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Vieux 12/04/2018, 15h17
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Hawkguy
 
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Nous y voilà - et doublement - pour la célébration et les adieux, avec ce 700ème épisode de Captain America : le chiffre donne une forme de vertige quand on mesure la longévité du personnage en même temps qu'il offre une perspective dans l'Histoire des comics - bientôt, chez DC, sera aussi publié le millième numéro d'Action Comics ! Mais cet anniversaire est un peu gâché par le fait qu'on lit là les dernières pages produites par Chris Samnee, avec son partenaire Mark Waid, sans qu'on sache encore où on retrouvera l'artiste - qui n'a cependant pas bâclé ses pages pour sa sortie.


Réaliser chaque épisode comme si c'était leur dernier : voilà qui pourra, en Juillet prochain, quand Ta-Nehisi Coates et Leinil Yu les remplaceront, résumer le run de Mark Waid et Chris Samnee sur Captain America. Une poignée d'épisodes sur laquelle n'aura cessé de planer la rumeur de leur succession et certainement assez agacé le dessinateur pour abréger l'aventure, ne prolongeant pas son contrat avec Marvel qui ne lui avait pas proposé de le renouveler.

Quelle que soit l'importance qu'aient accordé Waid et Samnee à la possibilité qu'ils soient rapidement dépossédés de la série, il reste saisissant de constater à quel point l'écriture de leurs épisodes a été marqué par ce sentiment d'urgence. En cela, ils renouent avec la rédaction rapide, hyper-compressé du "Silver Age" (de la même manière que Jeff Lemire sur The Terrifics), comme si chaque nouveau chapitre devait se suffire à lui-même et le suivant proposer une avancée significative, du nouveau.

Cette manière, c'est aussi celle emprunté par Captain America dans son aventure, et plus particulièrement dans ce 700ème épisode. La guerre fait rage. Nommé nouveau leader de la Nouvelle Amérique après avoir détrôné King Babbington, il doit reconquérir les territoires sous la coupe du Rampart, l'organisation qui soutenait le régent déchu. Il y avait la matière à un arc entier mais Waid et Samnee compactent cela en un seul chapitre, très dense, où le héros soldat se fait général, à la fois infatigable, désireux d'honorer la confiance dont les rebelles l'ont investi, et en même temps découvrant que le conflit, âpre, disputée, long, est éreintant, exige des sacrifices, une disponibilité de chaque instant, des décisions impossibles...

En quelques pages, admirables, Samnee montre les jours qui s'égrainent, presque une année entière dans ce futur post-apocalyptique. Pas le temps pour montrer de grandes batailles, les troupes à travers le pays, les pertes et les victoires, tout cela est abstrait. Le focus s'opère sur Captain America qui veut à la fois être partout et sait qu'il ne le peut pas, qui savoure une percée pour ensuite être accablé d'une perte. Ben Grimm appelle à l'aide sans qu'on le voit, New York est atomisé en sidérant ceux qui y assistent à distance. La guerre n'a en définitive pas besoin d'être représentée pour prouver toute sa cruauté, sa barbarie, sa sauvagerie, et sa nécessité.

C'est très finement joué de la part de Waid qui, ainsi, nous permet de nous identifier à Captain America, de partager ses exaltations et ses afflictions, de ressentir son énergie puissante quand il enfonce les défenses adverses et son impuissance désolée quand il ne peut être partout, sachant ce que cela suggère de pertes dans ses alliés.

Et puis, comme je le disais, alors que cette bataille pour la Nouvelle Amérique aurait pu durer six, dix, douze épisodes sans problèmes, Waid et Samnee offrent une issue radicale, improbable, à la fois totalement romanesque, et pratique, pragmatique, une solution à la fois pour leur héros, son épopée futuriste, et l'imminence de la fin de leur run, le départ surprise du dessinateur. Renvoyer Captain America au moment où le Rampart l'a piégé et a permis à King Babbington de débuter son coup d'état explosif.

Plus vite, toujours plus vite : cette série est un bélier qui rue dans les brancards, se moque de la vraisemblance, dynamite la narration, elle va de l'avant sans s'arrêter, et emporte tout sur son passage. Lecteur qui reste en travers de la route, gare à toi ! Il y a quelque chose de grisant dans ce dispositif, à l'image de ce Captain America qui, lui aussi, fonce sans s'économiser. Et qui pourtant possède une grâce étonnante, aérienne, presque poétique, en tout cas magistralement fluide quand à la dernière page on retrouve Lyang, la prédécesseur de Cap à la tête des rebelles, de nos jours, au terme d'une boucle temporelle parfaite. Un chef d'oeuvre narratif mais en toute décontraction, sans crâner, comme si ça avait dû toujours se terminer ainsi. Cette ultime case dessinée par Samnee dit tout du génie de cet artiste prolongeant idéalement le script de son scénariste.

Et maintenant, plus que deux numéros, toujours écrits par Waid et dessinés par Leonardo Romero (avec la participation de guests prestigieux comme Chris Sprouse, Adam Hughes ou Howard Chaykin), ce qui aura quand même de la gueule au moment de passer le relais (tout en collant une grosse pression à Coates et Yu pour faire aussi bien). Entre temps, souhaitons que Samnee ait rebondi ailleurs...

*

La couverture l'annonce : ce numéro contient une histoire inédite écrite par Mark Waid avec des dessins de Jack Kirby. J'ignore comment ce bonus a été fabriqué (probablement un habile montage de cases piochées ça et là dans l'abondante production du "King" quand il dessinait Captain America et redisposées pour coller à un récit miniature de Waid).

L'intrigue est minimaliste (un virus menace les LMD - Life Model Decoys, ces clones robotiques mis au point par le SHIELD - à cause Crâne Rouge. Pour sauver l'affaire, Captain America corrige Batroc et d'autres adversaires avec son efficacité légendaire. Jusqu'à ce que Nick Fury le remercie en lui avouant avoir plusieurs répliques de lui-même, par sécurité, mais aucune du héros car "il est unique en son genre").

C'est charmant, punchy à souhait, et parfaitement dispensable en vérité. Mais comment fêter 700 épisodes de Captain America sans intégrer Jack Kirby, son co-créateur (avec Joe Simon) ?
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