocenti convoque le personnage à l'évidence pour créer un contraste avec ce qui se passe : Le Surfer erre dans l'espace, donc à l'opposé des profondeurs infernales, mais ses pouvoirs lui permettent de détecter les activités maléfiques. La silhouette argenté, virginale, du personnage tranche aussi de manière symbolique avec les noirceurs et les incandescences sanguines de Méphisto et son royaume : c'est donc, en quelque sorte, l'incarnation suprême du chevalier blanc qui descend dans l'Hadès pour affronter le démon-dragon menaçant les simples mortels innocents (plus quelques Inhumains, guère plus armés...). A quelques exceptions (les séquences avec n°9 et, dans une mesure moindre, celles avec les Inhumains ou Brandy et le Pape), l'épisode fait la part belle aux grandes images, dans la veine la plus "Kirby-esque" de John Romita Jr : dès la première page (comme à la dernière), Daredevil est représenté dans une pose iconique, le rouge de son costume tranchant avec la blancheur de là où il est, une torche brandie à bout de bras. Les décors sont somptueux et offrent encore une fois l'occasion à Al Williamson de réaliser des prouesses pour les finitions et l'encrage : il semble à la fois nettoyer et habiller le dessin de son partenaire. Qu'il s'agisse de représenter un cratère en feu ou le Surfer dans l'espace, de détailler les gravures de la paroi escaladée par Brandy et le Pape, ou de s'inspirer des surréalistes pour le voyage de n°9, le soin apporté aux cases, à la sensation qu'elles doivent produire sur le lecteur, est sensationnel. Comment tout ça va-t-il se dénouer ? Réponse avec le dernier épisode de cette saga (et de ce run) dantesque. |
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Argh, déjà fini au prochain
Et encore une couv qui tue |
#82
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#282
#282 : Crooked Halos (Juillet 1990) C'est la fin du voyage, l'heure de vérité : Daredevil va se présenter devant Méphisto et il reçoit un dernier conseil de Blackheart lui-même, qui déclare à son père que son plan a échoué, que ses méthodes ne fonctionnent plus. Le diable tente plusieurs fois de faire taire sa progéniture en l'écrasant, mais bientôt les héros réunis lui font face et le défient. Il leur rit au nez et tue l'un d'entre eux, mais ce crime est inutile - d'autant plus que le Surfer d'Argent surgit et attaque. Il permet aux prisonniers de remonter à la surface du monde : cette évasion signe leur victoire sur Méphisto. Ils ont réussi à s'échapper de l'enfer. Deux ans et demi après le début de leur collaboration et après 30 épisodes, la fin de cette saga marque la fin du run d'Ann Nocenti avec John Romita Jr. Le risque après un partenariat dont les fruits ont été si originaux et riches est d'aboutir à un dénouement en-deçà de ce qui a précédé. Mais il n'en est rien (même si on peut néanmoins regretter que cela n'ait pas fait l'objet d'un numéro double, encore plus épique, avec plus de place, et pour frapper un dernier grand coup). Au terme de l'arc Typhoïd Mary, Ann Nocenti avait choisi de ne pas conclure de façon classique, avec un combat physique, une victoire nette et sans bavures du héros - au contraire, Daredevil finissait défait, son adversaire s'éclipsant comme dans un songe (ou plutôt un cauchemar), et la série allait s'en trouver impacté profondèment au point de l'emmener, elle et son héros, sur des chemins de traverse. De manière similaire, mais aussi plus baroque, mythologique, cette saga avec Méphisto s'achève non pas avec les poings (même si le Surfer d'Argent s'en mêle) mais avec un discours sur la condition humaine, l'inutilité même de se battre comme des pugilistes ordinaires. Ce ne sont pas des adversaires communs qui s'affrontent mais plutôt des symboles, des formes, presque des états, des abstractions, des concepts. Méphisto avait dit que ce qui lui plaisait avec les héros, c'est qu'ils tombaient de haut. Daredevil triomphe du diable en lui renvoyant cette pensée au visage : en vérité, ce n'est pas une question de bons et de méchants, mais de liberté, de choix. L'arrogance de Méphisto l'a condamné à l'échec : il a voulu faire une démonstration, bloquer ses ennemis dans les cordes. Mais ses ennemis refusent le combat et partent, et comble de l'humiliation, s'en vont en lui pardonnant - ce pardon leur permet de se libérer du diable. La puissance singulière de ce dénouement éclipse l'issue même des autres intrigues (le fait que Karnak et Gorgone aient retrouvé le fils de Médusa et Flêche Noire, que n°9 accepte d'être enfin seule et indépendante), et d'ailleurs dans le #283, Ann Nocenti expédiera les adieux entre les Inhumains, la "femme parfaite" et DD. On peut estimer que, comme d'autres grands scénaristes face au problème de boucler la boucle efficacement, l'auteure ait été en quelque sorte dépassée, impuissante à conclure à la mesure de ce qu'elle avait développé. Mais il lui sera beaucoup pardonné après nous avoir gratifiés d'épisodes aussi ébouriffants. John Romita Jr et Al Williamson n'ont levé pas le pied pour ce dernier round. La représentation de Méphisto est un concentré de leur production ici : créature difforme, devenue obèse après s'être goinfré des souffrances qu'il a infligées, la face entre le serpent et la grenouille, couché sur un lit de corps damnés, il est à la fois grotesque et effrayant, immense ogre écarlate défié par de minuscules héros. Voilà un monstre qu'on n'oublie pas. La participation du Surfer d'Argent permet d'admirer une autre facette du talent des deux artistes qui parviennent, avec une économie remarquable de traits, la vitesse de l'alien sur sa planche en route pour les enfers, traversant toute la largeur d'une double-planche puis fondant sur le diable, immaculé face à la créature bavant de l'encre. Romita Jr et Williamson flirtent à plusieurs reprises avec l'art abstrait : JR Jr s'y révèle, comme l'a analysé Bernard Dato (dans Comic Box), comme un dessinateur du mouvement, de l'énergie, de l'esquisse, que Williamson affine, précise, orne. Le résultat est à la fois sommaire et sensible, ébauché et gravé, simple et puissant, d'une intense élégance. * Bon sang, quel run : 30 épisodes de haut vol, à (re)découvrir d'urgence ! |
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Voilà.
Ici s'achève cette série de critiques sur ce run passionnant. Tout ce que j'espère est que cela aura donné envie à ceux qui ne connaissaient pas ces épisodes de les lire, et à ceux qui les connaissaient de les relire. Ils réservent des sensations fortes, avec un héros que j'apprécie particulièrement, une scénariste inspiré, des artistes remarquables. Je remercie tous ceux qui sont passés par ce topic lire ces articles, ceux qui les ont commenté, ceux qui m'ont très aimablement attribué des points pour ce travail (qui était surtout un plaisir). Vive Ann Nocenti ! Vive John Romita Jr ! Vive Al Williamson ! Vive Daredevil ! Ce sont eux que, moi, je remercie pour ces fabuleuses heures de lecture. |
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Merci à toi Wildcard pour ces remarquables chroniques !
Ces épisodes sont vraiment exceptionnels à plus d'un titre et méritent d'être encore mieux exposés.
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Mes ventes de DVD, comics VO et VF : derniers ajouts le 24 juin |
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Bravo, et merci
Si je ne les relisais pas déjà de temps en temps, je le ferais grace à toi :-) |
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Trés beau run que tu as magnifiquement mis en valeur !
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Miguel&Diego! Mes ventes Mon blog à môa https://fr.ulule.com/arelate-t9-et-valerius-proculus/ |
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Enfin lu le topic après m'être replongé dans cette saga : chapeau, mec
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Je pense donc je signe. |
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Bravo pour tes chroniques sur ce run !
C' est rare de voir pareil sommet chez Marvel. Dire que la VI Semic s' est arrêtée quelques mois seulement après le départ de JRjr et qu' il restait quelques bons épisodes à publier... |
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J'espère que Marvel profitera de sa nouvelle collection "Epic" pour publier ce run.
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al williamson, ann nocenti, daredevil, john romita jr, marvel |
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