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Vieux 04/03/2007, 22h33
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Niglo change la caisse du Fauve


Switchblade Honey
(Ait/PlanetLar, 2003, 72 pages n&b, 9.95$)

Scénario : Warren Ellis.
Dessin : Brandon McKinney.


Dans l’œuvre pléthorique de Warren Ellis, ses quelques tentatives s-f figurent parmi ses plus belles réussites. En particulier Orbiter, illustré somptueusement par Colleen Doran, mais aussi, dans une moindre mesure, Ocean, avec Chris Sprouse. Warren Ellis y signe une science-fiction ambitieuse et passionnante, qui a peu à voir avec le traitement habituel de ce genre dans les comics, mais bien plus en commun avec l’œuvre d’un Bruce Sterling ou d’un Paul J. McAuley.

Switchblade Honey constitue une exception en se situant dans un registre beaucoup plus classique, voire stéréotypé : le space opera. Dans la préface à ce graphic novel, Ellis site même l’œuvre qui lui a directement inspiré cette histoire : Star Trek. Tout en précisant qu’il déteste profondément l’univers bien trop propret selon lui imaginé par Gene Roddenberry. Le but du jeu ici est donc de créer un space opera trash et politiquement incorrect.

Effectivement, dès les premières pages, le ton, non-consensuel, est donné. Une guerre intergalactique oppose la Terre aux Chasta. Guerre dont les humains sont entièrement responsables, et qui menace de très mal se finir, et très vite, pour eux. Une opération de la dernière chance est donc tentée : confier une mission suicide à un vaisseau dont l’équipage est composée des pires rebuts de l’armée. Les douze salopards dans l’espace, si ce n’est qu’ils ne sont que cinq ici.

L’équipage est donc composé d’un capitaine Kirk fumant et s’enfilant des litres de bière sur la passerelle de son vaisseau, d’un monsieur Spock constamment sous acide, d’une adjointe chienne de garde, etc. La grande interrogation au final étant de savoir si cet équipe acceptera de mener sa mission à bien, ou choisira plutôt de mettre les voiles vers un coin plus calme de la galaxie en laissant la Terre se faire rayer de la carte cosmique…

Le côté bad guys de l’espace est amusant mais ne suffit pas à lui seul à faire de Switchblade Honey une œuvre intéressante. Heureusement, Warren Ellis ne limite pas son propos à cette simple plaisanterie et met en place une intrigue tout à fait réussie. Le récit devient véritablement intéressant lorsque l’équipage du Switchblade Honey découvre ses adversaires et, petit à petit, le plan qu’ils ont élaboré pour vaincre la Terre. Une menace démesurée, digne des meilleures créations du genre. On réalise alors que, hormis les personnages atypiques qu’il met en scène, Warren Ellis se montre tout à fait respectueux des règles du space opera, et surtout sait en tirer parti pour signer un récit assez passionnant.

Niveau graphisme, Brandon McKinney n’a pas un style à tomber par terre, mais il se débrouille au final fort bien, qu’il s’agisse de faire vivre l’équipage du Switchblade Honey ou de mettre en scène une bataille spatiale spectaculaire et destructrice. Un joli boulot pour un space opera atypique et réussi.

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