Discussion: Le Bouffe-Univers
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Vieux 03/01/2012, 14h25
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Super Héros maitre du monde
 
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5.
Face à Caliméro, je me dis que cela fait cinq jours sans spin, et que je ne me sens pas si mal. Bien sûr, mes bras ont morflé, mais il existe aujourd'hui des crèmes cicatrisantes incroyables et mes blessures sont plus impressionnantes que réellement douloureuses. Bien sûr, je vomis tous les matins, mais j'ai perdu trois kilos, enfin je crois. Bien sûr, je ne m'endors plus qu'en pleurant, mais au moins je m'endors. Alors, je joue nerveusement avec le petit briquet-laser de Caliméro, qui a la forme d'une petite bite, avec deux petites couilles toutes molles qui peuvent servir de boules antistress. Je ne sais pas pourquoi je joue avec ce truc absurde, donc je le repose sur le bureau et j'attends que Caliméro finisse son coup de fil en regardant les vidéos porno gay qui passent en continu sur son plasma. C'est assez chiant, deux mecs qui s'enculent. Presque aussi chiant qu'un mec avec une fille. Juste un peu plus violent.
— Ça va ? Je te dérange pas ? Tu veux pas que je te suce ?
Caliméro a fini son coup de fil et je me rends compte que je suis moitié en train de me toucher devant lui. Le manque de spin a des effets pervers plutôt étonnants. Je rougis en borborygmant des excuses bidon. Et je pense aussi que cela fait plus d'un an que je n'ai pas vu une fille en vrai ! Mais où sont les filles ? Chez elles, sans doute, en train d'attendre un homme ou, plus certainement, en train de ne rien attendre du tout.
Yo ! T'es là, ou bien ?
Je suis là. A peine, mais je suis là. Alors Caliméro me parle de son plan et de comment je vais pouvoir me faire plus de pognon que je n'en ai jamais rêvé. C'est une façon de parler, bien sûr. Tout le monde à Déprime Land passe son temps à rêver qu'il gagne des millions à la loterie ou un truc genre. Et je me suis déjà pignolé sur bien plus que six millions d'euros. Mais on ne va pas faire le difficile…
Cela commence par la photo d'un type assez moche, qui s'appelle Freud. Et ce type est programmeur réseau pour Pharmacyte. Bien, parfait. Et Pharmacyte, c'est la boîte qui produit des médocs pas chers pour le tiers-monde. Ah ? Bon. Alors y'a une embrouille de brevet qui fait que Pharmacyte va, soit gagner des milliards d'euros, soit perdre des milliards d'euros, je n’ai pas bien compris parce que Caliméro a été interrompu par un e-mail. Quand il reprend, il me dit qu'en gros, il faudrait que je trouve le profil du mec, le Freud, et que je l'échange par un profil d'un autre mec qui, lui, travaille pour Untel et là, c'est moi qui ai décroché parce que y'a cette star du X qu'est apparue sur le plasma et j'adore cette actrice. Enfin bon. Le boulot n’est pas bien compliqué, surtout que j'avais pris soin avant de démissionner de garder tous mes codes d'accès, et je m'étonne un peu que ce soit aussi bien payé. J'ai presque envie d'en parler à Caliméro, mais je me dis que ce ne serait pas très malin de ma part, alors je la boucle.
Et il me donne cent mille euros d'avance sur frais. Quels frais ? J'empoche le fric et je sors, en prenant garde de ne pas lui serrer la main. Pendant le voyage retour, que je fais en taxi, je m'interroge encore sur ce que je dois faire et cherche en vain où se trouve le piège. Je suis obligé de rallonger le prix de la course de trois cent pour cent pour que le fils de pute chinois accepte de me déposer devant chez moi. Enfin arrivé, je commande un repas qui pourrait éradiquer la faim dans le monde et je m'installe devant mon micro, avec trois jours pour faire un truc qui devrait me prendre dix minutes.
Putain.
Il est où, le piège ?




6.
Un canon d'Uzi dans la bouche, j'ai encore le courage de penser à Caliméro et à comment je vais lui en mettre plein la gueule dès que je me serai tiré de ce merdier. Bon. A priori, Caliméro, il n’est pas vraiment en danger. Je ne vais pas m'en sortir cette fois. Ils sont huit, chez moi, chez ce qui reste de chez moi - y'a plus de porte et un des murs a été ouvert au plastic – et, chacun à leur tour, ils me tapent. Et ils font super mal. J'ai un œil qui est sorti de son orbite et la commissure droite des lèvres qui s'est déplacée d'au moins trois centimètre suite à un coup d'Opinel assez incongru (un Opinel ? Au 21ème siècle ?). Et pour couronner le tout, je suis encore lucide ! Sérieux, je m'épate. Je suis une vraie bête. Même Quentin, un de mes tortionnaires, est sur le cul.
— Bordel, c'est un solide ! J'en reviens pas qu'il soit pas déjà dans les vapes.
Qu'est-ce que je disais. C'est Quentin, justement, qui m'arrache mon T-shirt et, Whâââ, vous avez vu les cicatrices sur ses bras ? C'est un malade ce type !
Merci.
Tout ce que je voudrais savoir, moi, c'est « qu’est-ce qu'ils veulent savoir, eux » ? Je ne suis pas un héros. Laissez-moi dénoncer. Permettez-moi de vendre, de cafter, de trahir. Ce que vous voulez, mais ne tapez plus. S'il vous plaît.
Sauf qu'ils ne me demandent absolument rien. Ils se contentent de jouer avec mon micro, j'entends : m'exploser l'écran dix-sept pouces sur le crâne, et piller mon frigo, ce qui, il est vrai, est le moindre mal. Je commence à m'inquiéter quand l'un d'eux parle de me couper les doigts au sécateur. Et puis je remercie de vivre à Déprime Land, l'endroit le plus bétonné de la planète, où nuls jardins n'imposent la possession d'un tel objet. Je ne suis toujours pas mort et ils commencent à s'ennuyer. Alors ils s'en vont, après m'avoir demandé si j'ai bien compris. Oui monsieur, j'ai bien compris. Je ne sais toujours pas ce que j'ai bien compris, mais là, ça va, je crois que j'ai bien compris.
J'ai surtout compris que je suis dans une merde noire. Les assureurs arrivent à temps pour me sauver la vie. J'ai contracté une assurance après avoir accepté le job de Caliméro. Les mecs sont constamment reliés à mon micro et, si je n'entre pas un code précis toutes les trois minutes – trois minutes, c'est contraignant, mais plus sûr quand on voit tout ce qui peut se passer dans un laps de temps aussi court – ils accourent aussi sec et me découvrent, en l'espèce, dans le coma, du vomi sur mes Nike et le quart de mon sang sur le lino bien moche de ma chambre. Après ça, les bouchers de l'hôpital semblent des enfants de chœur. Ces derniers ne me remettent pas un œil tout neuf parce qu'ils ne savent pas que je suis un millionnaire en puissance, mais ce n'est pas grave. Une fois ma thune empochée, je ferai un détour par le Flesh'Mark avant d'aller voir le soleil. En attendant, j'ai un joli bandeau de pirate et une fermeture éclair sur le coin de la gueule. Un vrai Don Juan.
Bon. Retrouver Caliméro, lui péter la gueule et empocher ma thune.
Alors je retourne à son bureau et j'essaye de le persuader de me payer. Le problème, c'est qu'il ne veut pas me recevoir. Un de ses gardes du corps/ videurs/ mastodontes me dit que je suis mort. En tout cas c'est ce que Caliméro dit. Et j'ai beau lui expliquer que la capacité même de lui expliquer prouve que je suis bel et bien en vie. Rien n'y fait. Le gros reste de marbre et je sens la rage bouillir et commencer à cuire mes intestins. Mais je ne peux pas faire grand chose. Alors je m'éloigne en maugréant des insultes un peu nulles et je me mets en planque dans un fast-food de l'autre côté de la rue. L'odeur de graisse réchauffée est à gerber. Je me force à commander un burger-soja avec un milk-shake "au mille parfums" et m'installe sur un des tabourets en plastoc le long de la vitrine.

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