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Vieux 29/07/2018, 16h06
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Hawkguy
 
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Diffusée de 2014 à 2017, The Leftovers a d'abord été un phénomène de la télé américaine avant de finir sa carrière, au bout de trois saisons et vingt-huit épisodes, dans l'indifférence quasi-générale. C'est pourtant une production envoûtante, adaptée du best-seller de Tom Perrotta par Damon Lindelof (un des scénaristes-créateurs de Lost), mais qui exige de son public une disponibilité totale. En effet, ce mélodrame aux accents religieux et fantastiques est aussi une série parfois austère mais passionnante pour qui s'y abandonne.


Nora Durst et Kevin Garvey (Carrie Coon et Justin Theroux

Tout le "problème" de The Leftovers durant sa première saison de dix épisodes est de savoir quoi en penser, déterminer de quoi ça parle. Il est a priori question de deuil après une catastrophe inexpliquée (inexplicable) et de la manière dont un groupe de personnages composent avec les conséquences de cet événement. Mais, telle un mille-feuilles, la série interpelle le téléspectateur à d'autres niveaux à mesure qu'elle se déroule.

En adaptant le roman de Tom Perrotta avec l'auteur, Damon Lindelof, le showrunner, s'est tout de même approprié le texte et ses motifs pour y injecter ses propres thèmes, dont certains qu'il avait déjà abordés dans Lost. Il le fait d'une façon à la fois plus frontale, directe, et allusive. Et c'est cette approche qui intrigue, déroute, captive (ou égare, pour ceux qui n'entreront pas dans l'histoire).

De religion, de foi, de croyance, il est abondamment question, mais, malgré son générique sur fond de peinture représentant une ascension vers l'au-delà sous le regard de proches éplorés, le show n'est pas bondieusard et évite toute explication toute faite à base d'interprétations de textes sacrés. Si la question des cultes est posée, elle l'est sous bien des aspects, depuis la figure du Révérend Matt Jamison, qui se sert de son église pour dénoncer les turpitudes de certains citoyens, jusqu'aux Guilty Remnant, cette secte étrange dont les membres grillent cigarette sur cigarette sans dire un mot, se déplaçant tels des fantômes habillés en blanc ou stationnant devant les maisons de Mapleton pour éprouver leur attractivité auprès de gens en détresse, en passant par le personnage de "Wayne", pseudo-messie abusant de jeunes asiatiques tout en étant capable de soulager autrui de sa souffrance.

Petit à petit, sur un rythme lent et avec une narration volontiers elliptique (comme lors des "absences" de Kevin), les énigmes de l'intrigue se résolvent de telle sorte que les auteurs laissent le téléspectateur opérer lui-même des déductions. Les masques tombent, les failles apparaissent, les connections entre les personnages s'établissent : tel un puzzle qui s'assemblerait par la seule force de l'évidence, le sens de la série se révèle.

Ainsi faut-il en revenir à son titre même : "the leftovers", soit "ceux qui restent". Car, dans ce récit sur les disparus, il s'agit surtout de sonder ceux qui ne se sont pas volatilisés le 14 Octobre il y a trois ans comme 2% de la population mondiale. Tous les protagonistes n'ont pas perdu quelqu'un le "Jour du Grand Départ", mais tous ont été touchés par cet événement surnaturel, qui les a ébranlés sur le sens de la vie. Kevin a vu sa famille se décomposer, Nora travaille depuis pour indemniser les familles des disparus, Matt tente de conserver ses ouailles, les GR veulent à tout prix que les gens n'oublient pas ceux qui sont partis.

Mais, comme nous l'apprend le neuvième épisode, en forme de grand flash-back sur le "Jour-J", tout n'était pas parfait à Mapleton avant le "Grand Départ" : les Garvey traversaient une crise conjugale, le mari de Nora la trompait avec l'institutrice de leurs enfants, Patti souffrait de dépression après avoir été chassé de chez elle, Tommy ne comprenait pas que son père biologique le rejette, Kevin souffrait de l'aura de son père qui, lui-même, entretenait une liaison encore secrète avec Lucy Warbuton... De là à interpréter les disparitions comme une sorte de punition divine, il n'y a qu'un pas, même pour ceux qui ne croient pas ou plus ou entre autre chose.

Le casting porte cette histoire complexe et singulière, très suggestive et violente en même temps, avec brio. Justin Theroux, découvert dans Mulholland Drive (David Lynch, 2001) et fiancé éphémère de Jennifer Aniston, est la grande révélation du show, par son jeu fébrile et habité. Ceux qui (comme moi) ont adoré la saison 3 de Fargo retrouveront avec plaisir la formidable Carrie Coon dans le rôle de Nora. Christopher Eccleston a troqué le costume du Dr. Who pour celui du Révérend Matt, fiévreux à souhait. Ann Dowd (vue depuis dans Good Behavior) est glaçante dans le rôle de Patti tandis qu'Amy Brenneman ne pipe pratiquement pas un mot de toute la saison tout en faisant passer tout le trouble de son personnage. Enfin, mention spéciale pour la jeune Margaret Qualley (The Nice Guys, Shane Back, 2016), parfaite en ado paumée (la fille d'Andie McDowell est l'autre révélation de la série).

Variation subtile et fascinante sur le trauma américain post-11-Septembre (sans les maladresses des 4400 avec ses emprunts à X-Files), The Leftovers conclut sa première saison sur une note lumineuse après bien des tumultes. Avant de se réinventer pour sa saison 2...
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