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Vieux 11/03/2018, 15h31
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Hawkguy
 
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Je vous avais dit tout le bien que m'avait inspiré la première saison de Good Behavior, mais ce n'est pas sans une certaine appréhension que j'ai suivi ces dix nouveaux épisodes. Les showrunners Blake Crouch et Chad Hodge allaient faire aussi bien, voire mieux ? Réponse sans tarder dans ce qui suit.


Ce qui fait le charme de Good Behaviour, c'est son imprévisibilité et son glamour que menace constamment la dérive de son héroïne. Si on s'en tient à ces bases, alors cette deuxième saison est aussi enthousiasmante que la première, parvenant à conserver ses acquis sans tomber dans la routine et en faisant évoluer ses personnages principaux.


Cependant, on remarquera facilement que les dix épisodes sont en fait divisés en deux actes : dans un premier temps, le trio Letty-Javier-Jacob, qui a pris la poudre d'escampette après que la première ait tiré des griffes du FBI le second, cherche à refaire leur vie ailleurs. En vérité, il s'agit d'une fuite en avant, dont ils sont conscients : ils sont des fugitifs recherchés sur lesquels l'agent Lashever a promis de mettre le grappin. Et ça ne manque pas : au bout de trois épisodes, voilà le tueur et la voleuse, menottes aux poignets, en route pour la prison, victimes à la fois de leur manque de prudence mais aussi d'une trahison de la part de Estelle, la mère de Letty, qui refuse que celle-ci partage la vie d'un assassin, quitte à la perdre à nouveau.

Un twist très loufoque conduit les prévenus à renverser la vapeur en convaincant Lashever de mystifier le FBI qui l'a trop longtemps humilié. Un casse très drôle et totalement invraisemblable est commis dans un club de drag-queens, avec un suspense efficace à la clé. Puis une visite chez la grand-mère de Letty, elle-même ancienne aventurière malhonnête, convertit l'intrigue grâce à un deus ex machina un peu facile mais à l'impact ravageur.

Le second acte sépare le couple-vedette, tandis que Jacob est remis à Estelle pour le préserver. Les scénaristes n'épargnent pas au téléspectateur la déchéance de Letty et, dans une moindre mesure, de Javier. La voleuse se soûle et se shoote au point de se réveiller la nuit dans une forêt, sans se souvenir comment elle a atterri là, appelant au secours son ancien agent de probation (désormais amant de Lashever) pour la sauver. Javier reprend ses activités de bourreau tout en enquêtant sur la présence perturbante d'un ami d'enfance qui n'est visiblement pas là que pour consoler sa soeur Ava.

Le final est un modèle du genre, entre les retrouvailles des amants, un contrat déroutant et cruel rempli, la révélation du mobile de Teo, et l'issue terminale. Letty et Javier partent à Los Angeles avec un paquet important de drogue dont la vente va leur permettre de vivre tranquillement. Mais une voleuse et un tueur à gages à L.A. peuvent-ils vraiment raisonnablement échapper aux vices d'une telle mégalopole ? La fin est ouverte et alléchante (et comme la série a été renouvelée pour une troisième saison, on devrait se régaler).

Le show connaît donc une progression appréciable même si sa narration subit quelques chutes de rythme notables, une certaine tendance à tirer sur la corde (notamment dans la première partie de la saison où il est évident que les héros ne profiteront pas longtemps de leur cavale et ne sont pas dupes de leur vie de famille "normale"). Le casse dans le night-club tient un peu du grand n'importe quoi, tirant le récit vers la parodie de son genre, et l'apparition d'Alice est une facilité scénaristique bien pratique.

En revanche, quand les auteurs se focalisent sur les démons des deux héros - l'alcoolisme et la toxicomanie de Letty, son incapacité à assumer son rôle de mère, la violence intérieure irrépressible de Javier, sa méfiance paranoïaque, son envie de normalité impossible - , alors, là, la série atteint une singularité plus trouble, plus troublante, qui rend le couple à la fois si atypique et attachant. On se rend alors compte que leur entourage est presque accessoire, ne servant qu'à souligner ce qui est évident ( ce sont des marginaux, les vilains petits canards de leur milieu, qui ne s'intégreront jamais aux standards de la société à cause de leur vocation et de leur caractère, et c'est en l'acceptant qu'ils sont vraiment heureux).

D'une certaine manière, Letty n'est pas plus sympathique que Javier (elle abandonne son enfant pour mieux sombrer dans la boisson et la dope et lui se remet à tuer même si cela répugne sa soeur et met en danger celle qu'il aime), mais en osant se regarder en face, en s'entraidant même (au point de se contaminer : Letty finit par tuer un assassin et un innocent, Javier vole de la drogue), ils avancent, malgré tout.

Pour rendre fréquentables de tels individus, Michelle Dockery et Juan Diego Botto n'ont même pas l'air de forcer : il faut admettre qu'ils ont du charme à revendre, une élégance folle naturelle, qui ont raison de la résistance du téléspectateur. Il y a une alchimie redoutable entre les deux acteurs sur laquelle l'intrigue et le réalisation s'appuient beaucoup -presque trop, et il faudra sans doute penser à leur opposer un adversaire véritable dans les prochains épisodes, quelqu'un de plus coriace, plus retors que Lashever ou Teo, pour pimenter leurs aventures au-delà de leurs névroses.

Malgré quelques réserves donc, Good Behavior franchit le cap délicat de la deuxième haie avec brio : la production de la chaîne TNT a de beaux jours devant elle.
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