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Vieux 31/03/2012, 13h17
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Les barbares

Depuis combien de temps ferraillaient-ils ainsi à corps et à cris? Le sumérien au pourpoint rouge n’aurait su le dire. Le soleil en était au trois quart de sa course dans le ciel, et sur la colline nue, plus aucun cri d’appel de marmottes ne se faisait entendre, toutes déjà terrées dans l’attente d’une nouvelle aube à l’amour.
Un de ses genoux plié dans la neige fraîche, le sumérien observait le numide à trois coudées de lui. Il pouvait voir son souffle court d’homme fourbu mais nullement résigné devant une joute qui ne semblait pas avoir de fin. L’adversaire le toisait de son regard corail, sa lourde épée ballante le long du côté gauche. Sa respiration lançait des défis silencieux et glacés dans le jour finissant. Le numide se dégourdit la nuque, balançant sa tête à droite, à gauche, puis en haut et en bas, plusieurs fois de suite. Il fit jouer les muscles fins qui couraient le long de ses membres noirs comme le jais. Le duel n’allait pas tarder à reprendre.
Le sumérien n’avait jamais été aussi las. De l’ongle, il gratta l’écume blanche séchée le long de ses bras musculeux et la porta à ses lèvres. Le goût lui rappela la sueur salée sur les flancs de son cheval après un galop dans la grève. Le sumérien se releva en s’aidant de sa lourde épée. Il se remit en garde et commença à réduire l’espace le séparant de son adversaire par une progression en spirale.
Les épées recommencèrent à s’entrechoquer dans un bruit de tonnerre qui semblait remonter à la nuit des temps. Aucun des deux hommes n’en avait jamais connu d’autre. Tous deux savaient que ce fracas martial rythmerait leur existence jusqu’au trépas. Parce qu’il en était ainsi et que nulle autre chanson ne leur avait jamais été promise.
Ravi à ses parents dans sa première année et élevé dans les phalanges pourpres, le sumérien s’était distingué très tôt par son habileté à l’épée. Il tua son premier adversaire en combat singulier à l’âge de cinq ans. Trois ans plus tard, ce fut grâce à son ingéniosité, en se faisant passer pour un neveu du bourgmestre, que les troupes sumériennes purent s’introduire dans la cité de Valperduis pour y décimer l’armée adverse. Depuis, le sumérien n’avait pas manqué une seule campagne militaire. Continuellement sur la route aux côtés de ses frères d’armes, le concept de foyer ne faisait pas partie de son lexique, pas plus que celui de repos ou de quiétude. Il ne vivait que pour le sang qu’il faisait couler.
La trajectoire de l’homme noir n’avait pas été moins belliqueuse. Toute sa famille avait été décimée avant ses six ans. Placé sous la tutelle de l’armée, il se révéla également un combattant d’exception, un homme né pour prendre la vie de son prochain, une machine de combat parfaitement huilée, sans états d’âme, ni remords.
Sans le savoir, le sumérien et le numide s’étaient croisés à de nombreuses reprises sur les immenses champs de bataille qui voyaient leurs deux peuples s’affronter depuis des siècles et des siècles. Mais, jusqu’à ce jour, ils ne s’étaient jamais trouvés face à face. Leur duel les avaient entrainé loin du lieu central des combats. Ils se retrouvaient isolés sur ce mont escarpé et aucun témoin ne pourrait jamais rendre compte de l’affrontement homérique en train de se nouer.
Le cimeterre du numide passa à moins d’un pouce de son cou, et trancha la jugulaire de son casque qui s’effondra au sol. Le sumérien ne laissa pas le temps à son adversaire d’armer de nouveau sa longue épée bifide. Du plat du pied, il asséna un coup puissant dans le sternum de l’homme noir et le projeta en arrière. Celui-ci fit une roulade sur le côté et se retrouva sur ses pieds à la vitesse de l’éclair, le cimeterre en protection devant son visage. Le sumérien avait déjà fondu sur lui et abattit son épée à deux mains avec une force surhumaine. Des étincelles jaillirent dans les airs sous le choc des deux aciers. Le numide accusa le coup et fléchit sur ses appuis, la vibration du choc se répercuta de ses bras jusqu’à sa mâchoire qui s’entrechoqua violemment et lui fit sauter deux dents. Sous la puissance de l’attaque, les armes des deux soldats s’étaient brisées net. Se toisant du regard, ils jetèrent simultanément leurs épées au sol.
Revigoré par son assaut, le sumérien fut le plus prompt à réagir et se jeta sur son opposant.
Tous deux roulèrent dans la neige fraîche jusqu’à la lisière d’une grotte située en contrebas.
Tout était calme de nouveau, le silence était retombé. Seuls les grognements étouffés des deux hommes se faisaient entendre dans leur corps à corps. Le numide sentait l’haleine du sumérien dans sa nuque. Il sentit autre chose aussi. Battant le long de sa cuisse, la turgescence du sexe de l’homme au pourpoint rouge que sa jupe en cuir ne suffisait pas à dissimuler. Le sumérien lui donna un coup de poing dans le foie que le numide ressentit à peine. Les deux hommes continuèrent à rouler au sol, toujours entrelacés, mais leur étreinte, pour violente qu’elle soit n’avait plus la charge meurtrière des dernières heures écoulées. Autre chose était en train de se passer. C’était maintenant au numide de se retrouver au dessus. Dégoulinant de son front, sa sueur tombait en pluie sur le visage du sumérien qui entrouvrit la bouche pour en recueillir quelques lampées. Les deux hommes n’osaient plus se regarder. Ce qui se déroulait les dépassait. Aucun des deux n’avait été préparé à cela.
La nuit tombait sur le col désert. Quelques étoiles avaient commencé à trouer la moirure céleste. Demain serait un nouveau jour.
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