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  #106  
Vieux 31/01/2009, 18h17
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wallyvega change la caisse du Fauve
Mon héros parmi les hommes

Ce soir, je me sens rajeunir. Cinq, six ans… Je ne sais plus
J’ai renoué avec celui qui n’est jamais revenu.
Un décor familier, une visite du passé pour un présent imprévu
Les cauchemars d’un enfant vieillissent avec lui
Et le temps, ce faucheur, les réconcilie.
Ce soir, je suis serein car

J’ai vu un fantôme
Mon héros parmi les hommes
Et je n’suis qu’un môme
Désireux de faire tout comme
Son héros parmi les hommes

Cette nuit, je ne pourrai dormir. La peur d’un retour au flou
Me hantera jusqu’à l’aube, écrasant cet espoir un peu fou
De tromper le néant, de le plumer sans atout
Les cauchemars d’un enfant vieillissent avec lui
Et le temps, ce faucheur, les réconcilie.
Cette nuit, je suis frustré car

J’ai vu un fantôme
Mon héros parmi les hommes
Mais je ne suis qu’un môme
Incapable de faire tout comme
Son héros parmi les hommes

Ce matin, j’ai compris qu’au monde des hommes
Je préférais celui de mes fantômes.
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"Please allow me to introduce myself. I'm an alien superfiend. I've come tonight to judge you all. Let me say you what I mean! Pleased to meet you. Judge Death is my name!"

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  #107  
Vieux 01/02/2009, 00h10
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Ben Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à Galactus
Court mais qui prend un peu à la gorge ; c'est bien écrit, en tout cas, et assez mystérieux. C'est tiré d'une émotion ? d'une expérience ?
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  #108  
Vieux 01/02/2009, 17h55
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Merci à toi. C'est, en effet, tiré d'une expérience. Le texte m'est venu naturellement, comme souvent en ce qui concerne le vécu.
J'ai trouvé cette forme plus adaptée et intéressante à travailler.
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  #109  
Vieux 06/02/2009, 17h51
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Wounded Tree Memorial. Commémorant le massacre de Wounded Tree du neuf novembre 1869. Inauguré le quatorze avril 1969 par le président Matheson, en présence de dix mille six cent cinquante-quatre personnes ; pour la plupart descendants des victimes. Ce jour-là aussi il pleuvait. Probablement avec moins d’intensité. Une averse glaciale s’abattait sur les pelouses abîmées, créant ainsi de gigantesques flaques de boue. Leonard l’observait, immobile, perplexe. Le parc fermait à vingt heures. Chaque soir. Or, il était vingt-deux heures trente passées et les deux grilles d’acier s’entrechoquaient au rythme du vent. Une chaîne massive gisait sur le sol, intacte. Le cadenas avait disparu. Etait-ce prudent de s’aventurer dans un lieu isolé à une telle heure ? Cette question qui l’assaillait n’en avait que la forme. Danger évident et assumé. Egalement synonyme de réponses, de révélations. Ce qu’il cherchait depuis des années. Depuis treize ans, deux mois et vingt-cinq jours. Déjà… L’homme qui l’avait contacté prétendait être un membre important du Registre. Aucune raison de le croire. Leonard ne savait absolument rien le concernant ; ce qui, en soi, constituait déjà un excellent argument. Résolu, il franchit l’entrée du mémorial et se dirigea vers l’endroit convenu, travaillant sa décontraction. Mister V… Pseudonyme assez original. Tout pseudonyme s’avérant original dés qu’il diffère du traditionnel Mister X. Ce « v » avait-il une signification ? Ou était-ce uniquement pour le troubler ? Pour détourner son attention ? Peu importait.
Les chaussures de sport qu’il portait avaient viré du blanc au brun foncé après que l’eau s’y fût infiltrée. Chacun de ses pas s’accompagnait d’un son mêlant ventouse et serpillière détrempée. Furtivité fortement compromise. La statue du Général Dabo l’obligea à interrompre son trajet. Enfant, on lui avait appris à toujours se recueillir devant l’effigie de ce héros national, en souvenir de la bataille à laquelle il avait pris part. Leonard avait rarement manqué à ce devoir, parfaitement conscient de ce qu’il devait à…
« Mr Pace ?
-Qu’est-ce que… »
Une silhouette émergea de derrière la statue, semblant flotter dans les airs. Un homme de grande taille, vêtu d’un long pardessus noir, le visage emmitouflé dans une écharpe et un feutre de la même couleur.
« Mr Pace. Je ne pense pas avoir besoin de me présenter.
-Mr V.
-Vous savez le plus important.
-Le rendez-vous n’était pas prévu ici.
-Pas exactement, en effet. Je sais que vous attachez une importance particulière à l’exactitude. Vous devrez passer outre. »
L’étranger se dirigea sans un mot vers un banc à proximité, donnant la même impression de fluidité que lors de son apparition. Il se pencha lentement, un morceau de tissu à la main, et entreprit d’essuyer les lattes de bois ; ce qui lui prît un temps considérable. A quoi bon essuyer alors qu’il pleuvait des trombes ?
« Asseyez-vous, Mr Pace. Je vous en prie.
-Vous n’avez pas choisi un endroit des plus fréquentés.
-Il l’est habituellement.
-On dirait que la pluie effraie les badauds.
-Comme tout ce qui vient d’en haut, n’est-ce pas ?
-Ou comme la violation d’un monument national classé au Registre.
-Peut-on vraiment parler de violation, Mr Pace ? J’invoquerais plutôt une discrétion nécessaire.
-Je doute que vos supérieurs apprécient la nuance.
-Ai-je seulement des supérieurs ? »
V ponctua ces mots d’un léger sourire.
« Vous ne seriez pas là si ce n’était le cas. »
L’argument n’eut pas l’air de convaincre. Tous deux se turent un instant, laissant la nature s’exprimer.
« Pourquoi cet intérêt absurde pour les entités extraterrestres, Mr Pace. Sans la moindre preuve, qui plus est.
-Nous ne sommes pas ici pour discuter de mes motivations, me semble-t-il.
-Bien au contraire. D’ailleurs, vous avez tout intérêt à répondre à mes questions, jeune homme.
-Je dois savoir. Je ne l’ai pas choisi. Chacun a besoin d’un but ; je suppose qu’i s’agit du mien. Ma quête. A ceux qui demandent : « Où as-tu vu les dieux et d’où as-tu pris qu’ils existent pour les vénérer ainsi ? » D’abord, ils sont visibles au regard ; ensuite je ne vois pas non plus mon âme et pourtant je l’honore.
-Marc-Aurèle. Excellente référence ! Savez-vous qu’il disait également : « Qu’il est ridicule et étrange, celui qui s’étonne de quoi que ce soit dans la vie » ? Croyez-moi, vous seriez très déçu.
-Ce qui veut dire qu’ils existent.
-Ce qui veut dire qu’ils sont bien moins intéressants que nos congénères. Les petits hommes verts vous fascinent car le Registre vous y a poussé. Ils ont laissé filtrer assez d’informations avant de jouer aux censeurs. Et malgré vos facultés, vous vous êtes jeté dans ce que vous appelez une quête. Sans même prêter attention à ce qui se passait autour de vous.
-Que voulez-vous dire ?
-Que vous êtes un abruti ! Des années à rassembler des indices, à recouper des pseudo faits. Et pourquoi ? Absolument rien. Oui, il y a une vie ailleurs. Des êtres de taille humaine, sans particularité notable, sans force extraordinaire, à l’intellect bien inférieur au nôtre. Et surtout un potentiel d’évolution quasi inexistant.
-Je suis censé me contenter de ça ?
-Chacun possède un don si particulier. Avec plus ou moins de maîtrise et d’intérêt divers. N’avez-vous jamais réfléchi à cela ? Ne serait-ce pas plus dangereux pour le Registre que les curieux s’intéressent à l’exploitation de ces dons qu’à des « aliens » insignifiants ?
-Je suppose que je dois croire sur parole l’un de ses membres qui, de plus, agît en traître.
-Ce n’est pas si insensé.
-Pourquoi ce rendez-vous, alors ?
-Mais pour vous satisfaire. J’ai bien mieux à vous offrir. Une utilisation optimale de vos capacités et une revanche sur ceux qui vous manipulent depuis des années.
-Dont vous faîtes partie.
-Que voulez-vous ? J’ai toujours été fasciné par l’autodestruction. A très bientôt, Mr Pace. »
La silhouette longiligne de V fila vers les étoiles puis disparut dans une nappe de nuages sombres. Fin de la conversation.
Leonard n’y croyait pas… Quel culot ! Furieux, et après un flot impressionnant de jurons, il se leva et fit mine de regagner la sortie quand un morceau de papier se posa à ses pieds. Machinalement, il se pencha pour le ramasser. Il s’agissait du portrait d’un homme d’âge moyen, l’air menaçant. Au dos, figurait une note manuscrite :
Offrez-nous l’anarchie !
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  #110  
Vieux 27/03/2009, 19h51
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Ce mec est un monstre. Beaucoup pensent que seuls ceux qui sont reconnus, voire tout simplement connus, s’avèrent dignes d’intérêt. J’en faisais partie jusqu’à ce soir. Comment supporter une telle injustice ? Des milliers de pantins consentants touchent des millions de billets verts. L’art émane de cet homme. Il pourrait se tenir immobile au milieu de la scène- de l’estrade pour dire vrai- personne ne le huerait. Au contraire, la fascination s’exercerait avec d’autant plus d’intensité. Et pourtant, ses poches ne seront pas beaucoup plus lourdes après cette prestation. Un cachet de misère pour un artiste hors-norme. L’ordre des choses, si l’on y réfléchit. Clement Claremont. Clement. Claremont. Jamais entendu parler. Tout en l’ayant cherché des années. Une once par-ci, un fragment par-là. Quel choc d’être face ce roc d’un noir ébène ! Le saxophone semble minuscule entre ses mains, plaqué contre son torse. Une excroissance dorée, étincelante, véhiculant ce qu’il ne peut exprimer autrement. Un flot quasi ininterrompu s’échappe du pavillon. Je ne perçois qu’une plainte nostalgique et, honteux d’en tirer un tel plaisir, essaie d’en déceler l’origine. Ses paupières restent closes, s’étirant plus ou moins en fonction du degré de crispation de son visage. Le tronc oscille d’avant en arrière. Impossible de décrypter sa gestuelle. Eclairées par des ampoules agonisantes, les lattes de bois semblent plier légèrement sous le plus que probable quintal de « Big C ». Je remarque que divers instruments ont été abandonnés sur scène : deux guitares dont une basse, un accordéon et un harmonica trônant sur un tabouret miteux. Personne n’en jouera, ce soir ; le son de Claremont est bien assez riche. Etrangement riche, d’ailleurs. Il forme un quintet à lui seul. J’aime distinguer la musique à visée purement empirique de l’art musical, les comparer, les hiérarchiser. Non sans hypocrisie, hypocrisie proche de la prétention. Cependant, je serais bien incapable de qualifier l’exercice auquel se livre le colosse. Cela dépasse ce que j’ai pu entendre jusqu’à présent. Les morceaux s’enchaînent, les autres spectateurs demeurent muets. Je les devine effrayés d’émettre la moindre nuisance. Depuis combien de temps suis-je assis ici ? La sueur luit sur le front de Claremont. Il paraît épuisé par l’effort mais la puissance dégagée ne varie pas. Ce bar possède-t-il une loge ? Un placard aménagé, certainement, auquel on accède par ce qui tient lieu de cuisine. Soudain, une lumière aveuglante envahit la salle. Un abruti s’est amusé avec l’interrupteur ! Nous fixons tous Big C, scrutant sa réaction. Il ne semble pas s’en émouvoir et profite même de l’occasion pour extraire un morceau de tissu de sa poche afin de se tamponner le visage. Il enfile ensuite un long manteau de cuir avant de descendre de l’estrade et franchit la porte menant à l’arrière-salle. Une centaine d’yeux l’ont suivi, personne n’a applaudi. C’est terminé. Un rappel serait déplacé.
Des pieds de chaises commencent à racler le sol, sonnant le glas d’un espoir fou. Peu d’entre nous reverrons Claremont. Peut-être aucun. Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux me résoudre à retourner dans ma cellule à quatre cent billets le mois. Une foule tranquille, parcourue d’un murmure, s’amasse devant la sortie, masquant la porte par laquelle le musicien s’en est allé. Je vois là l’unique occasion d’atteindre la coulisse et décide de la saisir. Il suffit de rester calme ou, plus exactement, abasourdi afin de me fondre dans la masse. L’objectif se situe dans un renfoncement, sur la gauche de l’issue principale, ce qui nécessite de traverser entièrement la foule. Plusieurs pas latéraux me permettent de franchir la moitié du chemin en toute discrétion. Alors que je m’apprête à poser le pied dans un espace étonnamment libre, la pointe d’un sabot en plastique rose s’y insère. Impossible de rester en suspension…
Un hurlement atroce torture mes tympans. Il provient d’une petite vieille à la chevelure violacée, raffinée propriétaire des souliers. Je tente de m’excuser via des gestes de la main, conscient d’avoir fortement compromis mon entreprise. Elle n’a que faire de mes excuses et me le fait savoir. Alors que toute l’attention se porte désormais sur elle, la septuagénaire prend une profonde inspiration, ce qui ne peut-être de bonne augure.
« Imbécile ! Vous ne pouvez pas regarder où vous mettez vos palmes, idiot ? Non mais ! Espèce d’a-bru-fffi… »
Son visage s’empourpre davantage, sa furie décuple. Quelque chose a été expulsée à très grande vitesse de sa bouche ridée, disparaissant au milieu des chaussures agglutinées.
« Ma dent ! Où est ma dent ? »
La panique gagne la foule pendant que l’édentée se fraie un chemin, à quatre pattes, en son sein. Rien de plus facile, alors, que de parcourir les quelques mètres me séparant de l’arrière-salle et de m’y immiscer dans une totale indifférence. Je referme la porte, étouffant ainsi le brouhaha qui accompagne la chasse au trésor. L’air est beaucoup plus frais dans cette partie du bâtiment, ce qui s’explique probablement par le fait qu’elle soit déserte. Il s’agit d’un couloir qui s’étend sur une bonne dizaine de mètres, menant à une seule issue. Pas le moindre rai de lumière, ce boyau est tapissé de l’éclat glacial d’un néon. Si quelqu’un s’y engouffre, j’ai tout intérêt à jouer la carte de la débilité. La force physique m’apparaît détestable dès lors qu’elle m’est défavorable et il est difficilement envisageable que nous nous réconcilions dès aujourd’hui. Pas dans un ersatz de chambre stérile qui me donne la nausée. J’avance, la nuque engourdie et la démarche gauche, effrayé par l’écho de mes pas. Comment puis-je encore espérer passer inaperçu ? Il faut que je me déchausse.
Une fois en chaussette, fixant les orteils qui s’en échappent, et les chaussures à la main, le ridicule de la situation liquéfie mon ego. Si c’est un cauchemar, il me suffit de baisser à nouveau les yeux pour découvrir que mon jean s’est volatilisé. Ce n’en est pas un. Je ne fais rien d’illégal, de toute manière. Enfin, je crois. Et, dans le cas contraire, on me demandera simplement de sortir. Aucune raison de s’inquiéter. Putain ! C’était quoi ce bruit ? La poignée. Quelqu’un sort de la coulisse. La porte pivote très lentement, nous nous découvrons l’un l’autre. Les pensées fusent, je suis incapable d’en saisir la moindre. Carrure imposante. Front dégarni. Costume trois pièces noir. Abdomen et joues abdiquant face à la pesanteur. Le maître des lieux ? L’homme me regarde droit dans les yeux, impassible. Son corps se met en branle et ondule avec disgrâce en ma direction. Je me félicite d’avoir opté pour des sous-vêtements sombres. Il ne semble pas enclin à partager l’espace, me contraignant à une violente esquive contre l’une des parois. Je reste immobile jusqu’à sa disparition dans la salle de spectacles, tentant en vain de réprimer les frissons qui m’assaillent. Vaut-il mieux être gênant ou insignifiant ? J’en viens à me demander s’il m’a seulement remarqué. La porte de la coulisse est restée entrouverte ; je la franchis, chancelant, et la referme sans bruit.
Mon rapport au temps s’est considérablement assombri au fil de la soirée, je n’ai aucune notion de l’heure et me rends compte d’une inquiétante irrégularité respiratoire. Mon regard ne parvient pas à se détacher du sol pourtant je suis certain que Claremont ne se trouve qu’à quelques mètres, me tournant le dos. C’est d’ailleurs ce qui m’empêche de lever les yeux. Son charisme me piétine.
« Salut, gamin.
-Euh, … Bonjour. »
Le saxophoniste est assis sur un tabouret, semblable à celui qui se trouvait sur scène, torse nu, occupé à nettoyer son instrument. Nous nous observons dans le miroir qui nous fait face.
« Tu cherches quelque chose ?
-Non, je voulais juste… J’avais envie de… J’avais besoin de savoir. »
Il se concentre à nouveau sur son saxophone.
« Savoir quoi ?
-Je ne sais pas.
-Tu ne sais pas grand-chose.
-Ce qui vous pousse à jouer ainsi. Ou plutôt ce qui vous permet de jouer ainsi.
-De jouer comment ?
-Avec une telle… aura. »
Un léger sourire apparaît, dénué de gaîté.
-Peut-être que j’aime ça. Peut-être que tu y es sensible.
-Peut-être…
-T’as déjà entendu parler du Highway 61 Band ?
-Non.
-T’es loin d’être le seul. Il y a trente ans, ces mecs étaient des cadres du rock’n’roll. Toujours sur la route, s’arrêtant quelques semaines pour pondre un album. Aujourd’hui, personne n’est foutu de se souvenir d’eux.
-Vous en faisiez partie.
-Ouais. Et maintenant, j’en suis l’intégralité.
-Des problèmes d’argent ?
-Plutôt de poumons et de prostate.
-Ah, je suis désolé…
-Tu n’avais jamais entendu parler d’eux, il y a vingt secondes. J’ai vécu à leur côté pendant plus d’un quart de siècle. »
Imparable.
« Ce sont vos anciens morceaux que vous jouiez, tout à l’heure ?
-Uniquement ma partie.
-Vous n’avez pas eu envie de passer à autre chose ?me surprends-je à demander.
-Quel est ton but, petit ?
-Je ne voulais pas vous importuner. Je n’aurais pas dû venir…
-Quel est ton but dans la vie ?
-… Je ne sais pas. Je suppose que j’aimerais réussir. Comme tout le monde.
-Réussir ta vie ? Que signifie réussir pour toi ?
-Etre heureux. Laisser une trace.
-Vois-tu, lorsque les hommes devaient lutter chaque jour pour survivre, ils avaient un but. Un but tangible, un devoir à accomplir. Qu’est-ce qu’on a, nous ? Comment pouvons-nous nous battre pour quelque chose qui n’en vaille pas la peine ? Sans le moindre espoir.
-Je présume que l’on en est incapable.
-Tout juste. Ce qui nous pousse à lutter, c’est l’espoir de « laisser une trace », comme tu dis. Une autre manière de braver la mort, commune à tous ceux qui n’ont plus à survivre. Tous n’en sont peut-être pas conscients mais, crois-moi, cela les obsède.
-Vous jouez pour braver la mort ?
-Je joue pour ne pas oublier mes amis. Pour les sentir. Pour qu’ils existent, même si ce n’est que pour moi. »
Big C met la dernière main à son ouvrage avant de replacer l’instrument dans son étui. Il se lève, enfile une chemise propre, dépose un feutre sur son crâne et s’approche de moi. Une main pesant sur mon épaule, il lâche, doucement :
« J’ai besoin de repos, gamin.
-Bien sûr. Excusez-moi de vous avoir déranger. Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête.
-Pas de problème.
-Vous serez là, demain ? »
Il m’a dépassé et a déjà gagné le couloir :
« Non. Toujours sur la route, je te l’ai dit. »
Je ne peux dire s’il est trop éloigné ou si ma voix s’élève trop faiblement, toujours est-il que ma dernière question restera sans réponse.
« Qui vous fera exister, vous ? »
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Ce dernier texte m'as beaucoup plut, bravo pour ton style
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nouvel épisode: SUNGIRL
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Vieux 22/04/2009, 16h32
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Vieux 21/06/2009, 17h03
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Prologue


Symbole de l’inévitable triomphe nocturne, la lune transperçait tout filet brumeux osant ternir son éclat. Rien ne l’empêcherait de surveiller son royaume, peuplé de conifères immenses et de cours d’eau pressés. Le relief prononcé de la région donnait l’impression d’une carte chiffonnée ; je me demandai si l’homme eut jamais eu la moindre chance en ces lieux. Les cahots incessants de la voiture avaient eu raison de ma piètre endurance, ainsi je m’étais arrêté au milieu de cette croûte boueuse qui se voulait route pavée. Les vestiges de pavés ne la rendaient que plus pénible. Seule la pluie manquait à l’appel, soucieuse de mon équilibre psychique. M’entêtant à chercher un semblant de confort dans l’habitacle trop étroit, j’essayai de distinguer le refrain nasillard des parasites. Requête d’un amant nostalgique. Je voyageai bien au nord mais probablement pas celui qu’il évoquait. L’irritation croissait, irrépressible, démesurée, alors que le crachotement phagocytait les dernières notes de guitare. Mon poing percuta le centre du volant, délogeant des oiseaux de large envergure de leur canopée. Regret immédiat. Il me parut risqué de provoquer une forêt au crépuscule, si précoce soit-il. Quoique mourir seul ici ou entouré là-bas, quelle différence ? L’égocentrisme, peut-être. Il serait assez préjudiciable que je disparaisse, me raisonnai-je. Pas besoin d’argumenter.
Attendre encore quelques instants puis repartir. Je coupai la radio et expirai longuement. Foutu patelin paumé ! Le moteur n’avait cessé de tourner mais j’appréciais enfin son ronronnement, l’associant à un sentiment de sécurité qui me faisait cruellement défaut. Impossible de repousser davantage le départ sous peine de sombrer dans l’inertie. J’embrayai et enclenchai la première, réprimant tant bien que mal une certaine nervosité. Les secousses reprirent, s’intensifiant à mesure de l’accélération. Réduits à un halo, les phares oscillèrent de conserve.
Cette direction devait être la bonne. Hors de question de revenir bredouille. Les répercussions d’une telle issue m’assaillirent de manière exponentielle, renforçant ma position. Il était temps de m’affirmer, sans mouiller quoique ce soit. Le client est ton ami, répétai-je. Le client est roi. Le client est un roi amical. Un gentil roi dans un joli manoir. PUTAIN DE VIEILLE CHAMELLE SALOPE ! Exorcisme réflexe. Une silhouette floue se découpait sur la toile grisâtre des phares. Je priai pour que ce fût un être humain, autostoppeur dérangé ou non. Les appels de phare me parurent un moyen raisonnable d’entrer en contact. Rien. L’ombre menaçait de disparaître à tout moment ; je poussai l’accélérateur. Cela ressemblait à un homme. Taille et carrure moyennes, doté d’une excroissance dorsale dressée entre les omoplates. Il ne se souciait guère de moi et gardait un rythme identique. Je klaxonnai. Réaction inchangée. Une fois à sa hauteur, je compris que l’excroissance n’était qu’une pelle qu’il portait en bandoulière. En guise de vêtements, une unique salopette souillée que même les mites ne pouvaient tolérer ainsi qu’une paire de chaussures épaissie de plusieurs couches. Son visage cabossé restait en grande partie immergé dans la pénombre. Je commandai l’ouverture automatique de la vitre côté passager qui refusa de s’exécuter. Nouvelle tentative, nouvel échec. Résultat de gels répétés. L’intelligence artificielle, le soulèvement des machines et la menace d’une apocalypse technologique en devinrent d’autant plus risibles. A moins d’un refus volontaire, signe avant-coureur de leur prise de pouvoir… Sans mouiller quoique ce soit ! Je me résignai à ouvrir la portière manuellement et me penchai donc par-dessus le siège promis au mort, attentif à l’allure du véhicule. Celui-ci vira légèrement à droite lorsque je tirai sur la poignée. L’homme ne broncha pas. Une tâche orangée brilla un instant entre ses lèvres ; des touffes éparses rongeaient le bas de son visage. Il exhala de la fumée et tira de nouveau sur le mégot.
« Excusez-moi, Monsieur. Bonjour.
-‘soir, lâcha-t-il, l’allure un peu moins vive. »
Son regard demeurait fixe, attiré par ce que je ne voyais pas.
« Peut-être pourriez-vous me renseigner, repris-je.
-Crois pas.
-Je dois me rendre chez M. Cushing. Patrick Cushing.
-Connais pas. Pas d’Cushing par ici.
-Il semblerait qu’il habite un manoir, insistai-je.
-Pas d’Cushing par ici.
-Un manoir alors ?
-Ouais.
-Pourriez-vous me l’indiquer, je vous prie ?
-Garde tes prières, gamin, grogna-t-il.
-Très bien. »
Je vérifiai que la route fût toujours dégagée, ce qui permit à l’inconnu de m’ignorer de plus belle. Je réitérai donc :
« Pourriez-vous l’indiquer ?
-Quelque part par là, répondit-il avec un vague geste de la main.
-Serait-il possible d’être plus précis ?
-Ouais.
-C’est-à-dire ?
-Toujours tout droit. T’arrêtes au manoir.
-En allant tout droit, j’arriverai au manoir ? voulus-je m’assurer.
-Nan. T’arriveras chez moi.
-Je ne suis pas certain de comprendre…
-Y a rien à comprendre. Tu vas là-bas, t’arrives chez moi.
-Vous habitez au manoir Cushing ?
-Pas de Cushing par ici. T’es débile ?
-Très bien. Je vous remercie, dis-je en faisant mine de refermer la portière. »
Sa main jaillit sur la poignée extérieure ; il n’en avait pas fini. J’arrêtai la voiture. Approchant son faciès ravagé, il m’offrit un charmant panorama dentaire. :
« Tu sais quoi, gamin ?
-Non.
-M’en vais t’faire une place.
-C’est… très aimable. Vraiment. »
Il inclina furtivement le front, claqua la portière puis donna une tape sur la carrosserie, s’attendant vraisemblablement à un hennissement. Je le remerciai une dernière fois avant de reprendre la route. Mon précieux informateur dégaina sa pelle, la planta dans une motte de terre afin de prendre appui sur le manche. Il m’observait, je le sentais ; ce qui m’incita à passer la seconde au plus vite. Errer dans les bois, à la nuit tombée, à moitié nu et armé d’une pelle. Je ne pouvais dire ce qui m’inquiétait le plus. Le maître ès loquacité disparaîtrait un beau jour et on ne le retrouverait que plusieurs semaines plus tard, voire plusieurs mois, décomposé, souillant davantage son haillon. Je l’imaginai fusionner avec la boue, le crâne éclaté par quelque gibier massif. Cette vision m’apporta un certain réconfort. J’éprouvais le besoin de le savoir mortel.

La route devînt sentier puis s’amenuisa jusqu’à se fondre dans la lande. Si l’homme avait dit vrai ? J’en doutais. Mais je ne disposais d’aucune autre indication. Cushing ne semblait pas être en odeur de sainteté dans la région. Une heure plus tôt, les villageois avaient esquivé toute question à son propos ; ce que j’avais alors analysé comme de la méfiance envers l’étranger. J’eusse dû m’interroger sur l’identité de cet étranger. Ignoraient-ils un emménagement récent au manoir ? ou avaient-ils simplement convenu d’ostraciser un propriétaire aisé, extérieur à la communauté ? Mon intuition favorisait la seconde hypothèse. Ces gens m’avaient semblé on ne peut plus soudées, comme liées par des serments ancestraux. Dynastie autosuffisante organisée en village. Une sympathie instinctive naquit donc pour Cushing, inférieure toutefois à la volonté d’accomplir ma mission. Les ordres étaient clairs.
Après quelques kilomètres, une large bâtisse initia sa lente pénétration du disque lunaire. Je devinai une tour centrale encastrée dans l’immense pavé ainsi qu’une toiture de faible inclinaison ; mes pupilles avaient eu suffisamment de temps pour s’adapter à l’obscurité. Sans aucun doute, la plus vaste habitation que j’eusse vue depuis mon arrivée en Achpétie. Je touchais au but. De hauts pins formaient un rempart naturel autour du manoir. Comme pour me guider à travers ce labyrinthe végétal, un oiseau semblable à ceux que j’avais effrayés dans la forêt quitta sa branche et, planant dans la lumière des phares, s’engouffra sous une arche taillée avec soin. Je le suivis.
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  #114  
Vieux 21/06/2009, 20h23
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grogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boygrogramane mange des frites avec Moule Boy
Cette histoire, elle a une suite, hein?








par contre
Citation:
Réduits à un halo, les phares oscillèrent de conserve.
ce ne serait pas plutot "de concert"
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Excusez mon humour de chiottes mais c'est parce que j'y mets tous les déchets de mes sentiments.
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  #115  
Vieux 22/06/2009, 16h37
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wallyvega change la caisse du Fauve
Merci à toi. Elle a effectivement une suite qui, pour l'instant, n'est pas rédigée.
En ce qui concerne "de conserve", les deux existent:
http://dictionnaire.sensagent.com/de%20conserve/fr-fr/
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  #116  
Vieux 27/06/2009, 16h57
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wallyvega change la caisse du Fauve
Enfin seuls


"On va peut-être se coucher, non?
-Pourquoi? Autant en profiter jusqu'au bout.
-Je ne sais pas... Tout le monde dort ou presque. Que veux-tu que l'on fasse?
-Aucune idée. Mais je n'ai pas envie de dormir.
-Un dernier verre?
-Allons-y."
Nous enjambons les corps gisant sur l'étendue de la pièce, esquivant tant bien que mal les verres couchés, les emballages souillés et diverses flaques d'origine inconnue. Pur réflexe. Il est bien trop tôt pour s'en soucier. Diane semble plus prudente. Eviter de porter des sandales lors de telles soirées. Je plisse les yeux et concentre toute mon énergie pour conserver un certain équilibre. Qu'elle ne me soupçonne pas d'être complètement saoul. L'inspiration découle du lâcher prise. Mon regard se perd un instant sur sa jupe. Trop de mouvements. J'espère ne rien sublimer. Aucune importance, en réalité. Réflexion, flexion, reflexion. J'évite la chute mais ne peux dire si elle a remarqué quoique ce soit. Elle a rejoint la lampe de chevet, phare qui nous guide à travers les bras, jambes et torses échoués. Le petit meuble sur lequel elle est posée représente notre Eldorado du soir: bouteille de whisky, récipients convenables et lecteur CD. Elle s'assied et, adossée au mur, nous sert une dose généreuse à chacun. Je la surprends à fermer un oeil afin de ne pas abreuver le plancher.
"Tu n'es pas en très grande forme.
-Tu l'es? rétorque-t-elle.
-Une forme olympique.
-Ce qui explique que tu as failli te vautrer...
-Ce qui explique que j'ai réussi à rétablir une situation si périlleuse.
-Je vois, me sourit-elle.
-Un peu de musique?
-Humhum.
-Tu as envie de quoi?
-Que me proposes-tu?
-Je te dis ça tout de suite."
Les tranches des albums ondulent légèrement; je suis incapable de distinguer plus de deux lettres à la suite.
"Dans un instant. J'essaie de... de ...
-De lire? D'assembler les lettres? D'ouvrir les yeux?
-Non. Absolument pas!
-Ils ont quoi, alors?
-Quoi?
-Tu te souviens de ce que tu cherches?
-... A vrai dire, pas dans l'immédiat.
-Peu importe. Mets le premier album que tu trouves!
-De la musique! C'est ça. A vos ordres!"
Je saisis un boîtier fendillé, l'ouvre, tente une déduction optimiste et insère le CD dans le lecteur. Les premières notes ne me sont pas inconnues, paraissent évidentes. Diane laisse sa tête se poser sur mon épaule:
"Sympa."
Je me sens on ne peut mieux; l'énergie afflue à nouveau. Elle est vraiment belle, je le sais. Je n'essaie pas de m'en convaincre. Les pistes s'enchaînent, les verres se délestent peu à peu de leur substance. Soudain, la phrase que je n'espérais plus s'impose, incontestable:
"Je pourrais essayer de congeler un peu de whisky et t'en faire une bague. Ca ressemblerait à de l'ambre.
-N'importe quoi... T'es sérieux?
-Evidemment! Je suis certain qu'elle serait magnifique."
Des souvenirs émergent. Je me vois construire une DeLorean dans un immense carton de déménagement, fermer les portières et défier le continuum espace-temps. Me cacher dans les arbustes et attendre les êtres machiavéliques dont grouillait le parc. Le temps passe trop vite. Pourquoi n'ai-je plus dix ans?
"Tu penses à quoi?
-Rien... La forme olympique était peut-être présomptueuse.
-Je peux m'allonger sur toi?
-Pas de problème!
-Enfin, m'allonger et poser ma tête sur toi... Je veux dire...
-J'ai compris."
Ses cheveux s'étalent sur mes cuisses, j'y passe mes doigts. Elle me regarde, immobile. Je m'aperçois que mes pieds bougent au rythme de la musique. Diane également.
"Je n'arrive pas à retrouver son nom... Le chanteur.
-Moi non plus, suis-je contraint d'avouer. Ce qui m'énerve d'autant plus que je connais les morceaux par coeur.
-C'est étrange...
-On doit être trop fatigués.
-L'éternel euphémisme pour "totalement déglingués".
-Démasqué!"
Ses paupières s'affaissent un peu plus à chaque instant. Je ne veux pas penser à tout à l'heure, à demain. A après. Mais j'ai besoin de l'imaginer. J'ai besoin de la sentir avec moi, de ne plus l'attendre. Elle est incroyablement belle. J'écarte son verre. Inutile d'en renverser un autre. Elle dort, me condamnant à une nuit de veille assise. Sentence que j'accepte volontiers. La tempe calée sur le rebord du meuble, je souris. Sourire très probablement niais et pourtant irrépressible. Il me faut profiter de chacun de ces instants, je le sais. Ne pas quitter ce monde-ci. Peut-être est-ce le seul endroit où je puisse encore vivre. Ne pas le quitter. Jusqu'à demain. Jusqu'à tout à l'heure.
Je la vois. Ma voie? La voix ne cessera de m'accompagner.
Je reconnais les paroles et, par conséquent, ce compagnon qui me semblait si évident.
"You are not alone. For I am here with you. Though you're far away. I am here to stay..."
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Dernière modification par wallyvega ; 28/06/2009 à 16h08.
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  #117  
Vieux 17/11/2009, 23h54
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zort change la caisse du Fauve
A mon tour de commettre!

Néons

Le caddie, la canne, le pied droit, le pied gauche. Et on recommence.
Putain de jambes, putain de corps de merde.
C'est ça, petit con, dépasse moi et tu te prends le super flash sidekick de la canne dans ta face.
Impec, c'est une petite jeune qui connait pas les subtilités du dur métier de caissière. On va rire.
Allez j'attaque la femme qui fait la file devant moi.
Une petite mise en confiance avec un compliment sur les deux chiards fatigués fatiguants qu'elle trimballe.
Entre un litre de lait et un paquet de biscuits, elle me dit leurs noms.
Salut les enfants!
Bonjour dans ce monde de merde, vous allez bien en chier. Une bonne
guerre, on est en train de vous la préparer.
Je tousse bien poilu, elle serre ses petits effrayés. Ils sont fin prêts pour le coup de grâce.
C'est le soldes, je leur fait le récit de mon opération du côlon. Je joue encore un peu à brandir mon poulet en faisant mine de vouloir
leur expliquer les détails avant de le poser sur le tapis.
Ca les achève très rapidement.
Madame, vous oubliez votre ticket!
Han, c'est mon tour petite jeunette. Mais c'est qu'on est bien équipée dites moi.
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  #118  
Vieux 18/11/2009, 15h16
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Petite indication: Ce thread regroupe mes histoires courtes. Je comprends que le titre peut porter à confusion vu que c'est la deuxième fois mais bon...
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  #119  
Vieux 21/11/2009, 00h44
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Oups, désolé je me suis laissé emporter
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