Que lisez-vous en ce moment ? (part III)

[EsseJi]

Deux de mes dernières lectures de matériel récent m'ont emmené en Chernaya. Et ce n'est pas un hasard, car les deux titres sont écrits par Matthew Rosenberg.

Avec les séries Tales of Suspense et Punisher, le scénariste utilise l'univers partagé à travers ce pays imaginaire. Il n'y a pas que les personnages qui font le ciment de l'univers Marvel, les lieux aussi, et Rosenberg exploite très bien le concept. Avec tout d'abord dans Tales of Suspense la manifestation des étudiants, la mort de l'ambassadeur des USA et la prise de pouvoir des militaires. Ensuite dans Punisher, on voit le héros à la gachette arriver sur les lieux alors les militaires sont au pouvoir, et il tente de lutter contre ce régime.

Un énorme bravo à Matthew Rosenberg, j'adore quand les scénaristes font des liens entre leurs séries, je pense à Busiek sur Avengers et Thunderbolts, David sur Incredible Hulk et X-Factor et même Bendis à ses débuts entre Alias et Daredevil.

[FredGri]

Entre les tonnes de Franco belgeries, de mangas il m'arrive de lire aussi du comics, et là je tente bien timidement de rattraper mon retard sur la prod du duo Brubaker/Phillips !
Bon, je n'ai toujours pas lu la fin de Fatale, mais je viens de dévorer le premier volume de The Fade Out.
Je sais qu'on peut reprocher aux auteurs de rester dans du polar hardboiled bien classique, mais c'est exactement aussi ce que j'attends d'eux, donc c'est parfait et ce Fade Out act one en est un très bel exemple.
C'est extrêmement bien ficelé, avec un sens du texte et une efficacité dans la mise en scène qui donne envie de suivre ce duo sans se poser de question !
Donc du très bon boulot et deux autres tpb à commander dorénavant !!!

[FredGri]

Je viens de finir le premier numéro de The Tempest, la dernière histoire de LOEG en date (et j'ai cru comprendre que ça serait la dernière tout court !)
Et franchement on est gâté. Moore s'amuse avec son background, avec les codes de la BD et O Neil reste toujours fidèle à lui même en glissant des détails un peu partout. C'est un pur plaisir de lecture.
Un premier numéro qui pose donc les bases de plusieurs trames narratives et qui démontre bien que cet univers reste plein de potentiel, encore, malgré toutes les histoires déjà écrites !!!

[JB]

Lectures studieuses ce week end:
Supreme Blue Rose de Warren Ellis et Tula Lotay. Un accident a ravagé la ville de Littlehaven et la réalité semble endommagée. Le richissime et brillant Darius Dax envoie la journaliste sur le déclin Diane Dane sur les lieux pour retrouver un certain Ethan Crane.

La lecture m'a surprise par son côté finalement linéaire : les tenants et aboutissants sont explicités, y compris le parti-pris graphique des premiers numéros (un graphisme "sale" où des traits encombrent les pages) Spoiler si vous souhaitez le lire : le principe de l'histoire - indiqué dès le premier numéro de toute façon - est que la réalité a été rebooté quelques mois auparavant, mais est instable. Les copies carbones des personnages de Superman sont affectés et définis par l'absence du Superman local, Supreme : le Lex Luthor est surtout défini par son avidité de connaissance, Lois Lane est brillante mais a quelques troubles cognitifs, et Supreme fait un break en attendant le reboot suivant. Intéressant, et finalement assez loin des thématiques transhumanistes qui caractérisent généralement Warren Ellis.

Invisible Republic de Corinna Bechko et Gabriel Hardman. Sur une planète en pleine décrépitude après la chute d'une dictature, un journaliste décrédibilisé découvre le journal d'une figure jusqu'alors inconnue mais clé dans l'histoire de ce régime. Alors que l'on découvre au fur et à mesure cette histoire cachée, plusieurs forces en présence tentent de récupérer le journal.

Une double narration (flashbacks liés à la lecture du journal et mésaventures du journalistes) pour cette série où l'intérêt majeur est que l'on est jamais certain des motivations des personnages. La série est découpée en story arc de 5 numéros, mais la série reste fluide.

Dept. H de Matt et Sharlene Kindt. Un éminent scientifique meurt dans un laboratoire de sa base sous-marine. Sa fille à la mémoire éidétique est envoyée au fond des mers pour enquêter et renoue avec l'entourage du défunt.

Je suis allé sur cette série les yeux fermés (sans connaître le principe de la série) sur le nom de Kindt. La série ne tente pas de reproduire Mind Mgt, et est moins délirante et innovative que cette dernière. Elle reste prenante en se focalisant à chaque numéro sur les relations entre l'un des personnages et la victime. Outre les va et vient entre passé et présent, la série propose également des personnages cassés d'une manière ou d'une autre: un biologiste/virologiste socialement maladroit et pétant rapidement un cable, le frère de l'éhroïne vivant dans l'ombre de son père, un ex taulard en fuite, une amie d'enfance trop proche de l'entourage du personnage principal,... Pour chacun, une narration particulière et une remise en question de l'exactitude de la mémoire de l'enquêtrice. Une excellente lecture

[JB]

The Unsound (Cullen Bunn et Jack Cole) : une infirmière commence son premier jour dans un hôpital psychiatriste en sous-effectif pour un nombre bien trop important de patients. Elle note plusieurs éléments grotesques ou dérangeants : des lames de rasoir dans chaque recoin, des administrateurs sans visage, des patients aux mains ensanglantées. Bientôt, les patients lancent une émeute, forçant le personnel à fuir dans les tréfonds de l'hôpital.

Une série qui m'a thématiquement beaucoup rappelé les films d'horreur des années 80, notamment Prince des ténèbres ou l'Au-Delà, où les protagonistes impuissants assistent au déclenchement de l'apocalypse. Moins porté sur l'horreur charnelle que les séries de Tynion, ce titre s'intéresse davantage à la folie et aux images surréalistes et destabilisantes.

[JB]

Wonder Woman Rebirth, le run de Greg Rucka alternant Sharp et Nicola Scott. Wonder Woman réalise des contradictions dans ses souvenirs, et tente de retrouver son passé en allant à Themiscyra. En parallèle, on assiste aux débuts de Wonder Woman, son arrivée aux US et son amitié naissante avec Steve Trevor, Etta Candy et le docteur Minerva
Un joyeux retcon du run précédent (et du coup, qui flingue indirectement les origines de la Donna Troy New52, mais c'est presque un passage obligé maintenant). J'ai trouvé la partie "Year One" plus intéressante, le graphisme de Scott illustrant bien l'innocence de cette période. De manière globale, l'actualisation des persos passe bien à une exception près : le Docteur Cyber, qui devient plus ou moins l'équivalent DC de Lyla (Spider Man 2099). En revanche, les "révélations" expliquant le retcon m'ont semblé peu convaincantes, revenant plus ou moins aux lecteurs de laisser un chèque en blanc à DC sur l'histoire du personnage titre.

Cyborg Rebirth, de John Spencer Jr et Pelletier pour les premiers numéros. En résumé... Cyborg affronte des menaces cybernétiques.
20 numéros, et je me suis rarement aussi ennuyé que ça. Le premier arc court sur 19 numéros (Rebirth + #1 à 18) et accumule les poncifs : je me suis amusé à imaginer l'auteur regardant sa collection de film et série façon Usual Suspects pour écrire ses rebondissements, du genre le héros est amené dans une dimension parallèle par le double de sa mère, morte dans sa réalité (Jake dans Star Trek: DS9), le personnage principal qui parvient à réécrire le code d'une réalité virtuelle (Matrix), l'affrontement contre un double maléfique (nimporte quelle série fantastique ou SF), la création d'une version féminine de Cyborg (Fiancée de Frankenstein), le joueur de jazz aveugle. Cela sans compter les adversaires sortis tout droit des séries Image des années 90 (Fyrepyre, Ratattack...)
Puis j'arrive sur l'auteur suivant dans un mini arc sur les épisodes #19/20, tout cela pour avoir une histoire sur 3 voeux accordés au personnage titre. Son premier voeu est de redevenir humain : devinez quel est le troisième ? De même, après avoir vu des gosses se faire mitrailler, notre héros souhaite qu'ils reviennent à la vie. Qui a lu The Monkey's Paw ? Une série franchement oubliable.

[JB]

Bon, ben The Defenders de Bendis et David Marquez. Daredevil, Luke Cage, Iron Fist et Jessica Jones sont spécifiquement ciblés par les attaques de Diamondback, ancien rival de Cage revenu à la vie et entendant bien devenir le nouveau Caïd.
Bon... C'est une synthèse de Bendis. Outre les personnages sus-mentionnés qu'il a plus ou moins eu entre les mains (il n'a pas écrit de titre Luke Cage et Iron Fist), l'auteur ramène Black Cat et Hammerhead et The Hood. J'ai trouvé qu'il était lisible sur les dialogues, en restant sur du hors piste dès qu'il s'agit de persos qu'il n'a pas écrit. Par contre, sur la longueur, l'histoire est répétitive et pas assez fournie pour 9 numéros successifs. Les héros affrontent Diamondback, perdent, recommencent, gagnent mais il s'échappe, recommencent. De même, Diamondback est plus ou moins invincible jusqu'à ce que l'histoire décide qu'il ne le soit plus : un villain sue rappelant les débuts de Red Hulk. Pour la dernière partie (un numéro et demi), on revient sur The Hood en ressassant des histoires déjà vues.
La partie graphique m'a davantage gênée. Marquez est friand de doubles pages avec une case supérieure prenant la largeur des deux pages, mais est irrégulier sur le reste de la narration : il faut parfois lire les cases sur toute la largeur des pages avant de passer à celles du dessous, et d'autres fois finir la page de gauche pour passer à droite : un vrai problème de construction narrative qui casse la lecture.
En bref, je trouve qu'on a ici un Bendis plus inoffensif que sur un titre Avenger car on reste dans l'urbain qu'il maitrise, mais se bornant à ressasser de précédentes intrigues plutôt que de partir dans un bouquet final (d'ailleurs, la série se clôt juste avant une bataille qui rassemble plusieurs personnages de Bendis. Au passage, que fait Night Nurse à côté des combattants ?!)

[ArnaudXIII]

A force de lire les critiques ici, j'ai tenté Black Hammer et j'ai dévoré les 2 volumes très rapidement. Ca se lit très très bien, c'est du Lemire comme j'aime bien (j'avais adoré Essex County) et les dessins collent parfaitement à l'histoire.
(je me mords bien les doigts maintenant) d'avoir raté les promos Comixology de la SDCC pour prendre les spin-offs en réduc...)

J'ai enchainé ensuite sur le premier volume de Royal City qui est également superbe, dans un registre complétement différent, avec en plus cette fois Lemire qui dessine lui-même. Par contre, j'ai vu que l'histoire va se finir au 14 alors qu'on semblait parti pour une série plus longue que ça. J'espère que la fin ne sera pas baclée.

Ensuite, j'ai enchainé en faisant mon retard sur Über Invasion (vive les promos Comixology). C'est très bon et en plus, la partie graphique est en progrès par rapport au volume 1 (que je suis en train de relire pour le plaisir).

[JB]

Lectures dominicales orientées sur le meurtre...

Whisper (Steven Grant et divers artistes) : une américaine élevée en Asie se retrouve plus ou moins coincée dans le rôle d'une ninja, tantôt sollicitée par les agents de la CIA, tantôt chassée par ceux-ci.
Série publiée pour deux numéros chez Capital Comics avant de revenir en featuring dans "First Adventure" puis dans une seconde ongoing, Whisper est une série résolument adulte, avec des thématiques des 80s (Gays, guerre froide, drogue) et un contenu très violent encore aujourd'hui : un personnage féminin est violée et tabassée à mort par des flics, un jeune paumé chez des néo-nazis sombre dans la drogue et dans la prostitution, un trafiquant s'avère un fétichiste de la décapitation (je me demande d'ailleurs si la couverture du #31 ne fait pas référence à une autre fameuse cover...)
Le personnage titre, bien qu'inspiré à l'origine par Elektra (créée 2 ans après la grècque) est intéressant car poursuivie par la violence : j'en suis venu à me demander si Rucka n'avait pas lu ce run tant son passage sur le titre Marvel m'a rappelé celui-ci : on retrouve notammeent dans chacun des titres un épisode centré sur la traversée (très littérale) du désert par l'héroïne. Troublant.

@thena Inc.: The Manhunter Project de Brian Haberlin et Jay Anacleto. La jet-setteuse Gwen partage sans le savoir son propre corps avec une tueuse, Mary. Gwen apprend l'existence de cette autre personnalité lorsque les patrons de Mary décident de son élimination.
Je dois avouer que cette lecture m'est venue après avoir vu passer l'une des couvertures dans le topic de Doop. Si l'histoire est banale (elle rappelle par exemple les aléas de Typhoid Mary chez Daredevil), la partie graphique est intéressante : En lieu et place des cases traditionnelles, on suit une sorte de transcription (avec le nom des intervenants) accompagnée de 2 ou 3 cases photoréalistes, donnant à la série un air de script cinéma. Cependant, pour moi, l'originalité de l'approche n'a pas suffit à effacer la banalité du scénar ou un graphisme finalement difficile à lire ou à décoder.

Savage Things de Justing Jordan et Ibrahim Moustafa. Il y a 25 ans, une organisation secrète a rassemblé des enfants sociopathes afin de les transformer en armes de terreur. De nos jours, plusieurs survivants de ce groupe organisent une véritable guérilla urbaine, et leurs entraineurs doivent faire appel à l'un de ces tueurs, qui avait parvenu à échapper à l'organisation.
Bof bof. Rien de folichon, le meilleur de cette série réside dans les couvertures de John Paul Léon. Le lecteur a droit à quelques révélations sur la jeunesse des protagoniste et antagoniste principaux (subtilement surnommés Abel et Cain), brouillant quelque peu les frontières habituelles entre le bien et le mal, mais ni l'histoire ni le graphisme ne proposent quoi que ce soit d'original ou de mémorable.

The Black Monday Murders de Jonathan Hickman et Tomm Coker. Un inspecteur enquête sur le meurtre d'un magnat de la finance et découvre les secrets occultes du capitalisme, alors que s'ouvrent une guerre entre les grandes fortunes de ce monde, qui vouent un culte à un dieu ancien.
Je m'interroge. La série est-elle achevée ou s'agit-il d'un volume 1 ? Clairement, cette lecture (émanant là encore d'une couverture proposée par Doop) donne envie d'en savoir plus. La narration est intéressante, alternant plusieurs époques ainsi que des parties textuelles (un journal, un échange de mail) sans pour autant perdre le lecteur. Si j'avais un regret, c'est que l'apparent personnage principal (le flic) s'avère n'être que très périphérique dans l'histoire principale, et est surtout un prétexte pour dévoiler l'histoire cachée du Capitalisme.

[EsseJi]

Justin Jordan est décidément un beau cas de mauvais scénariste. C'est parce que son nom était associé à celui de Robbie Thompson que j'ai tenté Planet of the apes/Green Lantern. Si il était seul j'aurai passé mon chemin, et bien c'est ce que j'aurai dû faire. Les scènes sont artificiellement longues, tout s'enchaine de façon artificielle comme si l'auteur se pressait de remplir ses pages. C'est vraiment une catastrophe, et je me demande comment et pourquoi tous les éditeurs le font travailler.

[doop]

Black Monday Murders continue !

[FredGri]

De mon côté j'ai enfin commencé à lire les No Mercy de De Campi et Speed McNeil.
Et même si ce premier volume n'est vraiment qu'une mise en bouche, il ouvre des pistes très intéressantes pour la suite. J'ai vraiment hâte de découvrir vers ou vont les perso.
Par contre, en effet, De Campi prend vraiment son temps pour installer ses éléments et les différentes caractéristiques, à un tel point que même si le concept peut rester plein de potentiel ça se lit assez vite et on reste un peu sur notre faim !

[Fletcher Arrowsmith]

	Citation:			Posté par doop
	Black Monday Murders continue !

Et c’est excellent. Du très bon Hickman et pareil pour Cooker

[archerhawke]

C'était très dur de rentrer dedans au début j'ai trouvé. J'ai lu 2 fois le premier numéro sans vraiment le comprendre. Maintenant, je trouve que c'est effectivement une excellente lecture.

[ArnaudXIII]

Pareil, j'ai pris le premier numéro qui m'a complétement perdu. J'y suis pas retourné depuis mais vos avis donnent envie de lui laisser une 2e chance.