Précédent   Buzz Comics, le forum comics du monde d'après. > > A vos plumes !

Réponse
 
Outils de la discussion Modes d'affichage
  #1  
Vieux 24/02/2017, 20h17
Avatar de Meister Albator
Meister Albator Meister Albator est déconnecté
Forgotten Generation
 
Date d'inscription: avril 2006
Localisation: Dans un coin sombre et humide
Messages: 1 755
Meister Albator a le phone d'ElektraMeister Albator a le phone d'ElektraMeister Albator a le phone d'ElektraMeister Albator a le phone d'ElektraMeister Albator a le phone d'ElektraMeister Albator a le phone d'ElektraMeister Albator a le phone d'ElektraMeister Albator a le phone d'ElektraMeister Albator a le phone d'ElektraMeister Albator a le phone d'ElektraMeister Albator a le phone d'Elektra
Plume Venomous Girl

Avant-propos : l'idée de ressortir les écrits de Venomous Girl pour publication ne date pas d'hier. Une idée était d'en faire deux hors-séries de Forgotten Generation, puis un livre. Les premières corrections sont celles de 2013, et elles ont été arrêtées pour laisser place à la publication d'Apocalypse Please. Néanmoins, d'autres corrections ont été entreprises l'an dernier.

Cette fois, il était trop tard. Elle ne pouvait plus faire marche arrière. A partir de cet instant, plus rien ne comptait pour elle. Elle n'avait pas le choix : si elle voulait s'en sortir, elle devait absolument vaincre. Le sang bouillonnait dans ses veines, jusqu'à ses poignets. Elle était prête à combattre, même si les hommes face à elle étaient en nombre grandement supérieur. Elle n'avait peut-être pas l'ombre d'une chance, mais, en dépit des lumières qui l'aveuglaient et des moteurs qui vrombissaient en se rapprochant inéluctablement, elle était ravie de pouvoir en découdre. Cette fois, elle était prête.

I

La machine infernale

Trois heures du matin, au bord de la West River de Demville. Bien que la nuit était exceptionnellement noire, on pouvait pourtant y voir comme en plein jour. Bien plus que cela, même, tellement le tintamarre occasionné par les sirènes des voitures de police et de l’ambulance laissait à penser que le quartier vivait une journée normale. Mais la situation, pour banale qu’elle semblait paraître, n’était pas aussi normale. Les policiers eux-mêmes n’en croyaient pas leurs yeux. Alors que leur travail comptait chaque année, chaque mois, chaque semaine même, nombre d’agressions, de viols ou d’assassinats quotidiens, les agents étaient en face d’un cas suffisamment rare pour être noté : la jeune fille qui gisait inconsciente sur le sol était bel et bien vivante, et ne portait apparemment aucune trace d’agression ou de quelconque tentative de viol. D’autant plus troublant que la jeune fille était une jolie brune de taille moyenne d’environ seize ans et dont l’apparence soignée devait sûrement avoir fait d’elle une proie désignée pour les gangs de la ville ; et pourtant, tous ses vêtements étaient sur elle, miraculeusement intacts.

La zone industrielle de Demville avait pour réputation d'être un coupe-gorge où plus personne n'osait s'aventurer en-dehors des heures de travail, et tout particulièrement la nuit. En fait, la partie désaffectée en était devenue la plus dangereuse, puisqu'elle appartenait aux gangs qui s'étaient approprié le territoire. Cependant, ils toléraient le passage des travailleurs, mais mieux valait qu'ils n'oublient rien sur leur lieu de travail le soir venu, auquel cas le pacte tacite était rompu. La police essayait de minimiser les dégâts, mais elle était en sous-effectif. Par conséquent, les gangs n'étaient nullement menacés, et c'était par confort qu'ils avaient choisi d'occuper les locaux vides de la zone industrielle, devenu de fait leur territoire, où bien des jeunes avaient appris à leurs dépens qu'il valait mieux en rester le plus loin possible - et plus particulièrement les filles, qui devenaient à coup sûr, quel que soit leur âge, un gibier de premier choix pour ces hommes. Aussi, quand la police avait retrouvé cette fille dans la partie désaffectée de la zone industrielle, elle n'arrivait pas à se figurer comment elle avait pu échapper à la racaille et rester vierge.

*

Vers six heures du matin, la jeune fille reprit conscience en salle de réveil, où une infirmière la questionna. Mais la brunette ne répondit pas. Pour elle, le bruit était si lointain, mais si proche en même temps, et les différentes personnes tout autour d’elle l’étaient tout autant, comme s’ils étaient les personnages d’un tableau qui s’animaient dans un hall de gare. La jeune fille entendait toutes les questions que lui posait l’infirmière :
« Comment vous sentez-vous ? », « Quel est votre nom ? », « Quel est votre âge ? », « Où habitez-vous ? », « Quelle personne devons-nous contacter ? ».
Elle était suffisamment lucide pour comprendre ces questions, mais n’arrivait pas y répondre. Finalement, à grand-peine, elle prononça : « Je m’appelle… Pearl Celli… »

*

Trois quarts d’heure plus tard, la jeune Pearl fut transportée à la chambre 242, où l’attendait son père, Victor Celli, qui accueillit sa fille d’un silence gêné. Son visage était émacié, ses yeux soulignés de cernes et gonflés. Il était facile d'imaginer que la disparition de sa fille avait occasionné chez ce quadragénaire, grisonnant et autrefois plutôt bon vivant, une tension persistante. Il lui fallut cinq bonnes minutes pour arriver à prendre la parole.

« Pearl », commença-t-il, « je voulais te dire que… C’est pas facile, tu sais, mais… tu m’as énormément manqué. On a chacun dit des choses qu’on n’aurait jamais dû dire, et je regrette tout ce que j’ai pu te dire. »

Pearl, l’air dubitatif, prit à son tour la parole avec moins de difficulté.

« Papa », dit-elle. « De quoi tu parles ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?

Son père eut l’air étonné d’entendre sa fille dire une telle chose.

- C’est que… tu as disparu si longtemps, que…

Victor prit une profonde inspiration et finit par se lancer :

- Je ne voulais pas que tu quittes la maison à cause de moi, et que tu abandonnes l’école !

Pearl parut outrée d’entendre son père dire une telle chose :

- Je n’ai jamais eu l’intention de partir, ni d’abandonner le lycée ! Mais comment peux-tu dire une chose pareille ?
- Alors, tu ne te souviens pas, répondit Victor dans un soupir de désespoir mêlé de soulagement.
- Mais pourquoi ? s’écria d’une voix enrouée Pearl au bord des larmes. Arrête de me foutre les jetons comme ça !
- Très bien. Sais-tu quel jour on est ?, lui demanda son père en essayant de calmer la situation.
- Non, enfin si ; hier, on devait être le… 6, bredouilla Pearl en cherchant dans sa mémoire.
- De quel mois ?, insista son père.
- Ben août ! C’est les vacances !, rétorqua Pearl, mi-excitée, mi-contrariée.
Eh bien, en fait…

Voyant les larmes commencer à couler des yeux de sa fille, Victor tenta tant bien que mal de contenir les siennes :

-Tu as disparu pendant trois semaines. »

*

Cinq jours plus tard, dans la même chambre 242, père et fille reçurent la visite du docteur Kinomoto, qui s’était occupé du suivi médical de Pearl depuis son entrée à l’hôpital. Le médecin japonais de taille moyenne semblait toujours dans sa trentaine, avec une forme physique qui semblait éblouissante, mais dont l'âge commençait à être trahi par une calvitie bien visible et des poussées de cheveux blancs dans sa couronne de cheveux noirs de jais. Mais ce qui semblait le plus étonnant dans cette situation, c'était qu'il avait l'air plutôt guilleret en s'adressant à sa patiente :

« Bonjour. Comment allez-vous ce matin ?

- Ça va bien, merci, lui répondit Pearl avec politesse.

- Parfait, lui répondit à son tour le docteur qui ne semblait pas avoir écouté. J’ai de très bonnes nouvelles pour vous. Les résultats des examens sont excellents. Vous n’avez rien, et vous avez une santé de fer. Vous allez pouvoir sortir dès cet après-midi.

- Mais… mon amnésie ?, demanda Pearl, les yeux écarquillés.

Le docteur Kinomoto marqua une pause avant de reprendre :

- Eh bien, d’après ce que j’ai pu constater, votre mémoire n’a pas été durement touchée. Vous avez oublié les dernières semaines de votre vie, mais le reste est complètement intact. Ces choses-là ne sont pas de mon ressort, et même si la médecine y peut quelque chose, votre cas n'en relève pas. Vous avez certes oublié quatre semaines de votre vie, mais cela dit, ce n'est pas ce qui justifie un traitement médical. Nous avons de nombreux cas de patients qui ne se rappellent pas ce qu'ils faisaient dans un état éthylique, mais ce ne sont pas des choses qui ont besoin de faire appel à la médecine. Aussi, mon conseil, c’est de parler à votre entourage, de façon à pouvoir reconstituer le puzzle de votre mémoire. Même si votre état de santé n’est pas alarmant, je vous donne tout de même deux semaines de repos. On n’est jamais trop prudent.

-Très bien, ajouta Pearl d'une voix mal assurée.

Le guilleret médecin tapa doucement dans ses mains avant de finir :

- Voilà, c’est tout. Maintenant, il ne me reste qu’à vous souhaiter un bon rétablissement, et une bonne rentrée scolaire. Au revoir. »

Sitôt le docteur sorti presque nonchalamment, Pearl se tourna vers son père, contenant tant bien que mal son excitation :

« C’est formidable ! T’entends ça ? Je suis en parfaite santé !

- Tu as raison. C’est formidable.

Victor Celli avait prononcé sa phrase sur un ton plutôt neutre, mais qui ne dupa nullement sa fille :

- Quelque chose ne va pas ?

Son père lâcha un soupir avant de répondre :

- Oui, pendant ta convalescence, je risque de ne pas être souvent à la maison. Je suis désolé. Mais Amber y sera, par contre. Elle commencera ses cours juste avant la fin de ton repos. J’espère que ça ira.

- Oui. C’est… parfait. »

La jeune fille avait utilisé le même ton peu assuré qu'elle avait emprunté avant.

*

Tout au long du trajet vers la maison, Pearl pensa à de nombreuses choses. Que s’était-il passé durant ces trois semaines ? Et pourquoi ne se souvenait-elle pas de la semaine précédant sa disparition ? Et surtout, pourquoi devait-elle revoir sa demi-sœur ?

En arrivant, Pearl constata avec tristesse - elle aurait aimé avoir le temps de retrouver son père avant d'affronter une situation conflictuelle - que la voiture qu’elle redoutait de voir était déjà là, depuis peu de temps, puisque le coffre était encore ouvert et la porte d'entrée de la maison baillait. De derrière émergea une forme assez grande (elle dépassait Pearl de plusieurs centimètres et était plus massive de corps, ses cheveux rouges ondulés accentuant son anatomie), celle que Pearl appréhendait, et elle ne s'avisa qu'assez tard que sa sœur était bien en train d'accourir dans sa direction, lâchant ses bagages dans la précipitation. À peine son père fût-il descendu de la voiture qu’Amber était déjà à son cou, l’embrassant avec fougue.

« Bonjour papa ! Tu vas bien ?

- Oui, je vais bien, répondit-il quand il put. Par contre, évite de brusquer Pearl.

Refrénant ses ardeurs, Amber fit le tour de la voiture pour prendre Pearl dans ses bras.

-Et comment va ma petite sœur ? Tu nous as flanqué une sacrée frousse, dis donc !

-Je vais bien », répondit sèchement Pearl en repoussant l'étreinte d'Amber.

La sonnerie du téléphone portable de leur père brisa le silence qui se profilait. Les deux filles observèrent l’attitude de leur paternel pendant qu’il répondait à cet appel inopiné. Lorsqu’il revint, il annonça à ses filles, d'un air dépité :

« On a besoin de moi au boulot. Je dois y aller. »

Ce à quoi Amber répondit en souriant :

« Vas-y. Je m’occupe de tout. »


Une fois son père parti, Pearl rentra brusquement dans la maison, et ouvrit plus brusquement encore la porte de sa chambre. C’était devenu un paysage de chaos tel qu’elle ne l’avait jamais imaginé : les posters qui ornaient les murs étaient déchirés pour la plupart, sa table de bureau était renversée, son nécessaire à maquillage était devenu inutilisable, et son ours en peluche préféré était mutilé.

« Je comptais recoudre ton Grizzle il y a deux semaines, mais j’ai dû partir précipitamment. »

La voix d’Amber ne surprit même pas Pearl, qui était tellement démoralisée que plus rien ne pouvait désormais l’atteindre.

« On va tout ranger ensemble, d’accord ? lui dit doucement Amber.

- Laisse-moi, répondit l’intéressée.

- Mais…

Sentant vibrer son téléphone portable, Amber demanda à sa petite sœur de bien vouloir l’excuser, puis répondit en sortant de la chambre. Pendant ce temps, Pearl s’était avancée vers son armoire qui était, elle aussi, en triste état.

- Pearl, fit Amber en rentrant dans la pièce, Adrian demande s’il peut passer tout à l’heure…

Apercevant une larme couler de l’œil de Pearl, Amber reprit précipitamment sa conversation téléphonique.

- En fait, ça va pas être possible. Je te rappellerai. Bisous. »

Pearl tomba à genoux, pleurant de toutes ses forces. Amber se précipita alors pour la consoler.

« Amber… Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tout est en bordel, ici ? Et pourquoi tu es gentille avec moi ? Dis-moi… »

Amber ne dit rien, mais prit doucement sa sœur dans ses bras, lui faisant comprendre de se laisser aller. Puis Pearl, une fois ses larmes séchées, commença la conversation en haletant :

« Qu’est-ce qui va pas, ici ? Papa se conduit bizarrement avec moi, et toi aussi. Pourquoi ?

- Parce qu’on tient à toi, tout simplement. Et ça change tout, dit Amber d'une voix douce et sincère.

- J’ai oublié tout ce qui s’est passé le mois dernier, et j’ai disparu que trois semaines, pourtant.

Pear leva alors les yeux vers sa grande sœur, qui cherchait ses mots avant de répondre :

- Tu sais, tu ne peux pas espérer retrouver la mémoire tout de suite. Imagine que tu révises tout le programme d’Histoire juste avant de passer l’examen ; là, ce serait pareil.

- Arrête… lui dit Pearl en oubliant de réprimer un sourire.

- Désolée, je peux pas m’en empêcher, rétorqua rapidement Amber en lui rendant son sourire. Et je veux pas que ça tourne au pathos, non plus.

- Pourquoi tu fais ça pour moi ?

-Quand tu as disparu, papa s’en est voulu à mort, et il t’a cherchée tant et plus qu’il a laissé tomber la bouteille. C’est dire combien il t’aime.

L'évocation de cette période avait rempli le visage d'Amber d'une tristesse palpable, comme si elle avait anticipé automatiquement la question suivante de Pearl :

- Et toi ?

Amber tâcha de se reprendre.

- Je me suis rendu compte que je venais de perdre ma sœur unique…

-Demi-sœur…, ajouta Pearl d'une façon peu agréable.

-... mais sœur unique malgré tout, continua Amber en souriant, sans s'offusquer. C'est bon de te revoir. »

La soirée se déroula sans encombre, les deux sœurs réapprenant à communiquer entre elles, riant ensemble, comme si le mois passé n'avait pas existé, comme si elles étaient vraiment sœurs.

*

La berge, lors d'une nuit de pleine lune. Pearl est à terre, et autour, tout est calme, désert, imperturbable, bercé par le clapotis de l'eau et par une douce brise d'été. En levant les yeux, Pearl réalise que l'endroit n'est pas si désert, et que des motos foncent sur elle. Et en se retournant, Pearl tombe nez à nez avec une fille de sa taille, au regard perçant et dos à la lune... avant de se réveiller en sursaut.

*

Pourquoi ce rêve ? Qui pouvait bien être cette fille, et pourquoi était-elle présente à cet endroit, sur la berge ? En petit-déjeunant, Pearl réfléchit encore à la signification de son rêve, puis l’arrivée d’Amber dans la cuisine mit fin à ses réflexions.

« Bonjour, sœurette, lança-t-elle dans un bâillement sonore. Bien dormi ?

- Bof. », se contenta de répondre Pearl.

Amber s'installa à la table, prit le paquet de céréales, les versa dans son bol et rappela en s’excusant que la rentrée scolaire de Pearl était déjà passée, et que, par conséquent, celle-ci allait avoir du travail à rattraper. A cette occasion, Vanessa Garbo, qui était la meilleure amie de Pearl, allait venir en début d’après-midi. Toutes deux étaient complémentaires : Pearl était une brune élancée de bonne taille pour son âge, tandis que Vanessa était beaucoup plus petite et blonde, avec un physique plus ramassé, ce qui ne l'empêchait pas d'être assez populaire auprès des garçons.

*

L’après-midi, après environ une heure de travail peu intensif, les deux amies partirent faire un tour en ville. Pearl en profita pour raconter son rêve à Vanessa, qui en tira une conclusion honteusement rationnelle, laquelle rassura suffisamment Pearl pour lui faire penser à autre chose le reste de la journée, jusqu’au moment où elles passèrent devant la zone industrielle.

« Qu’est-ce que tu as ? demanda Vanessa, intriguée par la fascination qu’exerçait l’endroit sur son amie.

- C’est là-bas qu’on m’a retrouvée, répondit Pearl laconiquement en désignant du doigt la berge où la police l’avait ramassée quelques jours plus tôt.

Instinctivement, elle s’avança sans même s’en apercevoir vers la berge. Peut-être allait-elle trouver une réponse. Vanessa avait beau lui dire de s’arrêter, sa voix lui semblait lointaine, tellement lointaine… Ce fut finalement quand son amie l’attrapa par le bras que Pearl reprit ses esprits.

-Mais t’es dingue, ou quoi ? lui cria Vanessa. La zone est infestée de racailles ! T’as envie de te faire tuer, c’est ça ?

Mais Pearl ne répondit pas, baissant les yeux toujours en direction de la berge.

- Les gangs ne sortent pas trop la journée, mais quand même… reprit Vanessa. Si quelqu’un s’aventure sur leur territoire, ils n’apprécient pas, tu sais. »

Pearl n’était pas sans le savoir, bien sûr, mais en attendant, comment trouver des indices sur sa disparition en évitant ce lieu ?

*

Une semaine passa, pendant laquelle Pearl passa du temps avec Vanessa après les cours pour se tenir informée des dernières nouvelles du lycée. C’est ainsi qu’elle apprit qu’Ed Bailey s’était attiré les foudres de plusieurs profs, que Martin Murnaul en était à son cinquième râteau avec Orelia Tellos, que Jerry Gayst avait arrêté d’aller en cours, et que Nick Tanver était toujours célibataire.

Bien entendu, elle pensait toujours à la berge, mais n’en laissait rien paraître, gardant un air aussi normal et insouciant que possible. Cela devait attendre jusqu’au samedi soir suivant. Jusque-là, elle devait absolument ne rien laisser paraître de ses intentions, car elle ne souhaitait pas inquiéter ni son père, ni Amber, ni Vanessa. D’ailleurs, Victor Celli n’était pas très souvent à la maison, et n’y restait que très peu de temps, prétextant un surplus de travail, comme s’il préférait se trouver ailleurs, laissant à Amber le soin de s’occuper de sa petite sœur, laquelle avait retrouvé une certaine complicité avec son aînée. Même quand vint le samedi, leur père était encore absent de la maison.

*

Le soir fatidique venu, Amber rappela à Pearl qu’une fête avait lieu chez Adrian. Prétextant passer la soirée avec Vanessa, Pearl déclina l’invitation. A grand-peine, elle finit par convaincre Amber, et quand celle-ci quitta enfin la maison, Pearl se précipita pour préparer des affaires comme pour partir à l’aventure : une lampe de poche, des piles de rechange, une loupe et un appareil photo jetable. Non, elle n’irait pas à la fête ; non, elle ne partirait pas chez Vanessa. Elle tenait enfin sa seule chance de vérifier si son rêve était autre chose qu’un fantasme ou un souvenir refoulé. Et cela, elle ne pouvait pas le laisser passer.

Sans même avoir eu le temps d’y penser, elle était déjà sur le pas de la porte d’entrée, et poussa un profond soupir en regardant autour d’elle, puis partit aussitôt, plus déterminée que jamais. Et après une demi-heure qui ne lui parut qu’une seconde, Pearl se retrouva seule, face à la zone industrielle où sa vie avait pris un tournant obscur la nuit où on l’avait retrouvée. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait l’intuition que toute cette affaire dépassait de loin une simple amnésie survenue après une fugue. Et étant donné que, de toute façon, tout avait déjà changé pour elle, ce n’était pas le fait de s’aventurer sur un territoire dangereux qui pouvait lui faire peur, pensait-elle. Et quitte à mourir, autant que ce fût en sachant la vérité.

Décidée, elle fit un pas, puis deux, puis continua à avancer, dépassant le point où elle était arrivée quelques heures avant. Curieusement, elle ne ressentait aucune peur quant à ce qui pouvait arriver, et si elle dut s’arrêter, ce n’était pas à cause de la peur, mais à cause du bruit des motos qui se rapprochaient d’elle, lentement mais bruyamment. Pearl leva les yeux et scruta les phares qui se détachaient de l’obscurité qui régnait dans la zone, et qui avançaient inexorablement dans sa direction, en même temps que les cris des motards s’amplifiaient.
Cette fois, il était trop tard. Elle ne pouvait plus faire marche arrière. A partir de cet instant, plus rien ne comptait pour elle. Elle n'avait pas le choix : si elle voulait s'en sortir, elle devait absolument vaincre. Le sang bouillonnait dans ses veines, jusqu'à ses poignets. Elle était prête à combattre, même si les hommes face à elle étaient en nombre grandement supérieur. Elle n'avait peut-être pas l'ombre d'une chance, mais, en dépit des lumières qui l'aveuglaient et des moteurs qui vrombissaient en se rapprochant inéluctablement, elle était ravie de pouvoir en découdre. Cette fois, elle était prête. Elle n’avait pas peur ; elle souriait d’une façon machiavélique à mesure que les motards faisaient résonner dans la nuit troublée le bruit de leurs armes…
Réponse avec citation
Réponse

Tags
arcadia graphic studio, fic, forgotten generation, super-héros, venomous girl

Outils de la discussion
Modes d'affichage

Règles de messages
Vous ne pouvez pas créer de nouvelles discussions
Vous ne pouvez pas envoyer des réponses
Vous ne pouvez pas envoyer des pièces jointes
Vous ne pouvez pas modifier vos messages

Les balises BB sont activées : oui
Les smileys sont activés : oui
La balise [IMG] est activée : oui
Le code HTML peut être employé : non

Navigation rapide

Discussions similaires
Discussion Auteur Forum Réponses Dernier message
Les décolletés de Phantom Girl, Phantom Lady ou encore Power Girl et des autres ! PSYCHO PIRATE Retro - Hall of Heroes 257 28/03/2017 19h49
Hit-Girl #4 scarletneedle Singles 21 14/11/2012 20h12
Hit-Girl #3 scarletneedle Singles 1 21/09/2012 09h42
Wonder Girl #1 scarletneedle Singles 11 12/01/2011 07h02
Spider-Girl #51: pour ceux qui d?testent Spider-Girl Niglo Critiques VO et VF des forumers 6 05/12/2003 19h06


Fuseau horaire GMT +2. Il est actuellement 10h21.


Powered by vBulletin® Version 3.8.3
Copyright ©2000 - 2024, Jelsoft Enterprises Ltd.
Version française #20 par l'association vBulletin francophone
Skin Design et Logos By Fredeur
Buzz Comics : le forum comics n°1 en France !