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[Ivan Rebroff]

Ma médiathèque est fantastique, et j'ai pu y emprunter l'intégrale d'Universal War One, œuvre de science-fiction en 6 tomes de Denis Bajram, qu'il a écrite, dessinée, encrée et colorisée entre 1998 et 2006.

Je ne peux qu'applaudir l'ambition et la réalisation graphique de cette bande-dessinée. En revanche, niveau scénario, je serai plus circonspect.

Les deux premiers tomes sont très plaisants. L'histoire est intéressante, plus ou moins originale, l'exécution est très excitante. Hélas, les personnages sont tous des clichés sur pattes, écrits à la truelle (mention spéciale à Mario, qui ressent deux émotions dans l'intégrale des six tomes), sauf Kalish, évidemment. Et les dialogues, bon sang, j'avais l'impression d'être devant une série B...

Puis intervient le 3e tome, dans lequel Bajram nous fait miroiter sa maîtrise des différentes possibilités offertes par le voyage dans le temps. Mais miroiter seulement,

puisqu'au bout du compte, on en revient à une marche du temps globale et inexpugnable sans envergure

. D'autant que si on sent l'auteur à l'aise dans tous les aspects "physique des vaisseaux spatiaux et des trous noirs", il semble plus timide dans la maîtrise du sujet du voyage temporel.

Les 4e à 6e tomes me sont apparus comme un exutoire pour l'auteur, qui nous donne sa vision très pessimiste du futur, un rien caricaturale là encore : tout y passe, le libéralisme, pas bien, le fascisme, pas génial, les extrêmismes, pas super, l'humain est fondamentalement méchant et corrompu, les Etats-Unis sont le grand Satan, et j'en passe.

Puis on découvre que le père d'Amina est un musulman conservateur macho et pédophile. Et que Milorad a vécu l'enfer dans un orphelinat tenu par des Popes orthodoxes. N'en jette plus Denis, on a compris que tu n'apprécies pas les religions du Livre...

Du coup, j'ai eu beaucoup de mal à continuer à m'intéresser à l'histoire des comparses de l'escadrille Purgatory. N'était la partie graphique, qui est un régal pour les yeux de part en part (si ce n'est les visages féminins, atroces de laideur), j'aurais abandonné au 4e tome.

Et le deus ex machina final finit d'enfoncer le scénario dans les profondeurs : passe encore la critique affligeante de facilité du libéralisme et des extrêmismes,

mais les personnages n'agissent plus comme avant : entre Mario qui a décidé de détruire la Terre parce qu'il n'est pas content (alors qu'il ne jurait que par elle auparavant) et Kalish qui devient un Bisounours aimant l'humanité après un bisou alors qu'il était suicidaire deux heures avant, une mère n'y reconnaît plus ses petits !

Heureusement qu'il y a un Apocalypse qui vient nettoyer tout ça. Certes, Kalish était férocement athée au début de l'histoire, puis se met à citer la Bible, puis a en écrire une, mais on n'est pas à une incohérence prêt dans le comportement des personnages pour justifier la fin du récit !

Mais si on arrive à passer outre ces incohérences comportementales des personnages, le discours à charge sans finesse de l'auteur et le deus ex machina final qui sent très fort la pression de l'éditeur, c'est une œuvre à lire, pour son graphisme, sa mise en page, et parce que certains moments enlèvent le lecteur et le font voyager dans l'espace.