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LE SCULPTEUR de Scott Mc CLOUD
Chef d'oeuvre. Quand on est dedans on ne peut plus lâcher cette histoire.
Le Sculpteur est un roman graphique, un vrai de part ces deux composantes. Roman car on est pris dans 486 pages composant cette histoire et Scott McCloud les gère à la perfection. Il n'en fallait pas moins pour aller au bout de l'histoire de David Smith et Meg. Le thème du mythe de Faust a beau être connu on a envie de savoir. On vit avec les personnages, on respire avec eux, leurs craintes, leurs doutes, leurs fous-rires, leurs passions, leurs pleurs sont les nôtres. Oeuvre dense et écriture limpide, le sculpteur brasse beaucoup de thème qui vont de l'amour à la mort, de la famille à l'accomplissement de soi. L'amitié y est décliné sous diverse forme et McCloud évite soigneusement de tomber dans la caricature dressant un portrait de l'humanité assez juste sans tomber dans le misérabilisme. La vie ce n'est pas toujours rose mais il y a plein de raison de la vivre et d'y croire. Aller au bout de soi même, se découvrir, s'accomplir tel est le fil conducteur de ce roman graphique. Autre satisfaction le traitement de l'art. Ce n'est jamais évident car là encore on peut vite tomber dans les poncifs. donc on va forcément croiser des parvenus, des homosexuels, des pédants, des critiques, des mécènes, des artistes maudits ... mais l'art n'est il pas un melting pot ? En tout cas moi j'y ai cru. L'art doit il passer devant tout le reste ? Est il plus important que l'amour que David porte à Meg ? Chacun jugera et la fin apportera beaucoup d'éléments de réponse sans pour autant répondre à tout. David Smith (avec un nom assez passe partout paradoxal pour un artiste qui souhaite squatter le devant de la scène) est un personnage fascinant et une facette de son créateur, Scott Mc Cloud. Comment ne pas y voir les démons McCloud ? Il y a clairement un part autobiographique dans cette histoire qui est souvent sans concessions. C'est d'ailleurs ce qui peut étonner ou énerver dans les débuts du Sculpteur. David Smith est loin d'être attachant, lorgne vers la caricature de l'artiste maudit et pédant et son histoire semble assez convenue. D'ailleurs ces réflexions vont de paire avec les dessins de Scott McCloud pour ceux qui se sont penché sur son oeuvre et notamment ses livres sur la bande dessinés. Pendant une centaine de page je n'ai pas pu m’empêcher de scruter les cases et les compositions de McCloud les regardant non pas comme l'artiste qu'il est mais comme des copies appliquées d'un bon élèves. Oui mais voilà il fallait surement en passer pas là pour que le récit devienne encore plus prenant, passionnant. On part de bas pour grimper, pour tutoyer les sommets, repousser l'impossible (la mort programmée) en passant par un exercice de recontruction après la déconstruction, la remise à zéro. C'est là que la côté fantastique et super héros dans une structure assez inédite prend de la consistance. La fin est en apothéose et les 100 dernières pages sont puissantes en totale opposition avec les premières. Donc oui il fallait partir doucement pour permettre à McCloud/Smith de s'accomplir. Le découpage de l'histoire évoque sans cesse la brièveté de la vie, comme autant de bornes ou de passages obligés. Rien n'est immuable et pourtant malgré les divers chemins qui s'offre à David et Meg, les points de passage semblent immuables. Scott McCloud/David Smith sculpte le papier avec ses crayons comme son double la matière. Les compositions de pages explosent devant nos yeux, la bichromie des couleurs employés renforçant cette impression épurée où il faut éliminer le superflu pour aller à l'essentiel. Derniers thèmes forts explorés, l'amour et la mort lié comme Eros et Thanatos. Lequel va prendre le dessus ? Faut il l'un pour accomplir l'autre ? C'est en substance à ces questions que Scott McCloud tente de répondre et le scénariste va parfaitement mener le jeu jusqu'au bout. Le lecteur va aller de surprise en surprise, en passant par divers stades. On s'énerve sur les personnages puis on les aimes pour mieux les détester. Les décisions ne sont jamais facile et semblent souvent égoïstes avec pourtant une logique implacable au fur et à mesure que l'on avance. L'amour est décliné sous plusieurs formes que cela soit physique (la première fois, les sexe bestial, l'homosexualité, la bisexualité même avec une scène très drôle dans la cuisine de Meg) ou psychologique (l'amour plus fort que la mort, le dépassement de soi, la passion, triompher des obstacle comme la dépression, maladie décrite très subtilement ici, le questionnement sur le sentiment amoureux). enfin le meilleur partenaire de l'amour, la mort, l'accompagne tout le long du récit. Arrivera t 'elle à triompher de tout ..... même de l'art ? C'est une des questions importante à laquelle Scott McCloud tentera de répondre. Il y a surement encore beaucoup de chose à dire, car cette œuvre mérite clairement d'autres lectures. On pourra également disserter sur les personnage secondaires, très intéressants ou encore la représentation de la ville que n'aurait pas renié Émile Verhaeren ou Bertold Brecht, théâtre d'expression graphique géant ou feuille blanche, peur des de l'écrivain, mais terrain de jeu pour les terreurs et angoisses de l'écrivain. Achetez le Sculpteur, lisez le, relisez le, parlez en. Venez vous perdre dans la complexité urbaine de Scott McCloud tout en embrassant la vie de David et Meg. |
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bon bah j'étais parti pour faire mon condensé, mais passer après Arrowsmith ferait beaucoup trop doublon tant que je suis d'accord avec lui!
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l'ultimatron "Batman n'a pas un physique de jouet Musclor!" Béhès. Voir Bendis sur Mon Petit Poney et puis mourir.Psycho Pirate. |
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Je n'ai fait que survoler les critiques approfondies mais ça m'a motivé à me le pRendre!
Rien qu'en le feuilletant ça donne envie!
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Si ça continue faudra que ça cesse! Dernière modification par Jean-Moul ; 31/03/2015 à 20h23. Motif: Ein grosseu faute!!! |
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Je suis en train de le lire.
Il y a de beaux moments, et c'est un ouvrage de qualité, mais qui n'est pas, à mon sens, totalement exempt de critiques. Certains effets mélodramatiques me semblent un peu trop appuyés, notamment. Par ailleurs, représenter la sculpture quand on n'est pas sculpteur me semble un écueil que Mc Cloud n'évite pas et sur lequel il peine à me convaincre. La représentation de la création elle-même par contre est très dynamique et visuelle, et on sent que Mc Cloud est là dans son corps de métier. |
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"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère." Denis Johnson - Arbre de fumée |
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Le sculpteur reste une œuvre peu ordinaire pas exempt de défauts. Néanmoins la somme de travail accompli par McCloud ainsi que le choix assumé d'en faire un roman graphique (genre que j'apprécie particulièrement, il faut que je vous parle de Seconds de O Malley) en fait clairement sa force surtout si on aime lire (et plus particulièrement des romans). Merci de ton retour, Halnawulf |
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Je suis assez d'accord avec Halnawulf sur cet album. D'autant que je trouve que McCloud force globalement beaucoup le pathos aussi, quitte à systématiquement court-circuiter toutes les pistes un tant soit peu positives du récit (presque...) (c'est vrai que c'est surtout visible sur les 150 premières pages)
Mais j'ai vraiment beaucoup aimé, même si je trouve qu'à part Meg les personnages manquent sérieusement de charisme, de cette proximité que j'ai pu apprécier dans des GN intimistes comme Seconds, Cet Été là etc. Tiens mon avis sur S.
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Mon site (qui date ) |
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je rejoins assez la critique que tu as faite sur sceneario.com. Meg est en effet un personnage très touchant. Le pathos dont tu parles est effectivement agaçant sur les 150 premières pages mais par exemple, pour revenir sur Meg, le traitement de sa maladie est tout en finesse (et là McCloud évite clairement le pathos). Je n'ai jamais eu la tentation de m'identifier à David (qui est et reste un personnage ambiguë, pas forcément sympathique), du coup son traitement ne m'a pas dérangé. Et puis comme tu le signales quand enfin on est harponné on ne lâche plus le recueil. Les autres personnages arrivent à exister à mon sens car ce n'est pas la souhait du scénariste de les mettre en avant. Il complète le couple David - Meg. L'agent de David m'a plu (ainsi que ses motivations qui sont clairement explicités, McCloud n'en faisant pas l'impasse). La famille de David est également bel et bien présente et chaque évocation de cette dernière est importante. Peut être que l'entourage de Meg aurait en effet mérité plus de développement (mais la scène dans la cuisine sur les amants de Meg rafle la mise).
On a les mêmes références à ce que j'ai pu lire |
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Tiens, c'est quoi la "maladie" de Meg? Et oui, c'est aussi le personnage que j'ai préféré. David lui m'a fait penser au personnage principale du film whiplash. Parfois horripilant et égoïste mais touchant et compréhensible. |
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Oui ok c'est bien ce que je pensais, c'est juste le terme maladie qui m'avait troublé.
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Les meilleurs passages sont ceux avec le grand-oncle Harry! C'est aussi le personnage le plus charismatique, David Smith restant une tête à claques pour lequel j'ai eu du mal à ressentir de l'empathie, bien moins que pour Meg, par exemple. Et j'ai trouvé la dernière oeuvre de David très convenue, finalement. Je crois que le mélodrame passe mieux avec des personnages plus attachants et multi-facettes, comme dans Strangers in Paradise, par exemple. Une "petite" déception, donc. |
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Hérétique
Merci du retour Halna, toujours un plaisir de te lire (je reste sur ma première impression pour l'avoir à nouveau feuilleté) |
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