my own little gods

[Mr Gumby]

Tout amateur de BD (sauf les monomaniaques et les indécis) finit par se constituer un petit panthéon personnel de dessinateurs. Et quand je-ne-sais-plus-qui mais je le remercie avait lancé l'idée de faire la liste de nos 101 gommeux préférés, j'avais été étonné de la facilité de la tâche et de la difficulté de s'arrêter à la centaine.

Guy Davis fait partie des noms qui me sont venus le plus rapidement. Peut être parce que j'ai mis un peu de temps à l'apprécier ? Je me souviens d'avoir lu mon premier numéro de Sandman Mystery Theatre et de m'être dit « c'est sympa mais qu'est ce que c'est laid tous ces gribouillis pour les décors » et puis après quelques numéros il a bien fallu que je me rende à l'évidence « mais enfin ducon, réveille toi, ce type est un génie ».

Je sais, je soliloque énormément en lisant mais mes proches se sont habitués.

Depuis j'ai lu le splendide the Marquis. Je me délecte chaque mois de son travail sur le BPRD de Mignola et je viens récemment de lire The Nevermen.

Collaboration avec Phil Amara au scénario (éditeur de tout un tas de comics de classe internationale), les aventures de cinq combattants du crime portant imper bleu nuit et lunettes de soudeur ont été publiées en single chez Dark Horse à partir de mai 2000.
Elles sont collectées en 2 TPB. Le premier compile la mini série originale en 4 épisodes plus les Nevermen tales en noir et blanc parues à l'origine dans Dark Horse Present.

Dans une mystérieuse cité rétrofuturiste, les défenseurs de la justice sont aux abois : un des leurs a disparu! Pour le retrouver il leur faudra affronter une galerie haute en couleur de super vilains. Ils se friteront donc joyeusement avec Manboulian le demi zombie ou encore Cadaver l'homme-tête et ses singes-de-main.
Le ton est résolument pulp avec une histoire menée à un rythme infernal et un character design tout simplement fabuleux. Chaque personnage dégage une puissance d'évocation graphique instantanée. Les décors sont des merveilles de précisions fantaisistes.
De plus si le quota de bagarre, d'explosion et de poursuite est largement respecté, les auteurs arrivent en plus à ajouter une touche personnelle très mélancolique. Derrière l'action baroque se cache donc une tragédie fort réussie.
On pourra être un peu dérouté au départ par la densité du récit que ne laisse absolument aucun répit et qui procède par un cumul de situations à peine esquissées mais qui finalement fonctionnent à merveille.

Ce comics, c'est de la joie en page. L'histoire est simple mais profonde. La narration est un modèle du genre et les dessins donnent envie de s'arrêter à chaque case pour en explorer les recoins.
Du grand art, tout simplement.

« Streets of blood » reprend les trois épisodes du second arc paru en 2003.


La conclusion du précédent opus laissait la ville et les nevermen meurtris. Elle aura également eu pour conséquence le réveil d'un fort dangereux personnage qui vient s'ajouter à une liste déjà gratinée.
Robot existentialiste et bagarre avec un singe géant au programme d'un second tome toujours aussi riche et passionnant.
Seul regret, il reste encore plein de pistes inexplorées. Souhaitons donc que les aventures des Nevermen n'en soient qu'à leur commencement.

Tombez donc sous le charme rétro d'une oeuvre inachevée, singulière et peu onéreuse.
(respectivement 14,95 et 9,95$ ce n'est pas la mort)

[C'étaitSaSecrétaire]

Ils me font de l'oeil (et de l'inspiration et du fond d'écran) depuis des années, mais faute d'échos, je n'ai jamais franchi le pas.

Mais grâce à toi, je me sens homme, enfin, et capable de franchir le pas.
Demain, le monde se réveillera sous mes draps.

[mr nix]

Excellente idee cette critique. Tres bon titre , helas passe vachement inapercu.

J'aime bien aussi parce que c'est la (et aussi un peu dans son Batman avec Edgar Poe) qu'on voit Davis commencer a vraiment maitriser les scenes d'action, a completer sa palette narrative.