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  #136  
Vieux 12/10/2008, 21h17
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Ben Wawe Ben Wawe est déconnecté
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Un texte de Science-Fiction, plus une description d'une tranche du "futur" qu'une vraie histoire. Quelques pages qui m'ont fait du bien et m'ont fait sourire lors d'un samedi soir rempli de boulot mais qui se finit bien. En espérant vous plaire.

"Emotionnez-bien".

« Emotions Inc. Quel est l’objet de votre appel ?
- Euh…je…je voudrais commander quelque chose…
- Avez-vous déjà fait votre choix ?
- Euh…non…c’est la première fois, en fait…
- Je vois. Tout se passe bien même si les premières fois sont toujours difficiles : sauter le pas semble peu simple alors que ça n’a rien de compliqué.
- Ah, euh…cool…
- Avez-vous déjà jeté un œil sur nos produits ?
- Euh…oui, mais…mais je sais pas quoi choisir…
- Le mieux serait tenter le choix numéro un.
- Le choix numéro un ? C’est…c’est le plus cher, non ?
- Oui, mais c’est le plus diversifié : il vous permet d’avoir accès à chacun de nos produits. En petite quantité, bien sûr, mais pour débuter cela devrait vous suffire.
- Ah, euh…parfait alors. Je…je le prends.
- Comment payez-vous ?
- Euh…
- Tickets ? Actions ? Organes ? ADN ? Nous permettons tous ces modes de paiement pour la première séance.
- Euh…ADN… ?
- Notre agent vérifiera l’intérêt de votre code génétique avant la transaction, cela ne sera en rien une atteinte ou une infraction aux lois du Consulat. Vous devrez donc ouvrir la porte de votre conapt et vous présenter physiquement à notre agent.
- Phy…physiquement ?
- Oui, la procédure ne peut se dérouler autrement.
- Euh…bien alors…
- Notre agent arrivera dans quelques minutes. »

Et la transmission s’arrêta après qu’Hank Duflach ait appuyé sur le lobe de son oreille droite. Il se tourna vers l’écran tactile qui lui tenait lieu de bureau, tapotant sur quelques touches prédéfinies et parla d’une voix lente et habituée dans le micro qui se tenait dans sa lèvre inférieure.

« Vance, livraison colis numéro un.
- Où ?
- Soixante-neuvième étage. Conapt C, Tour huit.
- Soixante-neuvième ? C’est de la classe moyenne, ça.
- Très moyenne, oui. »

Depuis que la Terre était devenue un enfer brûlant où les rayons solaires venaient brûler l’atmosphère sans qu’une quelconque couche naturelle puisse en protéger ses habitants, les différents Gouvernements avaient tentés de trouver une solution pour stopper tout ça, mais ça n’avait été qu’un pansement sur une fracture ouverte.
La Crise n’avait pas tardé à rendre les choses encore plus compliquées, et finalement les Hommes avaient décidés d’arrêter de se leurrer et d’accepter la situation : non, plus jamais les choses ne redeviendraient comme avant et oui, ils mourraient tôt ou tard à cause des conséquences de l’effet de serre. Le tout avait été de savoir comment survivre jusque là, et ça faisait plus de deux cent ans maintenant que l’Humanité vivotait au jour le jour.

Les plans à long terme avaient disparus de l’esprit humain, les gens avaient arrêtés de penser à fonder des familles, à construire des maisons, à avoir des plans de carrière. Peu à peu, les Gouvernements s’étaient effondrés car plus personne n’avait d’intérêt aux débats politiques et aux sentiments nationaux. Le jour où les Grands de ce monde avaient décidés d’être honnêtes et de dire que rien ni personne ne pourrait jamais changer la planète et sauver l’Humanité, la population s’était lentement laissée glisser dans l’apathie – et le Consulat était alors né.
Composé d’une demi-douzaine de gens encore puissants et voulant le pouvoir juste pour le pouvoir, le Consulat prit le contrôle de la Terre sans que personne n’ait à y redire quelque chose, tout simplement parce que tout le monde s’en fichait. Le système était devenu une tyrannie, mais le Consulat lui-même s’était peu à peu enlisé dans une sorte de calme et d’apathie : il n’y eut jamais de grandes mesures dictatoriales, jamais de grand chamboulement ou de camps de concentration. Les gens du Consulat contrôlaient le monde, étaient contents et faisaient ce qu’ils pouvaient pour éviter que l’Humanité ne meure tout de suite – ils lui donnaient quelques décennies de repos, c’était tout.

Ce fut ainsi qu’ils firent construire d’immenses immeubles, hauts de deux-cents étages environ. Les gens vivaient maintenant dans des « conapts » et non plus des appartements, d’une dizaine de mètres carrés environ et repliés sur eux-mêmes ; ils pouvaient y accéder selon leur « classe » sociale, c'est-à-dire leur naissance, l’ancien « classe » de leurs parents et leur degré d’importance dans la société. En fait, tout ça relevait plus de la chance d’une bonne naissance qu’autre chose, et pouvait donc sembler égalitaire ou inégalitaire pour certains, mais personnes ne défendaient ou n’attaquaient ce concept : les gens l’acceptaient, simplement. Ils se reproduisaient de manière artificielle, donnant chaque année quelques échantillons plus ou moins intimes pour construire – et le mot était bien choisi – de nouvelles générations qui seraient élevées en laboratoire.
Peu à peu, les gens se déshumanisaient, ne vivaient plus vraiment : ils se levaient, travaillaient et allaient dormir. Le Consulat formait ses propres membres, mais eux aussi perdaient lentement mais sûrement l’envie de tout contrôler. Les fondateurs avaient jadis eu le droit à une éducation les ayant encouragés à toujours être les meilleurs et à dépasser leurs limites, mais à quoi bon se lancer là-dedans sur un monde destiné à mourir et dans une race où l’apathie était devenue la règle ? Peu à peu, la planète était devenue une terre d’Humanité sans envie, sans loisir, sans émotion – sans vie, finalement.

Et c’était là qu’intervenait Emotions Inc.
Dans un monde où les enfants étaient créés artificiellement et élevés comme des rats de laboratoire, dans un monde où les gens n’avaient plus d’émotion car ça ne valait pas la peine de s’attacher à des gens ou des choses qui pouvaient disparaître d’un moment à l’autre, il fallait bien que quelqu’un use de tout ça pour se faire de l’argent.
Création du Consulat, Emotions Inc. était le dernier élan de l’Humanité, la dernière étape avant l’apathie totale. Certains membres du Consulat avaient dépassés la déprime de leur race et leur envie de se laisser aller à une routine désenchantée et sans espoir pour créer cette société qui proposait des choses bien particulières à des prix terrifiants : des émotions.

Même si l’Humanité n’en usait plus, le cerveau avait toujours en lui les pans de l’Amour, de la Haine, de la Colère, du Plaisir ; seulement, plus personne ne songeait à les activer ou à tout faire pour y parvenir. Emotions Inc. s’amusait donc à créer des petites drogues permettant de stimuler ces zones du cerveau pour faire « vivre » l’Humanité. Bien sûr, il était évident pour le Consulat et Emotions Inc. que les Hommes ne devaient pas trop « ressentir » : sans cela, ils pourraient se rendre compte de ce qu’il se passait et retrouver des choses comme la révolte ou la liberté. Ils faisaient donc tout pour éviter les découvertes de drogues pouvant activer ce genre de phénomènes, mais ne se privaient pas de vendre le reste.

Hank fut sortit de sa rêverie, où il songeait aux pilules qu’il pourrait se commander avec les tickets du jour, par l’apparition d’une nouvelle touche sur son écran tactile. Ça voulait dire qu’il devait se remettre au travail et il acquiesça, sans entrain ni désespoir. Il devait travailler pour vivre, pour être utile à la société et se payer des pilules. Le monde entier était devenu dépendant à Emotions Inc., et ses employés étaient parmi ceux qui usaient et s’usaient le plus sur ces drogues. Et vu qu’Emotions Inc. était devenue la deuxième plus grande société du monde – après Nourriture Inc. –, ça en faisait des clients.
En plus, ça permettait à Santé Inc. de gagner des parts de marché pour les tentatives de cures entre autres, et donc de faire gagner encore plus d’argent au Consulat. Les choses se déroulaient en un parfait cercle vicieux, et les membres du Consulat avaient bien retenues les leçons de leurs ancêtres ; rien ne se perdait jamais, finalement.

Pendant ce temps-là, dans les étages inférieurs de la grande tour au centre de la ville-planète qu’était désormais la Terre, où seule l’Australie était inhabitée et laissée à l’agriculture, le reste du monde étant habité et urbain, là où s’élevait jadis la ville de Paris, Vance chargeait son ‘Racer, un des engins créés plusieurs décennies auparavant pour ceux qui étaient encore en quête d’action et d’adrénaline – mais protégés, bien sûr, par toute une série de sécurité. Finalement, c’en était revenu à faire des courses très rapides mais avec quelques pourcentages de chance d’accident, ce qui annihilait tout frisson.
Ce genre de choses, en fait, avait participé au phénomène d’apathie : les jeunes avaient espéré recréer les vieilles traditions de leurs ancêtres par des courses pirates, à pleine vitesse et remplies de risque ; ils s’étaient finalement retrouvés avec des jeux vidéo améliorés, avec juste de meilleurs « visuels ». Pas assez pour sauver la jeunesse de l’Humanité, mais suffisant pour Vance.

Il était chauffeur pour Emotions Inc. depuis deux ans maintenant et adepte aux drogues avant même son recrutement. Comme les autres, il ne vivait que pour en prendre et n’avait pas d’intérêt pour le reste du monde. Jadis, le sport, la politique, les arts, la culture ou même les relations humaines avaient été les leitmotivs de l’Humanité, mais tout ça n’avait plus de valeur, maintenant. La Terre entière brûlerait bientôt et les Hommes mourraient avant de voir ça ; au fond, plus rien n’existerait dans quelques années, voir quelques décennies et peut-être même un siècle ou deux. A quoi bon se passionner pour quelque chose en sachant que ça disparaîtra finalement ? A quoi bon dédier sa vie à une passion quand personne ne sera là pour s’en soucier à la fin ?

Vance était comme les autres, oui, et comme eux il gardait son salaire pour ses pilules. Avec l’effondrement de l’économie mondiale, le Consulat avait instauré plusieurs modes de paiement ; au départ, ça avait été dans l’idée de modifier les choses et de redonner de l’intérêt aux Hommes pour le commerce et l’échange, mais aucun résultat n’était apparu. Finalement, les modes de paiement n’avaient eux non plus provoqués aucun débat et étaient entrés dans les mœurs.
Les gens pouvaient se faire payer en tickets (qui avaient remplacé la monnaie), en actions (même si, avec la puissance et le monopole du Consulat, elles avaient la même valeur que les tickets car la Bourse ne bougeait plus du tout, en accord avec les mesures d’après les Crises du XXIe siècle et le début du post capitalisme, la Grande Blague), en organes (Santé Inc. en avait toujours besoin pour les membres du Consulat et les descendants des anciens Grands de ce monde) ou en ADN (même si chaque personne devait faire des dons pour la reproduction, il était apprécié d’avoir des surplus en cas de problème ou de naissances « inutiles », comme les handicapés qui étaient recyclés dès la naissance dans le Centre Mondial de Tri Inter-espèces ; là non plus, personne n’avait réagi à ces mesures).

Le chauffeur partit donc du douzième étage de l’immeuble d’Emotions Inc., entrant directement dans la fournaise. Avec l’effet de serre, le ras du sol était devenu trop chaud pour qu’on y vive : les machines de refroidissement fonctionnaient au maximum pour garder les conapts à des températures acceptables, mais étaient placées tout en bas et créaient une chaleur terrifiante. Vance portait ainsi une combinaison réfrigérante, qui lui permettait de survivre et de foncer vers les hauteurs grâce à la vitesse sécurisée du ‘Racer.

En quelques minutes, il fut au soixante-neuvième niveau de l’immeuble du client. Grâce au GPS intégré au ‘Racer, c’était tellement facile que ça aurait pu être fait mécaniquement, mais les modes de paiement demandaient parfois la présence d’un chauffeur – comme cette fois-là. En temps normal, des robots étaient envoyés faire la livraison, mais pour le paiement par ADN, on avait besoin de types comme Vance. Jadis, ce genre d’hommes auraient tout fait pour ne pas voir leur emploi être supprimé, ne pas voir leur vie réduite à néant par « l’évolution du monde et des techniques », mais cette période était révolue.
Comme les autres, Vance s’en fichait, tout simplement. Il savait que son combat ne mènerait à rien et surtout qu’il ne servirait à rien : même s’il gagnait et gardait son emploi quand on prévoirait de se séparer de lui, il ne pourrait pas en profiter car le monde mourrait bientôt. A quoi bon tenter quelque chose, alors ? C’aurait été des efforts inutiles.

Sans entrain, il toqua à la fenêtre du conapt de dix mètres carrés, placé au soixante-neuvième étage. Il y avait trois types d’étages : les malfamés, les moyens et les hauts placés. Les premiers partaient du niveau zéro au niveau soixante-cinq, les seconds du niveau soixante-dix au niveau cent trente-cinq et les troisièmes du niveau cent quarante au deux-centième. Les cinq niveaux entre chaque « classe » étaient réservés aux habitants qui n’avaient pas eu assez de « chance » à leur naissance mais qui occupaient des postes assez importants pour être mieux placés que prévus ; ainsi, s’ils continuaient à être utiles par leur travail malgré leur manque d’entrain, ils pourraient passer à la « classe » supérieure. Le client faisait partie de cette catégorie-là.
D’ailleurs, la notion de « classe » sociale était encore à l’œuvre, même si elle n’était plus qu’une relique du temps passé. En effet, l’ADN comme mode de paiement n’était réservé qu’à ceux des classes « supérieures » ou au moins « moyennes ». Grâce à ça, seules certaines personnes pourraient être clonées et assurer l’avenir, s’il y en avait un, de l’Humanité. Le fait qu’on ait accepté que le client puisse payer ainsi relevait plus du geste commercial pour l’appâter que d’une vraie envie de voir d’autres êtres comme lui évoluer sur Terre, mais le résultat serait le même à la fin.

« Emotions Inc.
- Euh…j’a…j’arrive… »

La voix morne de Vance avait reçu une réponse morne elle aussi ; malgré l’apparente excitation du client, il n’en était rien : il ne savait juste pas comment gérer ça. Malgré la grande puissance d’Emotions Inc., la planète entière ne s’y était pas encore laissée prendre et il avait déjà eu à gérer des gens comme ça. Ils n’étaient pas apeurés ou excités, pas encore, ils ne savaient juste pas comment réagir et parlaient sans sûreté parce qu’ils réfléchissaient à tout ce qu’ils devaient faire ou non dans cette situation.

« Je dois prélever votre ADN. Il faut ouvrir la vitre. »

Les fenêtres étaient maintenant redoublées contre la chaleur, les gaz plus ou moins toxiques des véhicules utilisés (même si tout le monde savait que ça causait l’effet de serre, vu que l’Humanité était allée trop loin, à quoi bon s’empêcher d’en user quand il était évident que ça ne servirait à rien ? tout était déjà fichu) et surtout les visions des tours multiples qui avaient transformés la Terre en une monstruosité urbaine et inhumaine.

« Je…oui. »

Lentement, la vitre blindée et noircie volontairement par technologie s’ouvrit. Le client se trouvait derrière, ayant protégé son petit conapt par une grille de sécurité, cette technique qui permettait de créer une zone recouverte de rayons plus ou moins mortels, zigzaguant partout dans la pièce et calibrés sur certaines personnes à protéger et sur toutes les autres à stopper. Même si les gens n’avaient plus envie de se projeter dans l’avenir, le Consulat insistait toujours sur l’insécurité et créait un climat de peur – malgré les taux de criminalité inférieur à un pourcent.

« Votre main. »

Sans envie, mais sans peur non plus, le client, lui aussi recouvert d’une épaisse combinaison réfrigérante cachant sa tête et tout son corps, enleva son gant droit et présenta sa main à Vance. Celui-ci, malgré son propre costume qui limitait ses mouvements, retira sa trousse d’extraction du ‘Racer et en sortit…des ciseaux, qu’il stérilisa avec son appareil signé Santé Inc. devant les yeux du client pour éviter des procès. Il coupa l’ongle du majeur du client – parfait pour la reproduction par clonage –, le faisant glisser lentement dans une petite boîte en acier prévue pour ça.

« Votre commande. »

Après avoir rangé les ciseaux dans la trousse et mis la boîte dans la poche « prioritaire » du ‘Racer, il prit le colis qu’il devait livrer. Il le déposa sur le rebord de la fenêtre, sachant bien que les clients détestaient les contacts humains – comme lui, d’ailleurs. Le Consulat poussait à faire croire que toucher quelqu’un d’autre pouvait donner des maladies et faisait ainsi augmenter les ventes de Santé Inc. pour les désinfectants, savons et autres homéopathies. Les vieux réflexes avaient vraiment la vie dure.

« Emotionnez bien. »

La devise d’Emotions Inc., une horreur d’inhumanité pour leurs ancêtres mais le signe de paradis à venir pour leurs descendants actuels. La vitre se referma, redevint noire et Vance disparut rapidement, lui aussi. Il savait que le client allait profiter de ses « émotions » et devenir accro, comme lui, et qu’il ne vivrait maintenant que pour gagner des tickets pour en avoir à nouveau.

Dans un monde où demain n’existerait sûrement pas, sur une Terre où les Hommes ne ressentent plus rien, Emotions Inc. allait devenir la plus grande compagnie de tous les temps, c’était inévitable. L’Humanité s’était perdue dans le désespoir et le vide de l’âme, et seuls les paradis artificiels pouvaient la sortir de là – mais en continuant de financer le système responsable de tout ça. Sur cette planète, dans cette société perdue, ultra-sécuritaire où l’égoïsme était devenu un hymne de vie obligatoire, est-ce que cette vie existait encore ? Est-ce que ressentir uniquement par pilules des émotions contrôlées et prévues à l’avance par un Gouvernement sans âme et lui-même sans envie pouvait être considéré comme une vie ? Les ancêtres de Vance auraient dis non et auraient tout fait pour changer ça, quitte à en mourir ; malheureusement, Vance n’avait même pas l’idée de faire ça, ni bien sûr l’envie.
Lentement, l’Humanité glissait vers la Mort, l’acceptait et même l’attendait, bien sûr sans envie, tout simplement parce que ses membres étaient nés pour ça. Et alors, la grande question qui s’imposait en voyant ce que les Hommes avaient fait de la Terre et de leur destin n’était plus de savoir s’il devait disparaître, mais bien quand.
Le gros du problème, ils l’avaient déjà réglé : ils ne faisaient plus qu’arranger les derniers détails.
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  #137  
Vieux 14/10/2008, 16h14
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Deadpoule change la caisse du Fauve
Emotionnez-bien

J'adore ce genre de texte, et tu le sais bien ! De l'anticipation, une vue du futur influencée par un regard critique sur le présent. Je kiff !
Par contre, deux critiques :

1) Le piège dans les textes d'anticipation, c'est d'expliquer la situation de cette société futuriste exclusivement par le biais de la narration. Je trouve que de temps en temps dans ton texte, il y a trop de passages narratifs présents pour exposer la situation mondiale. Alors que dans un cas sur trois, il aurait été plus fun (le coté défi de la chose) de nous exposer la situation à travers certains événements du quotidien, etc... ça n'aurait pas été toi qui racontes (le narrateur) mais toi à travers tes personnages.
Je dis tout ça paske du coup, pendant que je lisais ton texte, j'avais l'impression que JUSTE exposer les faits comme tu le faisais, ça revenait un peu à prendre le chemin de la facilité

2) Une fois rendu au tiers du récit, je pense avoir compris que la population ne fait plus d'effort pour l'avenir PUISQUE LA PLANÈTE N'EN A PLUS POUR LONGTEMPS ET QU'IL N-Y-A PAR CONSÉQUENT, PLUS D'AVENIR ! Tu as tellement bien su planter ton décor au début, que de temps en temps tu aurais pu éventuellement t'abstenir de répéter inlassablement le leitmotiv de nos chers Terriens.
Ok, des fois c'est important de le répéter. Puis des fois, ça fait un peu superflu. C'est comme dire "Elle est descendue en bas" Tu répètes deux fois la même idée dans la même phrase. À l'instar, une fois le décor planté, tu vas ENCORE expliquer que si les Terriens ne se passionnent plus pour les arts ou le sport, c'est paske LA TERRE EST UNE GROSSE BOUSE QUI FOND À VUE D'OEIL !! Mais tu sais, rendu à ce niveau de la lecture, le lecteur l'a très bien compris
Par contre, chose étrange, là :

"le Consulat insistait toujours sur l’insécurité et créait un climat de peur – malgré les taux de criminalité inférieur à un pour-cent"

Tu ne rajoutes pas par la suite un truc du genre :

"Puisque l'Homme n'avait plus d'avenir, ce dernier ne lui faisait plus peur. Ils n'étaient plus désespérés puisqu'ils savaient comment ils allaient finir. Et puis au fond ILS S'EN FOUTENT PUISQUE DE TOUTE FACON NI EUX, NI LEURS DESCENDANCES N'AURONT UN AVENIR DECENT !"

Tu t'en ai abstenu et je trouve ça bien. Paske du coup, en tant que lecteur, j'ai été sollicité par ton texte, j'ai créé dans mon esprit le mécanisme qui fait fonctionner tout ton univers. Tu as cessé de me prendre par la main et m'a permis de réfléchir par moi-même. Et je t'en remercie

Sinon, truc très bien vu je trouve c'est Santé.inc et Nourriture.inc ! C'est VRAI que dans notre monde s'il y a deux industries qui jamais ne péricliteront ce sont bien les industries de la bouffe et de la santé ! Paske quoiqu'il nous arrive, on aura toujours besoin de manger et de se soigner !

"Le gros du problème, ils l’avaient déjà réglé : ils ne faisaient plus qu’arranger les derniers détails."

Bien joué ! Belle conclusion ! Et je peux te dire que côté conclusion, je t'attendais au tournant Finalement Hank et Vance n'ont que peu d'importance. Ils sont là pour illustrer tes propos, pas pour les vivre ! Bien vu (l'aveugle !) ^^
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-(
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  #138  
Vieux 14/10/2008, 17h40
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  #139  
Vieux 15/10/2008, 09h59
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Merci à tous les deux, ça fait très plaisir de me voir lu et apprécié.
Deadpoule, j'ai toujours tendance à en faire trop et à râbacher (rabacher ?) encore et encore les mêmes choses pour être sûr que le lecteur a compris. Je crois qu'encore une fois c'est le cas ici, je vais modifier pour tenter d'apaiser un peu ça. Pour le fait que j'ai surtout décris l'univers et pas fait participer les personnages à l'action, c'est vrai : j'aurais peut-être dû dire que toutes ces descriptions provenaient de leurs pensées mais ça ne me semblait pas crédible, car quel intérêt de penser à ça alors que de toute façon ils vont y passer ? Et sinon, la conclusion a été rajoutée à l'arrache avant de le poster ici, comme quoi hein...
Thorn, merci aussi. Comme on en a déjà parlé, je suis assez axé sur la moralité et la "vraie" justice en ce moment, et ça m'a inspiré ce texte. Mais surtout, ça m'intéressait d'inverser les choses et de montrer des personnages plus complexes que le côté manichéen classique. En plus, j'ai pu m'amuser avec quelques références.
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  #140  
Vieux 15/10/2008, 14h00
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Alors, ce petit morceaux d'anticipation pessimiste m'a bien plus, on y ressent une pincée de Soleil Vert. Un peu pareil que la Poule Morte pour les commentaires, si on découvrait par les yeux d'un natif le monde, cela aurait donné peut être plus d'intéret mais aurait je croix rallongé le texte.
Mais c'est une bonne nouvelle
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  #141  
Vieux 16/10/2008, 16h32
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Je pense faire une version mise à jour suite à vos conseils, en fait.
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  #142  
Vieux 16/10/2008, 19h04
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XD je sens que ça va être jubilatoire !
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  #143  
Vieux 22/10/2008, 13h16
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Joshua Ambrose.

Ha les joies des univers parallèles, vaste sujet, passionnant et Casse G..... Tu esquive les problèmes inhérent au genre ( comme donné trop d'explication technique ) pour te concentré sur le personnage et c'est bien vu.

J'imagine sans peine que se pourrai être le 'pilote' d'une série. Encore bravo pour ce texte.
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WONDERCITY
nouvel épisode: SUNGIRL
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  #144  
Vieux 22/10/2008, 14h07
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Merci beaucoup, c'est très gentil. Je ne sais pas, par contre, si ça vaudrait la peine de faire une suite...
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  #145  
Vieux 22/10/2008, 18h34
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Brother Ray change la caisse du Fauve
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Posté par Ben Wawe
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Merci beaucoup, c'est très gentil. Je ne sais pas, par contre, si ça vaudrait la peine de faire une suite...
Ca pourrait être sympa en effet... Bravo Ben.

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Mon Terrifiant Bric-à-Brac...
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  #146  
Vieux 23/12/2008, 15h49
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Pile six mois plus tard, la suite de...

Citation:
Posté par Ben Wawe
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Not Dead Yet.
Definitely Not Dead Yet.

"Ca...ça va ?
- Des néonazis nous poursuivent avec plus d'armes que nous n'avons de munitions, la jeep va bientôt tomber en panne et t'es blessé. Qu'est-ce que tu en penses ?
- Je...j'en pense que c'est mal parti...non ?
- Non."

Daemon O'Connell fit apparaître ses dents blanches sous sa bouche recouverte de maquillage furtif. Dans cette aube qui prenait la place d'une nuit troublée et sanglante, il semblait comme un vestige des ténèbres qui s'en allaient, poussé dehors par le jour levant, ses rayons vengeurs et vainqueurs...et leurs poursuivants, aussi. Surtout eux, en fait.

"Mais...mais...
- J'ai déjà été dans ce genre de situation. Je m'en suis sorti.
- Ah...c'est rassurant...
- Pas pour toi.
- Pour...pourquoi ?
- Je m'en suis toujours sorti. Ca n'est pas toujours le cas de ceux dont je devais m'occuper."

Dean Foster déglutit difficilement. Quelques heures plus tôt, il était encore l'otage d'une milice d'extrême-droite en Israël, dans le Sud du pays. Il était un citoyen du pays le plus détesté de ses voisins et il avait été enlevé par d'autres citoyens d'Israël, mais antisémites. L'ironie de la situation ne lui échappait pas.

"Mon dieu...mon dieu...
- Allez, t'en fais pas. Ca va..."

Daemon s'était tourné vers Dean pour tenter de le réconforter, mais il n'avait alors plus fait attention à la route. Comme toujours, il n'était pas blessé et la mission s'était plus ou moins bien passée, mais il fallait encore que quelque chose ne fonctionne pas bien. Là, ce fut de sa faute : en n'étant pas assez concentré, il ne vit pas la pierre devant lui et la jeep faillit rouler sur elle-même.
Heureusement, dès le choc, l'agent parvint à donner des coups de volant suffisants pour garder la ligne et par miracle, la jeep arrêta de tanguer. Néanmoins, Dean s'était rendu compte de tout ça et était encore plus terrifié qu'avant. L'extraction n'allait pas être facile, mais il le savait avant.

Ses chefs l'avaient chargé de récupérer ce type, enlevé par des néonazis qui désiraient exister aux yeux de leur nation pour des raisons totalement stupides. Il savait déjà que quelques gamins étaient assez crétins pour se dire fanatiques d'Hitler en Israël, mais il n'avait pas imaginé qu'ils bénéficient d'une structure aussi évoluée. Ils étaient en train de créer leur propre petite milice, et O'Connell n'aimait pas ça.

Fondamentalement, il n'avait pas une haine personnelle des racistes et des extrêmistes : ses parents n'étaient pas morts dans des camps, par exemple ; simplement, comme tout être un tant soit peu évolué, il ne supportait juste pas qu'on porte aux nues des tarés comme ça et qu'on se repose sur des idées aussi limitées. Il ne comprenait pas comment des enfants de déportés pouvaient partir dans ce genre de chemins, mais il sentait bien que le pays devrait bientôt trouver une solution à ce problème. Ca n'était néanmoins pas pour ça que c'était son problème.

En fait, on l'avait envoyé ici parce que Foster était un cousin d'un haut-gradé américain qui ne supportait pas que le gamin de vingt-deux ans puisse être blessé ou maltraité. On avait décidé de l'envoyer à cause de son habileté à se sortir toujours de chaque problème, mais il avait du mal à gérer ce genre de missions depuis le Darfour...depuis que la petite y était passée.
Daemon avait continué ses activités pendant plus de dix ans, oui. Mais il était toujours mal à l'aise quand il devait évacuer quelqu'un en jeep dans une telle situation. Ca lui rappelait trop de souvenirs. De mauvais souvenirs.

"Oh non !"

Perdu dans ses pensées, O'Connell ne vit pas Dean se retourner pour voir où en étaient ses ravisseurs, qui l'avaient enlevé alors qu'il faisait une sortie avec des habits le soir. Ses potes et lui étaient tombés sur une "opération" de ces tarés et il avait été le seul survivant, comme monnaie d'échange. Tout ça était très sanglant, vicieux et dérangeant : leurs ennemis avaient bien retenu la leçon de leurs idoles. Mais ils n'étaient pas les seuls à pouvoir jouer à ces petits jeux.

Malheureusement, l'agent se rendit alors compte qu'ils avaient de meilleurs jouets que lui.
Il ne savait pas comment ils avaient pu se dégôtter leur bazooka et surtout comment il avait fait pour ne pas écouter son instinct. Il arrêta de regarder ces types après le premier coup d'oeil : il n'avait pas besoin de plus pour savoir ce qu'il allait se passer. Et ce qu'il devait faire...ce qu'il devait absolument faire.

Sans réfléchir, il accrocha la chemise ensanglantée de Dean et sauta de la jeep tandis que le projectile se dirigeait rapidement vers le véhicule, priant pour qu'il ne revive pas ça. Les deux hommes étaient encore en l'air quand l'explosion retentit dans l'air, et ils furent projetés vers le sol par un souffle d'une violence rare. Il entendit le gamin crier de douleur, mais c'était une bonne nouvelle : ça voulait dire qu'il était vivant.

Lui-même aurait dû avoir des côtes cassées ou des bouts de métal dans le corps, mais cette bonne vieille peau ne l'entendait pas comme ça. Toujours muni de ses lunettes de soleil pour qu'on ne remarque pas ses yeux orangés, il se releva et craqua ses phalanges. Les néonazis arrivaient par deux camionnettes et il était clair qu'ils allaient les massacrer.
Ils se fichaient bien d'avoir un otage israëlien s'ils pouvaient se targuer de l'avoir abattu en compagnie d'un agent américain. D'une part, ça mettrait le pays en mauvaise posture vis-à-vis de ses habitants car il avait eu besoin d'une aide internationale - s'il l'avait demandée - et surtout ça leur permettrait de faire régner un climat de peur dont ils profiteraient. Pour eux, c'était Noël mais Daemon n'allait pas tendre l'autre joue, lui.

"Ne bouge pas.
- Pas...ah ! ma jambe...pas la peine d'le dire..."

O'Connell avait encore des étoiles dans les yeux à cause de l'explosion, et le rendez-vous ne viendrait pas de suite les chercher. Il était établi que si l'hélicoptère ne les voyait pas à la bonne heure au bon endroit, il repartirait. Il fallait appuyer sur une balise dans sa poche pour leur demander de venir, et il venait de le faire. Seulement, ils ne seraient pas là avant plusieurs minutes, et vu l'air de la douzaine de types qui descendaient des camionnettes, ils ne disposeraient pas de ce temps-là.

Normalement, Daemon aurait eu du mal à s'occuper de ces types : il le pouvait parfaitement, mais il devait aussi protéger Dean et lui éviter une balle perdue. Ces tarés voulaient du sang, voulaient "buter du juif" alors qu'ils étaient eux-mêmes israëliens. Leur logique était absente, leur intelligence inexistente et leur air avec leurs crânes rasés et autres croix gammées tatouées sur leurs tempes ou leurs pectoraux...seigneur, pensa-t-il. Ca lui rappelait une vieille BD lue dernièrement, avec un taré en costume de Dracula tapant plein de types et emmenant une gamine rousse avec lui, déguisée en oiseau rouge et or. C'était psychédélique et ultra-violent ; ça résumait un peu ce qui allait se passer ici, finalement.

"Je suppose qu'aucune négociation n'est possible ?
- Connard de ricain, je pisserais sur ta femme et violerais ta mère.
- Wow...une telle phrase ? Avec autant de mots ? Dite par toi ? Sans aucune note ? Tu m'impressionnes !
- Ferme ta grande gueule !"

Les douze salopards levèrent leurs armes : c'était de la belle artillerie. Daemon reconnaissait quelques jouets qui ne pouvaient que venir de l'armée américaine et il pesta intérieurement contre l'hypocrisie de son Gouvernement vis-à-vis de la vente d'armes. Néanmoins, il ne devait pas penser et il le savait : il devait laisser son corps parler pour qu'ils aient une chance de s'en tirer. Seulement, c'était bien moins facile que d'habitude.

Toute cette poursuite, l'explosion, ça lui rappelait le Darfour et comment la gamine était morte, comment il avait failli à la protéger. Ca le hantait toujours et il ne supportait pas de revenir dans le pays à cause de ça. Même si ça mécontentait ses chefs, il refusait chaque mission là-bas et dormait encore plus mal depuis lors.
La disparition de la petite, c'était la pire chose de son existence. L'innocence avait été fauchée ce jour-là parce qu'il n'avait pas su faire ce qu'il fallait à temps. Même si Dean n'avait rien à voir avec l'enfant, même s'il avait des côtés sombres (il était un petit dealer, par exemple : il l'avait appris en lisant son dossier), il devait le sauver. Autant pour lui-même que pour Daemon.

"J'vais ravager toute ta famille ! Castrer ton fils !
- J'ai pas de fils. Un cousin vient d'avoir un p'tit gosse, Kenny, mais moi j'y suis pas encore passé. Vous êtes vraiment orduriers, hein ?
- Crève !"

Un des types qui avait parlé s'apprêtait à tirer mais Daemon s'était déjà élancé vers eux. Décontenancé, ses potes n'osaient pas tirer mais lui vidait son chargeur sur l'agent qui fonçait vers lui. Sans aucun effet : les balles ricochaient sur la combinaison d'O'Connell, qui souriait avec ses lunettes de soleil. Il aimait ça.

Arrivé devant lui, il leva son bras droit vers le crâne ennemi, les doigts repliés à la première phalange dans un geste appris lors du stage au Mossad. Son poigt rencontra le nez de son adversaire, l'os remontant vers le cerveau : mort immédiate. Par une technique apprise par ses propres "frères", en plus ; un vrai cercle vicieux, finalement.

Ses copains se reprirent vite et allumèrent Daemon, mais il s'en fichait toujours autant. Il avait perdu son flingue dans l'explosion, mais il n'en avait pas besoin. Ses saletés méritaient une correction, il allait la leur donner.

Maintenant, ils n'étaient plus que onze, tirant sur lui autant que possible. Sa peau était impénétrable et empêchait tout contact : O'Connell ne savait plus ce que c'était que le contact humain depuis son adolescence, mais ça lui était bien utile dans sa profession. Et, malheureusement pour ses ennemis, sa peau n'arrêtait pas les balles : elles rebondissaient sur lui ; dans un tel rassemblement de personnes, ça pouvait faire des dégâts. Déjà deux à terre grâce à ça.

La main ouverte et droite, l'agent frappa violemment le ventre d'un des chauves, qui ne put s'empêcher de se courber de douleur. Un simple coup avec le tranchant de la main sur la nuque suffit à régler son cas, alors que son voisin, qui essayait de tuer Daemon en visant ses yeux, sentait sa main être écrasée par la poigne de fer de son adversaire. Criant de douleur, il ferma les yeux par réflexe et ne vit pas le poing déjà assassin d'O'Connell le frapper en pleine gorge, écrasant tout ce qui était possible d'y trouver.
Plus que sept, et il n'avait commencé que depuis vingt secondes. Il avait fait mieux mais ça n'était pas mal.

Bien sûr, les autres se mirent alors à hésiter ou à redoubler d'efforts pour venger leurs camarades. Ils criaient, l'insultaient mais O'Connell n'en tenait pas compte. Comme au Darfour, il était perdu dans une rage destructrice qui ne visait qu'à lui donner ce qu'il attendait : du sang. Il ne supportait toujours pas d'avoir perdu la gamine, et il avait besoin de taper sur quelque chose. Quelque chose d'humain.

Il se jeta sur le sol et roula jusqu'à atteindre deux autres néonazis, qui avaient vidé leurs chargeurs pendant sa roulade. Le premier sortait son couteau alors que le second reculait, mais tous deux furent frappés sous la ceinture avec une force terrible. De suite, du sang se mit à couler de leur bouche et ils hurlèrent de douleur, mais Daemon n'allait pas s'arrêter là.
Pour le premier, il le frappa au visage jusqu'à ce qu'un craquement ne retentisse, tandis qu'il faisait tomber le second. Celui encore debout se tordait de douleur et ne voyait plus rien, son nez brisé ayant éclaboussé sa face de sang, et il put à peine sentir la poigne de l'agent qui le tournait pour en faire un bouclier. Abattu par ses collègues qui voulaient le protéger, sa m$ort avait été rapide, ce qui n'allait pas être le cas de son copain.

Cinq hommes restaient et s'acharner à tirer sur Daemon, mais celui-ci s'assit sur le torse de l'homme à terre et commença à le frapper au visage. Coup après coup, le néonazi sentait sa face être réduite à néant : malgré les tirs de ses camarades, malgré leurs tentatives pour l'arrêter, l'agent continuait, encore et encore. La chair s'enlevait, le sang se posait sur ses phalanges mais il s'en fichait.
C'était mal ? Oui et il le savait. Mais ces types ne méritaient rien d'autre et lui avait besoin de taper et même de détruire quelque chose.

Finalement, après de longues secondes d'inhumanité, Daemon s'arrêta, laissant là une sorte de chose vaguement humanoïde mais bien loin d'une quelconque humanité. Ses camarades hurlaient de rage et promettaient l'enfer et ses horreurs à leur agresseur, mais lui ne pouvait s'empêcher de sourire face à ça.

D'un geste, il tua celui qui était à sa gauche en lui faisant le coup du lapin alors qu'un de ses copains essayait une attaque frontale au couteau. Stupide. Daemon arrêta l'arme avec sa main, la récupéra et la planta en six secondes à peine dans son coeur. Ils n'étaient plus que trois alors, tous derrière lui. C'était trop facile.

En prenant une grande inspiration, O'Connell fit un grand bond en arrière. Il entra en contact avec l'un des néonazis, qui s'écroula juste sous lui. Les deux autres hésitèrent à tirer, et il prit dans sa poigne la main de son adversaire au sol qui tenait sa mitraillette. Il le força à appuyer sur la gachette et à ravager les crânes de ses deux camarades.
Ils tombèrent quelques secondes après, et l'agent se releva, calmement. Il jeta un regard froid et insensible vers le terroriste sous ses lunettes de soleil et donna un grand coup de bien dans son crâne, lui brisant la nuque immédiatement.

Et c'était fini.

En cinq minutes au maximum, il avait réduit le petit groupe à néant. Dean s'était évanoui de suite après l'explosion et l'hélicoptère vint les récupérer quelques instants plus tard. Personne ne posa de questions à Daemon sur les corps retrouvés près de la jeep en flammes ou sur le sang sur sa combinaison et ses mains - personne ne voulait entendre les réponses. Daemon avait fait ce qu'il pensait être bon parce qu'il en avait eu besoin ; ça n'était peut-être pas bien, ça n'était peut-être pas moral mais ça le ferait peut-être mieux dormir. Et ça, ça n'avait pas de prix.
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  #147  
Vieux 01/01/2009, 18h12
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Posté par Deadpoule
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Bon comme promis :
Bravo ! Tout le long du récit (jusqu'à la fin), je m'imaginais que le héros du récit était Kev' le personnage de Garth Ennis ! Tout à fait le genre de merde dans lesquelles il peut se retrouver. J'ai vraiment apprécié la psychologie de Daemon, puis l'action y est bien menée. Du tout bon. Je disais jusqu'à la fin, car la petite révélation sur ton héros est très bonne. Une très bonne conclusion. Après ça, je pouvais plus imaginer que Daemon ressemblait à Kev', plus après ça. Après ça, il était devenu dans mon esprit bien plus qu'une analogie. Mais un personnage entier, original, dont j'aimerais bien suivre les prochaines aventures
Ben il est passé où ce cher Deadpoule qui voulait lire cette suite ?
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  #148  
Vieux 01/01/2009, 23h04
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Malheureusement, je viens de moins en moins sur le forum, je n'arrive plus à trouver le temps comme avant de lire tous tes textes (et ceux des autres aussi) ainsi que d'en écrire de nouveau.. et ça m'attriste vraiment !
Des fois j'aimerais devenir un être mi-humain mi-ordinateur, constamment relié au web par un système wifi émanant des ramifications synaptiques de mon esprit, compilant des dizaines de pages web en quelques secondes, postant des messages en une pensée...
Mais je ne suis qu'un simple mortel. Et tout comme vous, je me bats dans mon quotidien afin de trouver ma place et de la tenir assez droite pour ne pas me casser la figure dans le petit creux, là, près du pied de ma chaise, que je vois du coin de l'oeil, et que je surveille, qui pourrait causer ma perte tôt ou tard.
__________________
- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-(
Maman

>> J'écris des trucs ici
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  #149  
Vieux 01/01/2009, 23h13
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T'as qu'à le combler, le creux.
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  #150  
Vieux 02/01/2009, 10h58
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Peux pas XD
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- Bon, fallait s'y attendre, je comprends rien à cette BD ; je ne sais même pas comment la lire ; et en plus c'est écrit très petit et la police est moche :-(
Maman

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