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Vieux 13/09/2013, 11h09
Avatar de Zen arcade
Zen arcade Zen arcade est déconnecté
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Zen arcade vend de la drogue à Grant MorrisonZen arcade vend de la drogue à Grant MorrisonZen arcade vend de la drogue à Grant MorrisonZen arcade vend de la drogue à Grant MorrisonZen arcade vend de la drogue à Grant MorrisonZen arcade vend de la drogue à Grant MorrisonZen arcade vend de la drogue à Grant MorrisonZen arcade vend de la drogue à Grant MorrisonZen arcade vend de la drogue à Grant MorrisonZen arcade vend de la drogue à Grant MorrisonZen arcade vend de la drogue à Grant Morrison
En 1970, pour contrer la Toei qui commence à fabriquer des pinky violence à la chaîne, la [B]Nikkatsu[/B] investit le genre avec sa propre série de films intitulée [B]Nora Neko Rokku [/B]([B]Stray Cat Rock[/B]).
Les séries de films sont monnaie courante au Japon, pour plusieurs raisons.
Tout d'abord parce que cela permet de réduire les coûts de production (tournages simultanés, mêmes équipes, mêmes décors,...), ensuite parce que cela permet d'exploiter rapidement un filon porteur avant de passer à autre chose et aussi parce que cela permet d'assurer un quota de films à l'affiche (il faut savoir qu'au Japon, les sociétés qui produisent alimentent leur propre réseau de salles).
C'est ainsi qu'en l'espace d'un peu plus d'un an, la Nikkatsu va sortir pas moins de 5 films dans sa série [B]Stray cat rock[/B].
Trois d'entre eux sont réalisés par [B]Yasuharu Hasebe[/B] et valent la peine d'être découverts. Les deux autres sont réalisés par Toshiya Fujita et je ne les recommenderais pas même à mon pire ennemi tant ils sont d'une nullité insondable.
Je vais donc me concentrer sur les films réalisés par Hasebe, à savoir Stray cat rock : Female boss, Stray cat rock : Sex hunter et Stray cat rock : Machine animal, respectivement les premier, troisième et quatrième films de la série.
Mais quand je parle de série à propos des Stray cat rock, il ne faut pas s'attendre à un premier film qui serait décliné sous forme de suites. Non, ici, d'un personnage à l'autre, même si les acteurs restent souvent les mêmes, ils ne jouent pas les mêmes personnages. Chaque film a une histoire indépendante des autres. Ce qui les relie, ce n'est que leur titre et l'ambiance générale qui s'en dégage.

[B]Stray cat rock : Female boss[/B] ouvre le bal.


[img]http://wipfilms.net/wp-content/uploads/Posters/Stray_Cat_Rock_Female_Boss.jpg[/img]


Le scénario est minimaliste : un gang de filles bikers dirigé par Mei ([B]Meiko Kaji[/B]) bientôt rejointes par une motarde errante ([B]Akiko Wada[/B], chanteuse populaire à l'époque) va s'opposer à un groupe de yakuzas autour d'un match de boxe truqué.
La réussite du film est ailleurs.
Elle réside dans sa capacité à capter une énergie, à capter une ambiance qui représente une certaine jeunesse japonaise désillusionnée.
Pour cela, et aussi en raison de contraintes budgétaires, le film va adopter une esthétique beaucoup plus réaliste que les productions pop colorées des 60's.

[img]http://wipfilms.net/wp-content/uploads/2011/08/4hd2te.png[/img]

[B]Stray cat rock : Female boss [/B]n'est certes pas un chef d'oeuvre cinématographique (le film est trop lent, les scènes sont répétitives) mais je le trouve néanmoins important pour sa capacité à illustrer un basculement dans le cinéma de genre japonais. Même si certaines figures sont conservées (les passages pop psychédéliques dans les clubs par exemple), le film entérine le passage à un cinéma franchement nihiliste.

[img]http://wipfilms.net/wp-content/uploads/2011/08/shot0011png.jpg[/img]

Il est assez frappant de constater l'absence totale dans le film de toute figure d'autorité (hormis du côté des hommes avec la hiérarchie très stricte du monde des yakuzas).
On n'est plus dans le canevas classique du personnage ou du groupe qui cherche à s'emanciper. Ici, la liberté sans entraves est acquise. Et elle s'exprime au travers de la délinquence dans la déresponsabilisation la plus totale. Mais aussi dans une jouissance qui consume les personnages et les projette dans un vide qu'ils sont totalement incapables d'appréhender.
L'intrigue ne peut donc se résoudre que dans une amertume nihiliste.
Non seulement parce que l'équipée était condamnée à l'échec mais aussi parce que le film ne pose aucun jugement moral qui pourrait faire penser à l'intérêt d'un retour à un modèle de société antérieur.

[img]http://wipfilms.net/wp-content/uploads/2011/08/349e6gz.png[/img]

La suite bientôt avec [B]Stray cat rock : sex hunter[/B].
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"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - Arbre de fumée

Dernière modification par Zen arcade ; 13/09/2013 à 11h17.