Que lisez-vous en ce moment ? (part III)

[Ben Wawe]

Oh, franchement, arrêtez avec l'humour du MCU, ça en vient à toutes les sauces ; ça donne envie de quitter les sujets et de ne plus réagir.

Après, je ne critique pas le fond de Doomsday Clock (qui est d'un cynisme moche mais habituel dans le business), mais bien ce qu'il s'y passe ; en trois numéros, il y a très peu d'événements, les personnages apparaissent relativement creux ou dépossédés de leurs âmes (y reconnaît-on Ozymandias ou Batman ? non ; et le Rorschach n'est qu'un clone, du coup gênant sur le principe), les rebondissements sont surprenants mais un peu lourds, et l'atmosphère générale me paraît fausse et fade (l'environnement "à la Watchmen" ne cadre pas dans le DCU : les gens ont confiance dans les Héros, ce ne sont pas les révélations évoquées qui changeraient ça).
Maintenant, ceux qui aiment ont raison d'apprécier leurs lectures, j'en suis ravi ; mais de là à croire que Saint Johns est critiqué de principe... pff.

[FredGri]

Mouais, Scarlet, c'est assez facile ce contre argument à base d'anti-bashing... Les arguments de Ben, par exemple, ou mon impression après avoir lu quelques pages tiennent avant tout compte d'une lecture objective...

Il m'apparait évident que s'attaquer ainsi à un monument comme Watchmen (quand bien même il est aussi de bon ton d'aller critiquer son impact et son importance maintenant) va forcément pousser les gens à regarder de plus près le travail de Johns et sa façon de singer l'écriture de Moore. Tout est amené pour pousser la comparaison, le lettrage, la façon de construire certaines séquences, l'ambiance crépusculaire etc.... C'est inévitable... On n'est pas en train de parler d'une énième reprise de Superman ou de la suite des aventures de Spider-Man...

Pour ma part, j'ai longtemps été fan de l'écriture de Johns, justement parce qu'il y avait ce côté sombre dans lequel tout l'univers DC a progressivement glissé. Toutefois, je ne l'ai jamais non plus pris pour le meilleur de sa partie, juste un bon scénariste très efficace qui sait dynamiser les franchises sur lesquelles il bosse, donc ça m'allait. Là je suis juste curieux, le voir bosser sur un truc qui sort très clairement de ses domaines de prédilection, avec un univers qui a des thématiques très marquées, un fond très riche et un auteur prestigieux qui a balisé le terrain, qui a insufflé une telle personnalité à l'ensemble, c'est un pari couillu, et dans le peu que j'ai lu ça me semble quelque peu maladroit... Mais encore une fois je demande à voir sur les trois premiers numéros. J'irais jusqu'au bout de cette histoire, mais voilà...
On est toujours plus attentif avec des œuvres de cet acabit, ça n'est pas du bashing, on n'a plus 12 ans, mais Johns a franchement interêt à être convainquant, même si je pense que faisant partie des décisionnaires dorénavant il s'en fout un peu tant que les chiffres seront là (et ils le seront de toute façon) )))

[doop]

Oui, c'est pas du Johns bashing de dire que pour le moment, il n'y a pas grand chose qui prend dans les trois premiers numéros de doomsday clock.
réactions des personnages assez bizarres, des transitions maladroites, des nouveaux intervenants très très faibles. Il tente beaucoup de comparaisons mais ca ne fonctionne pas pour le moment, c'est un univers qui ne semble pas très défini.
Frank est en revanche excellent !
J'ai beaucoup aimé Johns sur plein de trucs, notamment sur Flash et GL, sur ses premiers JLA, mais parfois il se plante, comme tous les scénaristes.

[FredGri]

Voilà !

[FredGri]

Autrement, je viens de lire les 6 premiers Dept. H des Kindt, et comme je m'y attendais, j'ai beaucoup aimé !
Sous couvert d'un récit assez convenu en surface, le scénario nous entraîne dans les pas d'une jeune femme envoyée enquêter sur l'hypothétique meurtre de son père, dans une station sous marine, tandis que petit à petit les catastrophes s'accumulent dans la dite station qui devient alors un véritable piège mortel !

Bien sur, résumé comme ça on a le sentiment d'avoir déjà vu ça des centaines de fois, et je suis assez d'accord. La trame elle même reste assez convenue, même dans les archétypes que proposent les deux Kindt... Toutefois, il y a aussi pas mal de très bonnes idées de fond, comme la relation complexe entre la fille, son père et son frère, ou les croisements entre passé et présent. Sans oublier la finesse d'écriture, cette façon de caractériser si propre à Kindt que j'aime beaucoup !

L'histoire est haletante, vraiment un très bon thriller qui joue par contre un peu trop la carte de la surprise redondante. La jeune Mia soupçonne tous les membres de l'équipe, donc il est important à un moment de l'isoler avec chacun d'eux et d'amener une situation de danger pour faire naître le doute, un peu comme "Les dix petits nègres" (désolé, encore une fois, pour mes références simplistes )... Le schéma se systématise pas mal, au point ou le récit lui même finit par ne se concentrer que sur l'accumulation de ces catastrophes plutôt que sur le mort...

Toutefois, et je me répète, j'ai réellement beaucoup aimé cette lecture, même si le graphisme de Kindt demande un temps d'adaptation (personnellement, j'aime assez ce côté storyboard plein de charme !)

[wildcard]

C'est avec gourmandise que je me suis plongé dans la lecture de ce Volume 2 de Black Hammer, intitulé The Event, et qui regroupe les épisodes 7 à 11 et 13 (le 12 a été écarté pour je ne sais quelle raison). Il faut en profiter puisque la série est en suspens depuis Septembre 2017 (là non plus, sans explication fournie par les équipes artistique et éditoriale), tandis que le scénariste Jeff Lemire multiplie les spin-off (et les commandes chez Marvel et DC)...

Cette suite ne déçoit vraiment pas et régale le fan du premier tome dont elle reprend les ingrédients tout en les enrichissant, en explorant de nouvelles pistes jusqu'à la chute haletante. Avec désormais deux spin-off, Sherlock Frankenstein and the Legion of Evil et le récent Doctor Star and the Kingdom of Lost Tomorrows, on peut même parler de "Lemire-verse", potentiel remplaçant/concurrent au "Mignola-verse" (avec Hellboy, B.P.R.D., Lord Baltimore, Abe Sapien) chez le même éditeur (Dark Horse).

Le souci avec cette profusion de titres dont Lemire est le seul rédacteur, c'est de savoir jusqu'à quel point il pourra piloter tout cela : en effet, depuis six mois, pas un seul nouvel épisode inédit de Black Hammer n'est sorti, et il faut compter avec les autres engagements du scénariste chez DC (avec The Terrifics) et Marvel (où il va relancer une série consacrée à Sentry) ! Tout ça risque de générer une frustration chez les fans du présent titre... Surtout que ni l'auteur ni Dark Horse ne communiquent sur la suite.

Revenons au contenu de ces six épisodes, dont on notera que le recueil ne compte pas le n° 12 (?), même si cela ne parasite pas du tout la compréhension de l'intrigue. Lemire joue sur deux niveaux : le premier est l'apparition imprévue et inexpliquée de Lucy Weber, fille de Black Hammer, dans la ferme de Rockwood ; le second sur les origines développées des héros.

Lucy permet pour le lecteur de s'interroger sur la situation et quelques révélations sont au programme : si les anciens super-héros sont coincés dans cette ferme, c'est parce qu'un champ de force en délimite le périmètre. Pour l'avoir ignoré ou avoir pensé le franchir sans problème, Black Hammer a trouvé la mort, littéralement désintégré - seul son marteau a "survécu" ! La jeune femme mène aussi l'enquête sur la bourgade voisine et découvre un cadre dont l'étrangeté devient vraiment perturbante : tous les livres sur l'histoire de l'endroit sont remplis de pages blanches, les habitants ont un comportement inhabituellement placide, aucun n'a jamais connu autre chose que ce bled.

Mais Lucy a aussi un impact sur le quotidien des héros, dont le plus notable est une idée qu'elle glisse à Talky Walky pour qu'il explore une nouvelle piste dans ses recherches pour ramener l'équipe à Spiral City. La conséquence sera dramatique pour le robot, littéralement neutralisé par son fidèle compagnon, le colonel Weird, dont il est désormais évident que ses voyages dans la Para-Zone, s'ils ont entamé sa raison, lui ont aussi révélés des secrets sur le futur - suffisamment pour qu'un retour à Spiral City le contrarie...

En parallèle, Lemire continue de détailler le passé de ses protagonistes et délivre enfin les origines de Black Hammer. Comme les autres résidents de la ferme, elles agrègent des éléments directement inspirés par des personnages de Marvel et DC : ici, les clins d'oeil abondent en direction du Fourth World de Jack Kirby mais aussi des Inhumans de Lee et Kirby (un chien est même la reproduction exacte de Lockjaw) ou encore d'Asgard. L'anti-Dieu, le fameux dernier ennemi des super-héros, est une version de Darkseid mixée avec Galactus.

Avec ces citations, le lecteur non averti peut se sentir exclu mais Lemire prend soin d'en exploiter d'abord l'aspect folklorique pour distinguer les provenances des pouvoirs des héros, plutôt que de jouer sur des références uniquement adressées aux connaisseurs.

De la même façon, Gail a transmis le flambeau à la Golden Family, soulignant l'hommage à la Marvel Family et Shazam. Plus inattendue est la découverte de sa romance avec l'ex-vilain Sherlock Frankenstein (sorte de néo-Lex Luthor). Le déclin de Abraham Slam fait l'objet de flash-backs poignants, renvoyant à Watchmen. L'homosexualité de Barbalien et son amitié avec Gail sont aussi écrits de manière subtile mais sans détour (là où tant de super-héros gay sont mal abordés dans les comics mainstream). Le personnage le plus mystérieux demeure Mme Dragonfly, dont le lecteur commence à se demander si sa position en retrait du groupe tient uniquement à son lien avec sa cabane maudite ou si elle a à voir avec leur situation actuelle, sans compter sa méthode expéditive de régler les problèmes pouvant compromettre la vie à la ferme...

Dean Ormston met ces chapitres en images avec ce même trait fragile qui souligne l'humanité tourmentée des personnages et les situations les plus étranges traitées de la manière la plus sobre possible. Il n'en rajoute pas, sauf quand il s'agit de représenter des éléments secondaires comme les méchants du passé (la bataille de Y-Force et Abraham Slam contre Mud Master). Son découpage reste très simple mais est capable de générer un suspense dramatique très efficace (comme la scène où Barbalien découvre le projet suicidaire de Gail).

L'épisode 9 est dessiné par David Rubin (par ailleurs artiste du spin-off Sherlock Frankenstein and the Legion of Evil) et est entièrement dédié aux origines de Talky Walky. Lemire y fait preuve d'une inventivité et d'un humour pince-sans-rire géniaux que l'artiste traduit visuellement à merveille. Rubin est beaucoup plus audacieux en termes de mise en scène, notamment avec une double page bluffante, mais aussi dans l'enchaînement très nerveux des actions (tout l'épisode est une course-poursuite trépidante), que les couleurs vives de Dave Stewart transforment en un vrai trip psychédélique.

En souhaitant que la suite ne tardera plus car Black Hammer est diaboliquement addictive, je vous laisse avec un portrait de groupe réalisé par l'immense Bill Sienkiewicz, un autre prestigieux fan de cette formidable série.

[JB]

S'il joue actuellement sur les codes, je me demande si Lemire ne risque pas d'être à terme identifié (voir réduit) par ces reprises d'autres créations (les FF de DC Comics avec les Terrifics, le Superman de Marvel sur Sentry, et ici les références aux personnages de Kirby)

[mellencamp]

Mince, je ne savais pas que la série était en suspens...je dois encore choper le volume 2.

[wildcard]

	Citation:			Posté par JB
	S'il joue actuellement sur les codes, je me demande si Lemire ne risque pas d'être à terme identifié (voir réduit) par ces reprises d'autres créations (les FF de DC Comics avec les Terrifics, le Superman de Marvel sur Sentry, et ici les références aux personnages de Kirby)

C'est un risque. Mais mesuré, je pense, car il en donne quand même, dans chaque cas (même s'il reste à voir son traitement de Sentry), une interprétation bien personnelle et pas paresseuse.
Disons qu'il s'amuse davantage des clichés accolés aux modèles qu'il ne cherche à les reproduire. Par exemple, dans "The Terrifics", il brouille les cartes avec les pouvoirs des personnages mais s'amuse sur les relations. Dans "Black Hammer", il pioche de-ci, de-là, mais avec une volonté de rendre hommage, encadrée par une intrigue qui est très accrocheuse.

J'ai l'impression que de toute manière ça ne lui fait pas peur d'être en équilibre avec ces éléments : quand il était arrivé chez Marvel, il avait repris "Hawkeye" alors qu'il venait d'écrire un run conséquent de "Green Arrow", mais bien que les deux héros soient des archers, le résultat n'avait vraiment rien à voir.

[Norrin]

En plein dans le Savage Dragon Archives volume 3. Que de péripéties mes amis pour ce Dragon ! Après avoir ressenti une légère lassitude dans le volume 2, je suis de nouveau à fond : retour d'Overlord, Dragon dans son rôle de papa, puis son retour au S.O.S.. Ce qui me plait vraiment dans Savage Dragon c'est le développement "humain" du personnage.
Sinon j'ai enfin fini la mini Aliens Dead Orbit de James Stokoe. J'ai repris l'histoire du début avant d'enfin lire le 4. Je dois dire que la tension de l'histoire passe beaucoup mieux en une lecture qu'en 4 lectures espacées de quelques mois. Après Godzilla half century war c'est une nouvelle réussite graphique pour Stokoe.

[ArnaudXIII]

Je suis en en train de finir le premier volume de Black Panter by Priest The Complete Collection et mon Dieu, Sal Velluto...
Quelle horreur ce dessinateur. Je sais que c'est publié en 2000 mais là, on dirait plutôt du comics du milieu des années 90s. Et je trouve que même l'histoire est un peu moins bonne, comme si le passage de Marvel Knights vers Marvel tout court avait eut un effet négatif sur la qualité globale du titre. Bref, j'attaquerai pas le volume tout de suite...

[EsseJi]

C'est dommage de bloquer comme ça sur Velluto. Les Black Panther de Priest sont une claque de bout en bout, le comics le plus politico-slip que je connaisse. Priest a une méthode d'écriture qui ne laisse rien au hasard, toutes les scènes sont pensées et s'imbriquent pour donner la cohérence au tout. D'ailleurs le format single ne rend pas honneur à son style et c'est en collection que tout son talent est révélé.

[ArnaudXIII]

Ah c'est sûr que c'est bien écrit mais je sais pas, je trouve qu'à partir du changement d'éditeur, il y a parfois un peu trop d'exposition.
Je reviendrai lire la suite mais je vais faire une petite pause.

[Fred le mallrat]

une de mes séries favorites et le passage à marvel s est fait en douceur pour moi avec même l utilisation tellement intelligent de la coherence (la conflits diplomatiques, l arc avec les villains de Power man ou comment Priest explique le OOC du run de kirby..)

[doop]

et puis velluto, je suis surpris ! je le trouve enormissime !