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Vieux 29/06/2017, 20h03
Avatar de Jorus C'Baoth
Jorus C'Baoth Jorus C'Baoth est déconnecté
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Fait trop chaud, c'est pour ça que je rame...

The Complete Suiciders par Lee Bermejo (& Alessandro Vitti et Gerardo Zaffino)



Plot : Après un cataclysme sans précédent, les survivants de Los Angeles se retrouvent dans un monde où violence, gangs, pauvreté mais aussi gloire éphémère et argent sale dominent leur vie. Au top se trouvent les Suiciders, des gladiateurs modernes dans des combats à mort.

Heureusement, je n'ai pas critiqué ce titre juste après l'avoir lu, je pense que le texte aurait été différent. A la fermeture de ce gros volume, qui comprends donc la mini préquel Kings of Hella et la série éponyme, j'étais plutôt circonspect par ce que je venais de lire. Avec le recul, c'est la communication autour du bouquin qui m'avait brouillé les sens. On y parle de mélange de Gladiator, de Mad Max, de post Apo, d'adrénaline pure, et on se concentre beaucoup sur ces Suiciders, des combattants jusqu'à la mort qui dans ce Los Angeles du futur, sont les nouveaux dieux de la société...
Ben en fait, je n'ai pas lu la même chose. J'entends que la comm' doit faire vendre et celle de Suiciders par ailleurs était tellement efficace que c'est quasiment à cause d'elle que j'ai fini par prendre ce volume. Mais l'expérience était plutôt désagréable dans un premier temps car je n'ai pas digéré la lecture comme j'aurai du*: en faisant abstraction de tout, sauf la sacrosainte et simple lecture.
Ainsi, il se trouve que ce post apo reste loin de Mad Max en terme de survie et de statut quo, que ces gladiateurs ne sont que le fond de l'histoire et l'adrénaline ne coule que rarement, même si très intensément, et qu'au final, ce sont des histoires d'hommes et de femmes qui se déroulent sous nos yeux. Pour le coup, niveau références, je serais plus sur Sin City, LA Confidential pour quelques pages, et quelques références punk dont je n'ai pas les noms. On y voit ainsi une sœur très liée à son frère et qu'elle voit partir dans un combat infantile contre une corporation bien trop puissante, un petit ami dans un premier temps insipide qui se découvre père, qui n'a rien mais qui donnerait tout pour sa famille à venir, un ex gladiateur qui a tout perdu et qui continue de se perdre dans ses tentatives risiblement dramatique de retrouver sa vie d'avant, une journaliste prête à tout pour un scoop, un pauvre gars lâché dans un monde de mort et de requins, un des requins en haut de la chaine alimentaire qui secrètement désire totalement autre chose...

Étrange expérience que de revoir sa copie du tout au tout en l'espace de quelques jours post lecture. Ainsi, les défauts que j'aurai noté dans un premier temps semble s'évaporer un à un. La première mini préquel n'en est ainsi quasiment pas un car trop peu de liens avec la série mère, l'ambiance violente et post apo est ratée, et pour cause, nous sommes plutôt dans un genre Noir / futur d'anticipation. Les émotions sont ainsi différentes, plus sur une violence morale, sur l'humain et les liens, avec même une jolie pointe d'espoir ici et là, alors qu'encore une fois, la promo avait l'air de promettre de la violence physique, de la douleur et du sang. Au final, l'aspect «*Gladiateurs*» est avant tout un symbole d'une espèce de décadence de cette nouvelle Los Angeles, arrogante et pourtant bestiale, peuplée d'hommes en jolis costumes mais aux valeurs sales et de gens d'en bas, résignés mais courageux.
Bref, Suiciders, je pense que c'est donc plus une galerie de personnages dans un monde compliqué et dur, reflet à peine voilé du notre dans quelques temps si égoïsme, intolérance et bêtise persistent, qu'un vrai récit de violence graphique, sombre et sans espoir.
Et donc au delà de cela, la différence est notable, hélas, entre préquel et série principale. Alessandro Vitti et Gerardo Zaffino sont efficaces dans ce prequel (surtout Vitti vu par ailleurs sur la décevante fin de Red Lanterns chez DC), dépeignant un gang de rue où la seule loi est celle du plus fort, où seule le plus violent se fait entendre, mais ils ne sont pas à la hauteur d'un Lee Bermejo magistral sur la série principale. Plus dans un style hyper réaliste et glaçant, nous rejoignons donc l'autre LA, celle des riches et des puissants avec des ambiances qui alternent tout en conservant son homogénéité graphique, Rocky (le premier, le meilleur), LA Confidential, polars, Noirs, mais aussi ces films des années 80 où les hommes ne savent s'exprimer que dans une violence urbaine, comme un cercle vicieux où ils sont piégés. Violent certes mais aussi aiguisé comme une lame, l'histoire en parallèle de ce gentil géant et du roi du ring brille par ses planches qui portent une émotion certaine.

En terme d'histoire, c'est globalement plus mitigé je dois avouer. Le préquel souffle le chaud et le froid. D'une part, une magnifique une montée en puissance vers un chaos qui, nous le sentons car c'est dramatiquement inéluctable, engloutira ce gang de jeunes désœuvrées dont la petite Trix et son enfant à naître. Saluons aussi l'ancien gladiateur McCarthy dont la fin de carrière miteuse pousse à d'enfoncer dans une spirale de mauvais choix pour retrouver son fils. De bons moments, forts en émotions, sans effusions barbantes ou de trop dits, hélas noyé au milieu d'un plot qui a du mal à avancer, ronronnant ici ou là dans ce monde, certes difficile, mais où la vie semble être possible. Difficile donc de se sentir empathique envers les personnages principaux, dont les mauvais choix et la vie semble parfois plus être dû à une «*simple*» folie furieuse interne, plus que poussé par un environnement où la survie est primordiale. Là encore, l'opposition entre le cadre vendu et le cadre que l'on voit et devine rends l'immersion difficile.

Le récit principal est au dessus, opposition totale entre deux personnages les plus loin l'un de l'autre dans l'échelle sociale. Donc c'est vraiment la vie dans ce LA du futur qui se dépeint devant nous via leurs regards. Pas d'ultraviolence, pas de gangs à crêtes mangeurs d'hommes, juste un environnement plus hard et impitoyable que le notre, un futur pas si impossible que cela. Là est sans doute la vraie dureté du comics, les hommes et femmes qui le peuplent ne sont pas des sauvages extérieurement parlant, mais doivent s'assoir sur un paquet de valeurs morales pour vivre correctement. Sinon, c'est le bas de la fosse. Difficile de tirer un personnage correct dés que l'on a dépassé un certain niveau hiérarchique. Égoïsme, ego, pouvoir, sexe, argent, tous les travers de notre société sont parfaitement exacerbés ici. Quelques longueurs, l'impression parfois d'être sans fil directeur, et petit à petit, les pièces se mettent en place, les choses s'éclairent et sans révéler quoi que ce soit, la fin arrive, abrupte certes mais puissante, un contre pied intéressant arrivant au moment où la révélation du comics apparaît. Une fin donc à la hauteur, pas toujours le cas donc important à notifier, émotionnellement parlant surtout, ce qui est la force, présente sans être extraordinaire, du comics*: des hommes et des femmes dans un environnement néfaste mais qui essaie encore et toujours de faire ce qu'il faut, même si les mauvais choix se payent cash et définitivement.
Une lecture... perturbante donc, pas ce que j'attendais, trouvant du positif là où je ne l'attendait pas, et pas de suite... une lecture à digérer, pas la meilleure de ma vie mais au final loin d'être la moins intéressante.
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