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  #46  
Vieux 12/01/2012, 07h55
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N'est pas dieu qui veux. Mario a bien repris du poil de la bête.
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  #47  
Vieux 16/01/2012, 08h03
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Lu CH 19-20

Hein? Quoi? On est mort? Et on ne le sait pas???

Je suis frustré par la fin de ton récit, mais il colle bien avec l'ambiance que tu lui a donné. Il me tarde de lire tes autres productions.
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  #48  
Vieux 16/01/2012, 11h03
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merci d'être allé au bout !
tu peux lire déprime land que j'ai posté après le premier récit si le coeur t'en dit !!!
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  #49  
Vieux 02/02/2012, 07h59
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Lu DLand CH1

Même univers, autre désespérance??? a voir....
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  #50  
Vieux 06/02/2012, 08h03
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Hmm, plus confus, comme en échos a l’état d'esprits du 'héros'..
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  #51  
Vieux 21/10/2014, 17h06
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Un truc écrit y'a longtemps pour un autre forum...


MARTIAL
1.
Je lui défonce tellement le cul qu'il ne sent même pas quand je le mords. Le mec se met à crier pensant jouir, alors qu'il ne fait que rendre son dernier souffle. Un pied mortel !

Son goût est bof, mais au moins il n'a pas le SIDA. Cette saloperie, inepte tentative des gouvernements pour nous éliminer, supprime toutes les qualités du sang. Alors vous êtes bon pour retourner en chasse. Bon, c'est sûr que dans les backrooms de Paname, t'as quand même un paquet de chances de tomber sur des HIV+, mais la pénombre rend les choses tellement plus facile. Évidemment je préfèrerais me péchô des bonnes meufs avec des seins énormes et tout et tout, mais avec la gueule que j'ai, ce n'est pas gagné.

Bon. Vous voyez Gary Oldman dans Bram Stocker's Dracula ? La classe, la présence… Les fringues pas possibles ? Ben moi, c'est tout l'inverse. Niveau classe, je n'ai même pas 1 sur l'échelle de James Stewart. Ma mère me disait tout le temps que c'est la beauté intérieure qui compte. Je peux vous dire la joie que ça a été de la lui révéler, sa beauté intérieure, à cette vieille pute. A coups de crocs que je lui l'ai révélée. Et ce n'était pas beau à voir.

Enfin, la pauvre, ce n'était pas sa faute. Je tiens plutôt de mon père, niveau physique. C'était le genre grand roux, mélange d'écossais pour la taille des oreilles et d'algérien pour le pif de deux kilomètres. Alors forcément, un rouquin avec une tronche de rebeu et des tâches plein la gueule, il a plutôt intérêt à draguer à l'ombre.

Au début, ça me dégoûtait un peu d'enculer des mecs et puis c'est comme la bouffe thaï, on s'habitue au piment. De toute façon, quand t'es un vampire, t'évite de faire le difficile. Tu bouffes ce que tu trouves et tu ne la ramènes pas.

Alors je laisse le keum qui me tombe déjà des bras dans un recoin du backroom, je m'essuie la bouche avec les kleenex qu'on trouve partout ici et je remonte au bar me taper une mousse.

Oh non ! Pas du David Guetta ! Putain, je hais ce type ! Il a réussi à faire plus de mal à la musique électronique en deux tubes que toutes les chroniques des Inrock' réunies ! Si seulement il pouvait fréquenter les mêmes lieux que moi, je me ferais un plaisir de lui déchirer la trachée. Je regarde tous ces cons se trémousser sur cette musique de merde et je ne peux m'empêcher de penser à mes premières free-party. Là, il y avait une vraie ambiance, une vraie envie de s'amuser. On venait danser, bien sûr, mais on était avant tout des vrais fans de son, des passionnés ! Mais les choses changent, j'imagine. Face aux majors du disque, forcément, on ne faisait pas le poids.

Je ne sais pas si c'est l'abus de nostalgie guimauve ou le mec d'en bas qui faisait du diabète, mais d'un coup la tête me tourne et j'ai envie de gerber. J'ai dû trop boire, trop vite. Alors en bousculant deux ou trois taffioles, je sors de la boite et respire un grand coup au dehors.

L'air de Paris un 11 août à quatre heures du mat' ne me fait aucun bien. Au contraire, je me précipite entre deux voitures et vomis la moitié du sang que je viens d'ingurgiter. Mélangé à la bière, cela fait de jolies bulles au milieu du rouge. Deux folles d'à peine seize ans habillées comme une couve de Technik'art me regardent mi-dégoûtées, mi-hilares, ne sachant pas trop quelle attitude adopter.
Ne commandez pas de leur beaujolais ! Réussis-je à articuler entre deux renvois. Les deux folles s'éclipsent dans la boite en éclatant de rire et je retrouve enfin un peu de ma contenance.

Je me relève à temps pour voir un taxi me passer sous le nez. Il est déjà à l'autre bout de la rue quand j'ai la présence d'esprit de lever un bras en gueulant. Le sang ne m'a fait aucun bien, mes réflexes sont nuls. Je suis vraiment la honte du vampirisme ! Si je pouvais, je me cracherais à la gueule. Mais, comme je ne peux pas, je marche et rentre me coucher.

2.
Bizarrement je me sens plutôt pas mal quand l'odieux réveil de Térésa se met à hurler dans la pièce d'à côté. La douche me fait un bien incroyable et je sens d'instinct que cette journée va être magnifique. Térésa, qui partage cet appartement de Belleville avec moi, est déjà partie taffer et je déjeune seul en regardant des épisodes de DEXTER en DVD. Je me marre comme un con et manque de m'étouffer avec mon café. Et puis, alors que je fais la vaisselle, l'angoisse s'empare de mon corps et je sais que c'est fini. Ce bref instant parfait de ma vie a disparu à jamais et je me dis que, peut-être cette fois, la peur ne me quittera plus. Les tremblements commencent et je m'écroule sur le carrelage en croyant mourir.

Oubliez tout ce que vous savez des vampires. Nous ne sommes ni beaux, ni sexy, ni envoûtants, ni incroyablement magiques. Nous sommes simplement des victimes. Les victimes d'une de ces maladies orphelines qui n'aura jamais les honneurs d'un Téléthon. Encore faudrait-il que notre condition soit reconnue. Et ça, aucune chance !

Alors lentement, muscle par muscle, je me force à calmer les convulsions. Pendant mon effort, je peux voir par la fenêtre le gamin chinois du quatrième en face qui me regarde, inexpressif. J'ai peur qu'il ne tombe s'il se penche trop. Les spasmes s'arrêtent au bout d'une vingtaine de minutes et il me faut encore une demi-heure pour me calmer tout à fait et pouvoir me relever.

Je sais qu'il me faut déjà retourner chasser.

En journée, c'est compliqué. Il y a bien quelques hammams dans le Marais, mais il vaut mieux pour moi que je n'y refoute pas les pieds avant quelques années. On commence à me connaître et ce n'est pas bon. Le grand avantage à chasser dans les établissements gays, en plus de la discrétion, c'est que personne n'est pressé d'enquêter. Et surtout pas trop profondément. J'ai tenu presque huit ans à San Francisco, à base d'un ou deux macchabées par jour, avant de me faire repérer. Justice à deux vitesses, vous pensez ? Ouais… Vous pensez peut-être bien… En attendant ça m'arrange.

Pour aujourd'hui, j'improvise. Je me promène rue de Belleville où il y a toujours des files de camions frigorifiques avec les petits chinois qui approvisionnent les boucheries en carcasses. Alors j'attends que les chefs aillent se boire leur Tsin-Tao pendant que le grouillot en chie pour descendre la barbaque et la porter sur le dos dans les chambres froides et j'attaque. Il n’en chiera plus jamais, le grouillot. Je le pends à un crochet à viande et il n'a même pas le temps de hurler Tching Tchang Tchoung que je lui suce déjà la carotide.

Putain ! Que des pédés et des chinetoques ! Si je ne change pas mon alimentation, je vais bientôt crever, moi ! Térésa n'arrête pas de répéter que je suis raciste et homophobe et sexiste et antisémite et tout et tout. Merde, je suis un vampire quand même ! On n'est pas censé être super sympas. Il est vrai qu'elle ne connaît pas ma condition. Alors pour elle, je suis juste un gros con forcément. En même temps, je ne me vois pas trop lui dire, genre : "Heu… Au fait, Térésa… Voilà, c'est un peu difficile d’en parler… Bon ben… Je dois m'abreuver de sang humain tous les jours pour survivre…." Cela ferait drôle de genre. Je crois qu'elle avait un peu le béguin pour moi au début. A mon avis, ce genre de déclaration niquerait toutes mes chances.

Merde ! Je divague je divague et j'en oublie ce que je suis en train de faire. J'ai juste le temps de m'éjecter du camion quand le chef débarque. Je lui fous la peur de sa vie au keum. Il y a de grande chance qu'elle soit immédiatement suivie par une seconde peur de sa vie dès qu'il aura découvert le cadavre au fond. Faut absolument que je sois plus prudent. Ces absences sont de plus en plus fréquentes. Je devrais aller consulter.

Et il faut que j'arrête de chasser dans mon quartier.

3.
C'est dans un café à Beaubourg que l'histoire que je veux vous raconter commence. Alors je suis là, à écouter les conneries que me raconte Igor, un autre vampire qui se la joue total look ingénieur consultant, genre costume Yves-Saint-Laurent trois pièces noir et Prada sans chaussettes aux pieds. Il me saoule depuis trois heures avec des histoires bien intéressantes de téléphones portables et de jeux en réseau et je suis à deux doigts de lui enfoncer le touilleur de mon mojito dans la gorge quand il finit enfin par me lâcher le morceau.

Voilà : si le connard a pris la peine de me rappeler après deux ans sans nouvelles, c’est évidemment qu’il a besoin de moi. Il veut se faire inviter à une soirée chicos chez des bourges bien nés pour y lever une petite blonde pleine de thune qu’il veut emballer et peut-être même bien épouser vu qu’elle est pleine de thune justement. Le hic, c’est que la soirée est du type rallye et qu’Igor est encore plus roturier qu’un lecteur de Paris-Turf. Or moi, malgré la sale gueule que j’impose au monde, je suis plutôt Comte de Mes Couilles et Chevalier de Mon Cul. Donc je peux l’incruster.

Ce n’est pas que j’ai particulièrement envie de rendre service à ce type absurde, mais je n’ai rien d’autre à foutre ce soir et après tout ça me changera de voir de belles meufs. Donc, sors le chéquier paske je reprends un mojito et aussi du champagne et j’ai besoin d’un joli costume, t’inquiète pas je connais un tailleur et tu passes me prendre chez ouam avec ton joli coupé BMW et puis quoi encore… Ben tiens, file-moi mille balles en liquide pour mes faux-frais.

Igor mâche et avale et me donne ce que je veux. Putain, il doit vraiment en avoir envie de la petite blonde. Je me demande quand même comment il fait pour se marier malgré sa condition. Moi je n’ai jamais pu. J’ai toujours fini par bouffer la fiancée, genre mante religieuse inversée. Lui, je sais qu’il a été marié au moins deux fois et puis longtemps en plus, genre quarante ou cinquante ans à chaque fois. Cela fait quoi de voir son mari toujours trentenaire quand on est vieille et fripée ? Comment il leur dit, parce qu’il doit bien être obligé de leur dire à un moment ou à un autre ? Et la belle famille ? A mon avis ça doit se finir en carnage. Je suis à deux doigts de lui poser la question et puis non. Après tout je m’en branle. Je peux encore enchaîner les colocs pendant un bout de temps. C’est toujours mieux qu’être seul.

Alors je vais m’acheter un costume et je retourne prendre un bain à Belleville et puis j’attends en sirotant le petit chinois du quatrième en face qui jouait dans la cour quand je suis arrivé. Encore une connerie, ça. Mais je sais pas, je n’arrive pas à me raisonner en ce moment, je fais n’importe quoi. Térésa pourrait arriver à tout moment, je ne sais même pas ce que je vais foutre du cadavre et en plus, je n’avais même pas faim. A tous les coups je retombe en dépression, comme à Venise il y a… Je ne sais plus.

Il faut ABSOLUMENT que j’aille consulter.

4.
On se gare Avenue Victor Hugo et on marche un peu pour arriver dans la cour de l’hôtel particulier où a lieu la soirée. Putain c’est énorme ! 900 m2 dans le XVIème. Ces gens sont vraiment pétés d’oseille. Igor siffle d’admiration quand on passe la porte d’entrée. Ce mec à la classe en lui. La meuf à l’entrée me regarde comme si j’avais chié sur le perron et je m’excuse presque en lui disant qui je suis et que c’est Machine de Mes Roubignoles qui m’a invité. Je ne lui dis pas que j’ai dû pratiquement la supplier, l’autre grosse vache, pour qu’elle me foute sur sa liste et que j’ai même fini par lui promettre de la sauter. Les fins de race n’ont généralement plus que leur nom de joli et sont souvent en manque de baise.

Il y a un monde fou et Igor me lâche dés l’entrée passée. Il ne veut sans doute pas que ma sale tronche lui nique ses chances auprès de Miss Regardez-comme-j’ai-du-pognon. Tant mieux, ça me ferait bien chier d’être vu avec ce cliché ambulant de la nature humaine. Je reste un peu au salon le temps de vider quelques coupes de champagne et d’échanger trois mots avec un Saint-Cyrien persuadé qu’on a triolismé ensemble une des petites-filles du Comte de Paris et je monte dans les étages où, généralement, la vraie soirée a lieu.

Je ne suis pas déçu. Des culs, des seins, des foulards Hermès qui servent de menottes, des Normaliens qui halètent et aussi un attaché ministériel mis en examen qui n’arrive pas à bander. Bref, une soirée réussie. J’erre de chambre en chambre, parfois en doigtant un peu ou en pétrissant des cuisses, mais le plus souvent juste regardant ces aventuriers de l’extase perdue qui ne trouvent que rancœur et culpabilité, et certainement pas l’amour. Alors, après m’être goinfré du spectacle toujours jouissif du déclin de cette humanité à laquelle je n’appartiens plus depuis longtemps, je décide enfin d’agir et me jette sur un couple en levrette dont je ne fais qu’une bouchée. N’ayant besoin comme arme que mes ongles longs et durs, je déchire et je perce ces ventres mous, ces sexes mornes et ces gorges qui attendaient tellement mieux de cette soirée. Puis couvert de sang et aussi nu que la vérité de ce monde qui m’est apparue ce soir, je remonte le couloir du premier étage et tue toute personne croisant mon chemin.

Des têtes volent, des bites sont arrachées, les yeux de la petite blonde me regardent encore alors que je les tiens dans ma paume. Igor s’est enfui dès qu’il a compris que j’étais devenu fou, laissant l’amour de sa vie se faire équarrir par mes mains expertes. Il sait qu’il ne fait pas bon se frotter à un vampire en crise. Au bout du couloir je regarde par la fenêtre ces gens si importants s’enfuir à poil en criant comme des gorets. Ils se marchent les uns sur les autres et se bousculent et certains même ont sorti une arme d’on ne sait où, mais aucune chance qu’ils s’en servent contre moi, trop occupés à essayer de se frayer un chemin vers la sortie à grand renfort de Poum-Poum et de Bang-Bang. Je ne sais pas ce dont j’ai le plus envie, éclater de rire ou ouvrir la fenêtre et leur gerber dessus. Mais je remarque une silhouette qui se détache des autres, qui essaye de remonter le courant et qui se fait pousser, insulter et menacer. Elle finit par réussir à se stabiliser et elle regarde vers moi, vers les fenêtres. Je la reconnais, je l’ai vue plus tôt dans la soirée. C’est une des filles de la maison, une des bonniches noires qui essuie le sperme et nettoie la merde après le passage des partouzeurs. Même si elle ne peut pas me voir, elle semble me crier quelque chose. Elle a l’air paniqué comme tout le monde, mais c’est pour autre chose. Alors je me retourne et je la vois, au bout du couloir, qui me regarde.

Voila ce qu’elle est revenue chercher, la négresse. Sa fille.

Elle ne doit pas avoir dix ans. Des cheveux tressés qui font le tour de sa tête et des yeux très verts qui surprennent par leur taille. Ils me fixent, terrifiés, et elle se met à pisser sous elle. Dans sa chemise de nuit blanche, elle me fait penser à Linda Blair dans L’exorciste. Mais là c’est elle qui a peur, évidemment. Alors je ne sais sous le coup de quelle impulsion subite, je la prends sous mon bras et file par les toits.

La poussée d’adrénaline consécutive au carnage m’a redonné des pouvoirs vampiriques. Je vole presque de toit en toit en riant d’excitation. La gamine pousse des beuglements quasi stridents et j’essaye de la rassurer en lui parlant de Spiderman et de Batman et aussi de Daredevil, mais apparemment elle ne connaît pas.

J’arrive à Belleville un peu calmé en me demandant mais qu’est-ce que tu fous, putain !

5.
Dans le salon, je dépose la fille sur le sofa et la regarde se prostrée contre l’accoudoir. Tu veux boire quelque chose ? je lui demande, mais elle fait celle qui n’entend pas. Je vais à la cuisine et rempli un verre de jus de raisin. En revenant, je la trouve abîmée dans la contemplation des cadavres de Térésa, rentrée trop tôt, et du petit chinois que j’ai laissé traînés là, au mépris de toute prudence.

Je lui dis ne t’en fais pas, je ne te ferai aucun mal à toi. Et je réfléchis à la véracité de cette phrase. Je suis étonné de me rendre compte que je le pense vraiment. Je ne veux faire aucun mal à cette gamine. Je lui tends le verre, mais elle recule instinctivement. Alors je le pose sur la table basse et m’assoie en face d’elle, sur le pouf moche que Térésa voulait tellement garder.

Je prends quelques minutes pour réfléchir à ma situation. Notre situation devrais-je dire maintenant. J’ai carnagé une partouze de notables dans le seizième alors qu’au moins trois personnes que je n’ai même pas pris la peine de dévorer sont capable de m’identifier. Autant dire que les flics vont débarquer dans l’heure ici même et qu’il est sans doute temps pour moi de quitter la ville, voire le pays. De plus j’ai eu l’intelligence d’embarquer avec moi une enfant muette et terrifiée dont je ne connais pas le prénom dans le but de… Je n’en sais rien. Je suis visiblement en pleine période de dépression nerveuse et si je ne trouve pas rapidement un bon psy il y a de fortes chances que tout ça se finisse très mal pour moi. Pour Nous.

- Il.. Ils sont morts ?

Elle me regarde avec dans les yeux quelque chose qui supplie que je lui mente. Mais on ne ment pas aux enfants. Alors je lui dis oui ils sont morts et elle se détourne de moi et contemple à nouveau les deux cadavres. Je me décide enfin à bouger et lui dit de rester sur le sofa pendant que j’emballe quelques affaires dans ma chambre. Je me sens vidé.

Je passe d’abord par la chambre de Térésa et fouille dans sa table de nuit à la recherche de ce qui peut me sauver la vie. Je trouve mon salut sous la forme d’un tube de Prozac presque vide. Je gobe deux des cinq dernières pilules et met le tube dans ma poche.

Je commence à sortir lentement mes fringues du placard en espérant que le Prozac agira rapidement. Incapable de choisir entre mes milliards de pantalons chemises costumes je prends des affaires au hasard et remplis ma valise. Un bruit me fait tourner la tête et je vois la gamine dans l’embrasure de la porte qui me regarde et puis elle dit :

- Je m’appelle Félicité

Et je me mets à pleurer comme je n’ai plus jamais pleuré depuis que je suis un vampire.

6.
Quand les flics arrivent, je n’ai même pas la force de résister. Je me laisse menotter, tabasser, emmener dans le fourgon qui pue et je continue de pleurer. Alors que mes réserves de larmes s’épuisent, le flot qui coule toujours de mes yeux devient rouge et les trois keufs qui m’accompagnent dans le fourgon s’éloignent de moi encore un peu plus. Ils aimeraient visiblement être ailleurs, les mecs. Mes larmes de sang me font tellement mal qu’elles redoublent et la souffrance ne semble plus vouloir finir. Les yeux à moitié collés de cette viscosité, je suis traîné jusqu’au cœur de l’hôtel de police et placé en cellule dés mon arrivée, sans passer par la case interrogatoire. Faut croire qu’ils ne sont pas pressés de se retrouver face à moi, face au type qui a tué de ses seules mains et de façon incroyablement atroce une bonne vingtaine de personnes en une soirée et qui a été retrouvé chez lui pleurant comme une gonzesse dans les bras d’une petite fille de neuf ans à côté de deux nouveaux cadavres. Je peux les comprendre.

Au cours des semaines suivantes, l’idée de tuer tout le monde et de m’enfuir ne me vient qu’une seule fois. Quand un des psychiatres chargés d'étudier mon cas ô combien passionnant tente de me prouver que les vampires n'existent pas. Tente de me dire que je ne suis que la victime d'un crime raciste perpétué dans ma petite enfance et qui aurait légèrement pété les plombs. Bon, plus que légèrement. J'ai bien envie de lui déchirer la carotide et de boire les trois-quarts de son sang pour lui expliquer mon point de vue, mais je ne peux pas. Depuis que j'ai sauté sur les dernières personnes ayant tenté de pénétrer dans ma cellule, on ne me parle plus que par intercom, à travers une vitre blindée genre Hannibal Lecter. Il faut dire que j'ai vraiment faim maintenant. Je n'ai rien avalé depuis cinquante-huit jours et la douleur est telle que je ne m'entends même plus crier. J'ai perdu trente kilos, ma peau se fane et mes cheveux sont tombés. Je suis en train de mourir alors que je sais ne pas pouvoir mourir. Tout est dans votre tête ! me crie le psy, engoncé dans ses certitudes. Le fait que je ne m'alimente ni ne bois depuis autant de temps sans crever n'a pas l'air de l'étonner plus que ça. Le pouvoir incroyable de l'esprit, doit-il invoquer dans ces dîners mondains où tout le monde l'invite depuis qu'il s'occupe de mon cas.

Mon procès à huis clos fait la une des journaux. Les médias ne se lassent pas de décrire et de re-décrire le moindre des meurtres qui me sont attribués. Le Vampire de la Jet-set, qu'ils m'ont appelé. C'est beau. Cela a même relancé le débat sur la peine de mort en France. Je n'assiste à aucune audience. Personne ne peut m'approcher, les sédatifs ne me font aucun effet et je ne suis plus qu'un ogre qui attend la moindre occasion pour enfin se nourrir. Malgré les preuves évidentes de mon déséquilibre mental que produisent un à un les nombreux experts qui se sont épanchés sur mon cas, je suis déclaré responsable de mes actes et coupable de tous les chefs d'inculpation dont on m'accuse. Le Président de la Cour se fend même d'un petit laïus sur le caractère hautement inhumain de mes crimes et me condamne en frissonnant à la perpétuité avec une période de sûreté de trente ans. On sent qu'il aurait voulu donner plus, mais la loi est la loi.

Vingt ans plus tard, je suis toujours dans ma cage. Un squelette recouvert de cuir très fin. On vient de loin pour m'étudier, me palper, m'intra-veiner, m'analyser. Les gens savent désormais que nous existons vraiment, enfin devraient le savoir, mais qui a envie de vivre dans un monde que de tels monstres arpentent ? Alors on m'a oublié comme on oublie la barbarie, en n'y pensant plus. Seuls les quelques scientifiques fanatiques qui m'étudient encore ont pleinement conscience de mon existence et je vois dans leur yeux qu'ils ne dorment plus jamais très bien. Je suis trop faible pour tenter quoi que ce soit, mais je sais qu'un jour une opportunité pourra être saisie et je serai vif, car une envie m'obsède, maintenant que la souffrance due à la faim fait tellement partie de moi que je ne la sens plus.

Aujourd'hui, Félicité doit avoir trente ans. Et j'ai hâte de la revoir.
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