Afficher un message
  #80  
Vieux 17/12/2012, 18h10
Avatar de wildcard
wildcard wildcard est déconnecté
Hawkguy
 
Date d'inscription: février 2009
Localisation: Chez moi
Messages: 11 674
wildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Starkwildcard pisse du haut de la Tour Stark

#281 : Heaven is knowing Who You are
(Juin 1990)


Une fois en Enfer, on y sombre ou on en sort (du moins on essaie) : Daredevil, une torche à la main, va tenter de se présenter directement devant Méphisto pour répondre à son défi - mais chaque démon tué pour tailler sa route grossit (en volume et en puissance) son adversaire.
N°9 va indirectement montrer à Blackheart (qui se cache toujours sous les traits de Gabriel) qu'on n'est pas toujours ce que les autres veulent. Karnak et Gorgone prennent congé de leur hôtesse pour comprendre où ils sont (et donc pourquoi ils y sont, comment en sortir).
Brandy et le Pape, abandonnés par l'ange indien qu'ils ont ranimé, déduisent qu'être meilleur se gagne.

Un aphorisme fameux de Frank Miller dans Born Again ("Un homme sans espoir est un homme sans peur", comprenait le Caïd alors qu'il pensait avoir brisé Matt Murdock en lui ôtant tout) est ici, in fine, reformulé : "Quand l'homme n'est pas brisé, il devient plus fort".

Ann Nocenti, à une étape du dénouement de sa saga en enfer, nuance notablement sa différence : chez Miller, tout est combat, obstination, vengeance/revanche ; quand chez Nocenti, le combat devient vain -pas inutile, pas débouchant sur la défaite, mais au contraire établissant que, parfois, c'est en arrêtant de répondre violemment à la violence qu'on affirme sa force et qu'on contrarie vraiment l'ennemi.

Cette philosophie est énoncée autrement, mais pour le même constat, par le Pape quand il discute avec Brandy au bord d'un cratère d'une beauté terrible : "si tu veux le bien, donne le bien. Si tu veux quelque chose, donne-le d'abord".

Et pour Karnak et Gorgone, cette sortie de crise est déclarée par ces mots : "on ne défonce pas les portes pour le plaisir d'agir. On essaie de les comprendre pour qu'elles s'ouvrent."

Ces citations ne sont pas écrites par une scénariste qui se regarde écrire, qui fait des mots d'auteur : elles sont les conclusions de personnages qui comprennent que, face à eux-mêmes, leurs faiblesses, leurs échecs, dans un endroit qui les désoriente, face à une menace qui les dépasse, c'est par la raison et non pas la force qu'ils s'en sortiront. Il leur faut avant tout récupérer cette raison dans un milieu qui veut leur la faire perdre pour se sauver, vaincre le démon qui les a piégés.

Nocenti vise haut en voulant élever son comic-book super-héroïque au-delà de ses codes (le bon, le méchant, l'affrontement physique, la victoire, la morale de l'histoire), mais comme elle est astucieuse et audacieuse, elle passe par le verbe, la phrase, le style, qui seuls peuvent démasquer les clichés, les retourner, relancer le récit. Ce n'est en tout cas pas banal, ce spectacle de héros qui arrêtent de lutter physiquement pour gagner, déjouer le plan de leur ennemi et reprendre le contrôle de leur sort.

Par ailleurs, un invité, toujours aussi surprenant, va s'engager dans la partie : le Surfer d'Argent !
L'ex-héraut de Galactus a souvent eu affaire à Méphisto et Ann Nocenti convoque le personnage à l'évidence pour créer un contraste avec ce qui se passe : Le Surfer erre dans l'espace, donc à l'opposé des profondeurs infernales, mais ses pouvoirs lui permettent de détecter les activités maléfiques.
La silhouette argenté, virginale, du personnage tranche aussi de manière symbolique avec les noirceurs et les incandescences sanguines de Méphisto et son royaume : c'est donc, en quelque sorte, l'incarnation suprême du chevalier blanc qui descend dans l'Hadès pour affronter le démon-dragon menaçant les simples mortels innocents (plus quelques Inhumains, guère plus armés...).


A quelques exceptions (les séquences avec n°9 et, dans une mesure moindre, celles avec les Inhumains ou Brandy et le Pape), l'épisode fait la part belle aux grandes images, dans la veine la plus "Kirby-esque" de John Romita Jr : dès la première page (comme à la dernière), Daredevil est représenté dans une pose iconique, le rouge de son costume tranchant avec la blancheur de là où il est, une torche brandie à bout de bras.

Les décors sont somptueux et offrent encore une fois l'occasion à Al Williamson de réaliser des prouesses pour les finitions et l'encrage : il semble à la fois nettoyer et habiller le dessin de son partenaire.
Qu'il s'agisse de représenter un cratère en feu ou le Surfer dans l'espace, de détailler les gravures de la paroi escaladée par Brandy et le Pape, ou de s'inspirer des surréalistes pour le voyage de n°9, le soin apporté aux cases, à la sensation qu'elles doivent produire sur le lecteur, est sensationnel.


Comment tout ça va-t-il se dénouer ? Réponse avec le dernier épisode de cette saga (et de ce run) dantesque.
Réponse avec citation