Afficher un message
  #82  
Vieux 18/12/2012, 18h20
Avatar de wildcard
wildcard wildcard est déconnecté
Hawkguy
 
Date d'inscription: février 2009
Localisation: Chez moi
Messages: 11 674
wildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Stark
#282



#282 : Crooked Halos
(Juillet 1990)


C'est la fin du voyage, l'heure de vérité : Daredevil va se présenter devant Méphisto et il reçoit un dernier conseil de Blackheart lui-même, qui déclare à son père que son plan a échoué, que ses méthodes ne fonctionnent plus.
Le diable tente plusieurs fois de faire taire sa progéniture en l'écrasant, mais bientôt les héros réunis lui font face et le défient. Il leur rit au nez et tue l'un d'entre eux, mais ce crime est inutile - d'autant plus que le Surfer d'Argent surgit et attaque.
Il permet aux prisonniers de remonter à la surface du monde : cette évasion signe leur victoire sur Méphisto. Ils ont réussi à s'échapper de l'enfer.

Deux ans et demi après le début de leur collaboration et après 30 épisodes, la fin de cette saga marque la fin du run d'Ann Nocenti avec John Romita Jr.

Le risque après un partenariat dont les fruits ont été si originaux et riches est d'aboutir à un dénouement en-deçà de ce qui a précédé. Mais il n'en est rien (même si on peut néanmoins regretter que cela n'ait pas fait l'objet d'un numéro double, encore plus épique, avec plus de place, et pour frapper un dernier grand coup).

Au terme de l'arc Typhoïd Mary, Ann Nocenti avait choisi de ne pas conclure de façon classique, avec un combat physique, une victoire nette et sans bavures du héros - au contraire, Daredevil finissait défait, son adversaire s'éclipsant comme dans un songe (ou plutôt un cauchemar), et la série allait s'en trouver impacté profondèment au point de l'emmener, elle et son héros, sur des chemins de traverse.

De manière similaire, mais aussi plus baroque, mythologique, cette saga avec Méphisto s'achève non pas avec les poings (même si le Surfer d'Argent s'en mêle) mais avec un discours sur la condition humaine, l'inutilité même de se battre comme des pugilistes ordinaires.

Ce ne sont pas des adversaires communs qui s'affrontent mais plutôt des symboles, des formes, presque des états, des abstractions, des concepts. Méphisto avait dit que ce qui lui plaisait avec les héros, c'est qu'ils tombaient de haut. Daredevil triomphe du diable en lui renvoyant cette pensée au visage : en vérité, ce n'est pas une question de bons et de méchants, mais de liberté, de choix.

L'arrogance de Méphisto l'a condamné à l'échec : il a voulu faire une démonstration, bloquer ses ennemis dans les cordes. Mais ses ennemis refusent le combat et partent, et comble de l'humiliation, s'en vont en lui pardonnant - ce pardon leur permet de se libérer du diable.

La puissance singulière de ce dénouement éclipse l'issue même des autres intrigues (le fait que Karnak et Gorgone aient retrouvé le fils de Médusa et Flêche Noire, que n°9 accepte d'être enfin seule et indépendante), et d'ailleurs dans le #283, Ann Nocenti expédiera les adieux entre les Inhumains, la "femme parfaite" et DD.

On peut estimer que, comme d'autres grands scénaristes face au problème de boucler la boucle efficacement, l'auteure ait été en quelque sorte dépassée, impuissante à conclure à la mesure de ce qu'elle avait développé. Mais il lui sera beaucoup pardonné après nous avoir gratifiés d'épisodes aussi ébouriffants.

John Romita Jr et Al Williamson n'ont levé pas le pied pour ce dernier round.
La représentation de Méphisto est un concentré de leur production ici : créature difforme, devenue obèse après s'être goinfré des souffrances qu'il a infligées, la face entre le serpent et la grenouille, couché sur un lit de corps damnés, il est à la fois grotesque et effrayant, immense ogre écarlate défié par de minuscules héros. Voilà un monstre qu'on n'oublie pas.
La participation du Surfer d'Argent permet d'admirer une autre facette du talent des deux artistes qui parviennent, avec une économie remarquable de traits, la vitesse de l'alien sur sa planche en route pour les enfers, traversant toute la largeur d'une double-planche puis fondant sur le diable, immaculé face à la créature bavant de l'encre.

Romita Jr et Williamson flirtent à plusieurs reprises avec l'art abstrait : JR Jr s'y révèle, comme l'a analysé Bernard Dato (dans Comic Box), comme un dessinateur du mouvement, de l'énergie, de l'esquisse, que Williamson affine, précise, orne. Le résultat est à la fois sommaire et sensible, ébauché et gravé, simple et puissant, d'une intense élégance.

*

Bon sang, quel run : 30 épisodes de haut vol, à (re)découvrir d'urgence !
Réponse avec citation