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Critiques Doopiennes d'Octobre : ZENITH, HUCK
ZENITH (URBAN COMICS Septembre 2016) Le pitch :Contient les numéros 535-550; 558-559 et 589-606 de la revue 2000 AD (1987) ( Scénariste : Grant Morrison, Dessinateurs : Steve Yeowell) Zenith est le fils de deux anciens super-héros qui faisaient partie de Septième Ciel, un groupe dont les membres ont tous disparu, perdu leurs pouvoirs ou partis à la retraite. Il est donc le seul super-humain restant sur Terre. Ce qui ne veut pas dire qu'il aide son prochain, loin de là. En effet, Zenith utilise ses pouvoirs uniquement pour faire de l'argent et accroitre sa célébrité. Devenu une star de la télévision et de la musique, il passe ainsi son temps à draguer et à faire ce qui lui chante. Jusqu'au jour où des personnages issus du passé de ses parents refont surface, obligeant notre anti-héros à faire des choix qu'il n'avait encore jamais envisagé et à comprendre ce que signifie être un véritbale héros. Ce Zenith est forcément incontournable si l'on intéresse un tant soit peu au monde du comic-book. En effet, il s'agit de l'une des premières œuvres du scénariste écossais Grant Morrison publiée au sein du mythique magazine anthologique 2000 AD, revue qui a fait éclore les talents d'Alan Moore, Dave Gibbons, Brian Bolland, Steve Dillon, Peter Milligan et de la quasi-totalité des scénaristes anglais de la période Vertigo. Ce recueil compile les deux premières sagas du personnage, écrites chacune sous forme d'une quinzaine de petits épisodes de huit/dix pages en noir et blanc. Ne vous attendez pas à un déferlement d'idées terriblement audacieuses : l'histoire en elle-même est assez classique et il n'y a rien de bien révolutionnaire, ce qui n'est pas un reproche non plus. Morrison essaye de développer un style un peu plus léger et fun en opposition au succès du Dark Knight et de Watchmen tout en le mâtinant d'une touche de réalisme et il faut reconnaître que la dernière idée prend le pas sur la première (c'est plus réaliste que léger). Mais ce n'est, encore une fois, pas vraiment un problème, je préfère des histoires classiques et bien réalisées que des histoires originales et mal fichues. Il y a quelques bonnes trouvailles, notamment dans l'agencement de l'histoire (le prologue du premier segment est vraiment superbement construit) et on sent déjà un scénariste qui maîtrise ce qu'il écrit. Le reste est vraiment classique mais bien réalisé, Morrison introduit ici des nazis et toute une histoire de super-humains après la seconde guerre mondiale au sein d'une uchronie où l'Angleterre et les USA ont lâché la bombe sur Berlin en 1945. Comme dans la majorité des séries publiées au sein de 2000 AD, Morrison ne peut s'empêcher de livrer une pensée politique puisque l'un des super-héros de Septième Ciel, Mandala, aux pouvoirs psychédéliques et qui a accompagné les Beatles dans leur trip musical en Inde, est désormais devenu le ministre de la défense de Margaret Thatcher. Morrison nous montre de ce fait que le pouvoir corrompt et dans ce sens, il n'est pas très loin de certaines idées d'Alan Moore, même si le ton et la volonté de l'auteur sont quand-même un peu moins fouillées. Il en profite bien évidemment pour glisser quelques messages sur l'écologie et les animaux, qu'il reprendra et amplifiera plus tard dans des séries comme ANIMAL MAN. La première phase est vraiment intéressante. Elle développe parfaitement les personnages qui gravitent autour de Zenith, leur donnant à tous une voix propre et une personnalité complète. En fait, il n'y a que le personnage principal qui n'est pas vraiment fouillé et c'est un peu dommage. La deuxième phase est un peu plus chaotique, Morrison mélangeant monstres d'une autre dimension, combats psychédéliques et une histoire plus classique sur les origines des super-humains. C'est néanmoinns assez visionnaire avec ce personnage qui a construit un empire informatique et qui se croit maître du monde en s'alliant avec un ancien criminel/nazi/savant fou. On a de fait une origine un peu à la Miracleman mais orientée démon et mysticisme. C'est en tout cas vraiment très agréable à lire, avec une intrigue très linéaire et une approche tout à fait correcte d'une histoire basique de super-héros de l'époque saupoudrée d'un message politique. N'essayons pas de le comparer à Miracleman d'Alan Moore, le principe de la série ne naviguant absolument pas dans les mêmes eaux. Le natif de Northampton nous livrait une réflexion philosophique sur le pouvoir et le surhomme tandis que Morrison s'intéresse à des aspects un peu plus cyniques afin de mieux les dénoncer. Cela n'a rien à voir. La grande surprise de ce recueil, c'est la performance de Steve Yeowell ! Je ne connais pas grand-chose de ce dessinateur que j'ai dû croiser dans THE INVISIBLES mais aussi sur STARMAN de James Robinson et je ne l'aurais (en tout cas au départ) absolument pas reconnu. En effet, pour moi Yeowell est un dessinateur au style épuré et clair, qu'on pourrait rapprocher d'un Peter Snejbjerg et ce n'est pas du tout ce que l'on trouve au début de Zenith, où ce dernier nous livre de magnifiques planches réalistes avec des tonnes de détails. C'est vraiment impressionnant et sublimé par le noir et blanc, qui convient parfaitement ici! On le voit de plus évoluer au fil des pages et des planches pour tendre vers son style actuel, ce qui est toujours très intéressant. Zentih est donc une bande dessinée superbement dessinée et bien exécutée, même si l'histoire n'est pas véritablement très originale. Reconnaissons toutefois que même trente ans plus tard, le récit de Morrison tient la dragée haute à pas mal de séries récentes qui naviguent dans les mêmes eaux. Certains pourraient le comparer à INVINCIBLE, je ne suis pas vraiment d'accord. J'aurais plutôt tendance à la rapprocher, dans les thèmes, de ROYALS de Simon Coleby. ZENITH est donc vivement conseillé, même si c'est à mon sens largement en dessous de ANIMAL MAN ou DOOM PATROL. C'est une bonne histoire avec une réflexion politique. J'aurais aimé peut-être un peu plus de recul sur ce que Morrison voulait dénoncer (le grim and gitty des années 80), un discours un peu plus prononcé sur le medium des comics, mais il reste un deuxième recueil ! et demi |
#2
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A part bien sûr qu' Invincible soit le fils d'un super-héros, pas de délires psychédéliques ni de message politique dans "Invincible", pas de fascination pour le "star-system", et la série ne s'inscrit pas du tout dans le monde réel. |
#3
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C'est pourtant une comparaison qui a été faite
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#4
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Superbe chronique.
Juste un petit truc pour chipoter : Rick Veitch n'a jamais bossé sur 2000AD. Il n'est d'ailleurs même pas britannique. Sinon, j'ai feuilleté l'album d'Urban en librairie et c'est vraiment un bel objet.
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"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère." Denis Johnson - Arbre de fumée |
#5
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Arf...J'ai confondu Veitch et Totleben !!!!
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#6
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Totleben, c'est comme Veitch, il est américain et n'a jamais bossé pour 2000AD...
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"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère." Denis Johnson - Arbre de fumée |
#7
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Ah ben ça tombe bien, j'attendais une critique pour éventuellement le prendre.
Bon, je suis toujours pas décidé, y a tellement de trucs qui sortent. C’est peut-être le signe qu'Urban va s'attaquer après au œuvres emblématiques de Morrison chez DC. |
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heu....... si je dis chuck austen, là j'ai bon
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#9
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Presque, ne pas oublier que Austen est également un dessinateur
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#10
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Oui, il a même fait miracleman, comme Totleben et Veitch, c'est pour ça
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#11
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Bon d'ailleurs
HUCK Book1 : ALL-AMERICAN (IMAGE COMICS, 2016) Le pitch :Contient les numéros #1-6 de la série HUCK (20146) ( Scénariste : Mark Millar, Dessinateur : Rafael Albuquerque, Couleurs: Dave McCaig) Huck est un jeune trentenaire qui travaille dans une station-service. Abandonné à la naissance dans un couvent, il est ce que l'on appelle généralement un "gentil gars", un bonhomme tout en muscles et pas très malin qui peut se mettre en quatre pour vous aider. Parce qu'il est trop gentil, trop naïf, trop simple, Huck, il ne ferait pas de mal à une mouche et essaye de faire une bonne action par jour. Il faut dire que Huck a une particularité qui le différencie des autres : il a des superpouvoirs et il les utilise sans compter, que ce soit pour récupérer un bijou au fond de l'océan, récupérer un chat, tondre toutes les pelouses ! C'est donc l'idole de la ville, le secret le mieux gardé du fond de l'Amérique profonde. Sauf que voilà, la cupidité d'une des habitantes de la ville va attirer l'attention sur notre héros et réveiller de sombres secrets. J'ai eu un gros problème avec Mark Millar. Je l'ai quasiment découvert sur AUTHORITY (ah Religimon) et ULTIMATES où il m'avait vraiment impressionné, j'ai ensuite lu des œuvres plus vieilles du scénariste, lorsqu'il travaillait en duo avec Grant Morrison et j'ai encore une fois trouvé ça très bien. Déçu par Ultimates 2, plutôt enthousiasmé par des mini-séries comme Wanted ou Chosen et même Civil War (je l'assume), l'arrivée de Kick-Ass et du Millarworld a signé pour moi le début de la fin. En effet, depuis cette période, je n'arrivais plus à apprécier les œuvres du scénariste, que je trouvais toutes plus faciles et outrancières les unes que les autres. Ses Kick-Ass sont tout simplement une horreur et la plupart des séries estampillées Millarworld de l'époque (NEMESIS, SUPERIOR) étaient assez pauvres et ne justifiaient aucunement le buzz fait autour d'elles. Millar était devenu pour moi le symbole du scénariste "hype", qui construit son succès sur des concepts provocateurs absolument pas développés et superficiels, formatés à outrance pour une adaptation au cinéma (bien bien loin de Garth Ennis qui, derrière des blagues de potache et du gore à outrance peut parfois arriver à faire passer des idées sensibles et touchantes). Bref, Millar avait tellement perdu son mojo que personnellement, j'ai arrêté de lire sa production. Jusqu'à tout récemment, où le scénariste a sorti JUPITER'S LEGACY avec Frank Quietely. Pris surtout pour le dessinateur, j'ai retrouvé dans cette bande dessinée un Millar recentré et qui arrivait ENFIN à faire passer son histoire avant sa personnalité. Les titres qu'il a produit pour Image récemment sont eux aussi du même calibre, ce ne sont pas des chefs d'œuvre, il y a parfois des ratés (MPH) mais la plupart du temps, ce sont de bonnes histoires (STARLIGHT, JUPITER'S LECAGY, CIRCLE) qui m'ont fait passer un bon moment de lecture. C'est pourquoi je n'ai pas hésité très longtemps avant de commander ce recueil, surtout qu'il est dessiné par Rafael Albuquerque, dont j'avais bien aimé le style sur AMERICAN VAMPIRE et sur certaines couvertures DC Comics. Huck est dans la moyenne de ce qu'a livré Millar depuis un an, à savoir une bonne histoire, pas révolutionnaire, mais agréable à lire et qui va à l'essentiel. Et c'est un peu dommage, car les deux premiers épisodes sont extrêmement réussis. J'ai beaucoup aimé cette idée de héros simple, un peu niais mais débordant de gentillesse. Millar réussit de plus à bien faire passer les émotions et les réactions des gens de la ville ainsi qu'à créer une certaine empathie envers Huck. En gros, on le voit utiliser ses pouvoirs pour faire le bien, et chez moi cela a fonctionné parfaitement. Malheureusement, Millar se perd un peu à partir du troisième épisode, où il s'intéresse à la famille et aux origines de Huck. Je comprends bien qu'il est impossible de faire une série sans aucune intrigue (quoique... certaines stars du moment y arrivent depuis des années) et qu'il fallait secouer un peu le statu quo mais les origines du personnage sont réellement cliché et déjà vues des dizaines de fois que cela entraîne fatalement une perte d'intérêt. On s'ennuie donc un peu dans cette histoire de guerre froide, d'espions Russes et de méchants modifiés génétiquement et on vraiment envie de retrouver Huck, qui n'est pas du tout à sa place dans cette histoire, de retour dans sa ville autour des gens qu'il aime. De plus, Millar accélère le rythme et la narration pour terminer son histoire et c'est assez superficiel. La fin est toutefois plus réussie, les dernières pages renouant avec les émotions et les sentiments du début. Il y a quelques grosses ficelles dans le récit un (notamment ce qui concerne les pouvoirs de la maman de Huck et les aptitudes du héros pour retrouver n'importe quoi) mais ça passe. Niveau dessins, c'est assez joli. Albuquerque est bon, ses pages sont très agréables à regarder, mais j'ai l'impression qu'il tire un peu la langue en fin de série, ses visages étant un peu moins précis qu'au départ et son trait moins affiné. Il n'y a pas non plus beaucoup de travail sur les décors, mais cela reste toutefois très joli. Pour résumer, Huck est une histoire sympathique, qui part d'une idée plutôt originale (un vrai "gentil" avec des superpouvoirs, un gars simple et naïf dont le seul but et de rendre ses voisins heureux) mais qui aboutit sur une intrigue un peu générique, pas du tout originale et traitée un peu par-dessus la jambe. Concrètement, je pense qu'il aurait mieux valu faire un one-shot plutôt qu'une série en six épisodes. Mais, encore une fois, Millar s'efface derrière son histoire, à tel point qu'on ne le reconnaît pas du tout, et c'est le meilleur compliment qu'on puisse lui faire. Les dessins sont très bons et viennent conforter l'idée que l'on a lu un comics un peu mieux que moyen. Au vu de certaines productions de Millar depuis Kick Ass jusqu'à très récemment, c'est déjà énorme ! |
#12
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Dis-donc, et Starlight?? C'est bien après.... (et Secret Service c'est très bon nah fallait garder le role génial de Mark Hamill comme ça beeeeep )
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Doop le cite au milieu de son texte, en majuscules, dans les bonnes histoires de Millar.
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Oui, j'ai bien vu, c'est pour ça qu'il y a contradiction avec sa dernière phrase.
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#15
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effectivement, la phrase est pas très bien tournée !
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