Trinity 1
Boys And Their Games / In The Morrows To Come
Writer : Kurt Busiek / Kurt Busiek & Fabian Nicieza
Penciller : Mark Bagley / Mark Bagley & Scott McDaniel
Inker : Art Thibert / Art Thibert & Andy Owens
Colorist : Pete Pantazis / Pete Pantazis & Allen Passalaqua
Alors que les braises de
Final Crisis sont encore brûlantes (et dans tous les sens du terme…), voici que DC lance déjà sa 3ème série hebdomadaire en 3 ans…
Petit retour en arrière…
52 fut une magnifique réussite pour DC. Pourtant, à bien y regarder, la série n’a pas rempli son objectif qui consistait à donner l’explication au
One Year Later des séries DC. Si quelques intrigues furent expliquées ici ou là, la série s’en est vite éloignée (ce qui donna au final
World War III) à cause des 4 mousquetaires que furent Grant Morrison, Geoff Johns, Greg Rucka et Mark Waid : dépassés par le succès ou visionnaires de ce qui se profilait, ils firent fi du
One Year Later et donnèrent une dimension certaine à la série.
Countdown To Final Crisis fut un vrai plantage pour DC. Sensée synchroniser les séries DC et préparer le terrain pour
Final Crisis, la série s’est mal goupillée : pour le 1er objectif, le manque de coordination fut flagrant à chaque coup DC hors hebdomadaire,
Sinestro corps War en fut l’exemple le plus marquant ; pour le 2ème objectif, la lecture de
Final Crisis lui rend justice a posteriori mais ce ne fut pas génial. Est-ce que Paul Dini fut lâché dans la fosse aux lions sans soutien ?
En tout cas, il y eut un point commun à ces 2 séries : les personnages principaux furent des héros secondaires voire des seconds couteaux (ce qui n’est pas la même chose pour moi)…
Arrive donc
Trinity qui veut condenser les avantages (et éviter les inconvénients en croisant les doigts) de ses 2 prédécesseurs, la série se veut détachée de
Final Crisis (mais quand cela se passe t’il ?) le dégageant de toute entrave scénaristique et ne plaçant qu’une tête pensante en la personne de Kurt Busiek véritable encyclopédie vivante.
Si son
Superman ne m’a pas toujours arraché des râles de plaisir mais plus souvent fait râler, il me semble être l’homme de ce genre de situations. Me donnera-t-il raison ?
A côté de cela, il y a aura les back-ups réalisées par Fabian Nicieza qui la lourde tâche de succéder à Mark Waid et Scott Beatty même si la finalité des back-ups sera différente.
Sinon, point de personnages secondaires : c’est carrément la Trinité qui se pointe ! DC déballe le tapis rouge à ses 3 icônes. En avaient-elles besoin lorsqu’elles trustent déjà un paquet de titres ?
En effet, il y a déjà du monde qui se bouscule au portillon :
Wonder Woman pour Diana (logique),
Batman et
Detective Comics pour Bruce (sans oublier
Batman Confidential et la tripotée de titres du Batverse),
Superman et
Actions Comics pour Clark (qui a juste à se coltiner sa cousine)et déjà un team-up avec
Superman / Batman…
Je n’oublie pas
Justice League Of America qui ressemble à leur petit club privé et aussi leur exposition durant
Final Crisis et consorts : tous ces titres peuvent-ils faire de la place à
Trinity ? Ce sera l’une des interrogations pour la série qui devra vite trouver son identité et poser sa marque !
Une certitude ? La série va être vite reconnaissable d’un point de vue graphique avec le débarquement de Mark Bagley, transfuge de Marvel. Il a pour mission la gageure de réaliser l’intégralité hors back-ups de la série… Saura-t-il faire aussi bien que
52 et
Countdown To Final Crisis qui n’ont jamais connu le retard ?
Allez : 3, 2, 1, 0 !!!!!
L’espace infini… Une entité, qui pourrait être celle aperçue lors du chant du cygne de Kurt Busiek sur Superman 675, veut « s’échapper » de son plan d’existence sans qu’une explication ne soit offerte…
Je ne suis ni Darkseid, ni Libra…
Alors que rien ne semble lier la chose, la série s’ouvre à Keystone City, fief de Flash : Bruce a donné rendez-vous à Diana et à Clark pour discuter de mystérieux rêves. Ce qui rend la réunion singulière est qu’elle a lieu en civil et au milieu des gens !!!!
Cela tranche avec leur « réunion de synthèse » de Justice League Of America 21 où ils étaient seuls au monde…
C’est d’abord Clark qui se pointe (j’ai beaucoup aimé sa veste sportive avec la mention Metropolis Monarchs….) puis arrive Diana : elle est là en tant que Diana Prince, membre du D.E.O.
Le « sommet » peut commencer :
Si Bruce continue ainsi, il va loucher et bientôt porter des lunettes comme ses copains…
Kurt Busiek n’oublie de rappeler que sous cette forme, Diana n’a plus accès à ses pouvoirs : c’est l’une des rares bonnes choses héritées du run catastrophique d’Alan Heinberg sur Wonder Woman.
Les 3 héros ont eu la vision de l’entité et ils s’en inquiètent sans savoir si cela promet en bien ou en mal.
Ils sont interrompus par Clayface qui, comme par hasard, est à Keystone et y fout le bordel : il est vite arrêté grâce à l’intervention de Wally et des enfants.
Voyant ses copains de la Ligue, il se joint à leur discussion.
Comment expliquer aux copains qu’ils sont moins bien que vous !
Wally n’a pas eu ces rêves tout comme les autres super-héros : seule la Trinité y a droit et c’est bien pour cela qu’ils seront les têtes d’affiche de la série.
Je note au passage que Wally n’est pas rappelé à l’ordre par ses collègues sur son absence de la Ligue même si Diana lui a déjà fait la morale lors de Justice League Of America 20 : est-ce que Trinity se situe à ce moment-là ? Ce qui est sûr est que cela se passe après Lightning Saga pour la bonne et simple raison que Wally est présent !
Le repas fini, tous se séparent mais chaque membre de la Trinité est « contacté » de nouveau par l’entité mais plus en rêve : c’est plus physique !
Ca me sort presque de la bouche…
Diana est attaquée sur le seuil de l’ambassade de Themyscera, Batman subit un enfumage de son Batplane (l’aération n’était de série visiblement) et Superman voit débouler une sorte de météorite détruisant un immeuble sur son passage !!
To Be Continued…
Les Carpates : Morgaine Le Fey est interpelée dans son repère qui s’avère être un château délabré par un individu au visage à moitié masqué par un casque d’acier, détenteur d’une lance ressemblant à un point d’interrogation !
Cet inconnu vient voir Morgaine au sujet de rêves aussi : il assure que la magicienne a les mêmes ce qu’elle ne dément pas, elle l’accuse même de les lui envoyer !
Encore un qui a perdu la boule !
Voulant prouver ses déclarations, l’homme montre ce qu’il y a de commun aux rêves : point d’entité cosmique mais…
J’ai la main sur le buzzer, j’en ai reconnu un mais pas de certitudes pour les 2 autres…
L’homme que Morgaine nomme Enigma indique la Trinité se trouve actuellement à Keystone tendant à prouver que histoire principale et back-up se déroulent en même temps.
Cette dernière se demande à Enigma ce qui leur envoie ces visions : il semble que ce soit lié à une cartomancienne de Los Angeles qui, en tirant les cartes, a la vision que la Trinité va engendrer (ou empêcher) quelque chose !
Le plus bizarre est que cette cartomancienne ne semble pas savoir que d’autres ont ces visions : ce n’est donc pas un appel….
Au passage, Wonder Woman représente la Force, Superman la Justice et Batman le Démon !
Par contre, cela doit avoir un lien avec l’entité cosmique car Morgaine ressent une perturbation à l’échelle cosmique.
Elle montre alors un futur alternatif où Gotham City est protégée par Green Arrow et Speedy (avec même un Green Arrow Signal) mais il y a déjà des héros de remplacement dans la place en la personne de Ragman et un sidekick apparemment inconnu.
Dans ce même futur, Morgaine se voit accompagnée d’Enigma dans une grotte en train de parler à un extraterrestre nommé Konvikt (qui n’a rien à voir avec Subjekt 17 de Superman).
Enigmatique que tout cela...
Il semble que dans ce futur, la Trinité ait mal tourné ou du moins chopé la folie des grandeurs :
Pas le Mont Rushmore…
Morgaine comprend alors que les visions lui arrivant sont là pour lui faire empêcher ce futur du moins que le pouvoir ne tombe dans les mains de la Trinité mais des siennes et d’Enigma.
Il lui faut donc monter sa propre Trinité !
Morgaine est le penchant de Wonder Woman : il faut dire qu’elle a déjà croisé Diana lors du run de Wonder Woman par John Byrne.
Enigma est celui de Batman : Morgaine lui attribue même ce nom car il lui correspond bien.
Toutefois, il ne semble pas être Edouard Nigma.
Reste celui de Superman : ce ne sera pas l’alien vu dans le futur. Morgaine vise Despero ! Le duo s’en va alors le chercher.
Alors qu’ils s’en vont, la source des visions se manifeste : c’est lié à celle de la Trinité. Seulement est-ce la même entité ?
Pour quoi voudrait-elle à la fois sortir en demandant de l’aide à La Trinité et envoyer une autre « équipe » lui barrer la route ?
Est-ce qu’il y a 2 entités genre Ying et Yang représentées par les 2 équipes un peu à la manière de la JLA et des Avengers lors de JLA / Avengers qui représentaient Métron et le Grandmaster ?
Si oui, peut-il y avoir un 3ème joueur (comme le fut Krona à l’époque) ?
Qui est Enigma ? Qui est la jeune cartomancienne ? Pourquoi les visions sont-elles ciblées ?
Pourquoi Kurt Busiek veut-il toujours placer des futurs alternatifs ? Ressortira t’il de son chapeau Arion et Subjekt 17 voire Khyber ?
To Be Continued…
Lancement réussi ?
Je rassure : c’est totalement accessible…
A la limite trop car il ne passe pas grand-chose : la majeure partie de l’histoire se résume à un petit déjeuner entre les 3 larrons qui permet de poser de l’histoire et d’expliquer pourquoi les autres super-héros DC n’auront pas trop droit au chapitre… C’est tout !
Kurt Busiek prend son temps et cela se voit : à part l’ouverture et le cliffhanger, il n’y a rien de notable à se mettre sous la dent sauf pour les fans de Flash
(je pense en connaître un… ) qui permet d’avoir un peu d’action.
Seulement, cela me fait quelque peu m’inquiéter car cette ouverture d’hebdomadaire est plus longue que ne le sera la suite : je pense que c’était l’occasion d’accrocher le lecteur avec une ou 2 révélations alors que cela semble assez cryptique. Il n’en est rien….
D’ailleurs, quand la partie principale sera réduite à une douzaine de pages, il faudra aussi à Kurt Busiek éviter le genre de cliffhanger basé sur une explosion : ça tombe à plat.
Si c’est assez light sur le fond, Kurt Busiek retrouve ses fondamentaux dans le traitement des personnages et cela sonne juste (mais pour se gourer sur ces personnages, il faut être une buse aussi). Il utilise la ficelle prévisible des bulles de pensées de couleur différente pour distinguer les 3 héros.
Il ressort même un de ces gimmicks aperçus sur
Superman avec les annotations pour situer l’action avec Clark en narrateur : heureusement, il ne le fait qu’une fois car cela avait tendance à surcharger les pages inutilement.
Pour la Trinité, le statu quo semble être celui hérité du
One Year Later.
Heureusement, il y a la back-up à laquelle le binôme créatif star participe aussi : pas de surprise, son rôle est d’exposer les personnages récurrents non connus du grand public quand ils existent voire de présenter les nouvelles têtes. Cela tombe bien les 2 personnages aperçus remplissent ces 2 conditions…
C’est l’occasion de montrer l’esquisse d’une Trinité inversée, genre antithèse des 3 héros : il n’y pas point de Lex Luthor, de Joker ou de Cheetah car cela aurait senti le réchauffé, ceci ayant déjà été abordé lors de
Justice League Of America – Wedding Special. Si 2 de ses membres ont des liens avec les membres de la Trinité, le 3ème est le nouveau protagoniste qui est un melting-pot de personnages connus (aspect, nom).
Le rôle de ces Bad Guys semble écrit mais la façon décrite par Kurt Busiek (je n’ose penser à Fabian Nicieza car les pages en question sont alors celles de Mark Bagley) pour justifier leur action m’a fait penser à son arc de Superman montrant un futur alternatif et une menace qui n’arrivait jamais pourtant à justifier son importance.
Sachant que Kurt Busiek a dû quitter
Superman pour
Trinity, il vaudrait mieux qu’il évite les mêmes erreurs : suis-je encore sous le coup de la déception de sa dernière production DC (quoique niveau ratage
Aquaman, Sword Of Atlantis était bien pire malgré Jackson Guice) ?
Le gros avantage de la back-up est qu’elle en donne plus que l’histoire principale montrant la synergie à venir pour le reste de l’année ! Cela permet de finir sous une note moins « quelconque ».
Quelconque, le dessin de Mark Bagley ne l’est pas du tout ! En terrain de connaissance avec Mark Busiek déjà côtoyé lors de
Thunderbolts qui fut une de mes meilleures lectures (il y a aussi Fabian Nicieza avec lequel il créa
New Warriors), il offre une prestation assez convaincante même s’il a quelques postures assez bizarres : il va améliorer à n’en pas douter à force de dessiner les personnages.
J’ai parfois l’impression qu’il abuse des plans serrés pour gagner du temps mais c’est joliment fait : j’avais « peur » (car c'est relatif évidemment) par exemple pour la coiffure de Superman reconnaissable par sa mèche si caractéristique qui était absente de la publicité montrant la Trinité au détriment d’une coupe carrée vieillissant l’Homme d’Acier, il n’en est rien !
Les scènes les plus marquantes dans l’histoire principale furent celles où la Flash Family intervient montrant tout le dynamisme dont est capable le dessinateur au contraire d’un cliffhanger qui me semble figé.
Ses scènes les plus « fortes » se trouvent en back-up et cela tranche singulièrement avec la prestation de Scott McDaniel.
Je l’ai déjà dit, j’adore ce dessinateur mais il a tendance à caricaturer son propre trait sacrifiant son joli coup de crayon sur l’autel de la productivité. J’en avais eu un aperçu de
Green Arrow qui était assez vide sur la fin
(pour coller au scénario de Judd Winick certainement) et cela était encore plus visible dans
Countdown – Arena (même si c’était assez clair). C’est agréable mais il y a comme un gâchis devant le résultat.
Reste la couverture de Carlos Pacheco : simple, efficace, iconique. Superman semble attendre que le lecteur vienne ouvrir le comic.
Globalement, ce début de série est assez lent, ne révèle pas énormément sur ses tenants et ses aboutissants (promis ce ne serait pas une Crise…) et il n’y pas encore ce petit quelque chose qui la différencie de la production actuelle.
Par contre, l’auteur semble à l’aise avec les personnages et donne l’impression d’avoir un plan sur la durée (il faut « meubler » un an aussi). Cela n’a pas la saveur d’un
52 Week 1 mais est déjà mieux formulé que
Countdown 1.
Avec les 2 séries hebdomadaires précédentes, la messe était quasiment dite sur leur intérêt au bout d’un mois d’existence,
Trinity a donc 3 numéros pour faire pencher la balance du bon côté.
Au moins, au niveau dessin, je ne devrais pas être surpris, Carlos Magno n’étant pas là par exemple… J’ai confiance en Mark Bagley et les équipes assurant la rotation sur la back-up ne m’est pas désagréable d’habitude.
Je sens que, détachée du DC Universe,
Trinity va être une récréation durant la tempête
Final Crisis, le tout est de savoir si elle sera aimable ou pénible : après ce 1er numéro, je ne peux pas trancher.
Bilan :