Reviews of the Week : DC (Sorties du 2 Mars 2005).

[Niglo]

Detective Comics #804
City of Crime, part 4
(Lapham/Bachs/Massengill)

Batman est l’un des personnages qui actuellement me procure le plus de plaisir de lecture. Entre le Batman de Winick & Mahnke et le Detective Comics de Lapham & Bachs (plus quelque one-shot de temps à autres, voir le récent The Man who laughs), il y a de quoi se réjouir.

City of Crime se poursuit donc, toujours plus noir – la scène d’introduction de cet épisode est assez terrible et magistralement mise en scène – et passionnant. Cet épisode se focalise en particulier sur le personnage de Mister Freeze. Dans les pages de Batman, Winick le traite comme un tueur impitoyable, il est ici plus impressionnant encore, fou à lier et parfaitement imprévisible.

Si City of Crime est pour l’instant une réussite, outre les qualités de l’écriture de Lapham, une bonne partie du mérite en revient également à Ramon Bachs et au coloriste Jason Wright. Ensemble ils ont su donner à Gotham une ambiance sinistre, ténébreuse, qui sied à merveille au récit. Des rues de la cité noyées sous une pluie perpétuelle aux intérieurs chichement éclairés, l’ambiance est constamment pesante, désespérée. C’est superbe.


Deadshot #4
(Gage/Cummings/Palmiotti)

Avant dernier épisode de cette mini-série. Deadshot y affronte un adversaire résistant aux balles (à un ou deux endroits près, évidemment les endroits où cela fait le plus mal), puis s’interroge sur sa capacité à abandonner son rôle de tueur à gages pour mener une vie normale aux côtés de ceux qu’il aime et au cœur du quartier qu’il a ‘nettoyé’. La conclusion de l’épisode laisse supposer qu’il n’aura pas le temps de se poser ces questions très longtemps.

Christos N. Gage a su tirer profit des possibilités qu’offre un personnage tel que Deadshot. Possibilités certes assez restreintes, on se trouve sur un terrain extrêmement balisé (le tueur qui décide de poser ses flingues pour mener une vie normale, mais que son passé rattrape, combien de westerns et de polars ont été bâtis sur ce schéma ?) mais le personnage et son entourage sont traités de façon intéressante. Bref, c’est ultra-classique mais ça fonctionne tout à fait bien.




Fallen Angel #19
(David/Lopez/Blanco)

Retour de notre Ange Déchu préféré, ainsi que de deux invités surprises, Sachs et Violens, personnages créés par Peter David et George Perez (qui signe la couverture de ce numéro) au début des années 90 et firent l’objet d’une mini-série publiée par Marvel.

Et c’est donc de sexe et de violence dont il est question ici. Après les évènements s’étant déroulés dans l’épisode précédent, quelques mois plus tôt, Lee apparaît plus paumée que jamais, s’interrogeant de plus en plus sur le rôle qu’elle est censée jouer à Bête Noire, encline à de brusques accès de fureur, et finissant par aller chercher refuge et conseil chez Bumper, la tenancière du bordel local.

Pas d’interaction dans cet épisode entre Fallen Angel et Sachs & Violens. On a ici deux récits parallèles, la dérive de Lee d’un côté, l’arrivée en ville de Sachs & Violens de l’autre, à la recherche d’un réseau de pédophiles qu’ils comptent démanteler. Les pages mettant en scène Sachs & Violens correspondent bien aux souvenirs que j’ai de la mini-série (pas relue depuis sa parution), le ton est assez goguenard et rend leurs aventures plaisantes à suivre. Du côté de la Fallen Angel, l’ambiance est plus trouble, à la fois par ses réactions violentes et par ses pulsions sexuelles qu’elle cherche à assouvir. L’ensemble fonctionne très bien, Peter David passe d’un registre à l’autre avec aisance. Toujours aussi bon, en somme.


Firestorm #11
(Jolley/Eaglesham/von Grawbadger)

Ronnie Raymond étant de retour dans la partie, cet épisode fait le point sur la situation, la coexistence des deux versions de Firestorm, et un petit flashback sur les origines du premier du nom. La fusion des deux personnages permet à Dan Jolley de poursuivre sa description d’un adolescent parvenant difficilement à mesurer l’importance du rôle que l’obligent à jouer ses pouvoirs, mais qui désormais se voit doté d’une petite voix toujours présente pour le remettre sur le droit chemin et lui rappeler ses priorités.

Je ne sais pas combien de temps les deux personnages vont cohabiter, en attendant Firestorm continue d’être une très bonne lecture, sans doute plus classique depuis quelques numéros (depuis le retour de Killer Frost plus exactement) mais pas moins réussie.




Legend #1
(Wildstorm)
(Chaykin/Heath)

Legend, nouvelle mini-série des vétérans Howard Chaykin et Russ Heath, se présente comme une adaptation libre de Gladiator, roman de Philip Wylie. Gladiator est paru à l’origine en 1930, et est généralement considéré comme l’œuvre qui a inspiré la création de Superman. De nombreux comics ont rendu à leur façon hommage aux débuts de Superman et à ses créateurs (encore récemment le premier arc du Supreme Power de Straczynski), Chaykin lui choisit de remonter à la source première du mythe. Mais le résultat final est sensiblement le même.

Je ne sais pas jusqu’à quel point Chaykin se montre fidèle à son matériau d’origine (pas lu, et à ma connaissance jamais traduit par chez nous). Le concept de base est des plus familiers : un scientifique a mis au point un sérum qui, testé sur des animaux, va multiplier par 100 leur force. Il décide ensuite de tenter son expérience sur un être humain, et inocule le produit à sa femme enceinte. Quelques mois plus tard naît un garçon, Hugo, dont les capacités n’ont pas fini d’étonner ses parents.

Ce premier épisode propose diverses scènes qui sont devenues des classiques de ce type de récit : le gamin maltraité par ses camarades de classe qui va soudain leur faire une démonstration de sa puissance, son intervention pour aider un blessé lors d’un accident de la route, la découverte progressive de l’étendue de ses pouvoirs, etc. Le jeune garçon, Hugo, n’est pas présenté comme un brave boy-scout benêt heureux de faire le bien autour de lui, mais au contraire il va s’interroger sur son statut d’homo superior et sur le type de relation qu’il pourra entretenir avec le reste de la population (a-t-il vraiment des comptes à leur rendre ?). Tout cela rapproche Legend de nombreuses relectures du mythe de Superman que l’on a pu lire depuis une vingtaine d’années.

D’un autre côté, l’histoire conserve un cachet rétro, de par le contexte dans lequel elle se déroule (une petite bourgade américaine du milieu du vingtième siècle, où la religion occupe une place centrale) et par le réjouissant travail de Russ Heath. Certaines scènes évoquent également les récits d’horreur des années 50 (celle avec le chat tueur en particulier, dans les premières pages de ce numéro).

Legend n’offre rien de nouveau donc, ce qu’elle ne prétend pas vouloir faire de toute façon. Il s’agit d’une énième variante de la plus vieille histoire du monde des comics, mais le talent de ses auteurs en fait une lecture plaisante sinon indispensable.


Razor’s Edge : Warblade #5
(Wildstorm)
(Ridley/Bisley)

Fin de cette mini-série et retour à une situation plus classique pour le personnage. Ce titre m’aura donné une impression étrange tout du long, le scénario extrêmement sombre de John Ridley marié aux dessins outranciers de Simon Bisley lui donnant une tonalité vraiment bizarre. Ca n’est pas un chef-d’œuvre, loin de là, mais ça ne ressemble pas à grand chose d’autre actuellement disponible. Une curiosité.

[mr nix]

Bonnes reviews, Niglo.

Pour Legends, j'ai trouve rafraichissante la maniere dont la mise en place se fait, surtout pour la maniere dont Chaykin sait pimenter son histoire par des petites observations sociales pas innocentes (je suis impatient de voir la guerre debouler, probablement dans le prochain episode s'ils suivent la chrono de l'histoire originale). Et puis bon, meme si Russ Heath n'est plus au niveau qu'il avait il y a 30 ans, il a quand meme de beaux restes niveau storytelling (j'ai pense pas mal a du Tim Truman en moins caricatural). En tout cas c'est vachement mieux que la tentative avortee de Roy Thomas et je ne sais plus quel tacheron de dessinateur qu'on a pu voir passer dans Alter-Ego.

[Niglo]

	Citation:			Posté par mr nix
	je suis impatient de voir la guerre debouler, probablement dans le prochain episode s'ils suivent la chrono de l'histoire originale

Ca se passe quand exactement ? Ce n'est pas daté, mais certains détails (les véhicules, la télévision, les posters de Mad, Dean et Presley) me faisaient penser aux années 50-début 60.

Et ce premier épisode est fidèle au roman ?

[mr nix]

C'est fidele au resume du roman que j'avais lu dans Alter-Ego. Apparemment le truc se passait avant la guerre de '14. La dans le comic je dois dire que je ne suis pas trop sur de l'epoque, j'ai pas trop fait gaffe, mais a mon avis c'est la que va le second episode, meme s'ils remplacent WW1 par WW2 ou la Coree ou meme le Vietnam.

[Tuco]

Quand Niglo nous dit qu'il trouve les comics Batman passionnants je pleure parce que moi en VF je me coltine la sombre merde Bat/Sup par Turner et Loeb dans le magazine Semic Batman. Heureusement il y a du bon Brubaker en backup.

[Paulie Walnuts]

c'est vraiment joli, le bachs, là? parceque les trucs que j'avais vu de lui étaient très bof, mais pas vu une page de TEC. Le fait que ce gars ne soit pas Sienkiewicz m'a coupé toute envie de lire le run de Lapham, mais je vais finir par y aller je crois (mais aussi bon que ce soit, et il y a toutes chances que ce soit le cas, je ne peux pas enlever ce fait de mon crane: Batman, Lapham/Sienkiewicz, ça sonne tellement comme un orgasme sans fin que merde, je veux vivre dans la réalité où ce truc exste) quand ce sera tpbisé.

[Niglo]

Bachs n'est clairement pas la révélation de la décennie, mais son travail colle parfaitement à l'ambiance du récit.