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Défi d'octobre 2009 : "Octobre, sors ta drogue" © HiPs!
Avec comme thème : "la drogue".
Je commence (je crois bien que ça doit être la première fois). Pour elle. « C’est pour elle, tu sais. » Mais Frankie ne m’entend pas. Il est déjà mort. Son sang coule le long de mes doigts ; je l’ai égorgé avec mon petit canif, celui que ma mère m’avait acheté quand j’étais petit. Je devais avoir huit/dix ans, et j’ai été absolument horrible jusqu’à ce qu’elle cède. Je voulais ressembler à je-ne-sais-plus quel personnage de série télé, et dès que j’avais eu ce petit couteau, j’ai été le plus heureux des gosses. Mon père n’a pas vraiment apprécié qu’elle m’achète ça, il pensait que ça serait trop dangereux pour moi. Encore une fois, il trouva en son attitude une excuse pour la frapper. C’est sur lui que je me servis pour la première fois de ce qu’il appelait « camelote » et qui représentait pour moi une sorte de Saint Graal. Ce fut bon. Lentement, sans me presser, je récupère sur Frankie les quelques pilules que j’étais venu chercher ; il a refusé de me les vendre, refusant même d’entendre mes explications sur mon absence d’argent. Il ne m’a même pas laissé terminer ! C’était un homme rustre et malpoli, une sorte d’ancêtre n’ayant pas dépassé le Moyen-Âge. Pourtant, j’ai longtemps eu besoin de lui et je sais que je regretterai mon geste. Après tout, c’était mon dealer attitré. Oui, je regretterai mon geste. Mais demain. Ce soir, j’ai les pilules…je les ai pour elle. Il n’a pas voulu comprendre, et ne le peut sûrement pas, combien c’est important, combien ça peut compter d’avoir quelqu’un dans sa vie. De devoir prendre soin de quelqu’un. C’était un petit dealer de banlieue, le genre qui se croit le maître alors qu’il n’est qu’un faible maillon d’une chaîne qu’il ne comprend même pas ; il me refusait quelque chose dont j’ai absolument besoin et espérait s’en sortir. Quel imbécile, il mérite cette leçon. Evidemment, je sais déjà que je vais avoir des…soucis avec ses associés. Je suis au milieu d’une cour d’immeubles, avec les fenêtres toutes sombres mais je sais que tous les yeux sont braqués sur moi ; ils savent qui je suis. Il est plus que probable que je me fasse harceler demain pour rendre des comptes à propos de Frankie. Et je ne m’en sortirai sûrement pas. Mais ce n’est pas grave. J’ai les pilules, et c’est pour elle que j’ai fait ça. Pour la serrer encore une fois contre moi. Je…je ne me suis jamais drogué, en fait. Je n’ai jamais fumé, je n’ai jamais bu, et je ne me suis jamais piqué. J’ai toujours voulu garder mon corps sain, mon esprit sain mais…ça a changé. Non pas que j’ai fait pénétrer une aiguille dans mon bras : jamais je ne m’abaisserai à ça. Non. C’est mon cœur qui a été pris, c’est mon esprit qui est maintenant embrumé par la drogue. Ma drogue c’est elle. Au point de tuer pour elle. Jamais je n’ai ressenti quelque chose d’aussi fort, jamais je n’ai vécu une attirance et une fougue aussi puissante en moi. Je ne viens pas d’un milieu aimant : je n’ai pas été désiré par mes parents, mon père battait ma mère, elle en est morte…ce sont des choses tristes. Mais qui arrivent, comme disent les « gens normaux » ; ils ne savent rien, ils n’ont jamais essayé de savoir qui j’étais, ce que je voulais. J’ai été taxé de fou, de monstre mais sans jamais aller plus loin. Ils jugent sans vouloir savoir. Ils font de moi un être ignoble, et s’ils me condamnent avant de m’écouter, ils n’ont pas tout à fait tort. Tout ce que j’ai vécu ne pouvait que mener à un être froid, distant, socialement inapte et terriblement dangereux pour ses congénères ; je ne suis pas quelqu’un de « normal », mais « on » aurait quand même pu essayer de m’aider. Ça aurait pu sauver des vies, en fait : après tout, j’ai bien assassiné mon propre père et je viens de prendre la vie d’un dealer. Certes, ce n’étaient pas de « bonnes » personnes, mais il s’agissait d’êtres humains. Qui auraient pu être sauvés. Mais qui ont mérité leur sort. J’ai pris la vie de deux hommes et je n’en éprouve aucun remords. Car à chaque fois, c’était pour elle. Bien sûr, ce n’est plus la même femme ni le même objectif. Si j’ai tué mon père, ou plutôt mon géniteur, c’est pour la venger…pour le faire souffrir comme moi j’ai souffert quand il me l’a prise. Je…je n’ai jamais été aimé, ma mère ne m’a pas « câliné » ou dit qu’elle m’aimait, mais…mais quand je la harcelai de trop, elle cédait. Et elle me souriait même, parfois. Elle ne m’avait pas voulu mais ne me rejetait pas, et pour moi ça semblait la chose la plus merveilleuse au monde. Je me rends compte maintenant que je n’avais droit qu’à quelques miettes, mais pour moi, c’était quelque chose de tellement énorme et de tellement magnifique qu’il était insupportable que sa disparition soit impunie. C’est pour ça qu’il n’est plus là aujourd’hui. Mais si Frankie, lui, est décédé, c’est parce que j’étais mû par quelque chose d’autre – un sentiment plus fort. L’Amour. L’Amour envers une femme…ma femme. Sans elle, je ne suis rien. Sans elle, je ne vaux rien. Sans elle, je ne veux plus rien. On a voulu me la prendre, une fois. Des jours durant, elle avait disparu et j’ai tenté de la retrouver – en vain. Un chauffard l’avait apparemment fauchée quelques jours à peine après notre rencontre et alors que notre idylle n’en était qu’à ses débuts ; elle ne savait pas encore que j’étais fait pour elle, mais moi j’en étais déjà persuadé. Pendant des heures, j’ai marché dans la ville, passant de rues en allées pour savoir où elle se cachait, où elle gisait à moitié morte. Et je l’ai retrouvé, à peine vivante. Oui, elle avait bien été renversée mais je l’ai découverte à temps. Je l’ai amené dans l’endroit vers lequel mes pas me mènent, dans un entrepôt désaffecté qui me tient lieu de maison. Ce n’est pas luxueux, c’est humide, froid et un peu sale mais…c’est chez-nous. C’est notre petit nid d’amour, là où je l’ai soigné, là où elle se repose. Elle est encore faible et blessée, mais heureusement tout va s’arranger. Je n’ose imaginer comment elle serait, sans moi. Bien sûr, nous venons de deux mondes différents et elle ne sait rien de mes…incartades, mais ça n’est pas grave. Nous nous aimons, ça dépasse mes démons et ce que je suis capable de faire. Elle est belle, drôle, intelligente…elle est ce dont j’ai besoin. Elle est ma mère, ma meilleure amie, ma pire ennemie, la femme de ma vie. Elle est mon Alpha et mon Omega. Elle est ce dont j’ai besoin et ce qui me torture. Elle est ce que je peux faire et ce qui m’est inaccessible. Elle est ce pourquoi je veux être meilleur. Elle est celle que j’aime. Ça n’a pas toujours été facile entre nous, mais je sais que tout ira bien, maintenant. Elle me regardait un peu de haut au début mais a su découvrir mes qualités – et fermer les yeux sur mes défauts. Je suis chez nous, enfin. J’approche de notre lit, là où elle se repose après son accident. Ses proches doivent se demander où elle est, et nous irons les voir quand elle sera entièrement remise ; pour le moment, je veux encore profiter d’elle, de ces quelques moments où nous ne sommes que tous les deux. Elle est là, je la vois. Elle est si belle. Je ne pensais pas que j’aurais droit à tant de bonheur. Je ne pensais pas en mériter autant. Après tout, je suis un assassin, un tueur…je ne sais pas m’adapter à un monde qui m’a toujours rejeté. On m’a pris la première personne à m’avoir traité un tant soit peu avec dignité, et je suis conscient que je ne vivrais jamais vraiment dans un appartement avec un travail stable. Mais elle est quand même là. Avec moi. Lentement, je m’approche ; il n’y a plus qu’elle ici, je ne vois même plus les murs sombres et sales. Seule elle emplit l’espace, comble mes yeux. Je peux presque la toucher, sentir son haleine, tenir ses mains. Elle est là…elle est à moi. Rien ne peut plus nous séparer, maintenant. Ni chauffard, ni rang social. Nous ne sommes qu’elle et moi, unis à jamais dans cet entrepôt répugnant mais qui est mon paradis. Il n’y a que nous deux. Et le monde et ses « gens normaux » qui n’ont jamais voulu me comprendre est bien loin dehors. Bien loin de nous. Bien loin de moi. « Merde…c’est qui ? - C’est Gabe, un clodo dangereux. Il avait été placé étant gosse après avoir tué son père et sa mère mais ne s’est jamais arrangé. - Il s’est fait les deux ? - Ouais, même s’il a toujours nié pour elle. Il n’a jamais supporté qu’on l’accuse d’avoir tué sa mère, mais les preuves étaient contre lui. Il a toujours traîné dans pas mal d’affaires bizarres, est considéré comme dangereux par pas mal de services sociaux mais n’a jamais été vraiment arrêté, autant par manque de preuves que de moyens. Ça aurait dû changer : j’ai instruit une plainte contre lui dernièrement. - Ah ouais ? - Ouais. Il suivait une femme dans la rue, il la harcelait même. Un mandat avait été déposé contre lui. - Pour harcèlement ? - Nan. Homicide involontaire : elle a été renversée alors qu’il tentait de lui parler. Elle s’enfuyait et n’a pas vu la voiture. Le conducteur est en dépression, depuis. C’était un chic type, des enfants, un boulot stable ; tout est foutu, maintenant. - Merde…en tout cas, maintenant ton affaire est réglée. Tu pourras le dire aux familles. - Ouais…mais ça change rien. La gamine est morte et lui s’en est tiré tout seul, avec en plus un p’tit trip’ sur la fin. - Et en douceur, apparemment. T’as vu son sourire ? On dirait qu’il est au paradis. - Le paradis des drogués, ouais. Son overdose l’a fait échapper à la justice…et ça contentera personne. Une gamine est morte par sa faute et lui s’est défoncé. On comprendra jamais ce qu’il s’est passé. - C’est si important ? - J’sais pas. Pour qu’il harcèle à mort une pauvre femme et qu’il se drogue autant, c’est qu’il devait bien vouloir quelque chose. Mais après, savoir quoi…personne ne le comprendra jamais. Personne de normal, en tout cas. » |
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Je dis simplement : bravo !
C'est à la fois poignant et efficace. Une ambiance de série noire (ou plutôt de "série blême" comme disait William Irish, auquel ce texte fait penser - et c'est un compliment car, avec David Goodis, c'est probablement mon auteur de polars préféré). Dur de passer après un premier texte pareil... Tu mets la barre très haut, Ben ! |
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Merci beaucoup. Je l'ai fait à la fois pour le Défi, à la fois pour faire plaisir à mon amie et à la fois pour passer une heure et demi loin des cours et de la pression. Ca fait du bien, mais encore une fois ça finit par du glauque & du désespéré.
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#4
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"Les chants d'amour sont les plus désespérés"...
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Très joli récit Ben. Juste un léger bémol sur le dialogue final que je trouve trop écrit, pas assez langage parlé même si on sent que tu as essayé de le délier.
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Il m'a posé beaucoup de souci : j'avais envie qu'il soit assez "réaliste" mais je ne voulais pas tomber dans de la vulgarité ou quelque chose de "trop" parlé. J'ai mis bien quinze minutes à accoucher de ça, mais je n'en suis pas très content.
J'ai du mal avec mes dialogues en ce moment. |
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J'étais d'abord parti sur un mode allégorique mais finalement j'ai préféré y aller frontal...
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Vous écrivez vraiment bien, mais c'est d'une tristesse!
Alors que, quand même, la drogue, c'est fun! Mieux que le sexe et le rock'n'roll! |
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Quand on a arrêté d'en prendre, on se rend souvent compte qu'en fait c'est triste
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De mon côté, sauf à trouver une idée de secours, je crains de n'avoir rien à écrire. |
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Ah bah c'est l'automne hein, les feuilles mortes, la pelle, tout ça...
Mais oui j'ai eu une envie subite d'un truc très noir. |
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Très bon texte, HiPs!. J'ai beaucoup aimé les changements de style et de ponctuation, très bien pensé.
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L'amour pour épée, l'humour pour bouclier ! (B WERBER) |
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@ Ben: Très bon texte, Bien rythmé, tu livre tes info par touche successive est cela fonctionne bien.
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Je vous propose un texte qui a deux particularités :
- la 1ère est qu'il ne s'agit pas d'un texte "sur" la drogue, mais plutôt d'un texte "drogué", dont l'argument est surréaliste, qui aurait pu être écrit par quelqu'un de bien "chargé". On peut le prendre ainsi ou comme texte à tonalité fantastico-absurde - je vous laisse juge. - La 2ème est que c'est un texte dont j'ai eu l'idée il y a au moins vingt ans, mais je n'ai pas rédigé ce que vous allez lire tout seul mais avec mon meilleur ami (que je choisis de nommer ici par son pseudo de l'époque, Andrej Watansky). A cette époque, il était aussi le co-scénariste des Bd que je dessinai, et d'ailleurs, initialement, ce texte devait être illustré (avec d'autres, tous aussi bizarres, dans un recueil que nous avions intitulé SHORT STORIES). Ce projet n'a jamais vu le jour (pour moults raisons...). J'ajoute qu'il s'agit de la transcription brute du texte qui tient plus du séquencier (en 12 volets) que d'un texte vraiment littéraire, avec une vraie mise en forme. LA RADIO DEGLINGUEE 1 : Une matinée d'été. Il est environ 9 h du mat'. Il fait très beau, le soleil entre à flot dans un appart qui n'a rien de spécial. Tout semble profondèment banal. Un type qui vient juste de sortir de son lit. Il fait chaud, il n'est vêtu ue d'un caleçon. Le type mesure dans les 1m 75, il est plutôt longiligne. Pas très balèze. Donnons-lui dans les 25-35 ans. Il a l'air jeune en tout cas (pas tout à fait comme Michael J. Fox quand même, n'exagérons pas !). Cheveux châtains clairs ébouriffés, en bataille. Il a de la barbe sur le visage. Il est seul sur le seuil de sa chambre, prêt à traverser l'appart pour se rendre à la cuisine. De la main droite, il tient le mur de sa chambre tandis que de la main gauche il se gratte la nuque. Il bâille. 2 : Gros plan sur le visage du "héros". Il ne bâille plus. Il n'est ni beau ni laid. Il a une bonne tête, à la Bruce Willis (un Bruce Willis pas rasé, mais je crois que ça existe !). Il a cependant le visage un peu moins rond. Il a encore les yeux collés après une bonne nuit de sommeil. Il est encore un peu dans le coltard. On est toujours complètement abruti après une bonne nuit de sommeil (parfois on est abruti toute sa vie !). Toujours est-il que Mr X. promène sa main droite dans sa barbe d'une nuit. 3 : Gros plan sur une casserole de café noir qui chauffe sur un gaz. La cuisinière est standard (d'ailleurs on n'en voit que les brûleurs). La casserole est petite. Il ne chauffe du café que pour une personne, qui n'en boira qu'une tasse. (En parlant de café, as-tu "Un thé au Sahara" ?) 4 : Plan moyen. Notre héros se verse du café dans une tasse. 3-4 toasts fument dans une sorte de présentoir à toasts. Sur la table, une radio de modèle tout à fait ordinaire, même un peu démodé. Une radio normale quoi. Notre héros anonyme (héros sans emploi, comme dirait Gaston Lagaffe) tourne le bouton de sa radio. Inutile de représenter ce qui en sort, une parole du personnage suffit : - Merde, Elton John ! Notre personnage change de fréquence : - "Rubrique horoscope présentée par Judy Shorter - 'ctoire des Mets sur les Giants par 3 à 1 - de notre programme jazz avec "Mood Indigo" de Duke Ellington" Super ! Mr X. mange ses toasts, engloutit son café, le poste de radio face à lui, "Mood indigo" en fond sonore. 5 : Tout à coup : "KZCHH !" dans la radio. Notre héros se rue sur son récepteur radio qui reste coi. Assez furax, il s'exclame : - Hé ho ! En plein Duke Ellington ! Il examine le poste, qu'il tient dans ses mains, sous toutes les coutures. Il tourne le bouton de modulation de fréquence : silence radio. Il donne des coups : rien. Tout d'un coup, une voix sort du poste : - "Prenez votre voiture et roulez jusqu'à ce vous n'ayez plus d'essence. Je répéte : prenez votre voiture. Roulez jusqu'à ce que vous n'ayez plus d'essence." Mr X. se lève, regarde sa montre : 9h 37. Air dubitatif. Haussement d'épaules, air du type qui n'a rien d'autre à faire. Il dit : - 'près tout, pourquoi pas ? 6 : Notre type qui sort en trombe d'un immeuble. Il a le poste de radio à la main. La journée est belle, ensoleillée : il fait chaud, il fera chaud. Chaude journée, donc habillement léger et frais pour le héros : dans les tons gris, un ensemble chemise-futal plutôt chicos. pour le style, un croisement de David Lynch et de Paul le saxophoniste (Lynch pour le côté classe, Paul pour le côté négligé - le col boutonné de Lynch me paraît trop personnel et formel). La voiture de notre héros est garée à deux bagnoles de l'entrée de son immeuble. Sa voiture : une Dodge Omni America (la réplique US de la Talbot Horizon). Sa voiture est usagée, un peu déglinguée. Devant, derrière, partout. Notre héros monte dans sa caisse, met la radio sur le siège passager à sa droite. Coup d'oeil à la jauge d'essence. Elle n'est pas pleine - tout au plus une centaine de bornes. C'est d'ailleurs la réflexion que se fait le héros : - A vue d'nez, ça nous f'ra une centaine de bornes." Clé de contact, démarrage. Commentaire du héros : - Go west, young man ! 7 : Plan de profil du héros, dans sa voiture. Visage tendu, attentif. Off : - "Anticipant les croisements, la radio donne ses ordres : à gauche, tout droit, à gauche, à droite... L'itinéraire semble choisi au hasard, mais la voix de la radio est précise et impérieuse. Une fois sorti de la ville, la radio se tait. La route est droite et semble mener à l'horizon." 8 : Le décor est simple : une route droite qui coupe le désert en deux. Le désert : des cailloux, du sable, de rares cactus. Pas de grands massifs montagneux, rocheux, rongés par l'érosion pour attirer l'oeil. Sur la route, une seule voiture : celle de notre héros. 9 : L'intérieur de la voiture. Coup d'oeil sur la jauge d'essence : c'est vide, la réserve de sécurité est bien entamée. Le héros : - Ah, ça tousse ! C'est la fin du voyage ! Il chante : - "This is the end / My only friend / The end..." 10 : La Dodge, arrêtée sur le bas-côté d'une route en plein désert. Le mec est dehors, adossé à la portière conducteur de la bagnole. Pose à la Lee Marvin (une sacrée dégaine !). Il grille une clope. Simple trait de plume pour symboliser la fumée. Le mec de profil. On le voit en entier. Un blanc. 11 : Deux bonhommes dans une vieille camionnette US : notre héros anonyme avec sa radio et une sorte de vieux plouc dans les 65-75 balais, la gueule burinée, le poil raide. Il doit se ravager à la mauvaise gnôle. Visiblement, il l'a pris en stop. Le vieux : - Heureusement qu'j'passai par là sinon... T'aurais fait un beau steak pour les vautours ! Au fait, qu'est-ce que tu foutais là, planté en plein désert ? Le mec : - J'sais pas... J'crois que j'ai entendu des voix... Le vieux : - Et pourquoi qu't'as amené ta radio ? 12 : Gros plan sur une radio déglinguée, éventrée, qui a laissé partir ses piles. Elle gît lamentablement sur la route qui traverse le désert. Quelqu'un l'a probablement jetée d'une voiture... |
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