Batman - Grave Consequences

[Rhodey]

Under the Hood – Batman #635 – 638
Family Reunion - Batman #639 – 641
Winick, Mahnke (Lee - #640), Nguyen (Smith - #640)

Ceux qui lisent en VO, suivent simplement les previews, ou connaissent bien l'univers de Batman, comprendront immédiatement qui est Red Hood. Pour les autres, vous pouvez lire la critique normalement sans risque, mais ne dévoilez pas les spoilers !

J’ai lu ces deux arcs ensemble, et j’ai choisi d’en faire un commentaire commun en raison de la proximité des histoires. L’histoire débutant dans le #635 se boucle réellement dans le #641. La séparation est purement formelle, les histoires seront même sûrement regroupées en TPB.

Winick se débrouille bien sur cette histoire. Elle est très abordable quelle que soit l’expérience du lecteur dans l’univers de Batman. On se retrouve rapidement plongé dans le Gotham City post-War Games avec ses principales conséquences qui ont bouleversé (ou non, dépend de quel point de vue on adopte, et avec quel degré de cynisme on juge). Ne pas avoir lu le maxi-crossover n’est donc pas un problème, Winick n’oubliant pas de distiller les informations. Voilà pour le cadre.
Concernant le récit en lui-même, il met en scène l’arrivée à Gotham d’un nouveau « justicier costumé » : Red Hood. Je reviens sur lui plus bas car il est difficile de parler de ce personnage sans spoiler. Le nouveau joueur débarque donc dans un Gotham post-War Games aux mains de Black Mask et commence à lui mettre le bordel dans son business. On se retrouve donc dans un jeu à trois : Black Mask vs Red Hood vs Batman. Les intérêts des deux derniers auraient tendance à être convergents mais leurs méthodes sont radicalement divergentes.

Pour faire simple, Red Hood est une sorte de Punisher. Mêmes méthodes, même comportement. A priori un nouvel ennemi pour Batman, il s’avère qu’il a des motivations assez proches de celles du Dark Knight, excepté que lui a franchit la désormais très fameuse « ligne » symbolisée par le meurtre, celle qui sépare les justiciers affiliés bad-guy des vertueux qui valent-mieux-que-les-ennemis qu’ils affrontent. Red Hood porte également un secret qui est directement lié au passé de Batman que les lecteurs un temps soit peu informés de l’histoire du héros vont vite découvrir, Winick ne faisant rien pour le préserver de toute manière

(après Hush de toute façon ça aurait été ridicule).

L’intérêt de l’histoire n’est pas tant l’identité de Red Hood que la réaction de Batman qui la pressent très rapidement et commence à se démener pour trouver une explication.

D’ailleurs, aussi bien pour le lecteur que pour Batman, les détails sont savamment distillés petit à petit de manière à conforté le lecteur dans l’évidence tout en lui laissant un espèce de petit espoir masochiste qu’il y a erreur.

Au-delà de cette intrigue qui occupe les esprits, Winick n’oublie pas de fournir une bonne dose d’action. Black Mask a fort à faire pour contrer les actions d’un Red Hood très doué. Cet affrontement est l’occasion de quelques bonnes scènes d’actions impliquant Batman, Nightwing, Freeze, Onyx et les portes flingues habituels. L’histoire avançant, Winick place un peu de subtilité dans le jeu de Red Hood qui ne se limite pas au simple rôle de Nemesis que l’on attend dès le départ.
Au-delà des deux têtes d’affiches, c’est Black Mask qui tire son épingle du jeu. Tour à tour fou, violent, sensé, mais toujours très drôle, il s’avère plus intéressant à suivre que la pâle copie de Crâne Rouge que j’attendais au départ. Il n’a peut-être pas l’envergure pour sortir du lot sur le long terme au sein de la galerie d’ennemis de Batman déjà bien étoffée, mais dans cette histoire il fait un complément très satisfaisant.

Les dessins de Mahnke sont une satisfaction. Il a beaucoup de dynamisme dans son trait, ce qui aide beaucoup dans les scènes d’action. Il est également à l’aise dans les gros plans sur les personnages, expressions ou attitudes. Il est capable de rendre des cases stylées sans pêcher par excès de maniérisme ou de détails, d’ailleurs ça m’a l’air plus clair que sur JLE où le nombre de personnages et l’ambiance parfois cosmique m’ont semblé moins profiter aux dessins de Mahnke. A vrai dire j’ignore depuis quand il dessine, j’ai vu sur le net qu’il avait fait la JLA, et à part ça ? Il me fait beaucoup penser à ce que réalisait Ramon Bachs quelques années en arrière, sur des comics Star Wars notamment. Depuis, Bachs a pas mal évolué comme on a pu le voir récemment sur une autre série Batman (Legends of the Dark Knight ?). Mahnke et Nguyen ont eu un fill-in sur le #640, Paul Lee aux dessins et Cam Smith à l’encrage, avec des dessins un peu fades. Un mot sur les couvertures dans un style totalement décalé par rapport à Mahnke. Personnellement, à l’exception de celle du #637, je n’aime pas du tout. Le style ne me gêne pas habituellement, mais là je trouve que ça ne colle pas au personnage et/ou au contexte.

Finalement, on a une histoire très sympa à suivre. Un mélange très équilibré entre scène d’action, enquête, révélations explosives. Winick n’a pas oublié de mettre une petite touche de pré-Crisis qui relie cette histoire au futur crossover, et à au moins deux aventures (pour ce que j’ai pu identifier) de ces dernières années. L’ensemble se lit tout seul, c’est très attrayant pour un nouveau lecteur de Batman, peut être trop conventionnel pour un ancien (voir décevant par rapport à la révélation/non-révélation). Le lecteur restera quand même un petit peu sur sa fin à cause du final et de son absence d’explication

quant au comment de la résurrection

. Pour l’anecdote, j’ai lu cette aventure au même moment que Nightwing Year One qui est venu compléter certaines informations qui me manquaient,

notamment en donnant un visage et une personnalité à Jason Todd que je ne connaissais que de réputation.

Ce qui explique les commentaires que j’en ai fait sur Buzz :
http://buzzcomics.net/showthread.php?t=12847

Pour conclure,

un inévitable commentaire sur le « retour » des morts. En quelques mois, DC enchaîne Hal Jordan, Donna Troy (même si là, contrairement à certains, je ne me permettrais pas de juger alors que je n’ai pas lu The Return), Supergirl (discutable ici aussi) et ici Jason Todd. On peut s’interroger sur le bien-fondé de tous ses retours. Panne d’imagination des auteurs ? Bonne idée qui est réfutée en bloc par les lecteurs trop souvent échaudés ? Comme d’habitude, il faut attendre. Sur le fond, Crisis va remettre en partie les compteurs à zéro, et certaines résurrections peuvent participer au grand « schéma » en place. Sur la forme, on peut regretter que les éditeurs, dans leur course à l’hyper communication, tourne ça à la dérision et au jeu faute de pouvoir donner des justifications sérieuses. Leur fond de commerce, c’est avant tout des histoires convaincantes, pas de la comm. La rigolade marche un temps puis il y a un moment où chaque lecteur trouve sa limite…