Golden Age

[anteus]

Chapitre 5 : Le point de vue de Lex Luthor :

Je contemple Luthor assis près du feu, dans un costume assez coûteux. Il écrit une lettre à son père, comme il doit s’en vouloir. Il est insomniaque à présent, déjà qu’avant il dormait peu :

Papa, à ta mort tout change. Moi le fils unique de la famille me voilà à la tête d’un empire financier tel que tu n’en as jamais eu. Tu me voulais pauvre, je me voulais Dieu. Ne m’en veux pas de t’avoir tué car après tout tu as atteint un de tes plus secrets désirs : devenir immortel.
Vois-tu, comme je te le disais bien des choses changent. J’ai pu le constater en allant à Smallville au soir de ta mort et je suis désormais certain que des extra-terrestres foulent cette terre. N’y as-tu pas pensé, toi et des millions de gens quand la flamme des super-héros de la seconde mondiale brûlait de si loin qu’Hitler lui-même en tremblait ? Je hais tous ces héros. Crois-moi. Pas autant que toi, mais je hais par-dessus tout ce garçon que j’ai vu.
Cette nuit-là j’ai vu un homme arriver en courant. Il courait si vite que Flash lui-même aurait pu en avoir peur. Un jeune homme brun au cheveux courts. Il m’a regardé de ses yeux bleus, il éprouvait même de la peur et aussi un peu de plaisir pervers que je le vois. J’ai perçu tout cela dans ses yeux en l’espace d’un instant.
Cher père, cet homme est mon pire ennemi. S’il n’en existe pas d’autres. J’ai peur que tu ne sois pas fier de moi si je ne remplis pas la tâche que je me suis fixé. Je débarasserai la terre de ces faux titans, et alors la splendeur humaine rayonnera.

Il plie la lettre. Pose son stylo à côté de lui. Son sourire montre un visage satisfait. Il a débarrassé toute sa haine sur du papier fabriqué en Inde parfumé à la cendre d’un arbre qu’il n’a jamais vu.
« Tu es fou Alexander. Tu mérites d’être soigné. »
Sa colonne se raidit, la sueur perle de son front. Il n’ose se retourner et pourtant il le fait.
« Papa ? »
L’imposante structure du père réduit à néant les espoirs de sagesse du fils, cette nuit encore. Cette nuit encore de fichue.
« Tu me crois mort et bien enterré ? Je n’aurais de cesse de revenir vers toi tant que je n’aurais trouvé le chemin que je souhaite.
_Quel chemin, papa ?
_Pourquoi m’appeler papa, fils ? De mon vivant tu ne m’as jamais appelé comme ça.
_Réponds.
_Je cherche le paradis mon fils, et il passe par ta rédemption. »

L’ombre s’est évanouie, d’ailleurs ce n’était que ça non ? Il en doute encore. Les frissons le parcours à nouveau, et il se recoupe les cheveux de plus près.
« Pourquoi t’être coupé les cheveux, fils ?
_Pour ne pas te ressembler, père.
_Tu as arrêté de m’appeler papa. »

Il n’est pas là, il n’y a que la voix, celle qui crie dans le noir que tout assassin doit-être puni. Déjà elle s’estompe, elle n’est plus qu’un murmure, ou alors rien du tout.
Reste les crépitements des flammes.
Lex avait pourtant écrite une belle lettre, mais les aveux ce n’est pas son for, je le sais. Son regard se perd, il se fait feu, la lettre y tombe d’elle-même. C’est peut-être lui qui l’a voulu.
Il est resté longtemps devant le feu, debout, a regardé des formes magiques se déhancher. Il lui fallait retourner à Smallville, c’était son destin.
Debout devant les flammes une forme bleu jaune et rouge, moi en somme, qui l’observe sans bouger. Je suis le visiteur invisible de ma propre époque. Je remonte le temps, un truc que je vous expliquerai plus tard.
Lex se retourne, me toise du regard. Je ne suis pourtant qu’un fantôme, mais je frissonne à l’idée qu’il pourrait me voir. Finalement il ne dit qu’un mot :
« papa »
Et puis s’effondre sur le fauteuil. Demain il retournera à Smallville.