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  #61  
Vieux 03/06/2008, 16h47
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  #62  
Vieux 03/06/2008, 16h52
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D'abord, merci de m'avoir lu.

Citation:
Posté par Deadpoule
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Bon quand même il faut le citer. Le gars a pondu un texte là où fallait pas puis il a disparu dans la nature ^^ Donc, j'ai a-do-ré ce texte, plein d'humour. On n'y retrouve le fameux conflit des générations, de l'auto-dérision, et du geekisme par-ci par-là. De quoi faire marrer plus d'un lecteur ! Je me suis bien marré en le relisant une troisième fois =)
Ensuite, j'espère que ce n'est pas moi qui l'ai fait fuir. J'ai bien aimé son texte aussi
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  #63  
Vieux 03/06/2008, 17h22
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Deadpoule change la caisse du Fauve
Eh OjmR revient, on a les memes à la maison !
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-(
Maman

>> J'écris des trucs ici
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  #64  
Vieux 03/06/2008, 20h16
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Ben Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à Galactus
Ouaip, le texte d'OjmR est très sympa' à lire, sa disparition est dommage. Pour celui de wally, c'est très bon aussi : c'est juste un peu dommage que ça ne soit pas un peu plus long, parce que même si la conclusion est parfaite et l'idée intelligente, ça manque de force dramatique sur la fin. Bravo quand même.
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  #65  
Vieux 24/06/2008, 16h28
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wallyvega change la caisse du Fauve
Aujourd’hui, j’ai appris que j’allais mourir. Quand ? Je ne sais pas. Personne ne sait. On ne pouvait me donner qu’une fourchette. Ce que j’ai compris, c’est que c’était entre « maintenant » et « dans pas longtemps ». Qu’est-ce que ça me fait. Rien… Je ne réalise certainement pas. Je n’ai que des douleurs à l’épaule, quelques pointes au cœur. Rien de bien méchant. Pourtant, ça me tuera. Ca me tue. Ca m’a tué ? Ces enculés greffent des mains et ils ne sont pas foutus de me filer un nouveau cœur. Ca ne changerait rien à ce qu’ils disent. J’aurais mieux fait d’aller dans une foutue clinique. Pourquoi jurer ? Aucune idée. Ca ne sert absolument à rien, pas même à me soulager. Ca me semblait approprié. C’est ce qu’on voit dans les séries. Entre une ponction lombaire et une baise frénétique d’internes, une gamine chiale, insulte les pécheurs. Chiale. Insulte. Insulte en chialant. Puis, une balade mélancolique va crescendo, finissant par couvrir entièrement les sanglots de la môme. Enfin, on passe à autre chose. Un nouveau rodéo torride. Voilà la vraie signification d’interne. Ces salopes invitent n’importe qui à entrer, à visiter voire à rester quelques temps, selon l’humeur. C’est leur beauté intérieure à elles. Putain, je devrais m’en faire une. Plusieurs. Autant que possible ! La dernière pourra vérifier si je reste dur après avoir « kicked the bucket », se vanter de faire lever celle d’un cadavre. Qui sait ? J’établirai peut-être un record… Ca les excitera sûrement de passer, l’une après l’autre, sur le mort-bandant. Voilà ce que ça me fait de crever, forcé d’abdiquer : j’ai envie de baiser. De baiser et de manger. Plus rien à foutre du SIDA et de leurs conneries de calories. Les deux grandes menaces fantômes- t’avise pas de me tirer du pognon post-mortem, enfoiré de Lucas !
Enfin, je ne suis pas naïf. La moitié des internes sont des mecs et l’autre moitié n’a rien de commun avec Katherine Heigl. Pas même la blouse. La sienne n’est jamais souillée. A peine sortie du pressing. Hospitallywood ! Là où personne ne meurt vraiment. A part un cadreur, un assistant ou le brancardier #4. « A John ». Pas de nom de famille, ça fait plus intime. De toute manière, personne ne le connaît. Lui est mort. Définitivement. D’un cancer du colon. C’est moins glamour qu’une putain de bactérie de Machin, c’est sûr. Tout aussi efficace, malgré tout. Mort. Définitivement. Définitivement…
Personne n’est capable de se représenter ça. Personne, pas même moi.
Pourquoi n’ouvrirai-je pas les yeux après un « Coupez ! » satisfait ? Pourquoi l’infirmière ne se casserait-elle pas la gueule en entrant ? Un mur de plâtre s’effondrerait. La prise finirait dans un bêtisier. Tout le monde y trouverait son compte. On remettrait ça après que le fou rire se soit dissipé.
Pourquoi ne pas faire une autre prise ? Rien de plus simple. Je vais peut-être me réveiller ailleurs, vivre une autre vie. Plus réelle, celle-là… Quitter la Matrice.
Tu délires, mon gars ! Les médocs, certainement. Je suis condamné mais on me bourre de médocs. Tom Hanks filant de l’aspirine à John Coffee.
J’ai tellement de choses à faire. Un si grand nombre que je ne peux me résoudre à en entreprendre une seule. Ca servirait à quoi ? Laquelle est la plus importante ? Aucune hiérarchie possible. Au grand jeu de la survie, j’ai perdu. Eliminé au premier tour. Ca changerait quoi d’aller plus loin ? Il n’y aura pas de gagnant.
Alors j’écris. J’en ai besoin. Je suppose que c’est ça le plus important. Ecrire tout ce qui n’est jamais sorti. Parce que quand je n’aurai plus de mots, j’aurai juste envie de chialer.
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  #66  
Vieux 24/06/2008, 18h10
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Ben Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à GalactusBen Wawe met la patée à Galactus
J'aime beaucoup : c'est dur, mais bien tourné et même drôle. Bravo, j'accroche vraiment à ce que tu fais.
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  #67  
Vieux 24/06/2008, 18h14
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Petit trait d'humeur post-mortem. c'est bon, on dirait du House...
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C'est en voyant un moustique se poser sur ses testicules qu'on réalise qu'on ne peut pas régler tout les problèmes par la violence.

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  #68  
Vieux 24/06/2008, 18h20
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Merci beaucoup. Je suis content que ce texte vous plaise car je n'étais pas trop sûr de sa "justesse".
Je suis toujours aussi avare en lignes mais je n'arrive définitivement pas à écrire de longs textes.
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  #69  
Vieux 24/06/2008, 20h55
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Excusez mon humour de chiottes mais c'est parce que j'y mets tous les déchets de mes sentiments.
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  #70  
Vieux 26/06/2008, 18h01
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Etrange et dérangeant quelques part.

Un p'tit texte bien sympa
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  #71  
Vieux 03/07/2008, 18h34
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Après de nombreuses années d'absence, les Contes de la crypte reviennent enfin sur vos écrans.
Un teaser du premier épisode:

Casting :
Joe Dohn: Ryan Gosling
Wesley Harris: Harrison Ford
M. Tiphoes: Christopher Lloyd
Jessica Smith: Sarah Michelle Gellar
Jimmy Faller: Jim Carrey
Barman: John Travolta
Spectateur saoul #1: Kurt Russel
Spectateur saoul #2: Kevin Spacey

Introduction du Crypt Keeper :
« Fly me to the tomb and let me play among the graves… »
Excusez cette voix d’outre-tombe, chers amis mais il semblerait que les vers aient élu domicile au sein de mes cordes vocales. Avouez, cependant, que, même si la justesse n’y était pas, vous jureriez avoir entendu ce bon vieux Franky. J’ai toujours eu de nombreux talents cachés au plus profond de ma carcasse. Hi hi hi hi hi hi ha ha ! Notamment celui de déterrer les bonnes histoires. Celle de ce soir va nous démontrer, une fois de plus, que les artistes torturés s’avèrent également être les plus doués. Reste à savoir jusqu’à quel point ils sont capables de supporter cette torture… Je l’ai intitulée : Trouver sa voix.
Hi hi hi hi hi hi ha ha ha ha ha !
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Dernière modification par wallyvega ; 04/07/2008 à 14h14.
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Vieux 04/07/2008, 14h14
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« Je vais lui faire une proposition qu’il ne pourra pas refuser…
-C’est pas Stallone, pauvre con ! Soit t’as jamais vu ce putain de film, soit t’es nul à chier !
-Bouffon ! T’imites mieux le trou du cul. Y a que d’la merde qui te sort de la bouche. »
Bien que la poursuite centrée sur lui fut l’unique source lumineuse de la pièce, Joe était quasiment certain que les deux personnes qui venaient de se faire entendre formaient l’intégralité de son public. Lors de ses premières représentations, il leur aurait répondu sur le ton de la plaisanterie, empruntant la voix d’un politique ou d’un sportif mais il n’avait plus le cœur à cela. Sa carrière ne décollerait jamais, il devait se faire une raison. Le jeune homme descendit de scène, s’enfonça dans l’obscurité, honteux de sa prestation. De nouvelles injures l’accompagnèrent jusqu’au bar, où il s’écroula sur un tabouret.
Les soirées se succédaient alors que le nombre d’entrées chutait inexorablement. On disait que le bouche-à-oreille était le meilleur moyen de se faire un nom. Parfaitement exact ! Tout le monde avait entendu parler de l’Amatateur, le Funny malgré lui qui se produisait au Comic Box. Joe savait pertinemment que, s’il avait la chance de fouler cette scène légendaire, il le devait à l‘amitié que lui portait Wesley Harris, le propriétaire de l’établissement. Ce dernier s’avançait justement vers lui, le pas traînant. Sin visage trahissait la gêne du briseur de rêves, du prescripteur d’anti-dépresseurs. Il s’assit à sa droite.
« Pas un bon soir, Joe, hein ? Ne les écoute pas, ils sont bourrés. Ca les amuse de te provoquer.
-C’est sympa, Wes. Mais tu sais très bien que, bourrés ou non, ils ont raison. Je ne suis pas foutu de me montrer digne de ta confiance. Pas la peine de prendre des pincettes, j’arrête les frais. Je vais finir par couler ta boîte à moi tout seul.
-Ecoute, mec. Je vais programmer d’autres gars pour l’instant. Ca te laissera le temps de bosser un peu, de peaufiner tes voix.
-Non, j’abandonne ces conneries. J’ai vingt-cinq ans, un appart’ et un découvert. J’ai besoin d’un job stable. Que ça tombe tous les mois. Je ne peux pax continuellement me reposer sur toi. »
Hochement de tête compréhensif. Illumination géniale et salutaire.
« J’te paye un verre ?
-Pas ce soir, merci. Je préfère rentrer. »
Déception contenue.
Joe fit mine de se lever mais sin compagnon lui empoigna fermement l’avant-bras.
« Attends ! Laisse-moi t’offrir ta prime. »
Wesley héla son barman.
« Une bouteille de scotch, Nick ! »
L’employé bedonnant s’exécuta et fit glisser le verre ambré en direction des deux hommes.Son patron stoppa la bouteille d’une main épaisse et velue, puis la tendit à son protégé.
« Promets-moi de te faire cette salope pendant la nuit. Tu cogiteras demain. »
Joe se contenta de lui sourire, s’empara de l’alcool, non sans une hésitation, enfin, remercia son ami une dernière fois.
« De rien, mon pote. Et puis, t’as établi des records de fréquentation, après tout
-Mais va te faire foutre ! lâcha Joe, souriant de nouveau »
Le jeune homme se dirigea vers la sortie, serrant contre lui les soixante-quinze centilitres de réconfort pur. La fraîcheur nocturne contrastait douloureusement avec l’atmosphère confinée du Comic Box. Cependant, Joe s’en réjouit car cela lui éviterait de déambuler tel un zombie jusqu’à son quinze mètres carré, engourdi par une chaleur abrutissante. Il s’autorisa une rasade de scotch avant de se mettre en route, impatient de retrouver son matelas défoncé et sa télévision fossile. Wes avait raison ; il aurait tout le loisir de réfléchir le lendemain.
Une légère brume étreignait la ville, s’engouffrait dans ses moindres recoins. Avec un telle humidité, tu te diriges tout droit vers une bonne crève, mon vieux. Seul moyen d’échapper à ça : du Whiskyx par voie orale. Protection éphémère donc à renouveler aussi souvent que nécessaire. Trottoirs après trottoirs, réverbère après réverbère, le flacon se vidait dangereusement. Le jeune homme n’était plus vraiment confiant en l’itinéraire emprunté. Chaque coin de rue lui semblait familier sans qu’il puisse certifier y être déjà passer. Personne aux environs. Ricanement incontrôlable. Effet secondaire de son traitement. Jusqu’à quelle hauteur pouvait-il pisser ?
Joe, incapable du moindre raisonnement cohérent, sautillait, courait, bifurquait selon ses impulsions. Totalement soumis aux caprices de son encéphale ouaté, il se laissait conduire. L’alcool venait de fissurer le rempart bétonné de la morale. Ainsi, il pouvait être lui-même ; rien de plus qu’un animal ivre.
Le fil anarchique de ses pensées fut définitivement rompu par un choc à l’estomac. Une collision qui le fit reculer d’un bon mètre.
« Pardon. Excusez-moi… euh… » Joe ferma un œil. « Monsieur »
Un vieil homme, courbé en deux dans son pardessus gris, coiffé d’un feutre noir, l’avait percuté de plein fouet. Où était-ce l’inverse ?
« Ce n’est rien, jeune homme. » murmura le vieux, tâtant son pardessus.
Une lueur verdâtre attira l’attention de l’ex-artiste, alors que l’étranger s’éloignait.
« Hé, mec ! T’as oublié un truc… Vert, j’crois. »
Le vieux se retourne prestement, alerté. Il se rua aussi vite qu’il le pouvait sur l’objet égaré. Un tube à essai rempli d’une substance peu ragoûtante. Un autre murmure de remerciement. Les deux inconnus étaient alors face à face.
« C’est quoi ce truc ? Tu fabriques de Tortues Ninja ?
Ricanement incontrôlable.
-En aucun cas vos affaires. Courage et ambition. Deux vertus bien trop rares, de nos jours… Et je doute fort que vous en soyez détenteur.
-T’insinues quoi, là ? Que je suis un branleur… Hé ben, t’as ptêt pas tort.
-La récompense est pourtant des plus alléchantes.
-Quelle récompense ?
Sourire entendu.
-Celle que je cherche à remettre désespérément. L’assouvissement d’un désir profond.
Connexion cognitive.
-Et si quelqu’un se portait volontaire, il devrait faire quoi ?
-Courage et ambition, fils. Comme je te l’ai déjà dit. Le courage de braver l’inconnu ; l’ambition de devenir celui qu’il est, de se réaliser.
-Et il ferait ça comment ?
-Il lui suffirait de boire cette potion.
Tube à essai agité.
-Une potion ? Comme dans potion magique ou comme dans sorcières, verrues et mort horrible ?
Rictus.
-Rien de tout cela, je le crains.
Tentative de réflexion.
-Y a quoi d’dans ?
-Vous n’êtes vraiment pas attentif ! Braver l’inconnu ! Sans ça, pas de récompense.
Nouvelle impulsion électrique.
-Envoie ton truc, grand-père. C’est pas ce soir que je vais me faire chier avec les conséquences. »
Sans même examiner la mixture, Joe la versa intégralement dans son gosier desséché. Le vieus le scrutait, donnant l’impression d’une intense jubilation.
« Très bien, fils. Excellent !
-Et maintenant ?
-Pensez à ce que vous désirez être. A celui qui est en vous depuis le tout premier jour »
Penser, penser… Plus facile à dire qu’à faire. La pensée la plus prompte- l’unique, en réalité- fut l’imitation. C’est ce qu’il aimait depuis toujours. Ce qui ne parvenait pas à éclore.
Murmure édenté : « Intéressant. Paradoxal mais intéressant…
Je sens absolument rien, foutu rat japonais !
-Cela viendra bien assez tôt, M. Dohn. Je vous l’assure. Et sachez que les rats peuvent s’avérer fort utiles.
-Ouais, t’as raison. » grommela Joe, replongeant dans un somnambulisme reposant, préfèrable à une fureur vaine.
« Oh, une dernière chose. Plus vous exploiterez vos nouvelles capacités, plus élevé sera le coût.
Réveil précoce. Froncement de sourcils.
-Quel coût, enfoiré d’arnaqueur ? Tu m’as jamais parlé de payer quoi que ce soit ! L’ambition, le courage, toutes tes conneries !
-Tout se paye, voyons. Je vous laisse un délai, cependant. Un délai plus que raisonnable. Six cent soixante-six…euh…
Fouille d’une poche profonde. Montre à gousset rouillée.
-Six cent soixante-cinq jours, M. Dohn. Pas un de plus. Profitez autant que possible mais soyez prêt !
-Et je dois attendre qui ?
-Tiphoes. M. Tiphoes. »
Le vieux le salua, inclinant légèrement son feutre puis disparut dans la brume.


« Arrête tes pitreries ! Avec moi, tu n’as aucune raison d’être en représentation. »
Jessica en était presque aux hurlements. Il devait l’avoir sacrément énervée. Comment ? Aucune idée. Peut-être des remarques, des attitudes anodines qui, combinées, étaient devenues insupportables…
« Mais tu aimes mes imitations. Je sais qu’elles te font rire. Tout le monde aime le Joke-box.
-Les gens ne t’aiment pas, Joe. Elles aiment la distraction que tu leur apportes.
Elle avait certainement raison mais aucune comparaison n’était envisageable avec l’accueil qu’elles lui réservaient un peu moins de deux ans plus tôt.
« Et alors ? Je les intéresse, maintenant. Ils ne me huent plus, ils ne me balancent plus de cacahuètes à la gueule… J’ai besoin des rires et de l’affection qui va avec.
-Réveille-toi, bon Dieu ! Je t’aime ! Je pensais te le montrer suffisamment… Mais ton ego est insatiable ! »
Ils s’étaient fiancés peu de temps après leur première rencontre. Joe n’aurait jamais imaginé attirer l’attention d’une fille comme elle. Comme celles que l’on voyait à la télévision. Blonde, fine, sublime. Extirpée du plus profond de son inconscient par une brute imbécile. Elle ne pouvait exister en dehors du tube cathodique et, pourtant, elle l’aimait. The Eye of the Beholder.
« Ca n’a rien à voir. Tu ne peux pas comprendre… »
En effet, sa compagne avait trouvé un public bien avant lui. Ou plutôt un lectorat. Coup d’essai, coup de maître. Son premier essai, traitant de l’importance de l’entourage dans la construction de l’être, s’était écoulé par centaines de milliers d’exemplaires.
« Tu risques d’être bien déçu. Le jour où tu montreras la moindre faiblesse, ils te boufferont littéralement. Eux n’accepteront pas les failles, les erreurs ou le déclin. Eux ne sont pas ta famille. »
Jessica se caressait le ventre, machinalement. Qu’est-ce qu’elle était belle ! Il aimait parfois l’observer, silencieux et passionné. Ces instants lui permettaient de prendre pleinement conscience de l’amour qu’il lui portait. Qu’il lui porterait. Car il voulait se persuader qu’ils oublieraient d’y mettre un terme. Du moins, pas avant la purée quotidienne et la cataracte. Alors, ils pourraient même oublier qu’ils s’étaient aimés, cela n’aurait plus d’importance.
« Je t’aime, Jess ! »
Elle le fixa quelques secondes, les sourcils froncés, le regard noir. Des inconnus se pressaient par dizaines autour d’eux. Lentement, très lentement. Des assistants, des coiffeurs, des maquilleuses, des scriptes. La coulisse était bondée, personne ne semblait les remarquer. Deux réalités avaient cohabitées avant de fusionner en quatre mots :
« Tu fais chier, merde !, abandonna l’auteur.
-J’ai besoin d’un gros câlin, moi… », se contenta de répondre Joe, gonflé d’innocence.
Il était parvenu à afficher un sourire sur son merveilleux visage. Enfin.
Une main s’abattit violemment sur son épaule. Ce fut si soudain qu’il ne put réprimer un sursaut démesuré, totalement ridicule
« Prêt à trouer des culs, Dohn ? Vous allez leur faire bouffer les zygomatiques. Une notoriété nationale vous tend les bras ! »
Jimmy Faller, présentateur du Jimmy Faller Show. Hyper célèbre, encore plus puissant. Un de ses sbires avait repéré Joe. Sept cent cinquante voix au compteur. Une véritable bête de foire. C’est en ces termes qu’il avait présenté le jeune homme. Quelques jours plus tard, ce dernier s’apprêtait à entrer sur le plateau le plus prestigieux du pays.
« Un peu stressé, naturellement. Je ne suis pas sûr de…
-Pas de place pour le doute ! L’œil du tigre ! Vous allez leur péter la gueule.
-C’est ce qu’on va voir. », soupira l’imitateur.
Faller était déjà loin lorsqu’il acheva sa phrase. Le début de l’émission était imminent. Un direct de deux heures et demi. Pas de droit à l’erreur. Le seigneur de l’audimat prit place sur son trône, effectua quelques grimaces, but une gorgée d’eau minérale.
Cinq. Quatre. Trois. Deux.
« Bienvenue au Jimmy Faller Show ! Je suis Jimmy Faller, place au show ! »
Joe était submergé par l’excitation, par la nervosité inhérente à chaque grand tournant de l’existence. Sa main chercha celle de Jessica. Il la serra fermement. Il avait besoin de la sentir à ses côtés.
« Tu devrais te relaxer un peu. Te concentrer au calme. Trouvons un endroit plus en retrait ! »
L’effervescence régnant à l’orée du plateau n’était, effectivement, pas favorable à la détente. Cependant, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de fixer le public, les caméras. Du grand spectacle comme il n’en reverrait peut-être jamais. Sa compagne le traîna, tant bien que mal, jusqu’à deux chaises isolées, telle une mère et sa progéniture étanche aux règles d’orthographe. Ils investirent tous deux les sièges de plastique, muets. Les minutes filaient à une vitesse extraordinaire, obsédante, phagocytant la moindre once de concentration. L’imitateur se contenta donc d’attendre. La passivité était la seule issue. Il sentait, de temps à autre, les yeux bleus de sa fiancée se fixer sur lui, incapable de les affronter. Finalement, une voix chevrotante rompit le silence. Nouveau sursaut. Joe ne l’avait pas vu approcher. Un homme très âgé, face à lui.
« Hum… Quoi ? Euh… Désolé. Je pensais à autre chose.
«-Il est l’heure, M. Dohn. Si vous voulez bien me suivre.
Violent tremblement. Décharge d’adrénaline.
-Oui, bien sûr. Tout de suite. »
Le vieux lui indiqua la direction de sa main noueuse et fripée. Joe lutta pour trouver un équilibre satisfaisant, davantage encore que pour se hisser sur ses deux jambes. Jessica se leva également afin de lui fournir un appui physique et moral. Elle l’enlaça avec plus de force qu’il ne l’en croyait capable puis déposa un baiser inestimable sur ses lèvres.
« A tout de suite. »


La carcasse voûtée le guida sur plusieurs mètres, empruntant un couloir étroit et sombre. Etrangement, ils se dirigeaient à l’exact opposé du plateau. Le jeune homme ne posa aucune question, le vieux devait connaître l’endroit comme sa poche. Ils finirent par s’arrêter devant une porte vierge de toute indication. La main ridée inclina avec douceur la poignée, poussa le panneau de bois.
« Après vous. »
L’imitateur franchit fébrilement le seuil. La pièce était inondée de fumée ; on n’y voyait pas à deux mètres. Certainement une fantaisie de la production. N’empêche qu’il était peu aisée de s’approvisionner en air pur.
« Où dois-je aller ?, toussa Joe.
-Nulle part, M. Dohn. Tout se passe ici.
-C’est quoi cette connerie ? C’est ici que je joue ?
-Oh non, c’est ici que le jeu s’achève.
- C’est une blague, c’est ça ? Une sorte de bizutage ?
Question esquivée. Inutile.
-Six cent soixante-six jours révolus depuis notre premier entretien. Je le répète, il est l’heure de faire les comptes.
Image furtive. Bribes de souvenirs.
-Je vous connais. Vous êtes ce gars… Cette nuit-là. Le truc vert. Ce vieux fou.
-Tiphoes. M. Tiphoes, en effet.
Réminiscence d’une frayeur passée.
-Qu’est-ce que vous m’voulez ? Je vais appeler les flics !
-Je vous avais prévenu. Sept cent soixante-douze voix, n’est-ce pas ? Le prix sera élevé, jeune homme.
-De quoi vous parlez, bordel ?
-Vous le savez parfaitement. Même enfoui, le souvenir de cette nuit ne vous a jamais quitté. Vous avez accepté mon offre.
Pièces assemblées. Terreur.
-J’ai fait preuve de courage et d’ambition. C’était ça vos putain de conditions. Rien d’autre !
-Une simple omission de ma part.
-C’est injuste ! Je ne vous dois rien. Vous n’avez aucune preuve !
Ricanement dément.
-Des preuves ? Pensez-vous réellement qu’elles me seraient d’une quelconque utilité ? C’est entre vous et moi. Uniquement entre vous et moi, M. Dohn.
Tentative peu crédible.
-Très bien. J’ai de quoi payer. J’ai gagné pas mal de fric, ces derniers temps.
-Je n’en doute pas. Cependant, ce n’est pas la modalité de règlement requise.
-Vous voulez quoi, merde ? »
Tiphoes leva les bras au plafond. Cet homme n’était pas sénile, il était complètement cinglé ! Il débita un flot de sons, groupés en segments lapidaires. Totalement incompréhensibles. Cela dura quelques instants, suivi d’un rire démoniaque. Joe était cloué sur place. Impossible de déguerpir. L’horreur que lui inspirait le vieux fut décuplée lorsque des ombres se dessinèrent autour de sa silhouette bossue. Invocations diaboliques.
« J’ai bien peur que vous ne suffisiez pas à couvrir votre dette. »
Les ombres avaient dépassé le vieux. Elles glissaient vers leur proie.
« Votre fiancée sera considérée comme garante. »
Plis que trois mètres. Joe reconnut ces visages rongés par la vermine.
« Ainsi que celui qu’elle porte. »
Les formes humanoïdes l’encerclaient. Elvis Presley, Richard Nixon, Marlon Brando, James Stewart, …
« Vous vous êtes grassement repu par leur biais, M. Dohn… »
Les cadavres s’amoncelèrent sur lui, le faisant chuter. Des dents, des ongles, des doigts déchiraient sa chair. La corne et le sang se mêlaient. Ses ligaments se rompaient, ses os se fissuraient. Les phalanges glacées, en décomposition avancée, envahirent finalement sa cage thoracique.
« … C’est leur tour, désormais. »
L’endomorphine eut raison de sa lucidité. Joe Dohn disparut dans la brume.
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"Please allow me to introduce myself. I'm an alien superfiend. I've come tonight to judge you all. Let me say you what I mean! Pleased to meet you. Judge Death is my name!"

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Dernière modification par wallyvega ; 09/07/2008 à 20h08.
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  #73  
Vieux 04/07/2008, 20h22
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Je n'ai pas précisé mais les deux messages précédents se font suite. La dernière partie arrivera (peut-être) la semaine prochaine.
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  #74  
Vieux 08/07/2008, 17h32
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MàJ: ajout de la deuxième partie de mon texte dans le post initial.
En attendant que je finisse de taper la dernière partie de mon texte, je mets un brouillon:

Je suis obligé d'écrire avec papier et crayon. Ca me permet d'avoir un texte brut qu'il m'arrive de retravailler et de corriger au moment de le taper. Suis-je le seul?
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Dernière modification par wallyvega ; 08/07/2008 à 18h28.
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  #75  
Vieux 09/07/2008, 11h46
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Deadpoule change la caisse du Fauve
J'ai du retard dans ce topic, faudra que je lise tout ça... tu m'excuseras et j'espère que tu ne me tiendras pas rigueur de ce manque d'asiduité
__________________
- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-(
Maman

>> J'écris des trucs ici
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