X-9

[zaitchick]

Secret Agent X-9, Alex Raymond et Dashiel Hammett.Denoël, 2003. Traduction de François Truchaud.


Secret Agent X-9 est une co-création d'Alex – Flash Gordon - Raymond et de Dashiel Hammett.
Publiée à partir de 1934 dans le New-York Journal du groupe Hearst pour concurrencer Dick Tracy (dans le Chicago Tribune), la bande fut lancée à grand renfort de publicité. Hammett, débauché par Hearst alors qu'il est un écrivain reconnu (Moisson Rouge, Le Faucon Maltais) et dépensier, ne s'impliqua que dans les quatre premiers récits, repris dans ce volume de 410 pages.


Si le style de Raymond reste très agréable à l'œil, les scénarii d'Hammett sont en revanche terriblement datés. L'agent secret X-9 est une gravure de mode aux méthodes de bulldozer. Il se fait appeler Dexter, « un nom qui en vaut un autre », et ne semble avoir ni identité, ni vie privée, quand bien même on apercevrait fugitivement un domestique philippin dans le premier récit, seul proche qui disparaît rapidement.


X-9 est un fédéral, un G-Man (Gun-Man, surnom donné aux agents du FBI) qui peut obtenir l'aide des autorités civiles simplement en exhibant sa carte. Par contre, on ne le voit pas rendre de compte à un quelconque supérieur même s'il évoque ses chefs et une mission dans le dernier récit. X-9 ne paraît ressentir aucune émotion, ni peur, ni tristesse ; s'il secourt la veuve et l'orphelin, il ne manifeste pas beaucoup son empathie. Mais il liquide ses adversaires sans hésitation ni état d'âme. Une absence de personnalité qu'on retrouve chez Flash Gordon où le héros n'est qu'une figure fonctionnelle véhiculant l'action.


L'humanité, on ne la trouve pas non plus chez les femmes, divisées en deux catégories, la demoiselle en détresse et la vamp. Tout au plus aura-t-on une rombière richissime dans le 3e récit. C'est les seconds rôles qui amènent un semblant de vie : Sydney George Harper Carp, un escroc rebondi, pétochard et hâbleur, comme son nom ne l'indique pas ; Terry Burke, le journaliste fouinard et sans-gêne ; Harmonica Slick, le titi débrouillard vendeur de journaux...


Quand à l'action, on est davantage dans le domaine du sérial (l'ancêtre cinématographique du feuilleton télé) que dans le polar urbain : X9 affronte des génies criminels à l'identité secrète (« le Dominateur », « le Masque ») ou des chefs de bande classiques (Rocks Greer, Big Hat) qui échafaudent des complots d'envergure allant de la piraterie à la fabrication de fausse-monnaie, en passant par le rapt de riches personnes... Et l'action se déroule dans différents décors (villa bourgeoise, désert, mine abandonnée, petite ville ou grande métropole, haute-mer...) tandis que le héros monte – et se bat – à cheval, en voiture, en avion, en bateau suivant les nécessités de son enquête, ce qui conférait, sans doute, à la bande une touche de modernité.


Les bandes quotidiennes des journaux ont été remontées et sont présentées en deux bandes par page. On suit donc le récit à son rythme de parution, page après page. L'histoire, fertile en rebondissement, use de l'ellipse pour aller à l'essentiel. Chaque épisode est doté d'un titre, souvent l'œuvre des rédacteurs du journal, que le traducteur a retranscrit avec une certaine drôlerie, parfois anachronique. Dommage toutefois que quelques coquilles se soient glissées dans l'ouvrage, ce qui est toujours agaçant...

[aegnor]

Je suis en train de lire la suite par Al Willianson& Archie Goodwin et j'avais en effet souligné dans un autre sujet que niveau histoire c'est du plus que classique, même si pour l'instant je n'ai lu qu'une histoire complète et le début de la suivante mais côté graphisme c'est un pur régal.

...et la formule des femmes en détresse ou Vamp est en effet de mise dans cette suite!